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7 juin 2014

Les plumes...by Asphodèle: Sus à la fesse

   La récolte d'Asphodèle cette semaine se compose de vingt-deux mots. Elle est la suivante: fesse-richesse-attendre-dent-refuser-doute-vieillesse-circonspection-vertu-crépuscule-lune-philosophie-âge-vanité-sérénité-psalmiste-paix-image-réflexion-graver-gracile-grenadine.

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                                            Gloire! Hosanna! La richesse de notre langue est telle que l'on peut avantageusement remplacer un mot par un autre et que des images  évoquent souvent parfaitement par leur sens figuré le vocable incriminé, le crépuscule des dieux, ça vous a tout de même une autre gueule que leur vieillesse par exemple. Mais vertudieu! comme cette fesse, que j'imagine en goutte d'huile, nous alourdit la démarche hebdomadaire, ôtant toute vanité à notre prose bien qu'à la réflexion ce soit la règle du jeu, et je me sens ainsi claudiquant et incapable de graver un assemblage dont je ne perçois plus du coup que l'hétéroclite, la circonspection et son adjoint, ou est-ce son supérieur, le doute, m'ayant sans attendre assailli tout de go dès la première lecture, mettant à mal mon parti pris de sérénité pourtant telle que celle d'un psalmiste latinisant ses versets de paix, tout dans sa philosophie refusant  les intentions callipyges, l'âge dit de raison probablement l'éloignant des rotondités même celles graciles  d'un croissant de lune, la dent dure peut-être, mais le coeur grenadine.

 

 

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15 mai 2014

La poésie du jeudi, Alphonse Allais

Complainte amoureuse

Oui dès l'instant que je vous vis

Beauté féroce, vous me plûtes

De l'amour qu'en vos yeux je pris

Sur-le-champ vous vous aperçûtes

Ah ! Fallait-il que je vous visse

Fallait-il que vous me plussiez

Qu'ingénument je vous le disse

Qu'avec orgueil vous vous tussiez

Fallait-il que je vous aimasse

Que vous me désespérassiez

Et qu'enfin je m'opiniâtrasse

Et que je vous idolâtrasse

Pour que vous m'assassinassiez

Alphonse Allais (1854-1905)

Recolte_de_la_tomate_

Plût à Asphodèle qu'elle  permit

Qu'Allais-grément je satisfis

A ce que l'humour ainsi saillît

Et, ce jovial jeudi, jaillît

E.E.Guab (dates inconnues, enfin pour moitié)

                                                                             On le sait peu, le facétieux natif d'Honfleur, fut aussi peintre. On lui doit notamment une série de sept magnifiques monochromes dont celui que je vous propose et que l'hilarant natif de Senlis a rebaptisé Mercurochrome plutôt que Cinquante nuances de rouge.

10 mai 2014

Les plumes...by Asphodèle: Plaidoyer pour un malvenu

 Il faut donc nous transformer en bâtisseurs, nous métamorphoser en écrivains du samedi matin, pour assembler les vingt mots que nous propose Asphodèle cette semaine. Voilà le tableau: changement, incrédule (ou incrédulité), papillon, régénérer, chenille, évolution, climat, déguiser, magie, transformation, grossesse, adolescence, éclosion, cafard,  amour, majestueux, éphémère, éperdu, envol, travesti.

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          Ce n'est pas encore aujourd'hui que l'on rendra justice à ce mal-aimé, ce paria, ce laissé pour compte. Le changement ce n'est pas pour cette semaine. J'aurais tant aimé que sa réputation s'améliore, et qu'un souffle, même éphémère, ait nimbé d'air frais sa dure condition de détritiphage, dont l'éclosion comme l'adolescence, dans un climat humide et putride, sont dignes des plus beaux romans misérabilistes du siècle avant-dernier. Humilié, bafoué, c'est le Rémi de Sans Famille, la Cosette hugolienne, mais hélas nulle évolution favorable qui régénérerait le pauvre maudit. Les dieux ne lui ont pas accordé comme au papillon démagogue cette fabuleuse capacité, cette magie qu'on entonne au logis (limite exclusion des Plumes, j'en ai conscience) d'opérer,  sans pour cela recourir au travesti, une transformation un tantinet lénifiante qui conduira la chenille au doux duvet méconnu à devenir ce présomptueux  lépidoptère dont le battement d'ailes nous gonfle depuis qu'on l'a trouvé capable, dans sa prétention éperdue à faire l'intéressant, de faire prendre au grand air de Carmen d'une diva de l'opéra de Sidney son envol jusqu'à la Tour de Pise.

         Qui saura faire aimer son pas majestueux au milieu d'escarbilles en décomposition? Qui pour écrire une ode à la grossesse et à l'enfantement de la femelle, pas si éloignée de celle du kangourou compatriote de la diva? Qui pour ne pas être incrédule quant à la beauté déguisée de cet être ignoré, méprisé, vilipendé, rejeté de partout? Qui pour accorder un tout petit peu d'amour à mon ami des feuilles mortes et des composts? Qui? Qui? Qui? Il me vient un cafard monstre.

Note de la rédaction (un peu beaucoup copiée) Utiles, inoffensifs, ils ne mangent pas le bois sain, ne mangent que des détritus, ne mordent pas, ne piquent pas, nocturnes, silencieux : mignons cloportes.

P.S. L'auteur, dans sa tentative de réhabilitation, a vivement souhaité que vous preniez trois minutes de votre temps pour regarder et écouter deux éléments à la décharge du pauvre crustacé, victime d'une erreur judicaire.

 

 

29 mars 2014

Les plumes...by Asphodèle: Contessa Blues

   logo-plumes2-lylouanne-tumblr-com                                                           

                                             Asphodèle a glané pour cette semaine les mots suivants au nombre de 21: voiture-rue-immeuble-abeille-théâtre-anonymat-animation-pavé-visite-parc-asphalte(ou bitume)-bus-fuite-flâner-embouteillage-urbain-gare-hôpital-cohue-chuter-constant(ou constance). Merci Miss Aspho. Cette liste m'a sauté aux yeux, j'ai très vite su quel univers elle m'évoquait. Ca m'a conduit à prendre pas mal de libertés mais Les Plumes d'Asphodèle est justement un espace de liberté.

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                                              J'ai voulu écrire un blues, le côté citadin  de la suite de mots m'y incitait vraiment J'ai déjà écrit un ou deux blues en français mais là j'ai un peu corsé les choses, dans la langue vernaculaire de cette musique. J'ai essayé de respecter la métrique du blues et ses intonations, de même que les rimes. Bien  sûr cela  est très éloigné de la poésie telle qu'on la lit souvent. J'ai donc ajouté une traduction. Evidemment les mots du blues, surtout en français, c'est pas Nerval, encore que Gérard s'y connaissait en blues (cf. Hanging Blues on Rue de la Poterne, salut mon Gérard). Pour sonner blues il fallait procéder à quelques adaptations. Ainsi voiture est devenu bagnole, gare est devenu quai, hôpital s'est argotisé en hosto, constant est devenu tout l'temps, abeille est devenu bourdon, visite est à voir, chuter est devenu à genoux, fuite a foutu' l'camp, anonymat a sombré dans l'inconnu, théâtre n'est plus que scène. Confidence, aucun texte pour Les Plumes ne m'aura bouffé autant de temps (voyez j'parle encore façon blues). Ne vous plaignez pas, vous avez échappé au pire car j'avais l'intention de jouer et chanter Contessa Blues. Il y a cependant des limites car le blues, si je peux beaucoup l'aimer, un peu le jouer, manifestement je ne peux le chanter. J'ai essayé mais vous êtes mes amis, je n'ai pas le droit de vous faire ça.

 

                   Since you've been gone

                    Feel so bad on concrete

                    Yeah, since you've been gone

                    Even green parks delete

 

                    Hey baby,sleeping in dirty old car

                    Lost in traffic jam

                    Aimlessly urban, shivering heart

                    Without you, city's Gotham

 

                    Please get back where you belong

                    Just help me, baby, that's my last station

                    Trouble, pain, hospital won't be long

                    Constant sorrow, fatal oppression

 

                    Remember lazy strolling days

                    Remember bustle in the streets

                    Both of us having fun on bus sways

                    Buzzin' alright like honey bees

 

                    Now things go wrong and cobblestone gets rough

                    Don't you visit me once more

                    Fallin' down on my knees so tough

                    You were on the run,what a bore

 

                    Please get back where you belong

                    Just help me, baby, that's my last station

                    Trouble, pain, hospital won't be long

                    Constant sorrow, fatal oppression

 

                    Feel lonely and blue here in the mob

                    Anonymous tenements squashing my back

                    Life's empty theatre in my inside job

                    Home of my soul became a shack.

 

                    Depuis que tu m'as largué

                    J'me sens mal; scotché au bitume

                    Depuis que tu m'as largué

                    Même les parcs si verts m'ont laissé tomber

 

                    Hey Baby, j'dors dans une bagnole pourrie

                    En plein embouteillage

                    Urbain sans but, coeur tremblant

                    Sans toi, la ville c'est Gotham City

 

                    J't'en prie, Baby, reviens

                    J'suis fini, au bout du quai

                    Que des pépins, j'ai mal, bientôt l'hosto

                    J'me fais d'la bile tout l'temps, lourd, lourd

 

                    Tu t'souviens des bons moments à flâner

                    Tu t'souviens d'l'animation dans les rues

                    On s'embrassait au fond du bus

                    Chauds comme des bourdons excités

 

                    Maintenant tout va mal et le pavé m'écorche

                    Si tu revenais m'voir, Baby

                    J'suis à genoux, c'est si dur

                    T'as foutu l'camp, comme c'est moche

 

                     J't'en prie, Baby, reviens

                    J'suis fini, au bout du quai

                    Que des pépins, j'ai mal, bientôt l'hosto

                    J'me fais d'la bile tout l'temps, lourd, lourd

 

                     Si seul, si paumé , même dans la cohue

                     Ces immeubles, ces inconnus, ça m'tombe dessus

                     La scène est vide, ma tête explose

                     Mon coeur survit dans une baraque.

P.S. Rajouter "yeah" tous les cinq ou six mots. Merci d'avance.

 

                    

 

                   

 

 

 

                  

 

                   

                     

                   

                    

 

            

15 mars 2014

Les plumes... by Asphodèle: Eléments

                                          Me voilà de retour sur Les plumes d'Asphodèle (merci encore et bon anniversaire à ce blog frère) à jongler avec les 21 mots suivants:temps-vie-chanson-rien-diva-furibond-montagne-souffle-pollution-tempête-ballade-léger-envoyer-courant-bulle-prendre-gonfler-voleter-brèche-blesser-balançoire.

                                          Ce texte est bien sûr comme toujours une fiction. Evidemment. Mais comme je pense que l'on n'écrit guère que sur soi de forts relents personnels peuvent s'y nicher. Ecrire suppose son contingent de m'as-tu-luisme."Madame  Bovary c'est moi".

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                                           Temps de Vie, c'est chez moi le nom d'une association qui gère l'hospitalisation à domicile. Rien qui puisse faire rêver, je le concède. Mais est-ce l'imminence d'une fin de carrière qui m'incite cette semaine à prendre cet air un peu grave? Ou plus simplement sont-ce les mots, ou leur agencement  qui m'ont inspiré ce qui pourrait ressembler à l'incipit d'un roman, ce roman qui m'échappe depuis si longtemps, insaisissable diva qu'amant transi j'espère encore avoir à l'usure. Des années de soins, des femmes de cinquante ans que je tutoie les ayant connues à quatorze, des centaines d'enfants parents à leur tour inquiets pour le souffle court de leurs petits, mais aussi toutes ces vieilles dames, trotte-menu et pas loin de la partance, pied léger,si léger et coeur lourd, toutes ces vies, toute ma vie...

                                          Quand s'annoncent de grands virages, que les collines s'apprêtent à devenir montagnes, que mollissent doucement les tempêtes adorables, que les flèches isolent Eros et que là-bas Thanatos guette au bout de la ligne droite, ni furibond ni impatient, Thanatos est sûr de lui, quand on se penche sur l'étymologie comme sur son passé, quand d'un vocable, retraite, on peut s'amuser à décortiquer différentes expressions, toutes elles blessent, tirer un trait, se retirer, la neige et la Bérézina, on se dit que même si tout finit par une chanson, on aurait aimé colmater la bréche et ralentir un peu l'infernal courant, celui, à la pichenette facile, gonflé d'importance, qui nous envoie paître, voire ad patres. J'ai conscience de faire un peu mon sentencieux, d'apporter hélas un soupçon de pollution à cette semaine asphodélienne à tendance probablement bulle d'oxygène, encore m'avancé-je un peu.

                                        Ainsi vivent les hommes et quand ils se piquent d'écrire ils ne font pas toujours dans la ballade bucolique. Ainsi vieillissent les hommes,et  souffreteux, volètent pourtant les oiseaux fatigués.Temps de Vie, j'ai travaillé avec eux,des gens de bien. Le temps de la vie, balançoire de nos squares d'enfants, j'ai oscillé, quittant, quitté, quitte.

                                       

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14 février 2014

Les plumes...by Asphodèle: Eloge de l'ennui

                                            Projet-dimanche-emmerdement-penser-intimité-hésiter-oppressé-pluie-savoir-morosité-panne-créatif-silence-bâiller-fatigue-mourir-soupir-ralenti-routine-figé-vide-whisky-xyste-zigzaguer. Asphodèle a glané ainsi 24 mots et il nous faut faire avec. Très différent de ce que j'écris régulièrement je me suis "amusé" à la phrase unique, n'allant pas jusqu'à la suppression de la ponctuation. Je suis un modéré mais suis allé par contre jusqu'à la suppression d'oppressé.

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                                            Mobilisez-vous, chacun de vous doit  savoir et faire savoir  que l'ennui, ce vieil ennui qui fut si cher à l'enfance, cet indispensable condiment qui nous laissait des heures entières, des après-midi paresseuses où penser se révélait une prodigieuse activité subversive et contredisait vaillamment le vide presque insondable d'une visite à Tatie Scholastique, penser à autre chose qu'à sa figure fripée à l'haleine méphitique et à ses gâteaux secs, si secs, penser, vous-disais-je, pouvait s'avérer déjà voyager, zigzaguer lointainement, s'imaginer voler des cerises sous la pluie dans le jardin du père Gautier, ou gober un bienfaisant silence forestier en tenant la main d'une jolie cousine, croustillante intimité bien loin du caquet tisanier de la soeur de grand-mère, ce magistral ennui si prometteur et à qui l'on doit tant, cet ennui créatif par rebond, bel oxymore, tel un ralenti d'août qui s'emballerait en un été magique et sans fatigue, comme une surprise-party appétissante nantie des  toutes premières larmes d'un whisky adolescent qui ferait sa fête à la morosité acnéique, en un mot cet ennui, de plus en plus menacé, cet ennui, espèce en voie de disparition, devrait impérativement être protégé sous peine de voir la suractivité buzzique et ses horreurs, ça sonne de partout, ça clignote, ça zappe à tout va, finir par faire de nous des sortes d'ectoplasmes figés dans leur frénésie, incompétents à bâiller, comme un honnête homme se doit de le faire avec élégance transcendant ainsi routine et somnolence malmenées en un projet qui se serait défait des soupirs de convention pour s'envoler sans hésiter et faire d'un dimanche, si longtemps synonyme d'une quintessence d'emmerdement  pour les baby boomers en panne de copains semainiers, un implaçable xyste vers le nirvana, ce bel ennui,si salvateur, amis, ne le laissons pas mourir. 

P.S. Je n'ai pas l'habitude d'expliquer mes textes. J'ai une requête à vous faire, sérieuse, celle de ne pas hésiter à me dire si ce délire vous a prodigieusement ennuyé à mourir. Auquel cas deux possibilités, une totale réussite pour avoir évoqué ce que le monsieur du dessous nous chante avec la décontraction qu'on lui connait, ou un galimatiasfatrasmagma ayant dépassé la ligne rouge.

 

 

 

18 janvier 2014

Les plumes...by Asphodèle: Ce passage-là était bien*

                                           Pas moins de 23 mots cette semaine dans l'escarcelle d'Asphodèle dont il faut saluer l'énergie pour mettre en oeuvre toutes ces animations autour de l'écriture: visage-camouflage-armée-plume-vénitien-jaune-déguiser-bal-argile-mensonge-embaumer-comédie-celer-mystère-pailleté-crème-farandole-grimace-hypocrisie-dissimuler-unir-usure-unique.

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                                            Sur la Place de l'Hôtel de Ville où je l'ai croisé samedi  on ne s'est fait aucune grimace réciproque. Notre vieille rivalité doit être aujourd'hui prescrite et nulle comédie n'est plus à jouer entre nous. Il m'a confirmé qu'elle vivait toujours à Lyon avec ce type que j'ai vu une fois au concert de Jazz au Jardin en juillet dernier. Mon sourire était jaune en lui serrant la main alors qu'elle était partie acheter trois bières.Trois. Paraît que monsieur est musicien. Quel genre j'en sais fichtre rien. Ce que je sais c'est que ça m'étonnerait qu'il lui écrive les poèmes dont ma plume alors fertile l'inondait et qu'elle clamait à haute voix dans les rues de notre ville, du temps où ce n'était un mystère pour personne, du temps où je peaufinais ma pièce, qu'elle jouerait, c'est sûr, du temps où j'étais Branagh avec Thompson, Bergman avec Ulmann. Je n'avais pas pour habitude de celer mes modesties. Elle non plus, tous le savaient et le théâtre avait beau être amateur, la fièvre était rien moins qu'hollywoodienne et le virus vénitien. "C'était un temps déraisonnable*", aurait dit Louis, et, pas longtemps, j'ai près d'elle tutoyé le ciel, roi du monde et figure de proue. Mais le bal ne pouvait durer et aux corsages pailletés succèderaient vite les habits élimés du quotidien.

                                           Je n'avais guère envie de creuser le sujet. Pourtant il m'a entraîné au Bar de l'Imprimerie et devant un crème pour lui, je crois qu'il avait arrêté le reste, et un cognac pour moi, je sais pas pourquoi brusquement m'est venue l'envie de m'échauffer un peu, marre de dissimuler peut-être, ou à l'opposé l'idée de m'aider, fugace, à la retrouver huit ans plus tôt. C'était farandole assurée quand elle et moi étions dans la même salle, farandole de regards complices parmi les visages amis et banals, et coups d'oeil tout en méfiance aussi, vous-ai je parlé de sa jalousie, de ce sentiment qui fait que les femmes, en une occasion au moins, se ressemblent toutes, à ne pas déguiser leur haine sous un camouflage de compréhension bidon. Quelques mois, pas davantage, au moins ignorerions-nous l'usure, mais de cela voulait-il me parler? Et que me dire? Maintenant grand-pères, lui comme moi, deux silhouettes déjà voûtées et comme unies à la flammèche de son rire à elle, éclatant et communicatif, il nous semblait résonner, tout prêt à libérer la dérisoire armée de nos amours, d'argile cisaillée.

                                            Il ne m'a rien dit cet après-midi de janvier et moi non plus. Fervent adepte d'une hypocrisie salvatrice, je décidai de le laisser vieillir avec de moi une belle idée, une idée de loyauté. Je lui devais bien ça, à lui qui avait fermé les yeux sur nos mensonges de deux ou trois saisons. les plus belles de la vie de sa femme, que mi poète mi soudard j'avais annoblies. Voir dans mes yeux une lueur du bonheur enfoui et de la gaité d'antan lui suffisait pour embaumer le souvenir de notre bien commun dont curieusement je peine à me rappeler le prénom. Je la nommais, moi, je la nommais...Je crois que c'était unique. N'en parlons plus.

* Merci à Louis Aragon. Merci à Alain Souchon.

 

 

4 janvier 2014

Les plumes ...by Asphodèle: Un acte fondateur

                                 Au menu de la Saint Sylvestre, et qu'elle en soit vivement remerciée, Asphodèle a dressé une  jolie table dont les couverts sont les dix-sept mots suivants: artiste-univers-expression-mystère-délivrance-peinture-invention-monde-résistance-don-innovation-agité-créateur-unique-traverser-turbulence-tangente.

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                                  Tout ça lui semblait un peu court. Que manquait-il donc à son grand oeuvre? Mystère. Pourtant les fourmis, agitées comme des puces, avaient déjà ce don perfide de se faufiler partout, jusque dans sa barbe. Quelques crocodiles traversaient en d'incessants aller-retour et sans la moindre larme ce fleuve,était-ce le Pactole ou le Léthé, et que n'effrayaient pas les aquatiques turbulences. Là-haut les pierres restaient de pierre et ne menaçaient pas de prendre la tangente.Sans se prendre pour un artiste de droit divin il n'était pas mécontent de l'expression générale du grand tableau qui lui tenait tant à coeur. Mais, "bon Moi-même" s'excitait-il un peu, "Je sens comme une résistance, là, qui empêche ma plénitude".

                                 Etait-ce cette pomme dans le verger d'abondance, à peu près ronde comme ce monde tout nouveau et qui lui inspirait un brin d'inquiétude? Etait-ce cette hésitation à conclure? Et si son génie créateur, après quelques milliers d'années , était rapidement contesté, voire vilipendé?Le week-end imminent, il lui fallait en sortir avant les heures de pointe et il s'ingénia à mettre la touche finale, d'un coup de limon, à cette double innovation, couple qu'il espérait moteur d'un univers flambant neuf.

sans-titre

                                  L'heure de la délivrance,enfin. Chantonnant, le pas vif et se sentant d'appétit, il imaginait déjà, et pourquoi pas à juste titre, de grands maîtres de la peinture donner vie sur la toile à son invention. Un moment unique. Une petite crainte cependant, et si ces satanées fourmis, l'ajectif est peut être maladroit, avaient attaqué la pomme, voire l'avaient fait choir jusqu'aux sauriens insatiables? Rassuré, il vit que le fruit demeurait ferme et bien planté sur une branche elle-même solide. Tout allait pour le mieux.

P.S. Merci à M.A. Buonarotti

                                 

 

14 décembre 2013

Les plumes... by Asphodèle: A l'origine

                                           Asphodèle, notre chère hôtesse es poésie a recueilli cette semaine le panier suivant: miroir-nature-nocturne-lumière-vénéneux-délicatesse-piano-contemplation-temps-bouquet-éphémère-ensorceleur-intérieur-sulfureux-déesse-rouge-couleurs-ruissellement-ravir-rosée.

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                                          L'histoire était abracadabrante, une sorte de feuilleton exotico-fantastique,sur une ancestrale télé noir et blanc épaisse de soixante centimètres. Une déesse cachée dans la montagne au coeur d'une île nantie d'un volcan dont les sulfureux méandres,qu'on imaginait d'un rouge de sortilège malais, exigeaient régulièrement leur obole de vies humaines. Un truc toc digne des plus médiocres pulp fictions,couleurs criardes sur un papier bon marché.En ce temps-là les enfants avaient, je crois, la contemplation plus facile et ne rechignaient pas à rester sur des images un peu chiches plus de quinze secondes. Dans la maison grand-maternelle à l'intérieur d'odeurs mêlées de confiture et de sueur, c'était comme une initiation à l'aventure,  un miroir de mes goûts en devenir, la première invite à l'imaginaire, celle qui devait devenir ce ruIssellement pelliculaire qui ne fit que grandir. Une version King Kong au rabais,sans la poésie de l'ensorceleur chef d'oeuvre de la R.K.O.

                                         Le livre, amputé de ci de là de quelques pages, je l'avais récupéré au grenier parmi les noix à sécher. La nature gourmande des loirs s'était avérée bibliophile avant moi.Cependant les rongeurs n'étaient pas venus à bout du Connétable de Chester dont la couverture presque intacte, des hommes d'armes rudes d'apparence, s'inclinant devant une gente dame au hennin cramoisi et à la délicatesse altière, m'a ce jour-là mis le pied à l'étrier du vice impuni de la lecture. La tranche d'un livre,ce jour d'enfance,dessina la lumière qui me viendrait de ces noms chantants et quelquefois vénéneux, gentils amphitryons ou cerbères menaçants, passeurs d'émotions, précepteurs, révélateurs, tout sauf éphémères.

                                       Le Nocturne de Schubert, trio pour piano, violon et violoncelle en mi bémol,opus 148, D 897,par contre,je ne sais plus ni où il m'a meurtri pour la première fois, ni quand il m'a ravi définitivement, matutinale rosée ou crucifiant crépuscule au noir bouquet.

http://youtu.be/p9sd1N4Ssd4  Nocturne en mi bémol    Collard,Dumay,Lodéon

 

 

2 novembre 2013

Les plumes... by Asphodèle: Obsidienne que pourra

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                               Une provision de mots en cette fin d'octobre,elle nous vient d'Asphodèle,merci pour ces 22 vocables: angoisse-silence-assourdissant-rue-paix- musique-exister-ténèbres-se ressourcer-naviguer- espace-bienfaisant-errance-vide- partager-austral-assis-ambivalence-manque-obsidienne-onde-orage.

                              J'aime bien les chansons sur la solitude et je les aimerais encore plus si même sur de la musique les auteurs pouvaient éviter de faire rimer cette solitude avec habitude.C'est vrai que sous toutes les longitudes l'attitude de ces mêmes auteurs est de donner toute latitude à une sorte de vide confinant à l'hébétude.Moi si j'osais,si j'osais...

                               Si j'osais écrire une chanson où il serait question de solitude j'évoquerais la mienne mais aussi la vôtre.A les partager seraient-elles moins lourdes et nos angoisses bénignes? J'imaginerais l'homme assis, un banc, un bar, car l'homme assis est plus seul que l'homme debout qui, lui, a pris la décision d'exister enfin un peu, verticalité oblige,qui permet malgré l'impasse tragique de réinvestir un soupçon d'espace et de naviguer jusqu'à un coin de rue,dont je me souviens. Parce qu'on se souvient tous d'une rue,d'un quartier, d'une ville, d'une jeunesse, et d'un manque cruel de pépites sur la route. Or, sans ces petits cailloux au bord du chemin, dont l'éclat pourtant souvent modeste éloigne pour un temps les ténèbres, sans quelques onces d'ondes légères et prometteuses, point d'alternative salutaire à notre irrémédiable déréliction.

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                              Si j'osais j'intitulerais cette chanson  "La solitude est un cercueil de verre" * mais quelqu'un d'autre l'a déjà dit. Le titre était si beau, j'aimais bien aussi "La solitude du coureur de fond" ** mais quelqu'un d'autre l'a déjà dit. Seul le silence est grand et la paix qui en découle. Mais quel abyssal ennui. Alors se taire et fuir pour les splendeurs australes où se ressourcent,nantis de candeur, des hommes aux traits trop bienveillants? Là où le ciel crache des obsidiennes en d' assourdissants orages se sent-on moins engoncé, en habits neufs d'empereur ou en guenilles, dans l'ambivalence annoncée d'une si longue nuit d'errance,celle qui se joue des hémisphères?

* Ray Bradbury, ** Alan Sillitoe

Toute image qui risquerait  de léser quelqu'un sera immédiatement retirée de  cet article.

Allez Valentyne                   

wombat1
27 octobre 2013

La tendresse,doucement

appelfeld

                                                  Aharon Appelfeld ne fait pas dans le spectaculaire et L'amour,soudain tient plus de la méditation que de la love story. J'ai lu ce livre à petites doses, suivant les chapitres eux-mêmes parsemés de manière très fragmentaire, c'est donc un livre que j'appellerai "homéopathique". Jerusalem, Ernest Blumenfeld, septuagénaire malade et tourmenté, Juif en quelque sorte antisémite, ancien officier de l'Armée Rouge, reste longtemps indéchiffrable aux yeux d'Iréna, trentenaire qui tient sa maison et le soigne avec dévouement. Ernest a jadis frôlé le terrorisme, condamnant férocement les Juifs orthodoxes,comme un combattant communiste qu'il était dans la Russie d'avant-guerre. Ses propres parents, modestes épiciers, ne trouvent guère grâce à ses yeux. Y a-t-il chez Ernest du remords maintenant, maintenant qu'il se bat avec les mots qu'il ne trouve pas et les années qui s'amenuisent? L'empathie qui s'est joliment insinuée entre le vieux lutteur et la jeune altruiste peut-elle les aider à aller un peu moins mal?

                                        C'est à l'aide de tout petits gestes qu'Iréna et Ernest apprennent à se lire et à faire ensemble un petit bout de cette route sablonneuse,plus encore quand on vient de ces Carpates de basalte et qu'on s'appelle Blumenfeld. Si j'ai peiné un peu lors de la première partie de L'amour,soudain, un peu sentencieuse, j'ai lu ensuite des passages admirables sur les grand-parents d'Ernest par exemple,sur lesquels il revient,confiant à la douce et calme Iréna l'incompréhension et la violence qui furent siennes en ce siècle d'épouvante. Ernest, qu'as-tu fait de ton passé?

                                        Les gens des Carpates ne meurent pas dans leur lit mais dans les champs, dans les potagers, entre les sillons de la plantation, parfois près d'un arbre qu'ils s'apprêtaient à abattre.

                                     A la synagogue on se souvient non seulement de Grand-père mais aussi de son père et du père de son père. "Ne pense pas qu'en abattant l'arbre on fait disparaître son ombre". Cette maxime est comprise au sens littéral mais certains disent qu'elle parle de l'homme.

                                      Je n'ai pas vérifié mais il me semble avoir assez souvent dit du bien de livres publiés aux Editions de l'Olivier. Il y a des maisons de référence et je crois que c'est le cas.Quant à la littérature israélienne elle est d'une richesse fabuleuse. J'ai déjà dit ça,non? Par ailleurs, mais alors là vraiment par ailleurs, le sympathique Australien ci-dessous est la mascotte du challenge de notre amie de La jument verte de Val qu'il convient d'encourager tout au long du mois de novembre.

Allez Valentyne!

wombat1
31 août 2013

Les plumes...by Asphodèle: Ce qu'il faut de douleur pour un air de musique

                                 Asphodèle et Syl,cette semaine,et je les en remercie, nous ont dispensé les mots suivants,au nombre de 26: gens-survivre-univers-découverte-terre-partage-bonheur-macrocéphale-cultures-tour-astral-grandeur-mer-extraterrestre-envahisseur-animal-mappemonde-journal-pluvial-couleur-parallèle-fin-guerre-nymphe-néant-négliger.

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                                 Il avançait pas mal ce scénario de bande  dessinée.Quoi de mieux qu'un roman graphique,si à la mode,pour raconter son univers,et bien que lui-même ne dessinât que l'absolu néant depuis l'enfance,il comptait,à la rédaction du journal,sur l'un des deux caricaturistes pour une collaboration efficace.Il imaginait déjà une mappemonde en ignition en couverture, rougeoyante invite à la découverte de cet album, puisque les gens de lettres, les patentés, renvoyaient depuis quinze ans ses manuscrits,négligeant même pour la plupart la moindre explication. C'est donc dans le Neuvième Art qu'il excellerait. Dame! Il fallait bien exceller quelque part,nom d'un chien!

                               Son histoire il l'avait voulue proche de l'inédit. Vagabondant, son imaginaire se présentait comme un kaléidoscope constellé d'envahisseurs dont l'objectif suprême était d'asservir la terre entière,jusque là rien de très neuf,mais de l'asservir au moyen d'un bonheur insoutenable, imposé à la population,sans partage et sans couleur.Un vrai monde  de rêve tellement policé et aseptisé qu'hommes et femmes, d'extase en plaisir et sans cesse satisfaits,n'en pouvaient plus,réclamant qui au moins un air de guerre,qui la fin des ces ahurissants sourires béats.

                                Comme tous regrettaient le maudit temps béni des ces fictions d'avant.Le temps où les extraterrestres colonisaient et les albums et la planète,la confinant dans un espace parallèle cauchemardesque,à seule fin d'oppresser encore et encore,de réduire la société à l'état animal luttant pour survivre. Le joli temps où les paquets de mer, pavillons méphitiques,semaient la peste noire.Et où la science avait fait de sa grandeur d'antan une arme létale donnant la vie à des poupons macrocéphales tandis que les eaux pluviales inondaient les vallées d'où surnageaient de bien horribles créatures, nymphes thalidomisées. Même les cultures jadis si prometteuses n'offraient plus à l'homme que le souvenir des belles semaines astrales.Et puis..il n'y aurait pas de second tour.

Astral weeks

P.S. Je n'ai trouvé ma voie que très tard cette semaine et n'en suis pas très content.Mais si vous voulez écouter Van Morrison et Astral weeks, c'est peut-être ce qu'il y a de mieux ici ce  soir.

http://youtu.be/4ech6pZoBJ4 Van Morrison  Astral weeks

 

24 août 2013

Les plumes by Asphodèle: L'au revoir à l'Ill au trésor

                                         Notre vaillante Aspho nous propose cette semaine les vingt mots suivants: espérer, flotter, perdition, cap, sillage, bouteille, iceberg, vent, déambuler, bateau, continent, flot, amiral, génétique, sentiment, débarquer, faille, myrte, malhabile, muraille.

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                                          C'en était terminé de ses ambitions artistiques.Rodolphe se trouvait cette fois la tête sur le billot et c'est sur le sentier de la perdition qu'il se débattait avec les mêmes chances que les baigneurs d'Atlantique Nord devant un iceberg la nuit du 14 au 15 avril 1912.Ses créanciers n'avaient cure de sa splendeur passée de meilleur peintre de marine du Bas-Rhin et les bateaux dans le port de Puerto Vallarta,sa dernière et bien piètre production, mettraient prochainement le cap vers la prison des Pommettes, accompagnant le portrait de l'artiste en taulard, à l'abri des murailles qui n'avaient même pas le charme au gré du vent du mur de l'Atlantique.Etouffant sous les dettes et les trois pensions pour ses huit enfants comme un catamaran ramant sur les flots fantasques, ses longs cheveux qu'il avait voulu romantiques forever n'ayant pas vu un shampooing depuis la première dérive des continents, les bouteilles dans le salon impayé n'étant pas à la mer mais au défunt bourbon, Rodolphe que sa vie de bohème n'amusait plus attendait les huissiers.Mieux,il les espérait.Autant en finir.

                                        Il était si loin le succès dans la salle d'apparat à l'hôtel de ville de Guebwiller,riche en tradition navale bien que le parfum qui flottait alors évoquât davantage les vendanges tardives que le sillage salé des baleines des Malouines. Depuis, sa quatrième épouse avait largué les amarres pour un marinier mosellan,pas malhabile à la godille,véritable amiral du delta du Rhin. Enfin Marina avait débarqué dans sa cambuse,le temps de quelques lunaisons,de quelques marées basses. Très vite ce qui lui restait d'inspiration disparut devant la virago qui déambulait avec autant de réserve qu'un matelot en bordée et engloutissait ses alcools comme la faille des Bermudes compilait les vaisseaux fantômes.Ni la lyre d'Erato,ni sa couronne de myrte et de rose,ni aucune autre muse ne purent jamais lui redonner ce coup de pinceau qui avait tant ému les invités de la sous-préfecture. Nanti d'un sentiment de gâchis inéluctable,il ne sursauta pas quand les hommes en noir sonnèrent.

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P.S.          J'ai abandonné la génétique comme un capitaine son navire de croisière. Et les écrivains Francisco Coloane et Pierre Boulle sont un tout petit peu responsables de salmigondis thalasso-alsacien.On n'est pas à une contradiction près.

20 juillet 2013

Les plumes...by Asphodèle: De l'usage des mots

                         Chez Asphodèle cette semaine il nous faut nous accomoder du vocabulaire suivant: liberté-sens-découverte-régime-déraison-pantois-hasardeux -obligation-privé-barrière-demeurer-tabou-aventure-inceste (facultatif)-rouge-honte-hallucinant-hangar.

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                              De l'usage des mots il n'est certes pas innocent et chaque texte de chaque auteur demeure une aventure. Parfois l'idée nous séduit et l'on s'engouffre pour quelques lignes qui ne sont jamais faciles mais toujours enrichissantes.Parfois,et selon les fantaisies quelque peu hasardeuses des plumiers et plumières ça semble filer un coton qui plaît moins.Foin de polémique j'ai estimé que le format court de ces hebdomadaires imaginaires n'autorisait qu'un régime léger,sans pour autant que l'ensemble soit privé d'émotion.La question n'est pas dénuée de sens car ce bel exercice semainier, estival qui plus est,n'est en rien anodin de par le choix du vocabulaire.Or,cette semaine,et sachant qu'il est interdit d'interdire,la tournure risquait d'osciller entre l'insupportable et la démagogie libertairissime.Les barrières d'un côté comme de l'autre m'ont un moment mis sur la voie de garage,enfin de hangar, pour cette fois.Et puis j'ai changé d'avis et me suis cru dans l'obligation de revenir sur ma décision.

                                La liberté règne sur ces chroniques si diverses mais elle n'exclut pas certaines options.La mienne,d'option,est que certains mots sont effectivement de plomb et laissent un peu pantois quant à leur usage sur un texte qui ne peut qu'être bref,même si nombre de ces écrits explorent parfois le rouge sang ou certaines affres de la déraison. Mais ceci toujours dans un cadre qui se veut créatif,ou recréatif,ou récréatif,à la découverte des différents et réels talents des auteurs du samedi.J'ai bien conscience que risquent de pleuvoir gentiment quelques accusations de censure,qu'il n'y a pas de sujets tabous,qu'il est hallucinant de s'octroyer un tel pouvoir et que la honte devrait me submerger.Mais après tout,une fois n'est pas coutume.Et la posture du martyre est parfois confortable.

13 juillet 2013

Les plumes...by Asphodèle: Le lai de Dolce Marie de Vermandois

                Asphodèle  a récolté cette semaine pour notre plaisir laborieux et notre labeur plaisant les mots suivants: aube-fontaine-débit-grand-fraîcheur-cascade-baignade-chute-flux-dérive-trésor-noyade-trouble-goutte-glisser-gorge-grain. Assez peu inspiré au demeurant j'ai cependant eu un petit déclic, terminant en ce moment un roman de Patrick Besson qui évoque les croisades.Oyez si le voulez!

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                         Que grande frayeur mon vaillant chevalier me fit

                     A l'aube verte du retour d'Orient

                     Quand la gente rivière affola son débit

                     Que son corps glissa au long du pas d'avant

                     Trouble est un mot bien peu disant

                     Pour dire ma ma gorge étreinte

                     Et chagrin,peine au flux malfaisant

                     M'occirent presque,dérive et longue plainte

                     Et de ma vie firent fontaine obscure

                     Cascades de larmes en ce lit torrentiel

                     La baignade, malemort, Dieu qui n'a guère cure

                     De la fraîcheur à toujours perdue,ô tendre jouvencelle

                     Que j'étais,de chute et de tréfonds

                     Que jamais nulle extase n'effleura mon trésor

                     Oncques ne connaîtrai le grain au ventre fécond

                     Ni l'enfant  aux gouttes lactées d'or

                     Que noyade un jour d'été mon doux sein dessécha.

 

croisade

27 juin 2013

Des mots,une histoire: De passage

                     L'escarcelle 107 d'Olivia cette semaine: secret-mystère-dessert-gomme-mâcher-chewing-gum-s'étirer-libération-tondre-brebis-galeuse-puce-sale.Je n'ai pas réussi à échapper à la "brebis galeuse".Je pense qu'il faut, lors du choix, se méfier des associations trop évidentes.Ce n'est bien sûr que mon avis.Vous constaterez aussi que ce texte est "épucé",incapable que j'étais d'introduire ce sympathique parasite ni sur le marché,ni à l'oreille.

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                              Comme j'aimais la voir tondre ses quelques arpents de pelouse.La plupart du temps elle étaît vêtue d'un short kaki et d'un polo jaune qui scintillait lors que je l'observais à la dérobée dans le secret des thuyas protecteurs.Mal aimée du village,le qu'en dira-t-on allait bon train quant à cette femme récemment débarquée d'on ne sait où dans cette calme bourgade picarde qui n'appréciait guère les nouveaux visages.Sans être tout à fait traitée de brebis galeuse on ne goûtait pas trop le halo de mystère qu'elle semblait suggérer.Après les vétilles,chewing-gums dans sa boîte aux lettres,assez vite apparurent les sales insinuations devant la poste ou la boulangerie, puis un calicot ,à l'orthographe incertaine "A la Libération,vous savé ceux qu'on leurs faisait?" que le maire fit enlever,pas assez prestement.Je me souviens surtout du geste qu'elle faisait après avoir fini ses travaux verts,elle s'étirait longuement jambes et cuisses et j'avais la chance d'apercevoir ses reins qui m'affolaient quelque peu.J'appelais ça mon dessert de printemps.Elle n'est guère restée plus de deux saisons dans notre village.Je n'ai jamais su son prénom.Depuis,quand je pense aux femmes de ma vie,pourquoi est-ce son image qui me revient si vite? Rêveur,je mâche un crayon hors d'âge,j'écris sur elle,ni gomme ni rature,spontanément,elle me sourit.

30 mai 2013

Des mots,une histoire: Enfance escamotée

                    Pour cette édition 103 Olivia a hérité de ceci: pirate-bateau-Bigoudène-crêpe-chignon-perle-cristal-facette-prisme-polygone-soirée-crépuscule-déclin-fin-vigile.A propos il faudra m'expliquer comment le mot "polygone" peut inspirer le mot "soirée",du moins dans la logique du rapport des mots entre eux.Ceci n'est pas bien grave.

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                  La petite bonne bigoudène,je l'aimais bien,du haut de mes six ans, et les soirées s'animaient, comme en fête lorsque, c'était elle qui nous gardait,les parents partis à l'opéra ou au restaurant.Son chignon,cet appendice supérieur,me faisait bien rire.Mon frère aussi,et notre petite soeur s'esclaffait,bavant de toutes ses jeunes dents en avalant goulument les crêpes de Marig-Morgane. Parfois, il me semble voir encore son tablier aux armoiries du Guilvinec,assorties d'un pavillon pirate que la petite montrait du doigt en criant d'une voix de cristal crissant. J'ignorais que s'annonçait le crépuscule,alors que d'évidence nous n'en étions même pas au lent déclin de l'aube de nos vies.

                  Nous n'avons jamais bien su si Laure-Claire avait avalé par mégarde une perle du collier que la jeune Bretonne lui avait imprudemment laissé en main.Je n'ai appris que vingt-cinq ans plus tard la fin volontaire d'une employée de maison,revenue en Armor,après un drame survenu lors de son placement parisien.Un bateau l'avait découverte en Baie des Trépassés,sans mystère.Mes parents depuis longtemps s'étaient séparés,mon père ruiné et ma mère en soins constants d'une assez sauvage psychiatrie d'époque,tout cela,au prisme de ma mémoire,revenait me hanter,vigile trop attentionné.Des différentes facettes de l'enfance poignardée,plus que toute autre chose,me poursuit le polygone vert et rose de ce cimetière finistérien,adjectif si précis qu'il cogne à mon coeur,encore.

16 mai 2013

Des mots,une histoire: Trois déchus de l'Olympe

Notre amie Olivia présente cette semaine la liste suivante:capturer-image-son-évasion-alarme-danger-rouge-coquelicot-homme-mesdames-messieurs-faiblesse-âme-gris-ombre-doute-métaphysique-collège-professeur.

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Aucun des trois acolytes n'était capable d'aller plus loin.Plusieurs éternités déjà s'étaient enfuies depuis qu'ils étaient relégués pour deux d'entre eux dans le Tartare,capturés sur colère de Zeus et de ses sbires suite à d'obscures tractations entre hommes et dieux.Mais depuis qu'ils avaient établi une communication sans fil avec Prométhée,enchaîné loin à l'Est sur son Caucase, aux prises avec cet immonde vautour hépatophage,l'un comme l'autre caressaient sérieusement leur rêves d'évasion.Ils avaient somme toute fait preuve de faiblesse,trop longtemps.La révolte leur brûlait les tempes et ils voyaient rouge,un rouge vif qui comme la muleta de Cordoue,redoublerait leur fureur et leur détermination.

sisy

Lassé d'être sujet de métaphysique pour bacheliers acnéiques,Sisyphe cesserait bientôt de rouler sa pierreuse pelote et Camus pourrait bien ravaler son mythe.L'image du Titan remontant sans cesse cette métaphore du monde,lourde s'il en est, qui n'avait qu'une idée, arrivée au sommet,se faire la belle et filer se remettre à l'ombre dans la vallée,cette image ne survivrait plus.L' alarme entre Sisyphe et son voisin carcéral Tantale avait bien fonctionné et les professeurs de philo du futur pourraient aller se rhabiller. Depuis le temps qu'ils glosaient sur ce pauvre Tantale se desséchant devant une eau fraîche et crevant de faim alors que les plus beaux fruits lui frôlaient les doigts,ils allaient pouvoir raconter la cavale des mal-aimés, genre série noire dans les bas-fonds de l'Olympe.A redonner le goût de l'antique dans nos sacrés collèges.

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Loin là-bas en son sympathique Caucase Prométhée soignait son ictère à sa manière,la rapace-thérapie.Ce sont des soins de longue durée,mesdames et messieurs,qu'on se le dise,mais non dénués d'intérêt,pour peu que l'on soit très attaché aux chaînes de montagnes.Songeons-y donc,même si c'est plus souvent le doute qui nous ronge.

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Doute qui d'ailleurs fait plus que me ronger quant à la manière de me sortir de cette histoire sans queue ni tête et dont seul un déicide pourrait me délivrer.Du danger d'inventer n'importe quoi pour figurer dans la liste du jeudi soir de notre guide au prénom de paix.Comme un marin dont le coeur chavire etvire au gris entre Charybde et Scylla,fredonnant "Comme un p'tit coquelicot,mon âme, un tout p'tit coquelicot" me voila contraint de laisser ma belle oeuvre inachevée.C'est si beau parfois l'inachevé, Schubert, Flaubert, Kubrick.Mais là j'aurais probablement dû privilégier l'incommencé.Pour tout autre son de cloche,se référer aux autres auteurs semainiers.

20 avril 2013

Les plumes...by Asphodèle: Chronique littéraire

                   Asphodèle,cette diablesse exige de nous cet exercice de haute voltige,écrire une quatrième de couverture,avec les mots suivants: départ-salle-téléphone-heure-désir-impatience-minute-frustration-déçu-enfant-pandémonium-liste-angoisse-patience (facultatif)-espoir-stupeur-galop-gifle-gigantesque.

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                  C'est l'occasion pour moi d'attirer l'attention sur un livre de toute beauté,qui ne semble pas promis hélas à un grand succès populaire,le nom de Pierre Kiroulnamaspamous restant scandaleusement méconnu de la critique française.

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                 Quelques aficionados trop rares guettaient le nouveau livre de Pierre Kiroulnamaspamous.Leur impatience est enfin récompensée après la frustration d'un silence de dix ans.Quant à ceux qui ignorent tout de l'auteur,tant mieux.Qu'ils prennent le départ pour cette aventure romanesque gigantesque dont ils se souviendront.Dans son style minimaliste et après 270 pages blanches qui attisent le désir du lecteur,haletant,Histoire du Rien frappe très fort et nous scotche à notre chaise,tout de stupeur inouie,devant la violence de cette scène où le héros,Hans Bastiani,renverse son café au Bar du Téléphone,Gare San Parnasseo.

               Et c'est presque le début d'un voyage littéraire hors du commun,une gifle intellectuelle,dont on ne peut sortir déçu.Déçu, non,mais meurtri certes oui.Le pandémonium originel,celui des Enfers,a tout d'une pension de famille à l'heure des tisanes à côté du fleuve Histoire du Rien,objet écrit mal identifié charriant les horreurs et les tendresses d'une humanité percluse d'angoisse et lorgnant le moindre espoir avec véhémence.Songez,mais je ne veux pas dévoiler d'indice,que dès la page 712 on apprend que le café de la gare,salle des pas perdus, était décaféiné.

              La liste des influences sur le roman de P.K. est variée de Buzzati à Confucius en passant par Hergé.Heureux lecteur néophyte qui va découvrir ce livre inclassable qui,dans la brièveté de se 1500 pages,nous emporte au grand galop vers les hauteurs vertigineuses d'une littérature à couper le souffle,qui ne laisse pas une minute de répit,et qui fait du lecteur un enfant ébahi, émerveillé,stupéfait devant tant de maîtrise.

Edualc Eeguab

"Le Picard sait lire" du 20 avril 2013

Histoire du Rien, de Pierre Kiroulnamaspamous,traduit du kirghizo-bantou par Anna Kuneki-Peferssa, 1523,5 pages, Ed. Gaminard/Le Deuil.

13 avril 2013

Les plumes... by Asphodèle: Noir tourbillon

                             Je remercie Asphodèle qui a reçu dans son bissac les mots suivants: blancheur – doute – débauche – enfance – pureté – accuser – angélique – temps – diablotin – naïveté – mensonge – fredonner – fastueux – flaque.

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                  Je cours dans la ville,ma ville,étouffé et en larmes.Je croise des visages,certains me sont connus,certains me sont amis.J'ai dérapé sur une flaque de gas-oil,je n'ai pas le temps de pester sur cette saloperie de voirie,ni d'en accuser les équipes municipales.Je cours mais je n'ai plus l'âge de courir ainsi.La flotte brouille ma vue,la tempête sous mon crâne culmine.Et le temps,le temps cet assassin aux mains toutes de blancheur et dont on ne perçoit pas les coups bas,le temps me happe et me fait vaciller. Pour en finir?

                Je sais que Catherine va mal,que ses maux sont de ceux sur lesquels les mensonges humains n'offrent plus aucune sédation.Je le sais,je n'ai pas la naïveté de m'illusionner.Et c'est Jules qui m'a fait appeler,balayant ses ultimes doutes.Mais as-tu jamais douté,Jules mon ami?Leur appartement m'a rarement semblé si éloigné.Pourtant ni eux ni moi n'avons quitté la ville.Nous modulions nos sorties urbaines,d'un commun accord,tacite mais efficace,pour éviter de reformer le fastueux trio de nos vingt-cinq ans.

              Le souvenir,ce diablotin facétieux nous guettait à chaque instant.Pas un bistrot où ne retentisse encore le rire de Catherine.Pas une ruelle où nous n'ayons jadis couru,à boire le vin frais de nos heures chaudes,à fredonner quelque air de caboulot. Plusieurs années que je ne l'ai vue,Catherine,et,haletant et la brume à mon regard,c'est une débauche d'images comme un film nouvelle vague.Elles m'assaillent, mêlant à ce maelstrom cette angoisse,crescendo d'inquiétude,comme un fragment d'une enfance orpheline.Je crois que je vais tomber.Enfin la rue Antoine Doinel,et,presque au bout,dans la pureté d'un halo sous la lune,la grande maison,où les douleurs la vrillent,Catherine,Catherine notre angélique,en partance. Epuisé,vieilli en un soir,il m'attend. Jules m'attend.Je me jette dans ses bras."C'est fini,Jim".

N.B.   Ceux qui décéleraient ci-dessus l'influence de H-P. R. et de F.T. auraient bien raison.Ces gens-là m'ont un peu bouleversé. Merci à eux. 

 

 

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