Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
etats-unis
22 décembre 2015

In the name of rock/ Kathy

                                   La chanson de Kathy, quelque part sur l'historique album The sounds of silence, comme cette chanson est simple, et comme j'ai conscience de radoter. Mais comme elle est belle cette chanson de Paul et Art, maîtres absolus de ma jeunesse. Et comme ce prénom ou ce diminutif  est banal à peine auréolé d'un parfum midsixties, celui de mes quinze ans. Et que de ballades pour Kathy, Katherine ou Kathleen, auxquelles je me suis associé et qui savent encore toucher mon coeur et le faire rêvasser. Ces Kathy m'ont bien oublié et vice-versa, mais les cordes d'une guitare chantent toujours la mélodie des années tendres, du lycée de Compiègne et des forêts du Valois, où déjà je nervalisais* laborieusement, pensant à la fille du notaire. C'était un temps déraisonnable... Ce  billet ne convoque pas la nostalgie, je me suis seulement dit, pensant à certaines, que peut-être elles aimeraient écouter ça. C'est totalement dispensable, bien joli cependant.

* Pardon mon Gérard

Publicité
15 décembre 2015

Géographie: Hoboken, New Jersey

Hoboken

                                             Face à New York Hoboken fait pourtant partie du New Jersey. On en parle un peu en ce moment car y naquit il y a juste un siècle Francis Albert Sinatra. Quel bonheur que d'écouter Frank Sinatra dans la plupart de ses disques. Et tout le reste on s'en fout. Non? Mais voilà, bien qu'il ait débuté avec un groupe vocal nommé Hoboken Four je n'ai pas trouvé trace d'une chanson intitulée Hoboken. Je me suis rabattu sur un truc d'avant avant avant, et encore avant, le Hoboken Baby de Pat Boone, rengaine de 1955, un sha la la wap doo wap qui ne devrait pas vous surmener. Mais incapable d'en rester là je vous ai joint une vidéo d'une toute autre trempe, un de mes titres favoris de Frank, auquel je devrais consacrer une conférence en février ou mars.

                                           Il s'agit de Learning the blues (1957) mais personne n'a besoin d'apprendre le blues. Il vient tout seul comme le chante Frankie " Tables are empty, dancefloor deserted,you play the same love song, that's the tenth time you hear it". Réédité en une belle compilation The crooner goes to jazz avec les classiques All of me, Sweet Lorraine, I've got you under my skin,etc...

 

 

 

30 novembre 2015

Six cordes, vingt-quatre images/7/Bob Roberts

                                    Ce film de et avec Tim Robbins a déjà 23 ans. Il m'a plu d'exhumer ce pseudocumentaire au sein de cette rubrique qui se veut musicale. Mais bien sûr le sujet est hautement politique, ce qui n'est pas fréquent sur ce blog qui s'ingénie à ne pas s'ériger... Mais la satire est virulente, histoire de ce chanteur qui se met à politicailler, au ras des pâquerettes. Elia Kazan dans Un homme dans la foule, années cinquante, avait aussi abordé ce thème. Souvenirs attention danger. Très américain certes mais finalement transposable. Vous apprécierez le détournement du célèbre clip de Dylan Subterranean homesick blues.Tim Robbins chante lui-même ce démagogique fatras. D'autres, d'un bord à l'autre, d'une rive à l'autre, ne chantent pas.J'sais pas c'qui m'a pris d'écrire tout ça.

httpdivaag_vo__llnwd__neto42http_rtmpesharedViewster_Artworkmovie_artwork1198-52223-000_EN-netflix-hulu 

bobroberts3

 

27 novembre 2015

Méandres

Masse critique

CELLES

                                  J'ai eu le plaisir de lire pour Babelio, que je remercie, cet agréable roman américain de Valerie Geary. Pas un très grand livre mais on s'attache vite à ces deux soeurs de 15 et 10 ans, Sam et Ollie, au bord de la Crooked River, pourquoi pas en Oregon, Ouest américain où vit l'auteure. Les deux filles sont pour les vacances avec leur père, surnommé Bear, qui vit dans un tipi, de jardin, de pêche et de ruches. Un tantinet sauvageonnes elles aussi, la découverte d'un cadavre au fil de l'eau va bouleverser leur été. Le livre est construit selon un plan classique, des chapitres assez courts alternant les points de vue de Sam et d'Ollie nous font suivre leur surprise, puis leur questionnement, enfin leur angoisse. Pas vraiment un thriller, il n'y a d'ailleurs que très peu de suspense. Mais un récit pas mal mené auquel on emboîte le pas (trop) facilement. L'intérêt réside d'ailleurs à mon avis plus dans le côté nature writing de cet Ouest, pas non plus indélébile, mais qui donne un joli rôle aux abeilles, symboles industrieux et écologiques, par opposition au pernicieux des villes.

                                Celles de la rivière est dans la lignée  des romans retour aux sources. Le surnom du père, Bear, ramène au native Americans bien qu'il ne soit fait mention d'aucune indianité du personnage. Le ton fantastique mais bienveillant du roman est assumé par des silhouettes flottantes mais rassurantes qui doublent en quelques sorte les deux héroïnes. La sympathie du lecteur est cependant trop vite orientée, et les malfaisants bien peu nuancés pour que nos pulsations rythment l'aventure autrement que comme une aimable promenade aux extrémités occidentales de l'Amérique, en compagnie de personnages tout de même d'un classicisme assez convenu. Cependant je persiste, ce fut une lecture plaisante. Ce n'est pas toujours le cas. Et ce n'est que le premier roman de Valerie Geary.

3 novembre 2015

Vanité, été, indianité

vanite_affiche

                                Les gens de Ciné-philo nous proposaient ce mois-ci un film suisse, La vanité. Ce film, assez court, est une fable sur la fin de vie et évoque l'assistance au suicide, où la Suisse fait figure de pionnier. Nullement mélodramatique, jouant un petit air absurde limite burlesque, La vanité estainsi nommé à cause du tableau dans la chambre du motel où David Miller, en phase terminale, vient en finir avec la vie. Mais ça ne se passera pas comme ça. Espe, une Espagnole de son âge, censée être son aide, et le jeune prostitué slave de la chambre d'à côté, vont peut-être donner à sa vie, ou à ce qui lui en demeure, une autre direction.

                               C'est un joli film dont je n'irai pas jusqu'à dire qu'il nous fait voir la vie en rose. Dont je ne dirai pas non plus qu'il traite vraiment d'une forme d'euthanasie, ce que certains participants ont cru déceler. Mais c'est le propre des débats de... débattre. J'y ai vu une sorte de fantaisie, permettant de faire de ce David Miller, architecte vieillissant arrogant et acariâtre, quelqu'un de... disons quelqu'un de mieux.

Summer

                                Le film de la Lituanienne Alanté Kavaïté est une histoire jouant à plein de la sensorialité, de la sensualité, du mouvement à l'occasion d'un été balte (Summer, titre choisi pour l'exploitation en France). A tort perçu parfois comme une Vie d'Adèle nordique, Summer est essentiellement un joli frémissement sylvo-aquatique tant les arbres et l'eau y sont symboliques d'une liberté, notamment sexuelle, qu'on a parfaitement le droit de trouver appliqué et ennuyeux. Souvent plus intéressante est la proximité d'un passé soviétique pour ces lacs septentrionaux, avec le côté métallique des passerelles et des usines, ainsi qu'avec l'architecture si souriante (?) des immeubles staliniens. Reste de ce Summer un bon bol d'air et de jeunesse, un espoir un peu vain parfois, surtout à travers ce que j'ai ressenti comme un isolement de Sangaïlé, une héroïne de 18 ans, vis à vis de parents forcément peu compréhensifs. Tout cela m'a paru un peu trop attendu. Le public a semblé curieux de ce film exotique en quelque sorte. L'exotisme n'est pas fait que de ti punch sous les cocotiers. Pas besoin d'en nordire davantage.

AFFICHE

                            Une réserve indienne aux Etas-Unis ne passe pas pour l'endroit le plus jovial qui soit et l'espoir n'y coule pas tant que l'alcool. Les chansons que mes frères m'ont apprises est un film d'une jeune sino-américaine, Chloe Zhao. Estampillé Sundance, c'est un film sensible et assez authentique, tourné avec les les Oglalas de Pine Ridge, Dakota Sud. Cette réserve, d'après quelques recherches, est l'une des plus miséreuses et déprimées de tout le pays. Johnny vient de terminer sa High School et souhaite quitter Pine Ridge et son cortège chômage alcool trafic violence prison pour L.A. avec sa petite amie. Son père (père aussi de 24 autres enfants avec neuf femmes, pour un peuple qui vénère ses ancêtres c'est fou le nombre d'enfants qui ne connaissent pratiquement pas leur père) vient de mourir. Johnny aime beaucoup sa petite soeur Jashaun, douze ans. Difficile de partir. Difficile de rester.

                          C'est là toute la trame de ce film modeste et un peu déprimant dans sa réalité. La plupart des protagonistes y jouent sous leur propre nom, et quasiment leur propre rôle. L'espace traditionnel du western a fait place à une résignation cafardeuse malgré les pow-wow frisant le pathétique et les belles phrases légendaires, loyal comme le cheval du brave, libre comme le vent, résonnent maintenant à vide en cette contrée aride, ces badlands prison à ciel ouvert. Johnny a en mains son avenir (pas sûr). Et quel sera celui de Jashaun? Vieil adage que j'aime bien: un peuple qui s'adapte est fichu, un peuple qui ne s'adapte pas est fichu.

 

Publicité
26 octobre 2015

Un été 52

Un__t__0

                                 1952 Etats-Unis Ouest, l'avocat juif Arthur Wise s'est considérablement enrichi et veut le faire savoir. Parmi les attributs de ces nouveaux riches pas trop scrupuleux  une maison de vacances à Cape Cod, à Bluepoint précisément. Où il va passer tous ses étés à partir de 1952, pour le plus grand bonheur, du moins au début, de son fils adolescent, Hilton que son père s'obstine à appeler Hilly. Ce dernier vit très mal la transformation de ses parents en nouveaux riches racistes et réactionnaires. Et cet été là, justement, Hilly va devenir l’ami du domestique noir que son père maltraite, et tomber amoureux de sa nièce, Savannah. Cela durera quelques semaines à peine, déclenchant ainsi un drame qui le poursuivra toute sa vie. Dès lors Hilly agira comme un coupable, coupable d'être le fils de son père, coupable d'être riche, au point de longtemps refuser le moindre dollar de cette fortune, arc-bouté moralement, dostoievskien jusqu'au bout.

                                  Un été à Bluepoint  démarre comme un roman classique portant sur un conflit familial entre un père dévoré d’ambition et son fils révolté en quête d’autonomie. Très vite le propos devient plus grave. C’est une peinture de l’Amérique des cinquante dernières années qui se dessine, raciste, avide, égoïste et hypocrite où seules comptent les apparences et l’argent. Ce n'est certes pas le premier roman américain sur ce thème. On sait que l'envers du décor, la fin du rêve, la futilité des choses, sont devenus un peu des tartes à la crème de la littérature étatsunienne. Pourtant Stuart Nadler, 35 ans et dont c'est le premier roman, distille bien son sujet au long de 420 pages. L'affairisme du père et la naïveté du fils... Décidément il n'y a que les Américains pour taper ainsi sur l'Amérique. Qu'est-ce qu'on aime ça en France quand c'est ainsi.

                                 J'ai lu, évoquée quelque part,l'ombre de Gatsby. Pourquoi? Parce que ça se passe sur la côte est? Tout de suite les superlatifs, non. Une révélation dans les trente dernières lignes m'a cependant un peu gâché le plaisir. Elle est tellement correcte. Le titre original Wise men est plus ambigu, Wise étant le nom de la famille, mais signifiant aussi Les hommes sages ou plus prosaïquement Les gangsters.

21 octobre 2015

Géographie, Winnemucca, Nevada

 

                                              Vous savez que j'aime alterner les choses sérieuses et d'autres moins. Sachez-le cette rubrique fait partie des choses... très sérieuses pour moi. Une bien petite ville que je vous propose aujourd'hui. Winnemucca, Nevada, 7500 habitants, tient son nom d'un chef indien de la tribu des Paiutes. On peut bien faire ça pour eux, les chefs indiens. Pour la (toute) petite histoire Butch Cassidy y braqua la banque en 1900. Et un Basque Festival y est organisé régulièrement, cette communauté y ayant été très présente au milieu du XIXème, en tant que bergers pardi.

220px_Winnemucca_Basque_Festival

                                    Vous savez bien que c'est surtout l'occasion d'un bon moment musical et de faire connaissance avec le Little Wheels Band et leur copine Winnemucca girl.

7 septembre 2015

Géographie: Sarasota, Floride

sarasota_home

                                     Sarasota, le croiriez- vous, est une station balnéaire proche de St Petersburg. Mais on parle là de St.Petersburg, Floride. Plutôt huppée, la ville de Sarasota est relativement récente. La Floride n'est pas l'état le plus rock-folk qui soit, ni le plus chanté sur Tin Pan Alley. Mais The New Mendicants ont assez d'étoffe pour passer un agréable moment en ville. Genre "folkish".

                                   Sarasota est extrait de l'album Into the lime sorti en 2014. Télérama en dit plutôt du bien et Les Inrocks du plutôt pas mal. On ne va pas, tout au moins pas cette fois, contredire les officiels.

22 août 2015

Six cordes, vingt-quatre images/6/ En route pour la gloire

                                          Les biopics musicaux au cinéma sont parfois très pénibles (The Doors), passables (Ray), ou plutôt bien (Great balls of fire sur Jerry Lee Lewis, Walk the line sur Johnny Cash). En 76 pour Hal Ashby David Carradine joue le rôle de Woody Guthrie dans En route pour la gloire. Le film se déroule sur les années de crise, celles des Raisins... et de On achève bien..., n'a rien de génial mais s'il a invité quelques personnes à écouter les disques de Woody Guthrie il n'aura pas été inutile.

bound_for_glory_movie_poster_1976_1020401946

En route pour la gloire, Hal Ashby, 1976, John Carradine, Randy Quaid

 

 

 

29 juillet 2015

Vous me pardonnerez un conseil?

9782264064028

                                 Voilà un roman américain plutôt de forme classique sur la middle class de l'est du pays. Un peu longue à se mettre en place l'histoire d'Helen qui divorce de Ben, son avocat de mari, ressemble d'abord à beaucoup d'autres. Une fille adoptée ado, des revenus assez confortables revus à la baisse, une rupture consommée. Comment Helen va-t-elle rebondir? Elle se découvre alors un don assez étonnant pour amener les hommes d'influence, pouvoir, affaires à faire une sorte de coming out qui ne concerne pas du tout les préférences sexuelles, ce qui nous change un  peu du tout venant, mais bien les erreurs de gestions, les ententes illicites, les combines en tous genres. Mark Twain n'écrivait-il pas déjà "Fuyez, tout est découvert". Mille excuses décortique habilement l'American way of life à travers Helen qui, si douée pour la rédemption des autres, gère difficilement sa propre existence.

                                Depuis longtemps, depuis les confessions des évangélistes par exemple, qui font qu'au pays de l'Oncle Sam, les turpitudes, pour peu qu'elle soient intelligemment mises en scène lors des aveux, deviennent la plupart du temps un tremplin, on sait que s'épancher et se flageller peut être avantageux. Roman américain typique et critique à la fois, zébré de l'ironie et de l'humour de Jonathan Dee, Mille excuses évolue aussi avec les personnages secondaires, Sara, 14 ans, chinoise et accessoirement parfaite peste experte à manipuler les divorcés, son petit ami brutal et prototype du bad boy, mais il faudrait lui aussi l'excuser, n'est-il pas noir, puis  Hamilton, star de cinéma qui fut l'ami d'enfance d'Helen, pas mauvais cheval mais un tantinet pusillanime et aux lendemains post-poudreux et amnésiques.

                                Ainsi va Helen Armstead, ingénue et exigeante à la fois, mère esseulée en proie au doute, paumée comme c'est pas possible, mais qui ne manque pas de ressort et le roman parvient à garder un ton moraliste sympathique et finaud, jamais moralisateur. Vous n'aurez pas d'excuses à ignorer Mille excuses.

                                

11 juillet 2015

Longue lumière malouine

doer

                                De très bonnes critiques pour ce pavé américain dont les deux personnages principaux Marie-Laure et Werner ne se rencontrent que peu avant la page 500. La jeune aveugle et l'orphelin surdoué des communications sont observés tout le long (long) de Toute la lumière que nous ne pouvons voir comme en champ contre-champ à parts égales, en chapitres très courts, un peu feuilletonesques, qui nous mènent du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris à la campagne de Russie, des bombes sur Saint Malo aux ruines fumantes de Berlin. Bien construit, ce qui permet de lire sans peine cette belle histoire, le roman d'Anthony Doer se veut assez sentimental en ce sens pas du tout péjoratif que Werner et Marie-Laure demeurent dans l'adversité des modèles très positifs sans aucune mièvrerie, ce qui était le risque.

                               Magnifiques, y compris, pour les profanes les digressions sur les mollusques fossiles, les ammonites et les anatifes, sujet peu porteur a priori. Même les éléments techniques sur les transmissions, transfigurés par Werner, s'avèrent d'une belle essence romanesque. Là encore c'était loin d'être évident, surtout pour moi qui maîtrise si mal anode et cathode. Et puis le patronage du grand Jules Verne et de 20 000 lieues sous les mers vogue sur toute la distance du livre, si abondamment cité et que Marie-Laure lit en braille depuis son enfance. Grand livre de l'imaginaire avec la quête de l'Océan de Flammes, un diamant légendaire, avec le rôle de la lumière pour cette enfant de l'ombre guidée dans la ville par les maquettes citadines de son père maintenant disparu, avec Saint Malo ville reconstruite de toute part comme un studio prêt à l'emploi, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est un roman superbe, qui ressemble aux romans pour adolescence d'antan sans céder à aucune de leurs facilités.

                               Nanti du prestigieux Prix Pulitzer et déjà acheté par Hollywood, nous aurons l'occasion de voir en chair et en os tous les personnages de cette fresque de guerre et d'espoir. Mais aucune jeune actrice ne saura nous toucher comme la Marie-Laure de Toute la lumière que nous ne pouvons voir. Ce prénom m'est cher.

25 juin 2015

Pécheur d'Islande

absolution  Parfois comme une petite vanité me saisit à l'idée que je vais lire un livre probablement très peu lu en France. On se dit ainsi comme dépositaire d'un secret, d'un marché passé avec l'auteur, d'une merveille dont on serait l'intime. Fatuité du lecteur souvent car l'on a rarement le monopole total. J'ai choisi ce livre en bibliothèque en partie parce que l'auteur Olafur Johann Olafsson, Islandais devenu grand patron en Amérique, présente un visage très différent de la plupart des écrivains. Il a écrit ce livre à trente ans et ainsi donc, on peut être businessman et homme de lettres. Et j'aime cette idée. Publié d'abord en islandais puis immédiatement réécrit en anglais Absolution a des accents que certains ont qualifiés de dostoievskiens.

                                   Par les matins clairs, quand tout est baigné de soleil et que rien n'échappe à la vue, il est difficile pour notre esprit de pallier l'absence de zones d'ombre. Je préfère le crépuscule, les récits inachevés, les alliances de lumière et de ténèbres.

                                   Peter (Petur) Peterson, homme âgé, riche solitaire misanthrope, vit à New York avec une "jeune personne" cambodgienne. C'est toujours ainsi qu'il la définit. Il ne fréquente plus depuis longtemps les Islandais de la ville. Ses deux mariages ratés sont aux oubliettes, ses deux enfants aussi ou presque. Peter Peterson n'est pas un type très sympathique et il n'en est que plus intéressant. Torturé par le cauchemar récurrent d’un petit crime, c'est son expression,  qu’il aurait commis cinquante ans plus tôt par dépit amoureux, un crime qui a eu une influence décisive sur sa vie, il vit mal ses dernières années. Oscillant de l'Islande de sa jeunesse au Danemark de l'occupation allemande et à l'Amérique de 1990, ce mini Crime et châtiment est très bien orchestré, assez en froideur et en distance, Peterson ayant écrit ses mémoires en islandais,destinés à être publiés posthumes, mais traduits après sa mort en anglais par un compatriote plus jeune.

                                 Culpabilité, rédemption, remords, obsessions. Vu ainsi cela semble un peu tordu et très nordique, un peu expressionniste, bergmano-strindbergo-ibsenien. Ca l'est mais c'est surtout un très bon roman que le businessman Olafsson a écrit il ya déjà plus de vingt ans, que j'ignorais tout à fait et pour lequel les mânes du grand Fedor peuvent être, toutes proportions gardées, éventuellement évoqués.

23 juin 2015

Fin de saison cinéphile

trois

                             Je boude facilement le cinéma d'Arnaud Desplechin, c'est souvent ce que je n'aime guère et je suis injuste. Pourtant Trois souvenirs de ma jeunesse m'a intéressé. Le problème est qu'il me semble l'avoir déjà oublié, vu il y a une douzaine de jours. Qu'est-ce que ça veut dire? Paul Dédalus, on saisit évidemment la référence à Ulysse car l'on est intellectuellement outillé quand on va voir un film de Desplechin, hautement clivant, Paul Dédalus, donc, est anthropologue au Tadjikistan. Je sais pas pour vous mais moi, je me vois mal parti dans la vie pour rencontrer un anthropologue spécialiste du Tadjikistan. Mais pourquoi pas, les anthropologues spécialistes du Tadjikistan sont des êtres humains. Enfin je crois. Mathieu Amalric, car il y a Mathieu Amalric dans ces films-là, c'est contractuel, est crédible, ses souvenirs aussi. C'est un film pas mal. Il dure deux heures.

poster-selma-film-2015

                                Le partbiopic, néologisme bien français inventé par mes services pour bout de biographie, Selma, d'Ava DuVernay, sorti il y a quelques mois avec un total insuccès, est un film pas mal. Décidément tout est pas mal en cette fin de saison. Martin Luther King y apparait lors de la marche de Selma, Alabama, qui avait pour but de faciliter l'inscription des noirs sur les listes électorales. Car ils avaient déjà parfaitement le droit de vote, sauf que tout était fait pour les décourager en amont. Le débat suivant le film était intéressant mais comme la plupart des débats, un avis même légèrement contraire n'était pas si facile à défendre. L'acteur anglais David Oyelowo est pas mal du tout.

AFFICHE_PIGEON_PERCHE_

                                Enfin j'ai vu deux fois avec pas mal d'intérêt le volatile suédois de Roy Andersson, Lion d'Or vénitien,dont ma critique vous éclairera peu mais vous libérera vite. Cependant, et personnellement, je suis plutôt client. Pour le reste...

???

                              

       

10 juin 2015

Géographie: Eugene, Oregon

 Eugene

                                                Ce doux prénom est aussi une ville ouest-américaine de l'Oregon, l'un des terminus ou presque de la conquête. Elle tient son nom de son fondateur Eugene Skinner. Sufjan Stevens, déjà rencontré il y a peu en Illinois, a passé pas mal de temps de sa jeunesse dans l'Oregon et cite dans l'album Carrie and Lowell de nombreuses références  à cet état. Eugene est le titre tout simple de cette chanson.

 

                                               Le folkeux Tim Hardin et le bluesman Robert Cray sont des enfants d'Eugene*. Et le célèbre écrivain Ken Kesey, hippie et "acid" et taulard etc... ( Vol au dessus d'un nid de coucou, Quelquefois comme une grande idée) qui y mourut en 2001 y est célébré par ce mémorial, The storyteller.

Storyteller%20copy

* Moi, personnellement je suis un enfant d'Alfred.

 

 

 

30 mai 2015

Où l'auteur dévoile sa vie privée

Trésor

                                Belle expérience que cet après-midi dans un collège rural de mon département. Et comme un retour aux sources puisque l'enseignement fut mon premier choix d'études, immédiatement démenties. Mais ceci est une autre histoire. Contacté par une professeure de français pour venir parler des adaptations au cinéma de L'île au trésor, le type même du roman d'initiation, et Robert-Louis Stevenson étant ici considéré comme un enfant du pays depuis son tout premier livre An inland voyage qui relate un voyage en canoé dans les rivières du Nord, l'Oise notammment qui sinue à quelques hectomètres, c'est avec plaisir et un peu de trac que j'ai rencontré les élèves de cinquième du collège de la commune où j'avais exercé en libéral pendant si longtemps.

oeuv_canoe_stevenson

                                C'est ainsi que j'entrai peu avant quinze heures dans une salle de classe bardée d'ordinateurs et plutôt coquette. Je n'avais jamais vraiment vu ça bien qu'étant intervenu il y a plus de vingt ans dans une classe de première de lycée. Là c'était vraiment pour moi inédit à ce niveau. Mais l'île était déjà bien balisée car l'enseignante avait fait avec ces élèves, déjà engagés en une option théâtrale, un gros travail en amont, de lecture et d'explication de L'île au trésor. Jim Hawkins, Long John Silver et l'Hispaniola leur étaient familiers, du moins s'étaient-ils construit leur univers de la flibuste, à charge pour moi de les éclairer sur la façon du metteur en scène de nous proposer sa version. Pour ces jeunes ados plutôt bercés par le roulis de Pirates des Caraïbes version Johnny Depp et Disneyland avec effets spéciaux voire 3D j'ai volontairement choisi le film que la secte des cinéphiles considère comme la version de référence, L'île au trésor de Victor Fleming, noir et blanc de 1934. Les élèves sont quand même restés.

trésor film

                                Ainsi nous officiâmes, mon DVD et moi, durant deux heures avec une récré d'un quart d'heure pendant laquelle je fus admis à boire un café dans la salle des profs, endroit mythique avec sa machine à café et ses tableaux informatifs où je repérai très vite la date du 2 juillet: pot de fin d'année. Trêve de plaisanterie j'avais souvent vu une salle des profs au cinéma et ne me l'imaginais pas aussi...féminine. Je n'ai vu qu'un homme. Accueil on ne peut plus agréable auquel je répondis évoquant ma carrière avortée d'enseignant, n'ayant pas dépassé les cinq semaines de cours en fac d'anglais mais je parle d'un temps où le cinéma était muet. Non, là j'exagère. Si. Je fus aussi impressionné par la jeunesse de certaines profs.

                               Courant au long du film, délicieuse adaptation digne des livres d'aventures des greniers de nos grand-parents, scènes comme des gravures, comme des frontispices d'éditions anciennes, les gamins ont manifestement apprécié de se sevrer un moment de numérique et sont fréquemment intervenus avec des remarques parfois géniales et inattendues. Le plus souvent cela portait sur la surprise de voir incarner un Jim différent de celui qu'ils avaient imaginé, ou une fusillade où chacun garde perruque poudrée ou bicorne et sans hémoglobine, fut-elle de noir et blanc.  Les questions les plus surprenantes portèrent sur le côté jambe amputée de Long John Silver, apparemment différent dans le livre et dans le film, ce que je n'avais pas cru déceler, et sur l'étonnement d'une élève quant au nom du perroquet de Long John prénommé Capitaine Flint alors que c'est une femelle. Il semble que cette énigme aie taraudé notre jeune passagère lors de ce sympathique voyage en ce qui était pour moi en terre inconnue, au pays de l'Education Nationale. Il est question de moi pour les Palmes Académiques, ai-je cru comprendre, à moins que je n'aie abusé du rhum.

Annex%20-%20Beery,%20Wallace%20(Treasure%20Island)_01

                              Je remercie ces enfants, tous attentifs et bien préparés, pour ce moment de curiosité où je n'aurais pas été en reste quant à l'apprentissage, comme Jim Hawkins, bien que plus de la génération de Silver. Et bien sûr leur professeure et à travers elle tous les gens du métier, qu'il m'est arrivé de brocarder, qui sait, peut-être parce que je ne suis pas des leurs. Enfin, un tout petit peu plus maintenant.

 

                           

5 avril 2015

Géographie, Decatur, Illinois

800px-Decatur_IL_industrial_skyline

                                       Qu'est-ce qui ne vous plait pas dans ma carte postale de Decatur, Illinois? D'accord ce n'est ni Malibu ni le Grand Canyon mais on voyage ou pas? Allez, reprenez votre place dans le fond du Greyhound. Ville industrielle du Nord, pas très loin de Chicago, Decatur, 75 000 habitants, tire son nom à consonance latine d'un officier de marine, Stephen Decatur, héros des Guerres Barbaresques  menées par les Etats-Unis en 1812. Vous ignoriez ces conflits. Et bien pas moi...depuis hier...que je cherche à rédiger trois lignes sur cette ville.

 

                                              Sufjan Stevens, je le connais un peu mieux et puis il serait un complice idéal pour cette rubrique un peu exsangue s'il confirmait son idée d'enregistrer 50 albums consacrés aux 50 états américains. Multi-instrumentiste avec un prédilection banjo ce folkeux de 40 ans n'a pour l'instant, malgré sa production prolifique, sorti que deux disques dans cette démarche, Michigan, son état natal, et Illinois, dont est extrait Decatur. Je crois qu'il ne me faut pas trop compter sur lui pour poursuivre mon sacerdoce on the road again. D'où l'expression bien connue "Sufjan,ne vois-tu rien venir?"

sufjan_illinois

 

 

3 avril 2015

Plus noir que vous ne pensez

1507-1

                                Ce bouquin est profond. Ce bouquin est brutal. Sombre et dur comme le titre original Hold the dark il campe un Alaska, cette curieuse entité presque animale, ce surnuméraire territoire américain qui commence vraiment bien au delà d'Anchorage, où la persistance de chamans mêlée aux conditions extrêmes et où le culte ancestral du loup frère et tueur constituent le terreau de cette histoire hallucinée, de glaces et de peaux vêtue. Y galope aussi, ou plutôt y glisse sur les rares chemins l'imaginaire du lecteur que William Giraldi emmène aux confins sans nous tenir trop la main.

                               Suite à des disparitions d'enfants on incrimine les loups à Keelut, village ravitaillé par les corbeaux mais même ceux là ne s'y aventurent qu'à ailes mesurées. Russell Core, écrivain, spécialiste du genre canis lupus, descend chez Medora Slone dont le fils est le dernier disparu. Vernon Slone le père est alors dans un quelconque désert irakien (il faut s'y habituer, le Vietnam ne se fait plus guère en littérature). Dans ces contrées ultimes ni le scientifique ni le flic ne sont maîtres des temps, pas plus le temps météo que le temps chrono. Ce noir qui vous tombe sur l'épaule en un souffle, ces taiseux de tout âge qui ne répondent pas, cette omniprésence du métal d'une dague ou d'une crosse de fusil, ces rafales de blizzard à égarer les plus rusés, ce pays est si rude que le titre français pour une fois est acceptable. Ni dieu ni homme pour vivre ici,seulement survivre. et tous ne survivront pas.

                               L'auteur a l'habileté de ne pas désigner de héros, ni le père, ni la mère, ni l'écrivain, ni le policier, ni l'ami indien. On emboîte les pas des uns, le sillage des autres. Mais rarement roman ne m'a paru aussi tranchant, lame effilée et gorges surprises. C'est qu'on tue beaucoup dans Aucun homme ni dieu, la plupart du temps vite, et bien. Curieusement c'est d'une langue de poète que nous apprenons , ou plutôt nous devinons quelques mystères. Il ne convient pas d'en dire plus sur ce bouquin qui fera date et nombre de blogs l'évoquent, voir plus bas. Encore deux mots si vous le permettez. Je recommande une extraordinaire scène d'accouchement, plus proche de la grotte que de la clinique. Et un petit extrait de dialogue très court, un chasseur dit au père:"T'as remarqué comme les gens qui vivent ensemble depuis longtemps finissent par se ressembler. C'est pour ça que je vis seul. Je ne veux ressembler à personne d'autre que moi". Quant aux loups ils finiront par être moins loups que les hommes car eux, au moins, sauront rester à leur place.

Aucun homme ni dieu - William Giraldi C'est l'avis de manU B. Mais il y a aussi Aifelle, Ariane, Clara, Dominique, Sandrine, Val  et Véronique .

                               

 

28 mars 2015

Angel Baby

Masse critique

 ngel

                                 Avec cette sélection Babelio je me suis plutôt fois fourvoyé, mais c'est un peu la loi du genre. Frontière ouest américano-mexicaine, un de ces trop nombreux endroits où une vie s'envole très vite. Clairement les avis vont diverger sur ce polar. Quatrième de couv., Ron Rash, le très bon écrivain américain écrit "Richard Lange est un conteur-né:il signe là un formidable roman, aussi haletant qu'étonnamment émouvant". Tel n'est pas mon sentiment. Dans ce qu'il est convenu d'appeler un sale coin, la ville de Tijuana, crépitent les colts 45 plutôt que les trompettes mariachis. Les flics y sont ventrus et vicelards, les dollars changent de mains plusieurs fois la journée ,des putes aux proxos et des clandestins aux passeurs. Rien d'original, pègre et wetbacks miséreux refoulés et de retour le lendemain, chicanos regard vers le Nord, alcools divers et tutti quanti. Un peu marre de ces polars listés et lestés.de toutes les verrues de nos sociétés. Allez, un petit effort, encore quelques mots.

                               Angel Baby c'est en fait l'histoire d'une fuite, d'une cavale, celle de Luz qui tente d'échapper à l'emprise d'El Principe, baron local de tous les trafics, une ordure comme on en rencontre tant dans pas mal de polars hélas interchangeables, seuls variant les latitudes et les décors. L'aide, très  improbable dans ce cas de figure, de Malone, lui-même en rupture suite à la mort de sa fille, lui permettra-t-elle de retrouver la sienne, Isabel, et d'échapper à la terrible vengeance d'El Principe qui a lancé à sa poursuite El Apache, qui purgeait une lourde peine et qu'il a réussi extraire de la geôle où il moisissait, et dont il menace d'exécuter les deux enfants s'il ne s'acquitte pas au plus vite de sa tache, ramener Luz au mortifère bercail de l'une des villes classées les plus dangeruses au monde (mais il y a de la concurrence). J'oubliais Thacker, flic pourri à la moelle, qui fera un moment tandem avec Jeronimo. Si vous n'avez pas tout suivi c'est loin d'être important.

                             J'ai cru comprendre que Richard Lange avait muni chaque personnage de jeunes enfants morts ou vifs pour noircir le tableau et le déshumaniser encore un peu. Bien sûr un thriller fait rarement dans la tendresse.Cependant Angel Baby c'est de la fast litt tendance Mexicali, on y lit l'équivalent de ce que mangent les fuyards et leurs poursuivants. Bien loin de la gastronomie et de la littérature. 

 

11 mars 2015

Géographie, Shreveport, Louisiane

                                                Les passagers pour Shreveport dernier appel. Parce que là on le prend vraiment ce fameux bus. Dans la chanson Bus to Shreveport Kevin Gordon se souvient de ses douze ans et d'un voyage avec son oncle vers la troisième ville de Louisiane, au nord-ouest de l'état, proche du Texas et de l'Arkansas et assez éloignée des zones plus francophones de Baton Rouge, Lafayette ou La Nouvelle Orleans. Il y parle d'un concert de ZZ Top, de cuites et de  bagarres, pas vraiment de poésie sauf à trouver de la poésie chez les barbus texans et leurs fans, ce qui est finalement mon cas. Je connais un ruminant qui devrait aimer.

SHREVEPORT,_LA_banner

                                                Shreveport est surtout réputée pour son industrie du jeu même si ce n'est pas Las Vegas. Casinos flottants notamment sur la South Red River. La ville fut un très court moment capitale d'état en pleine Guerre de Sécession qui depuis a cessé c'est sûr. Est-ce drôle ça?

                                                Et pour finir un petit rappel traditionnel de cet itinéraire que je ne me résous pas à conclure, malgré mes promesses d'ivrogne.

                             Aberdeen, Abilene, Albuquerque,Asbury Park,Atlanta,Atlantic City, Austin, Bakersfield, Baltimore, Baton Rouge, Berkeley, Biloxi, Birmingham, Boise, Boston, Brooklyn,Cedar Rapids, Cedartown, Chattanooga, Cheyenne, Chicago, Cincinnati, Clarksdale, Cleveland, Dallas, Denver, Detroit, Dodge City, Flagstaff, Folsom, Fort Worth, Fresno, Galveston, Hopkinsville, Hot Springs, Houston, Jackson, Jacksonville, Joliet, Kansas City, Knoxville, Lafayette, Lake Charles, Lansing, Laramie, Laredo, Las Vegas, Leavenworth, Lodi, Long Beach,Los Angeles, Manhattan, Memphis, Mendocino, Miami, Milwaukee, Minneapolis, Mobile, Montgomery, Muscle Shoals, Muskogee, Nantucket, Nashville, Natchez, New Orleans, Oakland, Omaha, Oxford, Palo Alto, Philadelphie, Phoenix, Pine Bluff, Pittsburgh, Poplar Bluff, Portland, Postville, Rapid City,Reno,Rockville, Saginaw, St Louis, St Paul, San Antonio, San Bernardino,San Diego, San Jose, Santa Fe, Savannah, Shreveport, South Bend, Springfield, Statesboro, Tacoma, Tallahassee, Tampa, Texarkana, Tucson,Tulsa, Tupelo, Tuscaloosa, Ventura, Washington, Wichita, Youngstown, Yuma...

                        ...furent nos escales précédentes

2 mars 2015

C'est la lutte fatale

foxcatcher-movie-poster-2014-1010771364

                                        Voilà un film d'une grande originalité et qui en dit long sur une société américaine des eighties, pas la plus sympathique. Histoire vraie. John du Pont, milliardaire très conservateur, vieux garçon refoulé passionné de matériel militaire, patriote à l'excès, mais aussi  philanthrope richissime qui parrainait l'équipe privée de lutte Foxcatcher du centre sportif amateur connu sous le nom de  Foxcatcher Farm  en Pennsylvanie, prend sous sa coupe Dave et Mark Schulz, deux frères médailles d'or aux jeux de Los Angeles en 1984. Si Dave l'aîné garde ses distances Mark s'installe à demeure à Foxcatcher. Les rapports entre le mécène, qui se veut aussi coach, et qui aime se faire appeler Eagle, très courtois au début, tournent à la fascination-répulsion. J'ai un peu pensé à The servant.

                                      Le côté physique de ce sport a manifestement été sérieusement étudié et les deux acteurs Tatum et Ruffalo sont très à la hauteur. Le vrai Mark Schulz, crédité producteur du film, a depuis la sortie émis un jugement très négatif sur Foxcatcher alors qu'il était tout à fait partie prenante lors de la présentation en compétition à Cannes 2014. Il semble depuis avoir fait à nouveau machine arrière. Tout est question d'ego dans le film et dans la vie. Je ne voudrais pas que l'on croie ce film destiné uniquement aux amateurs de sports de combat. La lutte n'a pas grand chose à voir ni avec la boxe, ni avec les arts martiaux. Si les corps y sont intimes on n'y trouve pas autant de rituels et si l'on est loin de Raging Bull les séances d'entraînement sont très belles. Croyez-moi, je ne suis pas un zélateur de ces activités.

                                     Rien à voir non plus avec une success story à la Rocky Balboa. Les frères Schulz ont déjà réussi quand John du Pont entre en scène. On a évidemment un peu évoqué une relation homosexuelle latente, tellement latente que j'y ai à peine pensé. Mais c'est ainsi et le nouveau conformisme conduit systématiquement à ce genre de conclusion pour le moins hâtive. Ou du suivisme des idées. L'intérêt de Foxcatcher repose surtout sur cette hypertrophie de l'american way of life, argentée et assez rétrograde, complexée en même temps qu'éclatante.Steve Carell, grimé, vieilli,et oscarisable (c'était avant-hier, c'est raté) est aussi attirant qu'un serpent à sonnettes dans le désert du Mojave. Et c'est très bien ainsi.

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 > >>
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 670
Publicité