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BLOGART(LA COMTESSE)
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9 octobre 2014

Le vallon rouge

   une-terre-d-ombre,M137218                                     

                                         The cove, titre original peut se traduire par la baie ou par le gars. Le gars en l'occurrence est un inconnu, hagard et muet, qui est retrouvé blessé après une chute dans un  vallon perdu de Caroline, au coeur des Appalaches. Nous sommes dans les derniers mois de la Grande Guerre. Hank Shelton, de retour du front français où il a laissé une main et a soeur Laurel,une jolie fille hélas disgraciée par une tache de vin, recueillent ce Walter qui ne s'exprime que par la flûte dont il joue avec baucoup de  sensibilté. On sait que dans ce contexte la germanophobie a été virulente aux Etats-Unis, surtout après l'entrée en guerre du pays, Steinbeck l'évoque dans A l'est d'Eden si j'ai bonne mémoire. Et les autochtones ne brillent pas par leur esprit éclairé.

                                         En peu de jours Walter est apprécié de Hank qu'il aide aux travaux de la ferme, difficiles sur cette terre noire et sèche, et du vieux voisin Slidell, un brave type qui refuse de hurler avec les loups. Il est juste de dire qu'il est encore plus apprécié de Laurel, quand deux handicaps se conjuguent... Ron Rash décrit très bien les travaux et les jours de poussière et de boue, la fatigue qui plante son glaive, l'espoir naissant de Laurel en un nouveau destin. Et si le vallon n'était pas si maudit... Plus rare, il sait aussi nous faire partager la peur de la fin de la guerre là-bas si loin à l'Est. Car la guerre a ceci d'unique que sa fin programmée n'arrange pas tout le monde, et surtout qu'on a vu des paix toutes neuves guère plus engageantes que les conflits qui les ont précédées. Car quel bel exutoire que la guerre pour défouler l'homme dans ce qu'il a de plus homme, c'est à dire sa haine et sa bile envers les responsables idéaux, si ce n'est toi c'est donc ton frère, ici l'Allemand, là le Juif et autres...

                                         En résumé Une terre d'ombre est un très bon roman d'un auteur que je n'avais encore jamais lu, souvent commenté sur les blogs, et qui incite à continuer sa découverte. Le mutique Walter est un personnage attachant et les défauts de l'Amérique ont ceci de pratique qu'ils permettent de ne pas  trop se pencher sur les nôtres. Comme un exutoire, en quelque sorte.

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1 octobre 2014

New York ville ouverte

 OPZEN CITY

                                           Val  Open city – Teju Cole  et moi avons lu Open City de Teju Cole, jeune auteur américano-nigérian. Julius, mère allemande et père nigérian, vit à New York, psychiatre et chercheur, et passe de longs moments à marcher dans la ville. Julius parle assez peu de sa vie privée, c'est que l'homme est un solitaire. S'il arpente New York c'est tout en rêveries et en rencontres. Mêlant ses souvenirs d'Afrique et d'Europe, Bruxelles surtout où il vécut quelque temps et où il revient quelques mois, c'est cette partie qui m'a séduit le plus, une pérégrination cosmopolite dans cette ville, curieuse capitale transnationale, facilement  brocardée mais si fascinante. Réflexion aussi sur le racisme, un peu confuse à mon esprit, et très légèrement condescendante m'a-t-il semblé, avec pas mal de références aux philosophes avec lesquels mes relations ont toujours été froides. Ainsi je n'ai pas toujours emboîté le pas de Julius avec un égal bonheur.

                                          Quand il déambule dans New York City Julius croise des personnages très différents. Mais ne vous attendez pas à du "haut en couleurs", ce n'est pas le genre de la maison. Souvent marqués par une double culture ou une difficile acculturation, ces deux termes relevant parfois du pléonasme, le vieux professeur de lettres nippo-américain, le cireur haïtien, ont peiné à me passionner vraiment. C'est parfois ésotérique et pompeux, un dictionnaire peut s'avérer utile, ce qui ne me gêne pas, j'aime les dicos. Mais le holisme, j'en ignorais tout et après consultation je n'ai guère compris davantage. Les errances, mais le terme ne convient pas, de Julius, ne m'inciteront pas poursuivre avec Teju Cole dont c'est le premier roman.

                                          Cet homme là est protéiforme, photographe, musicologue, je crois, au vu des influences de Mahler ou du jazz dans ses promenades urbaines. Passionné d'architecture aussi à l'évidence vu la construction du récit et les digressions sur le développement de la ville.Open City m'a trouvé un peu fermé. Si hommes et surtout idées y circulent, le sang manque, comme lymphatique. Julius, double de Teju, est un type brillant, trop pour moi. On a évoqué Dos Passos . Lourde hérédité sur laquelle je ne m'étendrai pas, ma lecture de la somme  Manhattan Transfer étant  ancienne, malgré un souvenir très fort de chef d'oeuvre dont à la réflexion je ne suis plus très sûr.

1 juillet 2014

Quelque chose en nous de McCullers

REFLETS

                                          C'est devenu une excellente habitude de lire avec Val La jument verte de Val . Là ce fut même pour moi une relecture car je crois, même pas  sûr, avoir déjà découvert Reflets dans un oeil d'or il y a des siècles. J'ai vu aussi l'excellent et tout aussi troublant film de John Huston ave Brando et Taylor, bonjour les egos. Carson McCullers est une écrivaine que j'affectionne depuis longtemps. Le coeur est un chasseur solitaire, Frankie Adams, L'horloge sans aiguilles, les nouvelles de La ballade du Café Triste sont pour moi de précieux souvenirs. Ce Sud douloureux chez cette femme qui fut elle-même frappée dans sa chair très jeune prend ici la forme étouffant d'un quartier militaire, déjà une oppression en soi, et particulièrement d'une sorte de ballet un peu morbide à six personnages.

                                          Les Penderton et les Langdon. Deux officiers et leurs femmes, l'un amant de l'épouse de l'autre, Leonora, une femme beaucoup plus portée sur le physique que sur l'intellectuel, et lui-même nanti d'une femme psychologiquement très malade, Allison. On voit déjà le climat de frustration, notamment sexuelle (impuissance, pulsions homosexuelles)  très" tennesseewilliamsesque" si j'ose ce barbarisme. Sauf que tout ça est antérieur (écrit en 1941) aux pièces de l'auteur de la Ménagerie... et du Tramway... Sauf aussi qu'on n'y assiste pas à de grandes scènes violentes comme dans le théâtre un peu fatigant de Williams. Deux autres personnages complètent le tableau, un soldat timide et voyeur, capable de grandes colères, et un domestique philippin  voué corps et âme, jusqu'à quel point, à la femme si fragile du commandant. Un cheval aussi, monté par l'épouse infidèle et soigné par le soldat, joue un rôle important dans ce psychodrame où rien n'est véritablement montré mais où la moiteur du Sud et la névrose des personnages sont explosives jusqu'à l'accomplissement. Carson McCullers, elle-même très souffreteuse, n'impose rien, mais inquiète terriblement le lecteur qui, ce me semble, se retrouve en partie face à ses propres contradictions, ses insatisfactions, et ce mal-être qui nous est un peu délicieux, sournoisement mais réellement.

                                         Un paon d'un vert sinistre, avec un seul énorme oeil d'or; et dans cet oeil d'or quelque chose de minuscule et ... (Anacleto, le domestique regardant les tisons du feu devant Allison l'épouse malade délaissée d'un côté, vénérée de l'autre).

                                         Tout ceci nous est raconté en 150 pages. Amplement suffisant à l'heure ou certains se prennent pour Tolstoï. Encore faut-il le talent, le génie, d'une écrivaine meurtrie, apte à nous inviter au bal du mal et de la souffrance, les seuls éléments qui, dans Réflexions dans un oeil d'or, soient partagés équitablement entre ces six personnages, pas en quête d'auteur. Sans oublier le cheval, qui a droit lui aussi à pas mal de brutalités. Il va de soi que j'en demande pardon à Val. Le grand John Huston, qui adapta aussi Tennessee Williams, a plutôt bien appréhendé l'atmosphère délétère de Carson McCullers. A mon avis.

 

 

                                        

 

 

 

24 avril 2014

Un petit goût de revenant

Mmasse critique

                                          Chez Babelio les livres se suivent et ne se ressemblent pas. Parfum d'aventures, un souffle westernien balaie Le revenant, signé Michael Punke, un peu appliqué et un peu scolaire,dirai-je, mais bien plaisant cependant. Nous sommes vers 1820, avant la conquête de l'Ouest par les masses de chariots bâchés. C'est encore le temps des éclaireurs, des aventuriers qui remontent le Missouri et ses affluents, à pied et en bateau, par exemple en bullboats, en peaux de bison. Dans le froid de la route des Rocheuses à peine agrémentée de quelques forts pour le moins sommaires Hugh Glass, très gravement blessé par un grizzly, est abandonné et dépouillé par ses deux compagnons. Le revenant tient un peu du manuel de survie et de Robinson Crusoe qui aurait lu Monte-Cristo et ne vivrait plus que pour la vengeance. On rêve un peu à Fenimore Cooper et à Bas de Cuir. Et puis surtout les vieux birbes comme moi égrènent leurs souvenirs de westerns. Nostalgie de ces noms magiques la Yellowstone, la Platte River, la Big Horn.

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                                         Ce roman de la conquête a cela de bien , qu'il ne revisite pas forcément la mythologie du grand Ouest à l'aune de l'autoflagellation et de la repentance. Les Indiens y sont en général l'ennemi bien que les trappeurs et les coureurs des bois soient le plus souvent tout aussi sanguinaires et surtout pas bien malins. Loups et bisons, rapides charriant glaces et cadavres, pluies de flèches et mauvais whisky sont le lot de ces aventuriers. Hugh Glass et  certains autres personnages ont réellement existé. Cependant Michael Punke a tressé ces péripéties dans le plus pur style roman d'aventures, très vivant et très agréable, nous (ré)apprenant au passage le rôle si important des comptoirs commerciaux et des hommes d'affaires établis au centre du pays, faisant de St.Louis la porte de l'Ouest, celle qui devait conduire dans la poussière, la sueur et le sang, aux rêves dorés californiens et aux ultimes pistes de l'Oregon. En résumé une lecture oecuménique pour (presque) tous les âges. Et probablement un film du Mexicain Gonzalez Inarritu avec DiCaprio vers 2015-2016. Il fallait s'y attendre, mon ami le Bison a déjà ruminé sur Le revenant. http://leranchsansnom.free.fr/?p=7306

 

 

5 avril 2014

Au nom du père

Mmasse critique

                                           Bonne pioche cette fois chez Babelio avec Schroder, ce douloureux roman introspectif composé comme une longue épitre d'un père à son ex-épouse, accusé par celle-ci d'avoir enlevé leur fille Meadow, six ans. Amity Gaige, inconnue, nous emmène dans le sillage de cette cavale, dans l'ouest des Etas-Unis, à partir d'Albany, New York. Quand on se penche sur l'accueil de ce roman, l'ombre de Lolita... A mon sens rien de commun entre Humbert Humbert et Erik Schroder. Schroder, Schroder, c'est rien qu'un père pas terrible, pas méchant pour deux dollars, maladroit comme tout père, et qui tient ça, sûrement, de son père à lui. Schroder c'est son vrai nom, mais venu enfant d'Allemagne de l'Est il essaie de se faire appeler Kennedy, pas original quand on habite dans la même région que la famille princière américaine, mais pas dans la même banque. Ayant connu une réussite sociale brève et qui s'est vite gâtée, et surtout inférieure à celle de sa femme, Erik a élevé sa fille pendant plus d'un an mais inéluctablement le couple est parti à vau l'eau. Plutôt velléitaire Erik décide de garder Meadow un peu plus longtemps qu'imparti par le juge et s'octroie une virée dans le massif des Adirondacks, vers le Lac Champlain et le Vermont,ce si bel état du Nord-Est à la douceur automnale proverbiale.Père et fille se retrouvent pour quelques jours, le voyage se passe bien mais l'idylle va virer au drame.

   

tous les livres sur Babelio.com

                                             Erik raconte cette fuite avec tendresse, avec amour. Erik est un homme plutôt bien mais nous croyons savoir que l'amour ne suffit pas et Meadow, six ans, trop mûre probablement ne sortira pas indemne de cette vénielle escapade.Mais on ne raconte pas Schroder, livre parfois bouleversant, très fin et qui revient habilement sur des épisodes de la jeunesse et de l'enfance d'Erik Schroder Kennedy, transfuge de la R.D.A, accompagnant son père et laissant sa mère là bas à l'Est. Amity Gaige parle très bien de Berlin et de son ruban de pierre balafrant la liberté. Comme elle excelle à ces petites touches mettant en scène Erik et sa fille Meadow, au bord de l'eau, mangeant un hamburger, rencontrant somme toute peu de gens, comme rivés l'un à l'autre, une dernière fois peut-être. Un narrateur sensible qui comprend son errance et essaie de s'en expliquer. Un gars qui a fait une connerie, et qui a compris que la vie ne lui fera plus guère de cadeau. Schroder, un livre qui ne ressemble pas aux grands et nombreux romans américains, une musique qui sonne un glas européen, un nouveau monde pas facile pour personne, surtout pas pour ce papa paumé. C'est pas universel,ça?

                                        Et n'oubliez pas l'avis d'un célèbre ruminant qui faillit disparaître au siècle avant-dernier,mais s'il n'en reste qu'un ce sera le nötre. J'ai nommé Le Bison, domicilié http://leranchsansnom.free.fr/?p=7213

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7 janvier 2014

Bronxite chronique

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                                        Ce sera bref. Je n'ai pas aimé ce roman. Je sais que Jerome Charyn a une cohorte d'admirateurs notamment en France. Je lui reconnais une imagination fertile. Il faut dire aussi que pour mon premier, et vraisemblablement dernier Charyn, j'ai pris au hasard El Bronx, huit ou neuvième roman mettant en scène Isaac Sidel, ancien flic juif, commissaire puis ci-devant maire de New York. Depuis je crois qu'il est devenu vice-président des Etats-Unis. Certaines filiations m'ont sûrement échappé. Charyn est un prolifique  "branché". Les prolifiques, moi, je les préfère simples et pas modernes. Jerome Charyn, enfin ce livre, El Bronx, me l'a semblé tellement, moderne, avec tout ce que ça implique d'air du temps, et de facilités, et ce style BD.Certes Charyn sait nous décrire un monde coloré et assez original, un monde d'enfants perdus virevoltant autour d'un maître, un maître mot pour l'auteur, la came. Ce n'est pas le Bronx des polars et du cinéma, pourtant violent, mais un royaume où les enfants jouent un jeu, un jeu que je n'aime décidément pas.

                                       Encore une fois Charyn ne manque ni d'idées ni de visions. Des hélicos survolant le Bronx, transormé en hyper de la dépravation, une sorte d'opéra baroque sous crack , le contraire d'un conte de fées,  Seulement je trouve les idées bien banales et les visions bien clinquantes et agressives. J'aurai lu Jerome Charyn, notamment pour Lecture/Ecriture. Et voilà tout.

 

21 décembre 2013

Deep South, forcément le South est toujours deep

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                          Pas terrible au début, l'intrigue en forme de réglement de compte assez banale, le sheriff adjoint lesté d'un lourd passé, tout ça sentait le déjà vu déjà lu. Mais ça, difficile d'y échapper. Pourtant la musique prend car John Turner est un flic complexe et dont les digressions m'ont beaucoup intéressé.Nous sommes à Oxford, Mississippi, les amateurs de folk ont déjà traîné dans cette ville symbole s'ils suivent un peu mes élucubrations musicales on the road. Turner, ex-flic à Memphis, Tennessee (yeah, pardon, ça m'a échappé), a fait onze ans de prison puis s'est un moment reconverti en psychothérapeute. Un excès de vitesse, 200 000 dollars dans une Ford Mustang, puis une fusillade, et le voilà qui replonge dans la poisse du Sud entre les caïds de Memphis et les exécuteurs des basses oeuvres. Encore une fois la trame policière est classique mais James Sallis, par ailleurs auteur de Drive dont fut tiré le film de Winding Refn, procède par petits flash-back pointus sur l'enfance de Turner ou ses démêlés avec la justice, évoquant aussi le Sud éternel avec ses barbecues et ses opossums. On s'attache ainsi à ce flic, porté sur l'alcool,pas mal,et sur le blues,mieux encore.

mois américain

                         L'univers de James Sallis, c'est aussi les seconds rôles, taillés pour le cinéma, et qui gravitent autour de Turner. Ainsi de Val, l'amie qui fait dans le social, Nathan, le braconnier silencieux,le shérif brave type qui en a vu d'autres, J.T. la propre fille de Turner, revenue de loin. Et une communauté de jeunes écolos qui s'avérera pas si bornée,on peut rêver. Sallis semble avoir fait tous les métiers durant sa vie,y compris le mien. Alors à cet ex-confrère j'ai envie de revenir assez vite, l'adjoint Turner étant un récurrent apparu aussi dans Cypress Grove,avant, et Salt River, après. Lew Griffin, détective noir, est, lui, le héros d'une série antérieure dont les six titres portent un nom d'insecte (The long-legged fly , Moth,etc..., tous en français chez Gallimard). Mais James Sallis est aussi biographe de Jim Thompson, David Goodis, Chester Himes, traducteur de Queneau, Cendrars, Neruda et musicien musicologue auteur de bouquins sur la guitare jazz notamment. Si c'est pas de l'éclectisme... Sûr qu'il nous rejoindra Up on Cripple Creek, avec une autre légende, The Band.

31 octobre 2013

Deux sons de cloche

Plath

                        Oui vous aurez deux sons de cloche sur le seul roman de Sylvia Plath, en lecture commune avec La jument verte de Val, ce qui est bien plaisant. Je ne connaissais que le nom de Sylvia Plath,et son suicide à 32 ans. L'idée vient de Val, excellente, et La cloche de détresse m'a beaucoup plu.Rarement roman n'aura sonné , sans jeu de mots, aussi vrai. Rarement un récit manifestement très autobio n'aura carillonné aussi juste. Et rarement ce carcan social qui nous menace tous n'aura été aussi bien cerné. Estelle Greenwood est lancée à 19 ans dans le grand bain newyorkais des mondanités et de la presse tendance mode et féminisme. Ce roman m'a séduit aussi en tant qu'homme alors que ces derniers n'y ont guère le beau rôle. Estelle n'est pourtant pas une figure romanesque qui à première vue me passionne, ambitieuse et carriériste.Mais Sylvia Plath parvient à transcender magistralement la jeune femmeEt pour cause...Estelle étant manifestement le double de Sylvia, perturbée et beaucoup d'éléments du livre faisant régérence à la propre vie de Sylvia Plath.Ainsi La cloche de détresse fut-il publié en 63 sous le pseudo de Victoria Lucas.

mois américain

                        La matière première du livre est donc la jeunesse de l'auteur.Mais Sylvia Plath a-t-elle connu autre chose qu'une jeunesse? Surdouée de la poésie, Sylvia ne l'était pas de la vie. Dès le début du livre on constate le procès-verbal qu'évoque Colette Audry dans sa préface.Un vrai constat, plutôt rude sur la société et sur elle-même pour commencer. La propre mère de Sylvia aurait écrit "Sans commentaire,ce livre représente la plus vile ingratitude". C'est bien vrai que La cloche de détresse cogne son lecteur comme ses personnages. Précis et clinique, le chemin si peu fictionnesque de l'auteur nous hèle à chaque paragraphe et nous interpelle tout au long des 260 pages. Le syndrome psychiatrique qui court,inéluctable et programmé, n'obère pas les qualités littéraires du "roman". Il enrichit de ses brutalités et de ses approximations au contraire, et ceci nous laisse pantois, cette histoire de folie et de mort, cette très sombre et très vive marche vers la nuit, sur fond de conventions et d'hypocrisies, carrément assassines cette fois.

Allez Valentyne

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24 octobre 2013

Gare aux rats minables gros,bis

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                                   J'avais lu il y a dix ans deux aventures de Jim Qwilleran et ses deux siamois Koko et Yom Yom. J'avais aimé l'esprit bon enfant de cette petite  communauté américaine. Et puis Soene,très portée sur les matous,c'est elle -même qui l'écrit, a rappelé la vieille Madame Lilian Jackson Braun à mon souvenir. Morte à 98 ans en 2011 LJB fait du bien quand on la lit, à condition de ne pas lire la trentaine de volumes d'affilée.Mais de temps en temps,grâce à 10/18 Grands détectives on peut s'en amuser. Je viens de le faire avec Le chat qui donnait un coup de sifflet où l'on retrouve l'improbable comté de Moose, au nord de partout. Tout un petit monde vit là-haut, bibliothécaire, vieilles dames curieuses, journalistes provinciaux, banquier véreux pour justifier une enquête menée par Jim avec la complicité de ses deux félins surdoués.

                             On y boit du café en bonne compagnie, les habitants répètent sérieusement  Le songe d'une nuit d'été, version petits hommes verts à la place des fées, quelle audace. Tout cela est bien sympathique sur fond de bourgade un peu "idéale " sauf que meurtre il y aura tout de même. Miaou, on est dans un polar après tout, les dits Koko et Yom Yom n'apparaissant d'ailleurs qu'assez succinctement, chats de luxe qu'on a plaisir à imaginer. Ca plaira aussi aux ferropathes car l'intrigue tourne autour d'une magnifique locomotive à escarbilles. D'accord mais on peut avoir d'autres chats à fouetter quant à bouquiner. Qu'importe, un petit moment à sillonner le filon félin de Lilian Jackson Braun n'a jamais fait de mal à ronronne,euh,à personne.

1 octobre 2013

On ira tous aux parasites (titre douteux)

JOHN HENRY

                            Comme John Henry, Colson Whitehead est un géant,des lettres tout au moins. Mais commençons par le commencement car c'est assez compliqué. De la méthode pour ce discours sur un livre dont le thème colle tant à toute la partie musicale du remarquable blog qu'actuellement vous avez la bienveillance de lire.

Première partie:John Henry

                    Les amateurs de blues et de rock connaissent cette chanson dont circulent des centaines de versions.John Henry aurait été un ouvrier foreur de Virginie Occidentale vers les années 1870 qui aurait été si performant à manipuler son maillet qu'il aurait battu la toute nouvelle machine à creuser la pierre. Ce stakhanoviste noir serait mort d'épuisement immédiatement. Je sais ce vieil air américain depuis que j'ai dix ans et je ne citerai pas les interprètes,tous l'ont chanté.A la fin de l'article deux trois versions vous seront proposées. Problème,il y a tellement de sons de cloche différents qu'on n'est plus sûr de rien.John Henry a-t-il seulement existé? Ou est-ce le nom courantissime et générique du prolo noir américain de base,soutier de la conquête. Un comble,s'il a existé,on n'est même pas sûr qu'il ait été noir.

                  Toujours pour ce qui concerne la chanson,il semble et c'est mon cas,ma thèse si j'ose dire,qu'on ait fini par la confondre avec une autre chanson,à peine moins connue,John Hardy,qui raconterait un assassin irlandais.Colson Whitehead y consacre quelques pages arguant du fait que les émigrés irlandais misérables étaient à peine au-dessus des noirs dans la hiérarchie du travail vers l'Ouest. Tin Pan Alley, dont j'ai déjà parlé mille fois, c'est à dire l'histoire de la musique populaire américaine, en a fait l'une de ses légendes,de celles que l'on aime à se transmettre au son du banjo ou de la guitare. Du nanan pour moi,fondu de cette culture.

                 Cette énorme somme de 620 pages constitue vraiment le roman d'un pays,d'une immensité,d'une diaspora,d'un melting-pot qui melte pas toujours terrible..Je reviendrai à l'aspect purement littéraire dans la seconde partie.Trois choses encore concernant la musique,personnage principal évidemment.Colson Whitehead digresse facilement mais jamais gratuitement ou par coquetterie mode comme c'est souvent le cas.Il consacre 40 pages environ au concert maudit des Rolling Stones à Altamont en décembre 1969,de sinistre mémoire.Prodigieux,hal-lu-ci-nant,ce que j'ai jamais lu de plus fort sur le rock. Si vous voulez vous pouvez même ne lire que ça,c'est extraordinaire.

                 Et puis deux autres morceaux d'anthologie.Une petite fille découvre dans un lot de vieilles partitions pourries une sorte d'incunable,une version très ancienne de John Henry. Enfin les négociations laborieuses et les tout premiers enregistrements du bluesman, fictif ou non, qui sortira la chanson John Henry pour toucher comme la plupart des pionniers une fiasque de mauvais gin et une passe dans un  bordel de Memphis ou de Tupelo.

Pause musicale bien méritée

http://youtu.be/54GNI2K3-ec   John Henry    Mississippi Fred McDowell

http://youtu.be/-xPwEGPRmb8  John Henry   Big Bill Broonzy

http://youtu.be/U3eutnpTr3E    John Henry    Bruce Springsteen

                      A ne pas confondre avec John Hardy,ce salopard de meurtrier irlandais.Quoique...voir plus haut.Et dont voici la très bonne version des excellentissimes sbires du non moins bon Manfred Mann. Ca c'est de l'hébreu réservé aux birbes baby boomers fans même pas ex des sixties.

http://youtu.be/KLhboAj-b2I     John Hardy     Manfred Mann

Bon,c'est pas tout ça.Deuxième partie:Ballades pour John Henry,le livre

                      L'action principale du bouquin se passe en 1996.Le héros, J., sa seule initiale courra tout au long du livre,est un parasite de métier, vaguement pigiste et dont la spécialité est de s'infiltrer dans les parties, cocktails, inaugurations, tout ce qui nourrit son homme pour pas un thaler. Avec quelques autres il fait partie de la Liste.Mais lui a fait le pari de faire l'intégrale, un an, avec 365 invitations à jouer les pique-assiettes. C'est ainsi que lui et ses potes se retrouvent au premier Festival John Henry,à Talcott, improbable bled de West Virginia, où aurait eu lieu le titanesque combat entre John et la Machine. Occasion pour Colson Whitehead de décrire par le menu les citoyens américains avec férocité et une certaine affection manifeste car après tout ils ne sont pas beaucoup plus débiles que nous autres les Européens nantis de siècles d'histoire,de culture et de modestie. Majorettes, élus locaux, commerçants, musiciens, prêcheurs gospellisants, le festival bat son plein avec ses enfants perdus pour une barbe à papa et ses fontaines à bière assiégées. La prose est oxygène,les phrases sont ciselées.

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                                  Choral est ce livre et Whitehead est son prophète à tête blanche.Tu l'as bien cherchée,cette vanne là, Colson. Une foule d'autres personnages,aucun n'est vraiment prédominant, mais quelle étoffe.Par exemple la fille d'un passionné de John Henry qui est venue à Talcott pour d'un côté  disperser les cendres de son père près du fameux tunnel meurtrier,et de l'autre vendre les innombrables pièces de la collection de son dit père, invraisemblable capharnaum de mochetés à l'effigie de John Henry. Un peu comme votre voisine avec Claude François,d'accord.

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                                   Je n'en finirai pas de décrire la richesse de Ballades pour John Henry. et je n'oublierai pas Alphonse Mills, philatéliste ferropathe,qui est épris de timbres sur le chemin de fer, et qui a fait lui aussi le voyage de Talcott pour cet extraordinaire bal des Américains sur leurs racines, où le grotesque le dispute au prodigieux, où un auteur majeur nous embarque dans une odyssée Americana qui a la profondeur d'un blues ancestral et le souffle d'une épopée du cheval de fer.Alors s'il y a un livre que j'avais envie de voir figurer dans le bel Octobre américain de Noctembule http://22h05ruedesdames.wordpress.com/   c'est bien Ballades pour John Henry.

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Un avis déjà ancien mais très proche du mien sur http://passiondeslivres.over-blog.com/article-16271776.html

 

 

16 septembre 2013

American teaser

Mois américain

                                             Chez Noctembule http://22h05ruedesdames.wordpress.com/ le mois d'octobre sera américain. Très intéressé je vous proposerai dès le 1er octobre le meilleur livre que j'aie lu depuis,depuis,depuis... très très longtemps. Le billet s'appelle On ira tous aux parasites.

                                             Et pour fin octobre en Lecture commune avec La jument verte de Val le livre de Sylvia Plath La cloche de détresse.Si cela vous tente...

30 août 2013

La dame du Michigan

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                    Athalie A les lire , déjà lectrice de quatre romans de Laura Kasischke, a partagé avec moi La vie devant ses yeux,une première pour moi que cette auteure américaine très présente sur les blogs littéraires. On parle beaucoup de Laura Kasischke ne serait-ce que dans le dernier Télérama qui m'apprendra au moins que ça se prononce Kasiski. Ah Télérama! Pardon. Bof! Voilà déjà un premier élément de ma chronique. Diana, une housewife pas desperate, avec un mari enseignant en philo, une petite fille modèle et un mi-temps comme prof de dessin.Quelque part dans le Middle West. C'est bien le Middle West et pour le lecteur français ça reste un peu indéterminé, alors on se le fait, son petit Middle West, à l'ouest du centre, au centre de l'ouest,dans une région moyenne et que des centaines de romans et de films ont fini par stéréotyper dans le rôle de l'Amérique profonde. Un zeste d'américanophobie l'accompagne parfois, ce lecteur hexagonal, à mon avis. J'ai dit parfois. Je pense souvent.

                 Sans que ce soit explicitement conté on a vite compris que Diana a été vingt-cinq ans plus tôt traumatisée par un drame au lycée. Et ces drames sont tellement américains,typiquement,à en reproduire les pires gestes comme usuels. Kasischke fait éclater la chronologie mais de cela non plus je n'ai guère été charmé. Ces ruptures dans la narration n'ajoutant rien à l'inquiétude qui devait sourdre en moi, moi lecteur, au demeurant peu concerné,j'ai lu, parcouru serait plus juste La vie devant ses yeux sans la moindre émotion. Ceci ne signifie pas que j'ai bâclé cette lecture, simplement que le roman ne m'a pas captivé,pas capturé pour que mon coeur se mette à la chamade,au moins un peu. La quatrième de couv. qualifie le roman de critique cruelle de l'Amérique petite-bourgeoise. Tellement moins impresssionnant qu' Elephant le film de Gus Van Sant qui, il est vrai, n'est pas dans le même registre. Ca encore,ce n'est pas grave,mais La vie devant ses yeux me semble bien peu innovant et bien peu motivant à aller plus profond dans l'oeuvre de Laura Kasischke. Souvent évoquée, la touche de "fantastique quotidien" m'a laissé froid. Constat un peu sévère,sûrement, mais Madame Kasischke est tellement encensée par ailleurs. Par exemple dans Télérama.

                 La vie devant ses yeux est aussi un film dont j'ignorais l'existence. Le metteur en scène m'est tout aussi inconnu. Uma Thurman en est l'interprète. En voici la bande-annonce. http://youtu.be/sPN1lR8R6JY

 

         

 

 

26 août 2013

Ol' Man River, de boue et de sang

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                             Voilà un roman de type plutôt traditionnel qui a obtenu un vif succès en Amérique.Avec Hillary Jordan on retrouve le Sud,celui d'Erskine Caldwell bien que la vie évoquée soit ici un peu plus tardive. Sans la truculence paillarde du Petit arpent du bon Dieu ou de La route au tabac. Mais avec autant de racisme, de violence et de boue. Le titre original Mudbound est à ce titre plus explicite. Henry et Laura cultivent une petite ferme dans le Mississippi. Autour d'eux une famille de métayers noirs, les Jackson dont le fils Ronsel vient de rentrer de la guerre en Europe ainsi que Jamie, le frère de Henry,de presque vingt ans plus jeune,plus jeune d'une guerre on va dire.Et puis Pappy,leur père qui vit dans la très modeste maison,vieux grigou adepte du Klan.Et un monde souvent féroce pour les noirs dans ce Sud peu enclin au mélange des genres, féroce aussi pour ceux qui ne détestent pas assez les descendants d'esclaves.

                      Mississippi, classiquement, donne la parole alternativement aux principaux protagonistes. On a souvent vu ça. L'histoire se déroule, un peu trop attendue cependant, vers le drame inévitable, sans forcément trop de vraisemblance.Les retours de guerre sont difficiles,ça aussi c'est un passage à peu près obligé dans ces romans américains ruraux où la réadaptation est chose presque impossible. La traduction fait parler les noirs petit nègre. Je n'ai jamais aimé ça bien que ça soit logique dans ce type de récit .Ces inconvénients n'empêchent pas une histoire rondement menée à laquelle on peut prendre plaisir. Pourtant il me semble que Gérard Collard, le célèbre libraire qui donne son avis un peu partout et n'exprime que lui-même, il faut le dire et le redire, s'enflamme un peu beaucoup tout comme les jurys littéraires américains quand ils parlent d'un des romans de la décennie. Je n'irai pas si loin et Dédale de Biblioblog, lui ,va encore moins loin.

                          Dernière perfidie de ma part envers ce livre qui m'a pourtant plu mais ne laissera guère de traces:pour la vie dans le Delta n'importe quel vieux blues m'en conte beaucoup plus en trois minutes. Par exemple Robert Johnson avec ce Blues de la crevette morte.

http://www.biblioblog.fr/post/2010/08/02/Mississippi-Hillary-Jordan

14 août 2013

Et la Comtesse a regretté

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                             Pavé de bonnes intentions,mon chemin a croisé celui de Brize.Encore fallait-il que je trouve un bouquin de plus de 600 pages,c'était la règle du jeu. Un bon roman d'Irvin Yalom en Livre de Poche,budget raisonnable,ferait l'affaire.Le seul livre, par moi lu, de cet auteur était le formidable Et Nietzsche a pleuré  Divan viennois:ainsi pleura Zarathoustra Sûr,j'allais me régaler et me pourléchais les babines à l'idée d'avoir suivi celle de Brize (d'idée).Mal m'en a pris,la potion m'a semblé insipide et toc. La déception est à la hauteur de l'attente.

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                                    Deux choses essentiellement dans ce roman:des consultations chez le psychanalyste et des pages et des pages sur le poker.J'en baille encore à me demander ce qui m'intéresse le moins.Et pourtant comme j'avais aimé la fiction de Yalom,si bien écrite, et si fertile,cette rencontre entre le Dr Breuer, mentor du jeune Sigmund Freud, et Nietzsche, par l'intermédiaire de Lou Andreas Salomé. N'y pensons plus.Pour ce Mensonges sur le divan point besoin de ne plus y penser, c'est déjà dans les limbes de l'oubli,tellement refoulé dans ls replis de mon moi profond,enfin mon moi profond c'est un peu ampoulé, disons mon moi tout court.

                                    Alors qu' Et Nietzsche a pleuré, ancré dans Vienne et ma chère Mitteleuropa,touchait son lecteur au coeur et à l'âme en recréant l'ambiance de la préhistoire de la psychanalyse, émouvante et ludique, on s'ennuie ferme dans cette Californie d'executive women, de psychiatres douteux,de joggers insipides, de businessmen surbookés. Longues conversations au fil rouge souvent libidineux, pensions de reversion faramineuses. Aussi intéressant pour moi qu'une série télé formatée, Mensonges sur le divan m'a surtout donné envie d'une bonne sieste à l'ombre, et aussi de demander à Brize le remboursement de mes 8.60 Euros. Tiens,j'ai une petite fringale de galets, de caillous. Halte au pavé.

 

3 juin 2013

Fitz au Ritz

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               Avec l'éternel retour du sémillant Jay Gatsby j'ai eu l'occasion de lire quelques nouvelles de Fitzgerald.Il y en a presque trop dans ce recueil de 27 textes dont le plus célèbre donne son nom à l'ouvrage.Elles ne m'ont pas toutes séduit outre-mesure. J'avais pourtant envie de m'enflammer sur les jeunesses perdues de Scott,de Zelda et de moi par la même occasion.J'ai presque peiné à m'intéresser à certaines de ces chroniques d'une jeunesse étudiante puis adulte,à tous ces personnages qui d'ailleurs se croisent dans un univers un peu frelaté d'aisance et de conformisme.Mais rien n'est si simple avec Scottie et quelques textes sortent du lot malgré tout.

             A travers cette inégalité qualitative j'ai cependant découvert cinq ou six pépites où l'émotion affleure en quelques dizaines de pages.Le plus souvent tout semble terriblement autobiographique dans ces lignes,Fitzgerald a surtout écrit sur Scott et Zelda. Dans ce moments j'ai retrouvé la grandeur et la douleur de The great Gatsby et Tendre est la nuit,les deux incontournables qu'on aurait tort de contourner.

             Retour à Babylone s'avère bouleversant et explore le très "people" Paris des écrivains américains de l'entre-deux guerres. Charlie Wales a vécu quelques années folles entre Ritz et Montparnasse avec sa femme Helen et sa petite fille.Krach et crises aidant la vie est devenue plus difficile.Revivra-t-il avec sa petite Honoria,pour l'heure sous la tutelle de la soeur de son épouse décédée?Cette nouvelle touchera tous les pères,sans grandiloquence et pathos.On s'en doute, l'alcool coule allégrément au long du recueil, dans Un voyage à l'étranger par exemple où un jeune couple très glamour,ça rappelle quelqu'un,est confronté lors de  ses escales européennes à un autre couple,en fait eux-mêmes,un peu plus vieux.Effrayant.

Fitzgerald

             La lie du bonheur est une énième variation sur le malentendu amoureux qui conduit l'homme et la femme à sacrifier leur félicité au souvenir .Souvent le monde dépeint par Fitz nous semble privilégié.L'est-il vraiment,je n'en suis pas certain.Sans nul doute par contre,et même si cet ensemble se révèle disparate et frise parfois le ridicule,ce monde s'avère d'une immense fragilité où l'on a vite fait,très vite fait,de perdre la santé,voire la raison,voire la vie.Parmi les dernières nouvelles,très brèves,j'ai aimé surtout La mère d'un écrivain,quatre pages où une vieille dame meurt en confondant son fils,auteur,avec un duo de poétesses bon marché. Splendide humiliation.Et aussi Trois heures entre deux avions,brèves retrouvailles  de Nancy et Donald,plus de vingt ans après une amourette d'enfants,en fait une méprise.Et qui se termine par cette désespérance "Donald avait pas mal perdu au cours de ces quelques heures entre deux avions,mais étant donné que la seconde moitié de la vie est un long processus d'abandon de certaines choses,cet aspect-là de son expérience n'avait pas probablement pas d'importance."

        Désespérant,je vous l'avais dit,surtout que la deuxième moitié de la vie,pour Fitzgerald,commença à 21 ans.Paradoxalement le dernier texte,La fêlure,qui traite de l'impuissance créatrice qui saisit Fitzgerald assez rapidement m'a laissé de glace,malgré cette belle métaphore,"J'avais le sentiment d'être debout au crépuscule sur un champ de tir abandonné,un fusil vide à la main".C'est pourtant une phrase qui s'applique à toute panne.

          

27 avril 2013

Ennui vénitien

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           Grosse déception que cet Alibi de Joseph Kanon dont j'avais, tant apprécié L'ami allemand,The good German au cinéma, Soderbergh, Clooney.Venise a rarement semblé aussi peu inspirée dans ces premiers mois après la fin de la guerre.Un jeune Américain,démobilisé,retrouve sa mère qui va se marier à un médecin italien.Qui est vraiment cet homme? S'intéresse-t-il surtout à la fortune de cette femme?Et le Grand Canal a-t-il beaucoup de cadavres à vomir ainsi?

          Autant le Berlin de 1945 était judicieusement étudié par Joseph Kanon avec ses trafics divers,ses vestes retournées in extremis,et ses signes très précoces de la future Guerre Froide,autant l'auteur se noie dans les eaux troubles de la Sérénissime.Rien ne m'a intéressé dans cette histoire qui mêle résistants au fascisme et chemises brunes,qu'on confond allégrément.Bien sûr les immédiates après-guerre peuvent être diablement séduisantes pour l'univers du polar.Mais ce qui fonctionne dans le Berlin de L'ami allemand ou la Vienne du Troisième homme,ça ne marche pas sur la lagune.Chiuso! Scusami mais, Dieu merci, j'ai connu La mort à Venise autrement excitante,et des Lunaisons vénitiennes d'un tout autre calibre.Pourtant j'aimais bien la photographie de couverture.

26 février 2013

Blues is here to stay

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           Vieux de 40 ans ce bouquin sort enfin en France.C'est,je pense,une référence pour les amoureux de cette musique si belle et si méconnue ici.Nous en sommes pas en présence d'une encyclopédie qui compilerait les innombrables musiciens qui ont participé de près ou de loin à la naissance et la croissance du blues,des blues,devrais-je écrire.Ce n'est pas non plus un traité de musique sur les gammes mineures,le shuffle I-IV-V,ou les paroles assez conventionnelles à base de road again et de feeling blue.Non,c'est plutôt un voyage sur les chemins du blues et du early rock qui s'attarde sur le destinées musicales de quelques musiciens,pas forcément les plus connus,à l'exception de Muddy Waters et Howlin' Wolf.

         Particulièrement intéressants sont les chapitres sur deux maisons de disques,mythiques s'il en est,Sun Records et Chess Records.Sun,sous l'influence de Sam Phillips,enregistra nombre de bluesmen régionaux à Memphis,puis un jour signa le disque 209,d'un jeune camionneur né à Tupelo.Ce disque devait changer le monde,et le label jaune nanti de onze rayons de soleil allait conquérir la planète. Sam Phillips venait de découvrir Elvis Presley,illustrant ainsi la grande cohérence beuglée dans bien des morceaux de blues "Blues had a son and his name is rock'n'roll".

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             Chess Records, Chicago, est le label des frères Leonard et Phil Chess. Exploitants de clubs jazz plus ou moins douteux où la musique n'était que l'activité la plus légale,ces businessmen créèrent Aristocrat qui devint Chess Records et signa,excusez, Muddy Waters, Howlin' Wolf, Sonny Boy Williamson, Buddy Guy,avec un son de plus en plus électrique.Puis les seuls rockers noirs, Bo Diddley et Chuck Berry.Avec l'omniprésent grand contrebassiste et compositeur de blues Willie Dixon,a qui l'on doit My babe, Hoochie coochie man, Spoonful, You can't judge  a book by the cover.Un certain Keith Richards,à la question "Vos influences?" répondait "Tout ce qui sortait de chez Chess". Avec cet astucieux logo jeux d'échecs.

           Alcool, errance, précarité, prison furent les principales cases du jeu de l'oie des bluesmen,parfaitement évoquée par Peter Guralnik.Pour quelques gloires,et encore furent-elles tardives comme Muddy, John Lee Hooker, B.B. King,combien de ces formidables musiciens sont-ils morts misérables et fauchés?Grâce à ce bouquin, quelques-uns parmi les plus ignorés auront-ils au moins un peu de reconnaissance. Par exemple les deux oubliés de tous,y compris de moi-même, Robert Pete Williams,un des maîtres du Delta Blues et Johnny Shines,un compagnon de route du diable en personne,Robert Johnson.La troisième vidéo,elle,est tout simplement considérée par la Faculté du Blues de Beale Street, Memphis, Tennessee, comme le panthéon du blues acoustique,catégorie artisanale.Qui a dit "très artisanale"?

        

 
 
 Picture 26  http://youtu.be/Jkz2jz2sxtE   Prison cell blues
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

23 janvier 2013

L'oubli du souvenir

Westlake-memoire

                                   Parfois on comprend mal.Donald Westlake a publié des dizaines de romans de son vivant,sous de très nombreux pseudos. Et fourni la matière de bien des films,parfois français d'ailleurs.Pléthorique,son oeuvre compte au moins une centaine de titres.Et pourtant je ne l'avais jamais lu.Mais ce roman,Memory,est sorti cinquante après son écriture,Westlake le souhaitait-il posthume?C'est le cas car l'auteur est mort en 2008.Les livres habituels de Donald Westlake ont plutôt un registre assez humoristique d'après ce que j'ai vu,étant néophyte de cet écrivain.Mémoire morte est absolument passionnant,parcours douloureux de Paul Cole,acteur de profession, amnésique suite à bagarre avec un mari jaloux.Hospitalisé dans une petite ville de l'Amérique dite profonde,il sort,physiquement rétabli mais sans repère aucun de  sa vie antérieure ni moyen financier de faire plus de 100 km pour regagner New York.

                      Dans cette Amérique de 1960 le seul point positif pour Cole est qu'il trouve facilement un job dans une tannerie et en quelques semaines parvient à rejoindre la grande ville.Mais la déception sera de taille pour cet homme qui n'est plus personne et qui ne parvient pas à se reconstruire suffisamment pour en devenir un autre.C'est tout à fait pertinent par l'écriture précise et qui ne s'égare pas,de Donald Westlake.Il essaie pourtant,à,l'aide des classiques pense-bête,d'honorer ses rendez-vous médicaux ou professionnels,mais rien ne s'ébauchera vraiment. Le quotidien de Paul Cole tourne au cauchemar,amis inconnus,incapacité à renouer avec son métier d'acteur,quoi de pire que l'amnésie pour un comédien?Tout est terriblement compliqué,hors du moindre élément sûr pour ce qui est du passé récent.

                      Et puis Westlake sait très bien décrire cette vie simple au détour d'une petite gare,une vieille dame qui travaille encore au guichet,ou ce gardien d'immeuble plus très jeune lui non plus,à croire que cette Amérique ne draine pas que des destins clinquants. Mais ça,on le savait déjà.Quoiqu'il en soit je ne peux qu'engager les nombreux amateurs de la littérature américaine à lire ce roman.Rien d'un thriller,rien d'un nature writing,tout d'un grand livre.Le grand Edward Hopper,qu'on semble découvrir en France presque jusqu'à l'overdose,illustrerait parfaitement ce voyage étrange d'un étranger en son propre monde.

20 janvier 2013

Train de vie,tranches de vie

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                    Ce court roman de Denis Johnson devrait plaire au moins géographiquement au Bison,aficionado des grands espaces de l'Ouest.Je serais pour ma part un peu plus réservé.Bob est poseur de rails,bûcheron,dans le Nord-Ouest américain du côté du Washington. Au retour d'un de ses emplois saisonniers, il apprend que son village a été l'objet d'un violent incendie, que sa maison a été détruite par les flammes,et que sa femme et sa fille sont portées disparues.. Sans nouvelles, il va tenter de redonner un sens à sa vie, et de reprendre possession de ce lieu dans lequel les ombres du passé sont omniprésentes.L'histoire de sa vie court sur 70 ans environ et le livre n'excède pas 130 pages.Ce fut assez pour moi,ce personnage ne m'ayant pas tellement intéressé.

                 A noter qu'on n'est pas avec Rêves de train dans les années vraiment pionnières de la conquête de l'Ouest,mais un peu plus tard et que le seul indien que l'on rencontre élève des chiens.Robert Grainier,notre personnage est plutôt un solitaire qui cherche à reconstruire sa vie mais qui m'a rarement touché.Je ne sais trop comment le définir,un peu comme étranger à sa propre vie,logé dans une histoire légèrement nimbée de surnaturel,ce qui est par contre assez réussi.Au final ce livre sera passé dans ma "lecturitude" comme un rapide assez vite expédié. Probablement aurais-je préféré un omnibus qui me laisse le loisir de musarder et de coller de plus près aux personnages.N'oubliez pas de composter votre réponse avant l'arrêt du train.

17 décembre 2012

Des gens ordinaires

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            Dix nouvelles forment ce recueil de Tobias Wolff dont je n'ai lu que l'excellent bouquin sur le Vietnam Dans l'armée de Pharaon et dont je n'ai vu que l'adaptation de son livre Un mauvais sujet qui donna le film Blessures secrètes (Di Caprio,De Niro). Curieusement ce n'est pas la même nouvelle qui donne au livre son titre original.Voilà un livre qui est tout de sécheresse et de tranchant,des instants volés dans des vies américaines.Ils n'ont rien de transcendant,les personnages de Wolff et on n'a pas forcément envie d'en faire des amis.Et quelque chose en eux de pessimiste nous fait parfois nous sentir un peu mieux.Après tout on a un peu plus d'allure qu'eux,nous semble-t-il.

            La nouvelle titre,Chasseurs dans la neige,n'a rien de glorieux et il s'agit de trois chasseurs plutôt bas de plafond qui se querellent sur fond de médiocrité. Plusieurs nouvelles étudiants et professeurs sans que l'on sache quels sont les plus malheureux, englués qu'ils sont dans leurs conventions.Brooke par exemple est un enseignant qui se laisse entraîner dans une infidélité d'un soir,se laissant ainsi deviner par un collègue antipathique qui ne dira rien d'ailleurs.Mais quand même,cette aventure le met à la merci de  ce type qu'il n'aime pas.C'est pour le moins désagréable.Tout paraît assez petit dans ce recueil et ces petitesses font parfois notre vie à nous aussi.Pour cette raison un léger malaise m'a envahi à la lecture de ces textes,des vies commes lues par le petit bout de la lorgnette. L'institution universitaire,notamment dans Dans le jardin des martyrs nord-américains,nous est présentée comme particulèrement sclérosée.Tobias Wolff doit bien connaître ce monde,c'est vrai qu'il est lui-même professeur à Syracuse.

               Braconnage,le texte le plus beau à mon avis,explore le difficile retour à la nature d'un père en instance de divorce.Souvent chez Wolff on a l'impression que les choses restent en suspens,on n'est jamais sûr que cela soit fini.Un peu comme le voyage dans un car hors d'âge de la dernière nouvelle Le menteur.Un peu comme cette chronique...

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