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BLOGART(LA COMTESSE)
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27 juin 2007

Blues

 jOHNSON

Une nuit d’été chaude et collante

Dans un bar cafardeux entouré de perdus

Le dernier ami aura pris le dernier train

Et les femmes depuis longtemps

Rendu mon coeur désert

Ce soir-là je crois que j’écrirai mon livre.

Un vieux pianiste las aux yeux gonflés

D’une ballade presque oubliée

Déchirera mon âme

Les rayons du passé brûlants comme la mort

Me feront comme des cicatrices

C’est là que,la tête heurtant les murs

Je deviendrai poète.

Et d’avoir tant roulé par les banlieues

Suintant l’infâme et l’ordinaire

Où les furtives rencontres sans un regard

N’échangent que du feu,silhouettes fantômes

Sans le souffle de vie

Je serai fatigué et j’écrirai mon blues.

Les mots viendront simplement

Ca parlera de filles dans l’autocar

Qui nous quittent tous un jour

De chiens sous la pluie pleurant une caresse

De petits matins aigres,de mauvais cafés

Attisant les vieilles peines.

D’alcools solitaires et d’ivresses moroses

De compagnons d’un soir,fugitifs,réticents

Aux vaines confidences 

Du mal d’aimer enfin,de la belle jeunesse

Des petites bassesses enfouies

De désaccords majeurs,d’une musique qui brise

Un coeur déjà fêlé

 

 

 

 

 

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22 avril 2007

Ailleurs

Un peintre s’est perdu loin de ses canaux

Et de ses chapelles favorites

Il ne voit plus des arbres les rameaux

Et ses yeux loin de ses rites

Ont égaré sa lumière

Qu’est-il sans ses chers étangs

Sans les amicaux repères

Que sa tendre palette frôle comme un doux vent?

L’artiste erre espérant l’éclaircie

Qui lui rendrait sa flamme abandonnée

Mais la ville est si triste et noircie

Qu’il lui vient de sombres pensées

Loin de son royaume-couleur

La cécité le guette,cette peste

Assassine de l’orfèvre,du sculpteur.

Pourtant il va revivre et son geste

Déjà s’affirme,ses doigts s’affranchissent

Tendres habiles retrouvent les traits

D’une femme dont il ourle la cuisse

La nimbant d’or et de jais

De même à la pointe d’un cil il trace

De sa candeur,de sa noblesse

Le regard de l’aimée,sa grâce

Et l’amour qui tous deux les caresse.

31 mars 2007

Incunable

    

    A mes amis blogueurs je voudrais dire que là on change de catégorie.Oubliez tout ce que j'ai pu lire, voir, écouter, écrire ou chroniquer ici même.Nous atteignons avec cette rareté littéraire des rivages insoupçonnés où le génie le dispute à la grâce.Ce pavé de 40 pages est un recueil de poésies d'une telle qualité que Baudelaire est renvoyé à ses traductions d'Edgar Poe,Rimbaud à la pêche en Meuse,et Verlaine à sa chère fée verte.Même mon cher Nerval se serait pendu Rue de la Vieille Poterne parce que,féru de fantastamagorie et d'occultisme,il aurait eu la primeur du Spectateur triste et n'aurait pu supporter de n'avoir écrit que Les filles du feu,Chimères,Aurélia et autres billevesées.

   Ce livre à nul autre semblable nous emmène sur les rives du Septième Art en évitant les écueils de la banalité et les brisants du cliché.Une oeuvre dantesque que l'on ne risque pas d'oublier tant la richesse en est multiple.Composée d'au moins... quatorze ou peut-être même quinze odes au rêve,à la beauté et à la nostalgie cette perle méconnue est ce que j'ai lu de plus mémorable et j'aimerais contribuer modestement à faire connaître un si grand écrivain.

   Bien sûr toute médaille a son revers et vous vous doutez que ce panthéon n'est par sa rareté incandescente pas accessible à tous.Les quelques exemplaires subsistant se négocient aux environs de 1250 euros bien que l'auteur ait,sous toutes réserves,déclaré préférer être payé en dollars de Brunéi. Excentricité d'un génie certainement, caprice de celui qui fut un jeune auteur ignoré.A propos que sait on de cet écrivain?Peu de choses en vérité.Discret comme J.D.Salinger on pense qu'il vouerait un culte à un acteur américain tabacomane et alcoolique ayant notamment interprété deux célèbres privés.Mais peut-être tout cela n'est-il que pures supputations et rumeurs infondées.Il semble cependant acquis qu'il n'est plus très jeune,mais toujours ignoré et qu'on n'est pas forcé d'être sûr qu'il entre dans la catégorie des auteurs.

   Vous ayant probablement mis l'eau(ou le gin)à la bouche je vous engage à rogner sur vos achats de livres, disques, etc... pour être en mesure de vous procurer cet incunable. Le capital étant énorme je peux essayer,ayant une idée du personnage,de vous faire parvenir ce superbe ouvrage,futur fleuron de votre bibliothèque,pour la modique somme de ... trois timbres-poste  ordinaires.Il vous suffit de m'écrire un courriel et de me donner votre adresse.L'illustre et cher Maître acceptera éventuellement de les dédicacer.Je crois qu'il a un peu d'humour.

27 janvier 2007

La goutte d'eau

La goutte d'eau

 

Il a plu sur les pentes du Velay

De l’ondée ou des trombes une perle isolée

Dégringolant du ciel,clair joyau

Verticale et bénie

Devient gouttelette promise à l’homme

Pour son mieux-être

La tendre goutte d’eau au seuil de l’horizon

Semble hésiter certes peu de temps

Mais j’aime son indécision

J’ai goût à m’en bercer car mon coeur

A pu quelquefois ressembler

A ce hasard humide,à ce roseau balançant

Au gré des moindres brises.

La goutte d’eau vacille

Le sol ouvre les bras et la petite dame

Va-t-elle au sud-est choisir de cheminer

En Rhône et chanter les gitans

L’accent qui traîne et le delta

Puis se conduire esquif en Méditerranée

En ce milieu du monde

Pour y rejoindre les ports antiques

Le sillage d’Ulysse

Le Phare des Sanguinaires

Vaillante elle trace,sirène

L’abordage barbaresque,les princes siciliens

Elle devient Vieux Monde

Et se nimbe de notre histoire

D’île en île,des verres vénitiens

Jusques Alexandrie.

A moins que,caprice de femme

Elle n’en vienne à choisir l’autre versant

Mon Occident

Elle jardine,Renaissance en Val de Loire

Une corne de brume attise sa fringale

Des envies de Cap Horn ou de conquistadors

Brigantines ou misaines

Le noir parfum s’exhalant des steamers

L’accompagne,oiseau du grand ouest

Vers ces pays que l’on a dit nouveaux

De Nouvelle France ou Orleans

La goutte d’eau choisit-elle

D’être océane ou phénicienne?

Partage des eaux..

Comme elle,dis-moi

Qu’as-tu fait de ton talent?

 

 

24 janvier 2007

Et vogue le navire

Et vogue le navire

 

J'avais un ami par delà les Alpes

Il aimait,jeune à dessiner

Déjà sur les plages adriatiques

Il crayonnait,il savourait les dames plantureuses

Et les enfants courant après un ballon

Federico

Il aurait dû être lui aussi

Enfant de la balle

Il a fait de sa vie un cirque,trublion poétique

Y avait un sombre hercule sur la place

Y avait un funambule qui riait toujours

On l'appelait "il Matto"

Une pauvrette de la campagne

Federico aima Gelsomina

Leur chemin comme tous les chemins

Les mena jusqu'à Rome

Alors mon ami Federico plus jamais ne cessa

De célébrer son Italie comme la Cité des Femmes

Et la louve allaitant les jumeaux

Déjà Mamma Roma.

Marcello c'était son ami,presque un alter ego

Marcello...vous l'avez aimé

Nous l'avons tant aimé

Séducteur latin,errant et témoignant

Fêtard dans la nuit des vasques romaines

La douceur de vivre,ces années loin pourtant

Et la monnaie dans la fontaine de Trévi

L'ami de Rimini aimait le peuple

Intronisé bouffon et puis salué roi

Il avait su donner voix à la lune

Et Ginger et Fred,vieillissants

Pathétiques et heureux

Amarcord,j'aime à revoir

Ce navire surréaliste

 

Et le rhinocéros surnageant

Dans son monde à lui les histrions

Les clowns blancs et les filles au trapèze

Lanterne magique

Savaient narguer les puissants

Federico si noble et populaire

Et son Casanova grandiose de dérision

Aux amours bercées d'oiseaux mécaniques

Glacé comme une putain vénitienne

Joues d'albâtre des vieilles emperlées

La lagune visqueuse,moisie

Italianissima

Successeur des Césars,le vieux gamin joueur

Prince de Cinécitta

A voyagé toute sa péninsule

Des studios de télé jusques au Colisée

Des défilés à la mode vaticane

A la mode courtisane

Rêves de pellicule

Sentant la sciure du cirque

Et scandés de trompette ou de piano bastringue

Ciao Maestro

Et tous tes saltimbanques

A toi je voue ces quelques lignes

Par delà les décors quand le faux

Nous illusionne,mon bon marchand d'étoiles

"Ti amo Gelsomina"

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16 décembre 2006

La cruauté

La cruauté

 

Comme c’est simple une affiche

Un enfant loin au Cambodge

Au Liberia,un champ de mines

La cruauté c’est quand un gosse

Ne bondit plus qu’avec les yeux

La cruauté c’est un jardin,son monument

Dans un village,le vôtre

Quelques dizaines de noms

Parfois le même plusieurs fois

C’est Verdun et c’est l’oubli

La cruauté parfois il y a longtemps

La cruauté c’est ce poète

Au froid de sa mansarde,oiseau d’hiver

Qui a compris qu’il ne serait

Ni Baudelaire ni Nerval

Et dont le sang s’épuise

C’est Vincent dans sa déraison

Qui dans ce champ d’Ile de France

Cesse enfin d’être l’incompris

Le fusil dans les tournesols

La cruauté c’est ce banc public

Et cette vieille que les pigeons

Entourent seuls au février des villes

La cruauté c’est quand l’alcool tient lieu de frère

Et qu’il n’y a plus de fils aimant

Enfant flétrie,au corps objet

Que l’indicible a rendue mutique

La cruauté parfois est à la porte

Les silences des années tendres

Amnésiées,comme presque mortes

La cruauté c’est ce courrier

Ce messager qui nous confirme

La cruauté c’est un appel

Peut-être à l’aube d’un dimanche

D’une jeunesse aux fossés

La cruauté vit dans les camps

Qui se jouent de géographie

On meurt en tous points cardinaux

Et partout l’homme se découvre

La cruauté est sibérienne ou andine

La cruauté parfois peut être mienne

La cruauté c’est tout petit

Quand tes pas dans le soir s’éloignent

La nuit encore qui nous échappe

La cruauté c’est toi et moi

A l’âpre instant des séparés

 .

3 décembre 2006

Ici

Ici

 

Ici,chez les amis

C’est comme une presqu’île

L’hôte vous l’a décrit

Ce capitaine au long cours

Carguant les voiles fraternelles

Ici c’est l’eau

Pas vraiment les eaux dormantes

Un peu traîtres

Méphitiques,méfions-nous de ces eaux trop honnêtes

On murmure qu’elles se chargent à la Toussaint venue

De tous les mal-pensants,de vous,de moi.

Non,ici,c’est comme un havre

Un peu gardien de phare

Un peu berger de l’onde

Long John Silver est doué d’ubiquité

Au four et au moulin

A la cambuse et sur la scène

On dit qu’on l’a vu marcher sur les eaux

Eaux printanières,eaux de vie,eaux de feu

Si d’autres naviguent en eau trouble

Ici la peinture est à l’eau-forte

Et les rencontres au fil de l’eau

Valent bien le fil de l’épée

Ici l’île au trésor

Nous accueille hardiment

Pour un bien doux naufrage

En amitié,en fantaisie

Souquez donc,Frères de la Côte,aimez

Comme le fleuve aime la mer.

 

 

12 novembre 2006

Si

Si

 

Si j’étais tahïtien

Je plongerais bien au delà du lagon

Pour y cueillir au plus profond

L’or des conques et l’argent des poissons

Perles et nacres pour ton ventre fécond.

Si j’étais italien

A Florence ou à Orvieto

Dans l’atelier de Léonardo

Je te peindrais,Madone au tondo

Bellissima del mondo.

Si j’étais inuit

Dans la déchirante nuit arctique

Tu serais du Nord la princesse unique

Ce glacier idyllique

Serait havre d’un fol amour tellurique.

Lama tibétain

Je renierais les livres sacrés

Quitterais le monastère où j’étais ancré

Et ne prierais plus que l’être aimé

Au bonheur ensoleillé.

Guérillero

J’aurais fait seul la révolution

Pour que la passion

Enflamme de notre déraison

Un monde à notre diapason.

Si j’étais un marin

Le sel des quarantièmes rugissants

Du goût de mes lèvres irait cernant

Ton front,tes iris bienfaisants

Alizé aux épices,plaisir déferlant.

Si j’étais écrivain

Mon écriture,métamorphose

Lisserait les épines des roses

Pour que plus jamais n’éclosent

La vacuité et la fadeur des choses.

Si j’étais Ludwig ou Wolfgang

Mon immortalité baignerait l’avenir

De ton prénom et de tes rires

De l’infini de nos délires

De cette musique qui nous chavire.

Si après demain je mourais

Demain aurait ton regard et ton nom

De ma vie la vraie floraison

N’aurait connu que nos chansons

Nos étreintes et notre unisson.

5 novembre 2006

Comme la fin d'un voyage

Comme la fin d’un voyage

 

Comme un aboutissement

La Porte Dorée nargue l’océanique

Au tendre nom de paix

Frisco,lovée au sein de sa baie,va voir naître

Ultime avatar,une Amérique de l’Amérique.

C’est le Sud,l’Eldorado et les rumeurs

Prétendent que l’homme y danse sur un volcan

Fomentant sa propre perte

La planète Terre en ce bout du monde

Vit-elle un moratoire attendant

Les caprices de ses entrailles?

Des millions d’âmes au fonds de ces villes

Des dizaines de cités aux noms de saints d’Espagne

Californie,terminus de la longue piste

Dernière étape d’une ruée vers l’Ouest

La chute aussi pour Jack London

Au goût de paradis artificiel.

Il y a des années dans l’effervescence

J’ai écouté les chants qu’on appelait là-bas

Ceux du pouvoir des fleurs

Mais la voix de Janis ne fend plus les silences

Les campus ont renoué cravates et conventions

Et le parfum d’encens s’est dissipé

Au vent du soir.

Allons danser Barbra Ann

Tandis que surfent les enfants des Beach Boys

Dans l’écume des jours

La tête tournée vers Silicon Valley

 

Les peaux ont bruni maintenant

Et des accents de Sierra Madre

Flanqués de guitares crasseuses

Ont envahi la terre promise.

Des cars bondés jacassent en castillan

De faux totems vaguement aztèques

Veillent au long des routes

Où traînent les Miguel ou Adolfo

Transfuges des barracas

De Mexico.

Démesure

Il faut aller vite et le village des nantis

Grouille d’aréoplanes privés.

Il faut voir grand,ainsi

Les plus belles pierres d’Europe

Ont connu l’exil pour bâtir les folies

De ces “Citizen Kane” dédaigneux

Dont les palais défient la mer.

A peine un siècle d’une vie foudroyante

Dernière née de la conquête,enfant gâtée

L’amnésique Californie

S’exhibe comme une adolescence délurée

Rameau extrême d’un continent hors d’haleine

Après une course insensée.

Californie!Même la nature

A ses vertiges et sa fureur

La pourpre et le violet

De la Vallée de la Mort

Chaos des surplombs,teints lunaires au couchant

Forêts de colosses

Séquoias millénaires

Cataractes coupant les dômes de granit

L’univers paraît évadé

Du cinémascope

La création a tourné son propre film

Difficile d’aller plus loin

Quelques pas et vient le désert

C’est comme la fin d’un voyage

Au delà du carnaval permanent

Maquillages,outrances,perversions

Au coeur des cités presque androïdes.

C’est comme la fin d’un voyage

Au bout du luxe et de la dérision

Où s’achètent mille fantasmes

Palette finale d’humanités

Quand se croisent au matin les regards

De la star et du chicano.

4 novembre 2006

La mort à voir

Moi,c’que j’aimerais par-dessus tout


C’est une belle mort,une mort d’anthologie


Avec un dernier soupir à damner


Même la plus rancunière des maîtresses


Et un ultime dialogue servi par les meilleurs


Une vraie mort de cinéma,quoi.


Comme celle d’un chanteur de country


Vieillissant et rongé,les femmes et l’alcool,


Qu’est-ce que vous voulez que ce soit,pardi.


Un honky tonk man dans un bar pour routiers


A la nuque rouge,lost on the highway.


Au cinoche mille façons de mourir.


Et tant qu’à faire de crever


Autant trouver la mort à Venise,classe,non.


Ca,ça m’irait.Je change de ton:


L’élégance d’un costume blanc


Lla plage du Lido,couleur choléra,


Un adagio à briser l’âme et,


Omniprésent,grandiloquent mais tant pis,


Le crépuscule,ce putain de crépuscule


Qui me fascine et qui nous guette.


Très chic la lagune pour y laisser sa peau


Tomber le masque


Que dansent les ombres d’un carnaval blême.


Ou mourir à l’Ouest.


Qu’on m’apporte un chapeau.


Un mercenaire buriné,couturé,balafré


Qui enfin rencontre la camarde

Il était une fois dans l'Ouest


Et rachète in extremis(belle expression),


In extremis,sa vie de chasseur de primes,


Règlements de compte hâtifs et peu regardants


Pour sauver le village de paysans.


Bien,bien,hollywoodien,bien.


Très “Chant du cygne”.


Diable on peut mourir en France,


Une agonie qui m’est très chère,


Certains sont déjà au courant.


On l’a racontée ici même,


Loin là-bas sur un quai des brumes.


Ce peintre un peu maudit,ce déserteur,


Quelques paumés,les chose derrière les choses


Et cette mort utile en léguant ses chaussures.


La mort philanthropique,à la marée du soir.


Y a du prestige aussi très au Nord


Sur le chemin de la Faucheuse.


Un grand Suédois,pas marrant marrant,


Austère.Et défier la Mort aux échecs


En un pays hanté par la peste,


L'angoisse et la culpabilité


Car je suis coupable,coupable de tricherie


Comme le Chevalier “Echec et mat”.


Mais lui,il a gagné.


Si j’avais le goût de perdre!Pénitence!


Plus astucieux,on peut rembobiner


Commencer par la fin.Xanadu.


Le magnat obèse,solitaire


S’écroule en son château


L’enfance,la jeunesse,l’ambition,


La puissance,les amis


Et incandescentes vénéneuses,toutes,


Les femmes,refaire le chemin à l’envers


Les aimer à nouveau


Et qu’elles paient,cette fois.


Bon Dieu qu’elles paient!


Ce sera toujours trop bon marché.


Pardon,je m’égare.


Rendez moi mes jouets d’enfant.


Traverser enfin le miroir


Comme Jeannot tendant la main


Mon beau Jeannot,pour voir ailleurs si j’y suis.


Orphée,le poète et ces miroirs,


Portes où la mort va et vient.


Ou errer dans Calcutta déserte,


Fantôme durassien de chair et de sang,


Mais désincarné et exsangue


Mourir,dit-elle.Forcément quitter


Et j’aurais continué d’attendre la fin.


Et j’aurais dit dans un cri


”Qu’elle vienne,qu’elle vienne vite”.


Après,après il restera toujours


Bogart en imperméable,


Pluie battante aux funérailles


De la Comtesse aux pieds nus.


2 novembre 2006

L'Arno

Un ottobre bellissimo

Quand le sud a des accents

Très doux,pas trop extravagants

Boboli déroule pour elle et moi

De douces pentes finissantes

Où de joufflus putti rejettent une eau tiède

Calme flux suffisant de douceur

Qu’elle écoute à mon bras

L’inconnue d’hier dont le souffle

Est brise tranquille à ma nuque

Tout près Santa Maria crève de sa coupole

Le ciel toscan si cher à mes pensées

Les grilles des palais,de leurs cours nous invitent

A flâner tous deux le coeur comme ébahi

Couple de survivants

Aux traces du temps perdu

Renaissance sur ces quais s’étalant

Florentines matinées,à peine frémissantes

Sont-ce les cloches de San Marco

Claires,sur la cité,qui nous fêtent

Nous qui venons si tard?

Mais le crépuscule nimbe l’Arno

Comme le doux manteau,comme le tranquille automne

Sur nos vies moins brûlantes

La barque sur le fleuve

Entraîne ce qu’il reste de jour

Avant les nocturnes,andante

Oui,ce qu’il reste de jours

Quittons le Vecchio si bruyant

Et remontons la rive qui s’isole

Nos pas se cherchent un peu

Le talent ici fut si multiple

J’ai l’impression que les grands maîtres

M’ont laissé quelques cendres

Elle est à mes côtés

Presque fille du fleuve

Loin là-bas la rumeur citadine

Nous ignore encore.

28 octobre 2006

L'or des limbes

L'or des limbes

 

Lorsque je chevauchais fatigué des vallées

Aux souvenirs de terre brûlée

De hasardeuses retrouvailles

En peines disséminées

Que les marais aux fétides haleines

Ne me quittaient déjà plus guère

Rendant mon souffle austère

Pareil à ces vieillards d’Occident

Dont le visage à lire rêvait de Thanatos

Il m’arriva une pâle matinée

Une sorcière probablement

A l’orée d’une noire forêt de tsugas à frémir

Percée des croassements des freux.

Sur un signe de la vieille les oiseaux

Ont soudain fait silence.

Il m’a semblé mais de cela je ne suis sûr

Qu’un tocsin a crevé l’écho

Du dernier village traversé

“Serait-ce l’heure de la grande rencontre?”

Songeai-je quand,hideuse et mortifère,

Son long bras s’est tendu

L’index vers le nord

D’un idiome inconnu à peine borborygme

Une voix sépulcrale m’intima le chemin

Des vêpres extrêmes de mes ans

Page de fin peut-être

De mon combat lassé

Impossible quête d’une lumière à partager

Il me fallait accomplir

Le dénouement et retrouver

Le marquisat des ombres.

L’autre versant des Monts Noirs

M’attendait ardu,et désolé de pierres

Etait-ce ainsi qu’il me fallait voguer

Vers le Styx qui nous guide tous

La grande solitude?

L’espoir m’était un bel étranger

Mes compagnons les mots que j’avais aimés

Jusqu’à les faire danser

Allaient donc me quitter

Pour valser à jamais

En outre-poésie

Je n’aurais donc rien été

Qu’une feuille dans la longue tempête

Aux nervures déjà presque effacées.

Mais la destinée s’avère parfois fugueuse

La camarde absente,

C’est une apparition céleste qui m’irradia

Inattendue dans ce pays fini

Mes yeux n’ont pas saisi

D’abord sa beauté rare

Il me sembla que son regard ne s’adressait

A rien ni personne,mais au delà

Aux personnages que l’on devine

En une étrange et interne vibration.

Puis comme le crépuscule devenait améthyste

Sa voix m’a touché,ferme et femme

Louve et reine,elle m’a aimé déjà

Bien avant mon rude réveil.

Et moi,buriné et perdant

Quand elle a pris ma main

J’ai compris qu’elle ne m’avait jamais laissé

Que la foudre nous avait pétrifiés

En une oeuvre à nous seuls

Qu’il nous restait à ériger

Au coeur des jungles et des déserts

Au miroir de notre passé

Chacun lié à l’autre

Au travers des chagrins réciproques

Elle,mon essence admirable,âpre et chaude

Et moi,en son sein,renaissant

Déjà à l’écriture

Une inspiration emplie d’elle...

Adieu les affres et les torpeurs

Son souffle maintenant

Caresse mon dos tendu qui s’apaise

Sous ses ongles,ses phalanges langoureuses

Et ses bras m’irradient

Quand nos intimes brûlures

Se findent dans la nuit torturée

Par nos jeux parfois striés de rires.

Son amplitude me dévore

Fasciné par ses rêves je sanglote

Déjà je ne suis digne d’elle

Déjà je l’ai blessée

Ma face noire se rebelle

Elle saura me guérir

Dieu,qu’elle m’inonde d’elle

A m’effrayer parfois!

Avant qu’elle ne s’envole

Sur un cheval magique

Libre et admirable

Je veux lui dire

"Deviens moi”

                 

26 octobre 2006

Les ombres du Valois

Les ombres du Valois

 

Aux étangs émergeant d'une brume à damner

Quand le cerf coléreux de nos chemins cognait

Sa fureur et ses hargnes

Sous les hêtres et le ciel

Et qu'automne en ses eaux

Tendait les bras déjà

A ta douleur,toi,Nerval mon ami

Je sais que tu guettais

La lumière des lacs

Et Sylvie dansant sur les fougères...

De quel Orient rêvais-tu donc

Et quelles brûlures à tes yeux

Ont-elles pu t'emmener loin de Mortefontaine

Au tréfonds de ta nuit

Rue de la Vieille Lanterne

Par ce janvier glacé?

 

               Hommage à Gérard de Nerval(1808-1855) et à notre pays commun,ce beau Valois,berceau de la France Je crois que mon père l'aurait aimé,lui qui a tant arpenté ces sentiers romantiques.Salut,mon papa..

 

25 octobre 2006

Et vint l'automne

Et vint l'automne

 

Un jour nous guette,il est glacial

Même en juillet,même au soleil

Au ciel bleu traître à notre âme divaguante

Et au tumulte doux de l'eau fraîche

Un jour où le cercle de craie s'apprête

A nous vouer au deuil des amours

Des illusions,des amitiés.

Une image nous vient du grand hôpital blanc

Grosse de pressentiments

D'où nous vient ce voile gris

Et déjà c'est l'adieu à la Toscane

A l'Ouest irlandais,au blues du delta

Au piano de Prague

Un jour où c'est déja l'automne

Peut-être même le milieu de saison

La cruauté des vieux poèmes,jeunesse s'échappant

Et le rire de Lorena

Qui vit sans moi,qui vit ailleurs

Mais résonne encore son départ

J'aurais voulu danser plus loin

Même malhabile et rageant

Pourtant

S'il était encore temps mais oui...

Le lendemain hissse les voiles

Equipage au complet

Serai-je sur le pont aux larges alizés

Et d'autres bras m'attendent

Forcément,dites,forcément...

24 octobre 2006

Ophélie

Ophélie

 

Quatre rameurs vêtus de jaune

De leur geste modèle tracent la Meuse froide

Je remonte mon col, là, sur la passerelle

Le Mont Olympe, vert novembre

Semble se regarder

Narcisse en ces eaux noires

Trois cygnes s'y pavanent

J'aime leur arrogance

Près du moulin aux arches empierrées de neuf

Cet homme là, dit-on, chaussait des semelles de vent

L'homme de plusieurs vies

Des périssoires longent le corps si blanc

Ophélie la douce, sur le fleuve, plus qu'alanguie

Parmi lys et saulaies

Les coureurs que je croise,au tempo haletant

Me font un gentil signe

Je marche seul et les yeux secs

Le coeur presque calme              

               

22 octobre 2006

De Vancouver

   

Je vous écris,Madame,de Vancouver

Vous-souvenez-vous,j'étais un homme de l'ouest 

Le miroir de ma chambre d'hôtel

Grimace un peu de cheveux gris 

Cela m'a pris du temps

Pour ne jamais vous oublier

Le Pacifique me repose

C'est que,Madame,depuis mortes saisons

Votre sourire colle aux pages de ces livres

Qui m'ont accompagné du Pont de Normandie

Le vent de l'estuaire nous avait blessés

Vous souvenez-vous

Ces embruns vous lacèrent-ils les pommettes

Comme la lame acide de nos souvenirs

Brûle et voile mon regard ainsi qu'au premier jour

Loin là-bas par delà l'océan qui sait ce que nous sommes.

21 octobre 2006

De noir

De noir vêtus

Central Park et l'obscène crépuscule du huit décembre

De noir vêtues

Michell,Eleonor Rigby et Lucy dans le ciel

De noir barré

Le double album si blanc

De brumes définie

Liverpool solitaire

De hardes grises maintenant

Les habits neufs de ma jeunesse

Le 8 décembre 2005(25 ans

20 octobre 2006

L'ange douloureux

L'ange douloureux

 

L'ange douloureux qui m'accompagne

Comme en un ciel berlinois bleu de froid

En a vu avec moi au long de ces années d'errance

Son visage est souvent  pris de convulsion

Son sourire se glace

Devant ces cités indociles                     

Alors cet ange a peur et pour moi il s'alarme

De mes intolérances mais n'en dites rien

C'est un ange que n'épargnent ni colère ni ivresse

Et je crains qu'il ne me délaisse

Sa présence impresssionne et ses ailes m'enserrent

Pourtant cet ange a bien les yeux...d'un ange,pardi

Ce regard est si doux,je me sens prêt à m'y noyer

Mais la chute des anges est tellement osée

Que le fleuve sauvage nous tend ses bras furieux

Sa vallée s'est parfois avérée meurtrière

Il me vient à l'esprit...

Si le tumulte des eaux guerrières

Nous emportait très loin,là où s'endiablent

Les anges et leurs compagnons d'infortune.

                         

        Merci Mr.Marc Chagall

17 octobre 2006

L'arbre ultime


Enfin vint le dernier soir


A la recherche de l’arbre ultime


Serait-il là,maître des cimes


De la palmeraie ancienne


Courbant sous le sirocco noir


D’une oasis algérienne.


Serait-il modeste fruitier


Rosissant au printemps normand


D’une terre de liberté


Près des grands cimetières blancs


Allais-je encore le débusquer


Abritant,Amazonien


Les derniers Indiens


Cueillis par l’hébétude


Et le jaguar y feulerait


Dans la dense nuit meurtrie du Sud.


J’aurais aimé le rencontrer là haut


Cyprès toscan de la douce colline


Penché sur Florence et l’Arno


Jouant la comédie divine


Veillerait-il,acacia,ombrelle


Sur la savane aux vives gazelles


Priant pour la pluie


Pour la vie.


Resterait-il à jamais symbole


Cèdre bleu de ce Liban


Où la colombe à peine s’envole


Paisible érable chantant


Au coeur du Saint Laurent.


J’ai vu l’arbre ultime


Ni le saule larmoyant


De mes amours de douze ans


Ni ce boréal et fragile sapin


Ni ce rouge géant californien?


Non,c’était l’arbre du crime


C’était l’arbre bourreau


Et le chanvre assassin


Greffé sur ses rameaux


Ployait comme un rictus dernier


Sous le faix des hommes condamnés.

17 octobre 2006

Transaméricaine,transes américaines(Easy rider)

Transaméricaine, transes américaines (Easy Rider) 

 

Elles ressemblent à des entrailles

Ces autoroutes,rubans interminables

Embrasées par instants

D’un soleil acéré qui leur donne un air de Mexique.

Elles attendent l’homme,disponible

Comme dans un road-movie

Un cinéma de l’errance,ouvert

A des rencontres d’un autre type

Droit sorties de nos fantasmes

De rêveurs décalés.

Sont-ce,attardés quelques disciples de Kerouac

Qui guettent l’un de ces fabuleux camions?

Itinéraires dérisoires

Le pouvoir des fleurs a quitté la Californie 

Les nomades que j’y ai croisés

Ne sont plus ni pionniers ni musiciens

Adieu Grace Slick!

J’aime la poésie horizontale

Des petites boîtes de toutes les couleurs 

Ces motels,carrefours des grands chemins à moteur.

Ils réinventent,naïfs,à chaque halte

Ce curieux amalgame

De laideur et de sublime

D'une civilisation soda

Qui a brûlé les étapes

L’Amérique a eu si peu de temps

Pardonnons,parfois elle ne sait...

Sur les parkings d’étonnants véhicules

A la teinte vestige-vertige

Psychedelique

Lovent leurs silhouettes

Auprès de ces jeux de cubes

Oasis informes pour ces modernes caravanes.

L’Amérique éternelle est là quand même

 

Une rengaine,plus loin,sort d’une cabine

Une mâle histoire d’amour

Un chauffeur du Kentucky

Et la fille d’un relais,une quelconque Nancy

Dans un quelconque Alabama.

Moi je sais bien qu’on peut trouver encore

Qui s’égrènent au fil de l’espace T

ous les clichés des sixties

Si chers à la réminiscence,autant

Que les pièces d’un puzzle futuriste

Monde éclaté de vitesse et violence.

Où sont allés ces hommes aux cheveux de comètes

Que chantaient Ginsberg et la Côte Ouest?

Le temps a repris à la course la mémoire

Et les passants sur la route

Ne sont plus en quête d’un festival

Improbable d’amour et de paix

Slogans poussiéreux,désuets.

Puis comme des tribus belliqueuses

Dans le bruit et la fureur

Des hordes vrombissantes

Strient les cicatrices conremporaines

Echappées d’un cauchemar de faits divers

Où voisinent poètes égarés

Et illuminés aux pulsions maladives.

Crainte et attirance

Nourri de cette littérature

Et dévoyé de cinéma

Je les entends qui m’appellent

Ces hauts chemins de l’Occident.

Résonne le chant des cavaliers tranquilles.

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