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29 juin 2012

Des mots,une histoire: Torpeur

                    Olivia nous propose pour Des mots,une histoire 71 les mots suivants:girouette-ennuyer-s'escamper-manoir-hiver-enluminure-canicule-pugilat-clochette-abeille-palmier-persévérant-zinc-champs-essoufflé-musicien-glace-grivoiserie-étang.A propos dans  mon Larousse 95 le verbe s'escamper a pris la poudre d'escampette.

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                     Et s'alourdissent dans les rues  les chaleurs citadines comme en une fable du Sud.Et cessent de vrombir les rares girouettes des maisons de la contre-allée, essoufflées,que ne trouble plus le bruit des clochettes aux portes,traditions inertes.Et les souvenirs du marchands de glaces de resurgir,quand le mot même de canicule n'encombrait pas les communiqués pessimistes dès la fin de l'hiver. Et,comme les palmiers des cartes postales ne laissent pas de m'ennuyer,c'est au fond de l'église du faubourg que j'aime à paresser, Dieu ne m'y dérange pas et nous nous ignorons poliment.L'édifice est modeste et si c'est auréolé que je m'y presse un peu,c'est d'un bouquin et d'un carnet.Peu doué mais persévérant,je crois que les anges musiciens ,du bugle au tambourin,veulent  bien m'aider un peu.

                   Alors je m'adonne au plaisir solitaire,celui d'ajouter des mots à d'autres,dans ce carnet adossé sur le livre.Ce livre, curieusement, je l'ai habillé d'une liseuse de simili cuir et ça le fait ressembler à un missel dont on s'attend à voir les enluminures s'escamper de leur prison numérotée.  Les quatre évangélistes aux parois de la chaire pourraient bien s'adonner au pire pugilat que je les ignorerais, occupé à calmer mes angoisses en l'ombre si peu prolixe de la cité,qui m'est une clef des champs, comme l'onde à fleur d'étang à peine marquée du rythme des abeilles et du vol des hérons.Dans le calme d'un manoir au coeur du pays de Bray je crois que ça me conviendrait aussi.Quant au talent,et par là j'entends le vrai de vrai,il fleurira aussi bien au zinc du Café des Sports,entre deux grivoiseries.

P.S. Félicitations à Olivia pour cette belle aventure hebdomadaire.Qu'elle en soit remerciée car cette tâche n'est pas si aisée.

    

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22 juin 2012

Des mots,une histoire: Pour la modestie,je ne crains personne

              Les mots collectés par Olivia,opus 70,sont:coffret-sexualité-moutarde-carrière-punaise-rôle-va-nu-pieds-invisible-irréel-présence-espion-élégance-prédateur-malfrat-vermillon-quelconque-boum-sucer-sittelle-zythum-mirabelle-brevet.

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              Il est des semaines où l'artifice s'invite dans cet exercice hebdomadaire qui parfois s'apparente à la punaise presque invisible mais tenace qui s'obstine à sucer consciencieusement le poil du pauvre Médor.Parfois certains mots me sont repoussoirs et leur présence me fait penser à celle d'un malfrat dans ma propriété du Cap Ferrat.Parfois aussi les apartés entre happy few sur le rôle de la sexualité, ou sur la tarte à la mirabelle (attention je n'ai rien contre,ni l'une ni l'autre),m'ont l'air bien quelconques,lettré que je suis et dans l'élégance de ma carrière littéraire en plein boum,si je peux me permettre cet explosif raccourci. Parfois les auteurs manquent vraiment d'originalité.Pas comme moi.On pourrait dire bien des choses en somme.Ainsi,quand j'y pense, la moutarde me monte au nez et le rouge vermillon au front.Voilà qui est digne d'un brevet d'écrivain,si ce n'est d'un coffret dans la Pléiade.

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         Cependant je ne veux être le prédateur des moins talentueux,ces va-nu-pieds de la syntaxe à l'irréelle espérance qui confère au dernier mot du dictionnaire,le pharaonesque et infâme breuvage qu'est le zythum des lauriers inattendus.Pourquoi pas sittelle est leur bon plaisir.Oui je m'octroie aussi des fantaisies orthographiques qui requièrent l'humour dont je vous sais tous amplement pourvus.Au fait saviez-vous que le film de Fritz Lang Espions sur la Tamise était parfois présenté sous le titre Le ministère de la peur,traduction littérale de celui du roman de Graham Greene.Etonnant,non?

 

8 juin 2012

Des mots,une histoire: Question

            Olivia  a retenu pour Des mots,une histoire 68:mort-jouer-presqu'île-brin-frère-méditation-mélanique-normal-expert-orchestre-éloigné-acclamation-plausible-espérance-maladie-déménagement-incrustation.Merci à elle,encore une fois.L'un des intérêts de ce rendez-vous hebdomadaire est la grande variété de textes possibles.J'ai cette semaine fait dans la plus grande sécheresse,certains mots m'ayant guidé assez vite dans cette direction,avec un possible droit de déplaire.

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         Qu'est-ce qui fait que tout homme est une île? Sa faculté d'espérance alors que son propre frère s'est éloigné démesurément?Sa sempiternelle méditation à la lisière d'une lande au teint mélanique,prodrome d'une maladie universelle? Sa si plausible dysphonie quant à jouer en phase avec l'orchestre tellurique hors de portée? Son infinitésimale incrustation au coeur d'une roche géante et sa si normale petitesse,son oubli en un stellaire déménagement,comme un brin d'algue aux abysses insondés? Son ultime acclamation, pathétique supplique vers la mort,cette experte ès dénouements,ès dénuements? Et si je n'étais qu'une presqu'île?

1 juin 2012

Des mots,une histoire: Un de la légion

            Les mots recueillis par Olivia pour Des mots,une histoire 67 sont: versatile-hétaïre-uniforme-vêtement-cloque-jaunissant-démagogue-manne-goguenard-tablette-illusion-forteresse-confident-griser-occupation-orée-sonnette-manchette.

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            Les manoeuvres dans le bled tombaient bien,finalement.Au moins pour quelques jours j'oublierais ce capitaine guoguenard et ma versatile danseuse qui savait si bien jouer les fatales et qui,malgré l'illusion qu'elle suscitait,s'avérait tout bonnement une hétaïre qui visait plus haut que ses consoeurs de la casbah.Les opérations dans le Rif n'étaient pas sans danger,les rebelles lorgnant de leur forteresses de rocs nos uniformes maintenant jaunissant sous les dards d'un soleil de plomb qui ne laissait comme court répit que quelques minutes de l'orée matinale.Très vite un vêtement d'acier pesait alors de nos épaules à nos manchettes,rendant irréelle et désirable la pourtant si relative fraîcheur des cabarets quittés la veille.

          Souvent démagogues,les officiers n'avaient pourtant pas caché que les tablettes officielles des pertes au combat risquaient de s'allonger.Je m'en foutais bien,mon seul ami,mon confident était mort dix jours plus tôt.Je l'appelais a Sonnette à cause du bruit nocturne de ses dents.S'étant laissé griser par une rencontre exotique il avait fini dans la poussière d'une ruelle sans joie,lardé de coups de kriss par quelque sbire dont l'occupation favorite était de veiller à l'honneur.Probablement que des cloques sur mes avant-bras seraient la seule manne céleste des abords du désert.Peu m'importait.N'en étais-je pas arrivé là presque volontairement,soldat perdu de mon plein gré?

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        J'aurais mauvaise grâce à ne pas souligner l'influence sur ce texte de Morocco de Joseph von Sternberg,Marlene Dietrich et Gary Cooper.

25 mai 2012

Des mots,une histoire: Eaux diverses

     Les mots proposés par Olivia pour Des mots,une histoire 66 sont:nuage-moustique-calendrier-burlesque-candide-canaliser-déluge-caresse-antidote-craquant-quatrain-calvitie-briquet-soleil-amadou-hallucinant-genou-foudroyer-mousse-promesse-langue-fesses-colère-orage.Les quatre premiers mots utilisés sont,je l'avoue, fortement marqués d'un sceau professionnel.

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        Certes son genou était loin d'être candide et l'atrophie de la fesse droite,ainsi que le son craquant de son ménisque interne n'étaient guère promesses de beaux jours olympiques pour Laura Doumanou.Malgré tout elle voulait y croire ou faisait semblant,mais de londoniens nuages s'annonçaient pour cet été.Le calendrier s'affolait et les entraînements harassants dans la piscine du Bon Pasteur l'épuisaient sans pour cela l'affûter vraiment,ce qui la rendait très colère.

        Surtout,elle commençait à rechigner à cette vie en bocal,bassins javellisés, vue sur la calvitie des athlètes masculins soucieux de glaner le moindre millième,déluge d'invectives directoriales.Et Laura de foudroyer du regard ses partenaires du quatrain 4 x 100m quatre nages auquel d'ailleurs elle n'était même pas sûre de participer,ses 25 ans constituant selon certains un très possible antidote au succès.

       Fuir cette asepsie,elle en rêvait.Des flots plus méphitiques,d'agressifs moustiques,des serpents d'eau.Un hallucinant mélange d'orages sur la Louisiane,de burlesques créatures des marais,rampant sur la mousse des mangroves et narguant le soleil de leur langue bifide,comme un vieux film en relief suranné.Attentive à canaliser ses contradictions elle plongea non dans le bain mais dans un polar de James Lee Burke,un de ces bouquins bien glauques où de vieux bluesmen jouent "Lover of the bayou", et où des sorciers incendient tout vifs,de leur briquet d'amadou, les poissons-chats géants de la baie de Natchez.

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   Après tout cela,c'est sûr,sous la douce caresse d'une troisième eau ,Laura finirait bien par apprendre à nager.

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18 mai 2012

Des mots,une histoire: Mare Dolorosa

                        Les mots proposés pour Désirs d'histoires 65 sont: encens-amour-marin-coquinerie-embruns-albinos-baie-ténébreuse-naufrage-pins-balai-ballon-phare-râler-froc-flot(s)-communion-mouette-sel-velours-changement-mammouth-réale-au revoir-chocolat .Le mot "mammouth" n'a pas été retenu. Parti pour un sonnet de forme classique ABAB-ABAB-ABB-ABB le vaisseau s'est un peu alangui.Mais le plus difficile fut incontestablement la construction du navire,entièrement aux Chantiers Navals de Monbureau.

Quand j'étais capitaine un étrange albinos

Vêtu d'un froc râpé s'en est venu vers moi

Dans un port du Levant,gravé sur du vieil os

Me vendit "Les réales,un naufrage",aux abois.

 

Coquinerie de sort et jusqu'aux pins derniers

Ce dessin d'une si ténébreuse envergure

Ne me quitta jamais,grimoire,échéancier

Encens,qu'une mouette eût sur les flots d'azur

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Bien vite dispersé,rétif aux changements,

Un obsédant velours qui dissipant ma vue

Egara les marins et la Baie des Amants

Sel de leur vie d'enfer,à jamais disparue.

 

J'eus beau râler,pester,ma vie,elle ressembla

A ces dérélictions,ces ballons fourvoyés

Loin des livres d'enfants aux doigts de chocolat

Que le balai d'un diable aurait dépenaillés.

 

L'affiche,elle aurait pu en rester aux amours

Communions romanesques,et d'embruns et de phares

Les vents l'ont violentée,lambeaux,ses beaux atours?

Narcisse, en son reflet,en est à l'au revoir.

 

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4 mai 2012

Des mots,une histoire: Affres de cinéphile

                    Les mots imposés pour l'édition 63 de Des mots,une histoire sont: tard-pelage-lettre-muguet-tornade-prélude-oiseau-temps-plateau-duel-éternité-bégayer-toxique-merveilleuse-soleil-film-fugitif-interdit-carnage.

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     "Duel au soleil" se terminait dans son apothéose incendiaire,Gregory Peck en méchant comme dans aucune autre production.Il quitta le temple de Bercy, remonté. C'en était donc fini de son cycle western.Il se sentait prêt à affronter les plateaux télé pour la grande finale nationale de "Qui qui s'y connaît le plus en films de cowboys?". Cette année il avait consacré énormément de temps à revoir d'obscures séries B des fifties,à enchaîner des noir et blanc rarissimes,à veiller tard sur le câble pour apercevoir un cavalier fugitif dans le couchant.Encore fallait-il l'identifier sans bégayer lors de l'émission,et ne pas s'emmêler dans les multiples versions de O.K.Corral.

     A la lettre,il suivrait à la lettre les conseils de son coach pour sa préparation,y compris l'interdit sur tout alcool.Une semaine restait avant la tornade médiatique, très relative entre nous et de niveau très local,qui saluerait sa merveilleuse connaissance de ce sujet si important,du prélude dit " des sales gueules" de "Il était une fois dans l'Ouest" au carnage final de "The wild bunch".

     Gare de Lyon,mai oblige,il pensa in extremis au muguet et reprit son train pour cette ultime phase de bachotage avant l'épreuve.De toute éternité il avait savouré l'histoire de l'Ouest,depuis les gravures d'oiseaux d'Audubon et les romans de James Oliver Curwood,somptueux pelage d'ours en couverture et flèches toxiques des Indiens du Nord au long des pages de son enfance.Ceci ne l'empêcherait pas de signer après demain sa biographie de Rossellini à la Grande Librairie,Place de la Basilique.On est pluraliste ou on ne l'est pas.

27 avril 2012

Des mots,une histoire: Elle,lui,le soir et les autres

        Les mots imposés pourDes mots, une histoire 62 sont : immédiateté – assiette – création – café – peau – trille – absence – bergamote – confiance – peigne – hermétique – insouciance – facile – tristesse – sourire – diable – déception – labyrinthe – sang – coincidence – chavirer – connexion.

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          En avait-il fréquenté des cafés,des cafés littéraires,des cafés philo,des cafés ciné,etc...Dans les troquets du centre ville,une assiette anglaise fadasse sur un coin de table,avec parfois les cris de supporters dans la salle voisine,prêts à faire la peau des gars d'en face,et en toute absence de vraie connexion,lui aussi avait devisé, parfois des heures durant,et se cachant presque d'elle qui détestait ces sempiternelles et si faciles séances de nombrilisme,qu'elle traitait d'un sourire meurtrier.Cest vrai que ce genre de réunions s'était propagé,le moindre chef-lieu de canton dissertant maintenant de Kierkegaard ou Bret Easton Ellis.Elle,si secrète,n'y entendait que trilles de passereaux pépiant,ceci proche d'un degré de création insignifiant.Lui,curieusement,commençait à penser comme elle,à pencher vers elle.Il retenait de ces conversations essentiellement une tristesse,précise, vis à vis de ces solitudes mises en ligne,au bar comme sur la toile.Il se demandait s'il ne fallait pas laisser dormir Kant en un tiroir hermétique et relire plutôt Hammett que Tolstoï.

           C'est ainsi que peu à peu il cessa de passer au peigne fin les surmoi et les questions existentielles,dont l'immédiateté ne lui sautait plus aux yeux.Au diable ces jeudis à 18 heures et ces cheveux coupés en quatre.Il allait se décider,retrouver confiance,la reconquérir,qui sait.Il reprendrait son roman inachevé,et pour tout dire presque incommencé.Il surmonterait sa déception bien que son insouciance,celle qui lui avait inspiré ses textes les moins mauvais,ait chaviré depuis un bail.Dans le labyrinthe de feuilles volantes qui jonchaient son bureau il saurait bien retrouver quelque antique composition et de quoi trousser de nouvelles chansons.Il allait leur montrer.Il allait lui montrer.

                Coïncidence,insupportable,la radio passait "La chanson de Paul",ce personnage d'un vieux Sautet que Reggiani interprétait de toute son émotion.Il repensa à ces films,ces films de ses vingt ans et c'est bouleversé qu'il cherchait un goût pour sa bouche,une praline,une bergamote.Un certain avait beaucoup fait pour la madeleine. Reggiani,lui,égrenait "Cette nuit je vais écrire mon livre.Il est temps,depuis le temps". Lui, songea, simplement "Bon sang,il est tard".


La chanson de paul

Merci à Jean-Loup Dabadie,Serge Reggiani,Claude Sautet.Ils ont compté.

20 avril 2012

Des mots,une histoire: Disque adéquat

        Les mots imposés pour l’édition 61 de Des mots, une histoire sont : hiberner – sentiment – tendresse – cachette – étagère – indécis – traîner – émanation – garnements – manque – spinalien – béant – désorienté – interdit – nocturne – caricature – caractère – banalisé – dosage – bleu – isoloir – enquêter – lointain – épaule – train – repartir – voyage.Le mot spinalien n'a pas été retenu.Pourquoi pas castelroussin ou mussipontain?

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                        Le compte à rebours touchait à sa fin.Pourtant il aurait aimé un ultime sentiment,quelque chose d'indécis qui aurait flotté un moment,des bribes qui seraient restées là,à traîner comme si la semaine prochaine les rendez-vous étaient appelés à continuer comme les quarante dernières années d'une vie professionnelle pléthorique consacrée aux épaules meurtries et aux vieillards désorientés.Les fatigues de tous ordres traçaient leurs bleus sur ses avant-bras,des avant-bras hexadécennaux,riches encores de bien des tendresses mais dont la lointaine arrogance,un peu séduisante parfois,lui semblait comme une borne,là-bas,au début du voyage.Autant dire aux origines du monde.

                  Un monde ou,garnement de vingt-deux ans,la blouse blanche lui allait à merveille,sans plisser sur quelques capitons.Un monde où,quelques années plus tard,de furtives visiteuses se faufilaient presque en cachette dans son cabinet mi isoloir mi chapelle.Il avait aimé ces complicités très souvent platoniques,en avait consigné quelques chapitres,en tout petits caractères,émanations amusées ou émues de cette jeunesse dont même les murs désormais s'éloigneraient.Maintenant l'attendait la dernière ligne droite,longueur inconnue mais rectitude à peu près acquise,parcours banalisé et probable manque d'imagination.En fait il était terrorisé à l'idée d'hiberner sans printemps rédempteur et pour tout dire affolé devant l'espace béant qui s'annonçait.Le temps allait venir,des peurs nocturnes et des trains aux heures creuses.Sûr que rien n'était formellement interdit sauf d'espérer repartir dans l'autre sens il espérait sans trop y croire trouver le si savant dosage nécessaire à une disponibilité nouvelle.

              Sur l'étagère,juste entre deux caricatures de kinés,célèbres dans leur petit monde professionnel,et sans enquêter,chose rare dans sa gargantuesque discothèque,il saisit le vieux vinyl de Phil Ochs qui n'avait jamais cessé de l'obséder,Rehearsals for retirement,de circonstance.

http://youtu.be/a9km20oSLb8

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13 avril 2012

Les plumes de l'année: Risque d'histamines

                  Voici les mots recueillis par Asphodèle pour ce défi hebdomadaire. Poussiéreux (se) – pluie – pré – persévérance – parcimonie – picorer -page – perdu(e) – pétillant(e) – procrastination* – pédalo – putréfaction – pollen – pardon – persan – pivoine – partage – poudrer.Le mot procrastination n'a pas été retenu.Je procrastine pourtant beaucoup mais à mon sens on ne peut chacun apporter chaque semaine un mot plus ou moins savant et manifestement implaçable autrement que très artificiellement.

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                 Salle de bains,intérieur jour.Elle n'en finit guère de se poudrer les ailes du nez,inquiète à l'idée des pollens prédateurs qui menacent chacune de ses sorties d'avril.C'est tous les ans la même obsession,ces heures printanières qui la poussent à rechercher la pluie,la pluie vengeresse de ces poussiéreuses attaches,ces odieuses particules qui la font ahaner,rougir comme une pivoine,et finalement choisir l'enfermement dans cet appartement certes plutôt coquet,où ronronne Hollywood,persan de trois ans,et où les belles pages d'Emily Dickinson l'attendent sur la petite bibliothèque de sa chambre.Désuètes?

                C'est avec une parcimonie très savamment pesée qu'elle accepte les invitations.Mais il lui plait de le retrouver et de marcher dans la ville,dans les allées du Parc Jacques Braconnier,n'étaient-ce ces fâcheux platanes qu'il lui faut contourner sous peine de lui demander pardon toutes les cent secondes de ses éternuements qu'il finirait par considérer comme des atermoiements.Elle se sent pourtant d'humeur pétillante,décidée à picorer ces instants inédits,prometteurs peut-être,au long de cette après-midi à la fois urbaine et aérée.Bien sûr Celsius est encore un peu pingre pour le pédalo sur le bel étang d'Isle,mais par pour le pré aux jonquilles.Bien sûr les putréfactions carbonifères,laideur syntaxique mais bonheur olfactif,d'une forêt automnale,lui conviendraient mieux.Mais elle ne manque pas de persévérance,et,décidée, ferme sa porte.Elle descendra à pied,le genou un peu douloureux,cette surcharge pondérale commence à lui coûter.Un tout petit peu perdue,pourvu que de plus ce ne soit pas la rhinite en partage.

7 avril 2012

Les plumes de l'année: Pâques en la cité

       Voici les 22 mots qu’il fallait placer dans le texte à paraître samedi matin.  or – opale -orange – osmose – ode – obligation – offense – oh – ordinaire – orage – opportunité – ouvert(e) – onirique – obsession – ombrelle – obéissance – oubli – octave – orgue(s) – océan – orme – orchidée.Merci à Asphodèle pour le relais de cette belle aventure hebdomadaire.Si le texte qui suit vous rappelle un certain Victor H. qui fit une petite carrière littéraire au XIXème Siècle sachez que ce n'est pas complètement un hasard.

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            Oh!Oh!Marchand d'eau!Qui veut de l'eau,de la belle eau,de la bonne eau de mon tonneau?En cette fin de Moyen Age les rues de Paris grouillaient de l'ordinaire agitation inhérente à la grande ville.Large ouverte à la foule en ces veillées pascales,Notre Dame accueillait des pélerins accourus en quête du pardon des offenses,des valets confits dans leur obligation d'obéissance à des maîtres en dévotions,des tire-laine trouvant dans le raffut des orgues l'opportunité de détrousser quelque bourgeois qu'ils croyaient cousu d'or.

       Cherchant l'oubli de leur condition,la corporation des mendiants défilait,chacun nanti d'une ombrelle de guenilles,entonnant sur deux octaves éraillées l'hymne des gueux,telle une onirique homélie confinant à l'obsession,une ode à un hypothétique orage qui renverserait ainsi la ville entière,cul par dessus tête,afin que l'océan des gens de peu puisse au moins une fois goûter l'orange parfumée ou voir l'opale irisée de l'orchidée, afin surtout qu'en une osmose inversée le flot des humbles accède à son tour au coeur profond de la grande dame sous les ormes en charpentes.

29 mars 2012

Des mots, une histoire: Tournant

         Les mots imposés pour la 60ème de Des mots, une histoire sont : myriade – vide – lundi – (saturnale)s – grenouille – bulle – icône – silencieuses – astuce – savoir-vivre – valise – étourderie – soif – plaine – kaléidoscope – (syndérèse) – fièvre – trottoir – renverser – paupière – surprise.

         Je n'ai pas retenu le mot syndérèse et ne reviendrai pas là-dessus.J'ai par contre gardé le mot saturnales qui  pour moi a une vraie charge poétique ou émotionnelle.Il me semble que les deux mots entre parenthèses ne sont pas du tout dans le même registre.

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          C'était étonnant.Aux abords de la mare silencieuses étaient les grenouilles.Aucune querelle ailée dans les buissons voisins.Rien à voir avec les saturnales vespérales des derniers temps.Rien d'endiablé. Ce lundi soir,coeur d'été,lui semblait propice à l'inquiétude et aux interrogations,à des myriades d'interrogations. Ces grandes vacances, probablement pour lui les dernières en cette fermette isolée de la plaine briarde qu'il avait tant arpentée,ces heures chaudes et ces émois,infimes fièvres,un peu douloureuses en pensant aux filles proches,celles du centre aéré,qu'il avait élevées au rang d'icônes,ces étourderies cyclistes,seul sur le chemin de la laiterie à lâcher le guidon,tout cela serait bien vite du domaine du passé.

            Il lui fallait s'y résoudre.La rentrée prochaine serait différente et le divorce allait l'envoyer dans une ville inconnue,inconnue de ses quinze ans.Plus de sitôt,la valise pour la campagne.Peut-être plus du tout, à lire ce vide dans les yeux de sa grand-mère.Ce qui l'attendait,il n'en avait pas vraiment peur.Plutôt mûr, il savait que la bulle rassurante se devait d'éclater et que les carrefours de la cité seraient ce nouvel eldorado,cet inédit où sa soif de vivre aurait tôt fait de renverser les montagnes.Ou,plus probablement,craignait-il ce kaléidoscope bruyant et trouble où l'astuce ferait sûrement table rase d'un éventuel savoir-vivre beaucoup moins utile qu'un savoir comment vivre.Et puis l'on verrait bien...Si quelque part dans la foule des trottoirs agités ne  l'attendait pas une surprise. Au crépuscule du modeste étang cet avenir incertain alourdit ses paupières.Il dormait...

23 mars 2012

Des mots,une histoire: Ainsi faillis-je être exclu

        La 59ème récolte de Des mots, une histoire donne ces mots : douleur – narcisse – irénisme – lilas – choix – fiançailles – mensonge(s) – forme – retour – diamant – photophore – tambourinage – branche – reflet – prisme – réitéré(e)(s) – espérance – papillon – souvent – purgatoire – désirable – série – folie – argentier – controverse – peine.Le mot argentier,trop onéreux,n'a pas été retenu.

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       Disons-le,disons le franchement.Ce mercredi j'optai pour la tricherie éhontée et décidai crânement d'encourir le purgatoire de ce bel atelier littéraire en biaisant sans tambourinage ni trompette (osé,osé,soit) et en plaidant coupable par avance.Allez tout y passerait,du Diamant du Nil,film d'aventures, au si désirable Shangri-La du Narcisse noir,de Brassens et de son seul rôle dans Porte des Lilas jusqu'aux Branches de l'arbre,catégorie ciné-club indien.Bien décidé à me contenter d'aligner une série de titres de films j'avais d'ailleurs le choix comme Sophie,et ça tombait bien,je venais à peine de revoir Un long dimanche de fiancailles.

   Ca prendrait forme ainsi.Prisme de l'humour aidant,certainement je passerais sans trop de douleur le cap de la 59ème récolte.Quand survint le doute...Ce mensonge,car c'en était un, se voulait-il vraiment le reflet de ma personnalité?De retour au pays de l'honnêteté,un peu tard sûrement,me restait cependant l'espérance d'un irénisme du jury qui m'absolverait après controverse,à condition que cette folie du name-dropping,fût-il cinéphile, ne me reprenne pas trop souvent.Aveuglé ainsi par les sunlights,papillon comme ébloui par un photophore,je souhaitai néanmoins que mes balbutiements réitérés m'évitent encore une fois la mise au ban.

17 mars 2012

Des mots,une histoire: L'anathème de la primevère

          L’édition 58 de Des mots, une histoire a pour récolte ces mots : cacophonie – cochon – grésillement - jettatura – aboiement – printemps – cycliste – blessure – amer – signature – mobilisation – promotion – tradition – balcon – héroïne – solitude – écran – tremblement – bredouille – égarement – oral – dévotion – extravagance – copuler – lassitude – virgule – brousse – épuisée.Il y a 28 mots, ce qui veut dire que vous avez le droit d’en mettre un, deux ou trois au choix, de côté.

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         Printemps que de choses on s'autorise en ton nom! Amer,drapé dans une solitude manifeste j'ai décidé de stipendier cet égarement moral,cette mobilisation insensée,cette dévotion à Eros qui semble avoir saisi les honorables participants à ce bel atelier littéraire.La blogosphère, de tradition pourtant modérée aurait-elle subi une obscure jettatura, une damnation pour que les signatures amies souvent si élégantes,de bon ton,qui peuplaient mon écran,aient ainsi réveillé le cochon qui sommeille et paraphent désormais l'immonde promotion d'obscènes tremblements.

          Quoi? Mars finissant ne serait plus que l'heure de copuler,le temps des râles,des aboiements de la bête,des balcons exhibés et des brousses offertes.Quoi? Me prêteriez-vous cette sombre extravagance d'avoir trempé ma propre plume épuisée,impuissante, à cette paillarde cacophonie,de peur de finir la semaine bredouille en cette histoire de mots.

         Quoi? Je n'aurais pas hésité de la sorte à confondre lassitude et lascivité après que ma première idée d'une jeune héroïne fleur bleue amoureuse d'un beau cycliste eût fait long feu dans le grésillement d'un mégot découragé.Quoi? Il serait trop tard pour changer une virgule à ce texte besogneux, mon amour-propre dût-il souffrir d'une hebdomadaire blessure?Y aurait-il un oral de rattrapage?

9 mars 2012

Des mots,une histoire: Blues des accords d'Evian

       Les mots imposés pour l’édition 57 de Des mots, une histoire sont : automne – nord – chauffeur – ceux-ci – amandier – crayon – page – maison – chantier – ventripotent – azur – philosophie – rubicond – apologie – princesse – rose – bananier – clavier – nid – ruiner – harmonica – coquelicot – magnétique – beurre – comédie

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           Il allait mieux,le gamin,et du haut de ses douze ans il se mit à revoir la vie en rose.A la télé en noir et blanc passaient souvent depuis l'automne les images de ceux-ci qui avaient quitté leur maison là-bas de l'autre côté de la mer pour un Nord qu'ils espèraient clément,de ceux-là qui sous un ciel d'azur s'apprêtaient à relancer le chantier de leur vie."Tourner la page" écrivaient les journaux.

             De l'Algérie il savait bien peu  de choses,hors les diatribes  du chauffeur de car,le crayon vissé à l'oreille,comme son père dans sa boucherie,en moins rubicond peut-être.Mais il savait bien que son cousin plus âgé,le fils aîné de son tonton ventripotent,était revenu de là-bas tout cassé.Il le rencontrait parfois sur le port,dans son fauteuil roulant à regarder les méthaniers,les bananiers accostés et actifs.Ses parents au gamin,ils en parlaient rarement,avec des mots compliqués,ils disaient qu'il fallait prendre ça avec philosophie, sans faire l' apologie de la haine.

            Alors ils le poussaient vers le clavier pour qu'il bosse un peu ses gammes.Ca l'ennuyait,le piano,mais ça comptait pour du beurre,le nid familial aussi parfois,mais tout à sa joie d'avoir échappé à la guerre,il allait savourer cette journée,courir voir Martine,sa princesse,c'était juré.Et lui jouer cette musique qu'il aimait tant,de son harmonica plaintif,lui couleur coquelicot,elle regard magnétique.Et pas de la comédie,non,à s'en ruiner le coeur,déjà...En attendant il courait...et chantait: "J'avais l'plus bel amandier du quartier"

25 février 2012

Les plumes de l'année:Pas très en train,Mademoiselle

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        Asphodèle nous propose ces 21 mots: nouvelle – notoire – nigaud(e) – nature – nuance – nacelle – neutre – noix – naufragé(e) – nuage – nirvana – nana – nymphéa(s) – nouille – noble – noise – nitrate – nenni – noctambule – neuf-nougat .J'ai fait avec,c'est la deuxième fois que je m'y attache.L'exercice est stimulant.

                      La voix si neutre de la S.N.C.F martelait consciencieusement la nouvelle:vu la nature du retard,encore une soirée à la noix pour Mademoiselle,une naufragée parmi d'autres dans la docte et noble assemblée du compartiment de première classe du TGV ,ce grand serpent mi génial mi nigaud quand il se met en tête de musarder en pleine brousse.Son rendez-vous parisien s'effritait ainsi et ce n'est pas en cherchant noise au contrôleur qu'elle oublierait que le nirvana ne serait pas de rigueur ce soir.Ce qu'elle ignorait c'était que l'homme en question,ô que nenni ,ne ferait guère dans la nuance et que,noctambule notoire,il se consolerait bien vite dans les bras d'une nana,fut-elle la plus nouille de la ville.Rien de neuf sous le soleil,et Mademoiselle essaya de se persuader que ce serait peut-être l'ultime nuage avant que la capricieuse nacelle de la vie ne la hisse vers une prochaine extase.En attendant,grignotant un nougat après l'autre,elle reprit son occupation de fortune:un vertical,sept lettres,une tartine renversée.Sur la revue de sa voisine souriaient les nymphéas de Giverny.Toute à sa déconvenue,a-t-elle jamais trouvé le mot nitrate?

17 février 2012

Des mots,une histoire: Le bas-bleu

              Les mots imposés pour Des mots, une histoire, 56 sont : grillage – chat – andante – apesanteur – caroncule – chant – contexte – plume – couffin – barbouillages – croquis – enfant – lame – livre – vertige – saigner – chapon – climatique – catalogue – match – roboratif – sangloter – allumettes – mouchoirs – enfance – préparation – délicieux

Première participation,avec les 27 mots,dans cette aventure ourdie par Olivia Des mots, une histoire

plumedesmotsunehistoire5

              Sans plus de préparation me voilà plongé dans le catalogue de mots du challenge.Bien fait pour moi,l'heure n'est plus à sangloter et mes mouchoirs jetables viennent à manquer.Trêve de vertige,le grand enfant que je suis resté a donc pris sa plume pour en finir au plus vite.L'idée m'avait effleuré d'une poésie faisant rimer barbouillages et grillage.

            J'abandonnai rapidement trouvant que ça ne menait guère loin,du niveau sinon du couffin,tout au moins de l'enfance.Je regrettai déjà mon inscription,pas assez fine lame pour disputer ce match,alors que quelques autres avaient déjà posté ici un texte délicieux,là une amorce de conte,type La petite marchande d'allumettes ou Le chat botté.

             Bien sûr j'avais écrit un livre,jadis,tout petit,ce livre, d'ailleurs mais dans un contexte si différent.Non vraiment le chapon aura beau gonfler sa caroncule à en saigner,il n'égalera jamais le chant du coq.Mené andante et à défaut d'être roboratif,j'en ai conscience,ce court laïus,à peine un croquis,au souffle microclimatique,marquera certes les lettres par son apesanteur.

6 septembre 2008

Je me souviens(emprunt à Georges Perec version Perock)

 

Sur une idée de Georges Perec remise à l'honneur par Cuné.Cela remonte à 18 mois mais exceptionnellement j'ai eu envie de proposer à nouveau ce petit billet,réveillé par un commentaire tout récent.Et puis pourquoi ne pas le dire,j'aime bien ces lignes qui n'ont rien d'original mais qui sont viscéralement si miennes,plus qu'aucun autre article...

Je me  souviens de la pochette vinyl d'Aftermath des Stones mon premier album de bachelier,mon premier album tout court.Mais de cela la Comtesse a déjà parlé.

Je me souviens de mon cahier-hit-parade,50 titres mensuels,où figura un jour The sounds of silence que j'attribuais à Simon et Edgar Funkel.

Je me souviens que quand Salut les copains a disparu des ondes,Pierre Lattes a voulu faire vivre Périphérik sur ces mêmes ondes,sans succès malgré l'indicatif de Chicago Transit Authority(reprise de I'm a man du Spencer Davis Group)

Je mesouviens qu'un titre sur deux nommait San Francisco:California dreaming,Let's go to San Francisco,San Franciscan nights,San Francisco.

Je me souviens que tous les groupes anglais tentaient l'aventure californienne un peu comme les cinéastes d'Allemagne et d'Europe Centrale quittaient l'Europe entre 33 et 40.

Je me souviens que ce n'était pas pour les mêmes causes.

Je me souviens qu'Alan Price avait quitté les Animals et que ça m'embêtait.

Je me souviens qu'en terminale la seule fille un peu rock n'est restée qu'une semaine en m'empruntant 3 super 45 tours.

Je me souviens d'avoir réussi à n'être ni étudiant ni travailleur pendant 5 mois ce qui m'a laissé le loisir d'acheter le premier A whiter shade of pale au moins 6 heures avant les copains.

Je me souviens d'un couple préhistorique chantant I got you babe.

Je me souviens d'avoir couru pour ne pas rater le dernier train après Hendrix à l'Olympia.

Je me souviens du Quartier Latin où passait Monterey Pop.

Je me souviens d'avoir inventé Got to take par les Bloo-Bloos pour coincer les frimeurs prétendant connaître le rock mieux que moi.Quelle insolence!

Je me souviens avoir cru un court moment à l'anticonformisme de la Côte Ouest avant de comprendre que si l'on est des millions à être anticonformistes...vous me suivez?

Je me souviens que se profilaient mes 20 ans et ça me faisait pleurer.Ca le fait toujours d'ailleurs.

Je me souviens des Monkees,groupe fabriqué déjà et,un comble,pas si mal.

Je me souviens des premières errances de Wim Wenders et d'une redécouverte de l'Allemagne avec Amon Düul et Kraftwerk.

Je me souviens de Suzanne et Leonard et je me souviens que vous êtes au courant pour Suzanne et moi.

Je me souviens que Martine aimait Bach mais pas Blood,Sweat and Tears.

Je me souviens avoir fredonné les Kinks en montant la garde.

Je me souviens de chansons sans intérêt mais délicieuses dont celle-ci à laquelle vous n'échapperez pas.

Allez!Clic! http://youtu.be/gxLAzuGtPpI

Je me souviens qu'avec des choses comme L.A.Woman ou In the court of the Crimson King cela devenait vraiment sérieux.

Je me souviens des Mods et des Rockers,des Who et des Small Faces,de Manfred Mann très bon et de ce groupe bubble-gum dont je crois toujours être le seul Français à pouvoir citer le nom par coeur(Dave Dee,Dozy,Beaky,Mick and Tich).

Je me souviens de Nino Ferrer qui chantait trois chansons en première partie d'Hugues Aufray.

Je me souviens d'avoir promis de ne pas ennuyer les plus jeunes avec le bon vieux temps.

Je ne me souviens pas d'avoir tenu une promesse quelconque.

20 septembre 2007

La Comtesse

       

    Le soleil plutôt discret égayait à peine les délicieuses petites artères proches de la fontaine Saint Michel, dans ce quartier latin qu’arpentaient encore quelques touristes en mal de pittoresque. Les librairies, nombreuses, goûtaient une pause relative juste avant l’assaut des hordes d’étudiants venus là pour changer le monde.  Le docteur Jérôme Di Drogo n’était plus à l’université depuis presque vingt ans mais flânait volontiers dans ces ruelles chargées d’histoire et aussi de ses petites histoires à lui,de ces souvenirs délicieux et amers qu’un homme aime, je crois, à trimballer là, dans un petit coin de tête. Rue Saint André desArts le vieux studio d’art et d’essai le trouva en avance de trente minutes sur son rendez-vous. Son épouse,pas complaisante pour autant, n’avait émis aucune objection à cette incartade et pourtant c’était bien une créature de rêve qui attendait le docteur cet après-midi. Et pas pour un très moyen cinq à sept, non, pour une très longue éclaircie obscure. En effet ce jour l’élue de son coeur n’était rien moins qu’Ava Gardner à laquelle le Studio Hautefeuille dédiait une rétrospective et trois films dans la foulée. Mme. Di Drogo connaissait la cinéphilie pathologique, voire obsessionnelle de son mari:un mardi sur deux il délaissait son cabinet chargé pour sacrifier au culte d’Hollywood et de quelques icônes précieuses du Septième Art. Savez-vous que les cinéphiles constituent une secte, dangereuse pour celui qui s’est trouvé coincé lors d’un dîner entre un fanatique des premiers Bergman, d’un noir et blanc dépressif et un aficionado de la mythologie de l’Ouest dans les westerns de John Ford(période intermédiaire).

    A la première pluie, démuni d’imperméable et rageant d’avoir oublié son trenchcoat tout neuf, copie de celui d’Humphrey Bogart dans le Faucon Maltais, il gagna le lieu de perdition et attendit dans le hall en admirant les photos sur les murs fatigués. Il avait perdu depuis peu l’habitude de les voler mais les regardait toujours langoureusement. Un quart d’heure encore, assez pour s’imbiber de l’ambiance années cinquante indispensable à une parfaite évaluation des éléments baroques du film noir américain.

    Trois perles de l’histoire du cinéma étaient proposées à sa boulimie: Les Tueurs, Pandora et la Comtesse aux pieds nus. Il salua gentiment la caissière qui le connaissait bien et lui délivra sourire et tickets, passeports pour la félicité. Jubilant à l’idée de revoir la beauté d’Ava Gardner, il n’eut aucune attention pour la jeune femme parvenue au guichet peu après. Le dernier écran de pub venait de vanter les mérites d’une célèbre bière danoise et déjà le jour revenait dans la salle un peu désuète mais si charmante,tapissée d’affiches classiques, Citizen Kane, Le Dictateur, La Règle du Jeu. Fidèle de cette chapelle il reconnut une poignée de cinémanes sacrifiant aussi au rite de la Comtesse: un signe muet qui n’était pas sans rappeler les messages ésotériques échangés par les premiers chrétiens dans les catacombes de la Rome impériale.

    Trois minutes à peine avant les retrouvailles avec la star et le choc: Jérôme ne vacilla pas, ancré aux bras du fauteuil et pourtant deux rangées devant lui,alors que les projecteurs de la Fox balayaient l’écran, était assise Ava Gardner. Sidéré, il allait passer une après-midi catastrophique au moins sur le plan cinéphilique: il ne put savourer les finesses du scénario de la Comtesse. Il avait déjà vu le film six fois.Mais en lui quelque chose chavirait.Embué son esprit peina à sortir des limbes où l’avait noyé la vision de grâce,mais d’une grâce un peu démoniaque. Enfin comme après un dîner-débat trop chargé son cerveau accepta de décliner un regain d’activité.-Pétrifiant, une telle ressemblance est proprement fantastique,songea-t-il. Mais je rêve,c’est impossible,et puis personne ne se retourne,je suis le seul à l’avoir reconnue. Qu’est-ce que je dis? Non,pas reconnue, je ne l’ai pas reconnue, non, j’ai seulement remarqué une femme qui me rappelle un peu Ava Gardner, pas mal même. En fait elle est loin d’avoir la même allure, elle est élégante, sans plus; une coquette qui affectionne le rétro. Enfantillages, je vais trop au cinéma. Résolu il s’immisça dans l’écheveau complexe des amants de la belle danseuse espagnole, cette si belle comtesse venue de la rue. La femme éternelle, celle que tout homme craint et espère et qui inonde d'un malheur fou producteur, matador ou aristocrate. Maria Vargas, imprévue quoique vue et revue,ferait toujours fantasmer le spectateur, un peu triste,un peu naïf.

    Très vite cependant il abandonna la vraie pour la fausse ou était-ce le contraire?La présence l’envahit à nouveau et se révéla coriace et délicieuse, tortueuse à son esprit. -Ce chapeau , elle avait le même dans Show Boat, j’en jurerais. Show Boat,1949ou 51-Maintenant il la distinguait un peu mieux dans le subtil halo de la sallle obscure. Son image en devenait presque irréelle, princière, infernale peut-être, ce mouvement de tête, imperceptible, ces épaules caressées du regard,ce...Jérôme se surprit voyeur, à rêver plus qu’à scruter les chaussures de l’apparition, éveillant un sentiment plus fort encore qu’il jugea mystique, comme l’amour du Prince Tasso pour l’aventurière andalouse. Moins mystiques: les cervicalgies de ses vertèbres enflammées à force de rotations excessives vers ce damné fauteuil. Ava était légèrement de côté et le regardait,ses jambes croisées évoquaient la scène de Marchands d’Illusions, une rareté qu’il n’avait jamais vue dont il conservait pieusement deux clichés dans un vieux Mon Film.

    Sur la toile le drame allait se nouer et Maria Vargas ne vivrait pas longtemps.Fasciné par le personnage bien réel surgi dans sa vie comme d’un fondu au noir, Jérôme craignit que The end ne sonne aussi le glas de cet étonnement; aussi se sentait-il plutôt inquiet et pris de panique quand défila rapidement le casting finaL.

     Il ne se leva pas de peur de rompre le charme. Il n’eut guère le loisir pourtant de se remettre. Déjà la jeune femme quittait son siège. A sa hauteur elle l’avait regardé,un regard très court et décidé, feu et glace, qui l’avait figé et aussitôt remis en selle sur les pas d’Ava Maria Pandora. Elle avait à présent quitté le hall et dans la rue croisait les piétons, pressés ou distraits. Il crut l’avoir perdue mais repéra son chapeau disparaissant à l’angle de la rue Danton. A quatre heures le soleil partait et un air frisquet et stimulant lui rafraîchit l’esprit. Sur les talons de l’apparition il s’entendit soliloquer. -Quel imbécile! Tu agis comme un adolescent ne le ferait même pas.Cesse ce manège tout de suite,tu vas manquer Les Tueurs et ça c’est plus grave que d’avoir gâché les trois quarts de la Comtesse aux pieds nus. Pense à la communication dont tu t’es chargé pour le week-end des amis du thriller. Ils t’attendent.

       Elle était entrée à la brasserie de l’Odéon. Alors ses résolutions filèrent et il l’observa un instant, la détaillant depuis le boulevard.-Grotesque.Prenant conscience du ridicule il poussa lui aussi la porte de l’établissement. Un garçon fatigué marmonna bonjour. Jérôme s’assit non loin d’elle pendant que le serveur, d’un regain d’énergie, essuyait la table et enregistrait mentalement un panaché.

      Une chope et un ensemble thé citron, après vingt secondes de vie commune rejoignirent leurs amateurs respectifs. Jérôme, sonné, ne pouvait s’empêcher de regarder sous cape la mystérieuse cliente. Comment était-ce possible? Une telle énergie émanait de la belle, quelque chose semblait se répandre en un halo surréaliste dans le café. Le plus curieux est qu’il était le seul à vivre cet instant idéal et troublant. Ce trouble, cette qualité tellement cinématographique, ne toucherait donc que lui. Il se posa même la question “N’ai-je pas traversé l’écran? C’est le syndrome de la Rose pourpre du Caire, ce délice de Woody Allen où le jeune premier vient prendre la petite serveuse dans ses bras. La petite serveuse,c’st Mia Farrow quand même.”

    Il allait l’aborder, Ava elle-même, sans aucun doute. Oui,il allait l’aborder, superbe, c’était écrit, comme dans les plus beaux scénarios. Sortant à peine de ce coma Jérôme héla le serveur et paya bien vite. Pas assez vite pourtant. Pris au dépourvu il abandonna ses cent francs, royalement, comme dans un polar pressé car il venait d’apercevoir la chaise vide. Brutale comme la foudre elle venait de disparaître.Mais non,tout allait bien,s’étant rué dehors il la vit marcher devant lui, parmi d’autres. Comme si elle l’avait enfin remarqué elle se retourna et ses yeux...Jérôme crut perdre l’équilibre.

     Aimanté, il l’escorta à distance une dizaine de minutes. Il avait abdiqué toute velléité de réalisme et nageait à présent en une sorte de fascination non dénuée de crainte. S’y mêlait un parfum de mystère, de ceux qu’on ne connaît qu’à l’adolescence. Rue Soufflot, sur le point de la rejoindre il fut surpris de la voir entrer vivement dans un immeuble cossu. Elle prit à peine le temps de se retourner et s’engouffra dans la cage d’escalier. Immédiatement il l’entendit sonner et être accueillie dans un appartement du premier. De l’entresol resté ouvert il pouvait percevoir des bribes de conversation et une voix de femme plutôt virile: ”Enfin, Ava, vous voilà.Vous êtes l’avant-dernière. Le casting est complet. Nous allons parler chiffres. Ils sont médiocres.Vousn’êtes pas des call-girls ordinaires.Vos gains ne doivent pas l’être non plus”.

    L’amoureux de la Comtesse aux pieds nus n’en apprit pas davantage. Marilyn Monroe montait les marches, pressée et inquiète, vêtue, du moins crut-il le déceler de la robe qui froufroutait dans Sept ans de réflexion. L’amoureux de la Comtesse, ahuri et un peu dégrisé se jeta dans le premier café. Deux Triple sec sur le comptoir en réclamèrent un troisième.Un peu chaud, montre en main, en ne traînant pas trop il avait encore le temps de voir Pandora et la légende du Hollandais Volant.Ava Gardner y était radieuse, troublante, irréelle,Ava Gardner...

15 août 2007

Réflexions sur le temps qui passe(Oh Mary)

Oh Mary si tu savais

Tout le mal que ça me fait

Oh Mary j'avais quinze ans à peine

Ta blondeur,ta voix et tes amis

Je leur dois tant,Mary,oh Mary

Tu sembles souffrir,ma grande

Que sont devenues les fleurs

Et bien plus de 500 miles

Nous séparent jour et nuit

Souffle le vent comme dirait l'ami Bob

Et les collines,là-bas,par delà Frisco 

Nous ont oubliés.

http://www.youtube.com/watch?v=BJXFJW3AIKA

http://www.youtube.com/watch?v=cLe9pJSRas0   (Quelques années,quelques fleurs,quelques miles plus tard)

    Tribute to Peter Yarrow,Paul Stookey,and Mary Travers.Special thanks to Pete Seeger.All friends of mine.

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