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26 janvier 2013

Un Magyar,un Européen

les-confessions-d-un-bourgeois-alexandre-marai-9782226066077

                Immense auteur enfin honoré Sandor Marai le Hongrois qui choisit la nuit aux Etats-Unis en 1989 n'en finit pas de m'envoûter.Sixième livre pour moi,Les confessions d'un bourgeois date de 1934,Marai a alors 34 ans.Les autres ouvrages que j'ai lus sont bien plus tardifs mais la maîtrise de l'auteur est déjà très affirmée.Dans une petite ville de Hongrie l'enfance de Marai est celle d'une grande famille bourgeoise,pas chaleureuse pour deux forints et pas mal engoncée dans cette fabuleuse Mitteleuropa qui ne sait pas encore son explosion prochaine. Souvenirs des précepteurs,des voisins,d'un antisémitisme dans une version assez sinueuse.Le jeune Sandor connaît l'internat,proche de L'élève Toerless,on comprend bien là le tronc commun des Musil, Zweig, Schnitzler, Perutz, etc...ces auteurs qui me passionnent au sujet de ce monde qui va rompre,de cette dynastie Habsbourg qui les abrite plus ou moins,qui les étouffe serait un terme plus approprié.Entre église et bordel se fait ainsi l'éducation de l'enfant puis de l'adolescent,mal à l'aise et qui fuguera dès quatorze ans avnt d'être rattrapé par la grande démocrate de 14-18,celle qui a en quelque sorte remis en place ce vieux continent.

              La deuxième partie de ces longues confessions,bien qu'il ne faille pas prendre ce terme au sens moral,est consacrée aux quinze années suivant le conflit.Elle est tout aussi fascinante.Marié,enfin un peu,Sandor Marai vivra partout,à Leipzig,à Berlin au moment de la gigantesque inflation,un peu à Weimar aussi. L'hôtel Adlon et toute la mythologie du Berlin avant que la ville ne s'enténèbre. Marai,observateur, s'engage rarement,farouche individualiste.Plusieurs mois à Florence,assez impressionné par le fascisme,ce qui s'explique plutôt bien lors de la marche sur Rome même si l'homme n'est pas dupe longtemps.Il débarque à Paris pour quelques semaines et y vivra six ans,témoin parfois étonné,toujours d'une grande lucidité.Montparnasse,le Dôme,la Coupole, cette époque bénie où Marai,qui commence à vivre de sa plume,boit un verre aussi bien au Ritz qu'aux terrasses des grands boulevards.Ses descriptions de Parisiens valent leur pesant d'or que ce soit les chauffeurs de taxi ou les concierges.

         Sandor Marai est souvent à Londres,les Britanniques sont si exotiques et l'auteur est si habile à décrire ainsi toutes ces sociétés occidentales,si loin de sa Hongrie qu'il finira par regagner.Non sans avoir également visité les "provinces" françaises qui l'étonnent, tellement "sonné " par les vitraux de Chartres si chers à Péguy que Marai vénère.Il commence ainsi à comprendre cette France si étrange à lui,le voyageur,partout curieux de rencontres et contemplatif.Quelques verres dans un bistrot de Dijon,un matin avec les poissonnières de Calais,le sabir partagé avec quelques "métèques" à Marseille,Sandor Marai apprend tout de la vie,même l'ondulante politique de la Troisième République.

marai

           C'est curieux comme on a ignoré si longtemps Marai.La belle pièce Les braises me semble avoir enfin réveillé les lecteurs,un peu.J'ai déjà écrit sur plusieurs livres de celui qui a pris une place d'honneur dans mon panthéon littéraire,tardivement certes,mais fortement.Je vous invite à plonger tête baissée dans ses livres et à traverser ainsi trois quarts de siècle,avant que Sandor Marai ne décide que la vie a cessé de valoir le coup.C'était en février 89 à San Diego, Californie,si loin de la République Populaire de Hongrie qui ne devait guère lui survivre.Bien fait pour elle qui ne l'avait jamais beaucoup aimé.La photo avec Thomas Mann date de 1935.

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23 janvier 2013

L'oubli du souvenir

Westlake-memoire

                                   Parfois on comprend mal.Donald Westlake a publié des dizaines de romans de son vivant,sous de très nombreux pseudos. Et fourni la matière de bien des films,parfois français d'ailleurs.Pléthorique,son oeuvre compte au moins une centaine de titres.Et pourtant je ne l'avais jamais lu.Mais ce roman,Memory,est sorti cinquante après son écriture,Westlake le souhaitait-il posthume?C'est le cas car l'auteur est mort en 2008.Les livres habituels de Donald Westlake ont plutôt un registre assez humoristique d'après ce que j'ai vu,étant néophyte de cet écrivain.Mémoire morte est absolument passionnant,parcours douloureux de Paul Cole,acteur de profession, amnésique suite à bagarre avec un mari jaloux.Hospitalisé dans une petite ville de l'Amérique dite profonde,il sort,physiquement rétabli mais sans repère aucun de  sa vie antérieure ni moyen financier de faire plus de 100 km pour regagner New York.

                      Dans cette Amérique de 1960 le seul point positif pour Cole est qu'il trouve facilement un job dans une tannerie et en quelques semaines parvient à rejoindre la grande ville.Mais la déception sera de taille pour cet homme qui n'est plus personne et qui ne parvient pas à se reconstruire suffisamment pour en devenir un autre.C'est tout à fait pertinent par l'écriture précise et qui ne s'égare pas,de Donald Westlake.Il essaie pourtant,à,l'aide des classiques pense-bête,d'honorer ses rendez-vous médicaux ou professionnels,mais rien ne s'ébauchera vraiment. Le quotidien de Paul Cole tourne au cauchemar,amis inconnus,incapacité à renouer avec son métier d'acteur,quoi de pire que l'amnésie pour un comédien?Tout est terriblement compliqué,hors du moindre élément sûr pour ce qui est du passé récent.

                      Et puis Westlake sait très bien décrire cette vie simple au détour d'une petite gare,une vieille dame qui travaille encore au guichet,ou ce gardien d'immeuble plus très jeune lui non plus,à croire que cette Amérique ne draine pas que des destins clinquants. Mais ça,on le savait déjà.Quoiqu'il en soit je ne peux qu'engager les nombreux amateurs de la littérature américaine à lire ce roman.Rien d'un thriller,rien d'un nature writing,tout d'un grand livre.Le grand Edward Hopper,qu'on semble découvrir en France presque jusqu'à l'overdose,illustrerait parfaitement ce voyage étrange d'un étranger en son propre monde.

31 décembre 2012

Pour tous...ce qu'il se fait de mieux

Meilleurs voeux à tous! 

Ce que je vous souhaite,c'est là,juste en dessous

http://youtu.be/BxNZoZKq_5M 

                           Et puis ,encore en dessous,probablement les trois objets,enfin les trois oeuvres qui me tiennent le plus à coeur,dans les catégories où j'officie le plus souvent,cinéma,musique folk-rock-blues,littérature.De grâce,ne pas en déduire que le reste ne m'intéresse pas.Et pour vous toutes (la majorité) et tous...The best of everything.

Picture 25

http://youtu.be/-r0b_XeRkG4   Orson Welles

http://youtu.be/fHvf20Y6eoM   The Byrds

http://youtu.be/MBk-OQRI7LA  Dino Buzzati

 

14 novembre 2012

A l'orée du mépris

           Attention terrain glissant.J'ai donc lu Les lisières à peu près comme tout le monde,pas trop de mon plein gré mais,bon,on me l'a prêté.C'est déjà ça.Le pire,si j'ose dire c'est que c'est pas un mauvais livre.Cependant,il était un peu temps d'en finir tant le roman d'Olivier Adam conjugue un réel talent et une arrogance pas possible.Pas envie de dîner avec lui et vu ce que j'ai lu ce serait probablement réciproque.Olivier Adam a pas mal promené sa carrure sur les plateaux télé,ceux qu'il n'aime pas beaucoup dans son livre.Il est fatigant,Olivier Adam,il n'aime guère de monde,et surtout pas Olivier Adam.Il est en même temps plutôt malin,Olivier Adam et il sait retourner les choses en sa faveur sans en avoir l'air.Il tient un peu du prestidigitateur.J'aimerais en dire du mal,je vais le faire,mais avant je suis obligé d'en dire pas mal de bien.Si vous croyez que ça m'amuse.

lisieres

          Roman d'expérience,Les lisières raconte la vie d'un jeune quadra,milieu culturel,romancier lui-même,scénariste,branché du bon côté,tolérant mais ne supportant personne.Il a quitté Paris,c'est plus possible Paris,tu t'rends compte, pour la Bretagne.En divorce et souffrant de la situation il a décidé de revenir en cette fameuse lisière,la banlieue parisienne.Le mot est lâché.Retrouvant ses parents,le père avec lequel il est en conflit larvé,la mère effacée et très malade.Et la tendresse,bordel?Il trouvera moyen de nous faire presque croire que sa tendresse filiale,à lui,est d'une autre trempe.Et que,de toute façon,on ne peut pas comprendre.

        Paul en veut à son père de ne pas avoir su l'aimer,possible,mais plus encore de se laisser aller avec l'âge à des idées pas bien, c'est à dire des idées contraires à lui,Paul.Paul,lui,il sait ce qui est bien.Olivier Adam,aussi,manifestement.Et il ne se prive pas de nous le faire savoir.Et là,chose rare,j'ai terriblement envie de le frapper,Paul,pour le punir de toujours avoir raison.Parfois il a vraiment raison.Oh et puis qu'est-ce que c'est compliqué.Car voilà,derrière ce qui tient parfois du fatras prechi-precha pas mal démago quand même,se trouve Olivier Adam,écrivain et très bon qui plus est, quand il décrit ses si difficiles rapports avec son père.Ou quand il revient sur la mer qu'il aime longer et où il fait du kayak pour évacuer ses larmes. Qu'on se le dise,Olivier Adam est un être humain. Un gars qui fait du kayak en Bretagne et boude les salons ne peut être totalement mauvais.

          Mais,car il y a un mais,il m'énerve grave,Paul Olivier Adam (si en plus ils s'y mettent à trois).D'abord il use de facilités et ne nous épargne pas ses sarcasmes littéraires ou sociaux.Guillaume Levy et Marc Musso en prennent un coup.Ca m'a presque donné envie de les lire.Facile,ça,Olivier.Quand il revoit quelques copains de lycée,vingt ans après,il ne fait guère dans la sympathie.Mais comment lui donner tort,c'est souvent une terrible épreuve que d'être confronté à l'échec des autres,qui vous rappelle fâcheusement le nôtre,dans un registre différent,en mieux,ça va de soi.Il y a un peu de Paul en moi,et ça ne me plaît pas,il colle un peu,Paul,et je n'arrive pas à m'en débarrasser totalement.A lire,donc,Les lisières?

      Cependant Olivier Adam,si vous ne m'insultiez pas toutes les quatre pages environ,je finirais par apprécier.Est-on méprisable et nanti parce qu'on ne lit pas le même quotidien?D'ailleurs je n'en lis pas.J'ai parfois eu l'impression d'en prendre plein la gueule, probablement éteint puisque vous êtes éclairé.Votre hémiplégie a fini par m'écoeurer.J'en ai eu marre qu'on me donne des leçons.Si vous ne m'aimez pas,je ne vous aime pas non plus.Mais les baffes,c'est vrai que vous vous les mettez fort bien vous-même.Et c'est diabolique.Vous savez à qui vous m'avez fait penser,Olivier?A ces prêcheurs américains si prolixes et si prompts à mettre en garde les hommes contre les diableries.Un jour on à la preuve de leur duplicité.Ils se mortifient alors,s'accusent du pire,reconnaissent leurs torts à grands renforts de larmes.Et ainsi,les applaudissements redoublent et l'opinion leur redevient très vite laudative.Et les différentes démagogies de se mordre la queue.

    P.S.Accessoirement,et bien que ça m'écorche de l'écrire,vous avez un beau talent d'écrivain,Monsieur Olivier Adam.

7 novembre 2012

Pour seule richesse

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Pour  seule richesse dans ce livre...la littérature,de la plus belle eau qui soit.Troisième roman,pour moi,de Laurent Gaudé,Pour seul cortège est un roman d'anthologie dont la relative brièveté ne freine pas l'envol au coeur de la grande histoire,celle qui donne à réfléchir sur le pouvoir et sur le destin,à travers la mort d'Alexandre,phare de toute une époque et aussi encombrant mort que vivant.Le livre est admirable et je suis en désaccord avec ceux qui aiment le livre mais le trouvent somme toute d'une grande froideur.Pour moi il est possible d'être ému par le style et le tragique de cet ultime voyage d'Alexandre.

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Terrassé en Babylone lors d'un banquet Alexandre se meurt sous les fièvres.Que va devenir l'Empire avec ces prétendants à la succession et ces déchirures immédiates?Et quel est le rôle de cette princesse tirée d'un temple exilé que l'on ramène près du moribond?L'aventure,car c'en est une,des plus fidèles des compagnons de l'Empereur,se vit à travers les interventions de différents personnages tel un choeur antique,une polyphonie de l'épopée,justement évoquée par plusieurs critiques.
 
Certains parlent à propos de Pour seul cortège de clichés désuets et j'en suis surpris.J'ai un point de vue radicalement opposé.J'y trouve  le souffle romanesque allié à l'érudition qui fait de ce livre un "western" antique,une fresque mais pas croulant sous les hyperboles pédantes,un écho d'un empire qui avec la fin de son maître risque de se déliter,et des personnages de haut rang susceptibles comme tout un chacun de jalousies et de trahisons.Je suis sensible à la langue et à la sonorité  et ainsi je trouve que les noms propres des héros sont déjà pure poésie à mes oreilles de lecteur.J'ai pris plaisir à lire quelquefois à haute voix.Prononcer ainsi Tarkilias, Aristonos, Moxyartés est une jubilation,partie prenante de la lecture.Les lieux aussi exercent leur magie,l'Hyphase,l'Elymandros...Mais qu'on ne s'égare pas,Pour seul cortège n'est pas un exercice de style avec sa brillance mais aussi sa vanité.
 
Le long périple posthume d'Alexandre dont le corps est symbole,dont le corps est enjeu,devient sous la belle plume de Laurent Gaudé un extra-ordinaire récit où coule le sang des ambitieux et où frappent l'un contre l'autre les frères d'armes d'un passé récent.La cruauté n'est pas sans grandeur et la mort qui rôde a quelque chose d'exaltant.Certains blogueurs glissent une ou deux citations avec gourmandise.Ils ont bien raison mais je serais en peine d'en faire autant tellement ce livre s'élève au dessus de la mêlée littéraire.Une phrase toute simple m'a bouleversé par son universalité."Ce qu'ils on fait aujourd'hui,je l'ai fait hier" à propos des complots qui suivent forcément la mort d'un chef.Enfin,puisqu'il faut en finir,le personnage féminin est d'une richesse inouie,à lui seul justifierait les dithyrambes,le destin de Dryptéis étant âpre et barbare comme seuls savent l'être les dieux.
 
 
Ma note (je ne note jamais):17/20
Merci à Oliver de Price Minister qui a permis à bien des lecteurs ce beau voyage.
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31 octobre 2012

Vent du veld

BRINK

           Le roman du grand auteur sud-africain André Brink est très intéressant mais je mettrais une légère altération,ça s'appelle un bémol.Publié en France vers 78 le voyage d'une blanche européenne et d'un esclave noir dans la région du Cap,Un instant dans le vent,est aussi la fusion improbable de deux êtres,corps et âme,au milieu du XVIIIème Siècle,dans un pays neuf,pays qui s'avérera au fil des décennies comme une capitale de la douleur.Epreuve physique terrible, privations, faim et froid,Elizabeth et Adam, après une stupéfaction mutuelle de se retrouver liés de la sorte,vont entreprendre après la mort des compagnons et du mari d'Elisabeth d'une part,et d'autre part la fuite d'Adam qui a voulu tuer son maître,un voyage de retour vers Le Cap,voyage sans espoir pour ainsi dire car au cas inattendu où ils survivraient la colonie hollandaise de Cape Town serait quoiqu'il en soit bien incapable de les accepter et de les comprendre ensemble.Chronique d'un échec annoncé,cependant il n'est pas interdit d'entreprendre.

            Un instant dans le vent est une aventure,une sorte de Robinson Crusoe au coeur du veld sud-africain,désert et glacial parfois,torride souvent.Presque un manuel pour résister aux conditions extrêmes.Violent donc,car conserver la vie dans ces circonstances implique parfois d'égorger une jeune biche ou de massacrer une tortue.Comme un retour aux origines,Adam et Elisabeth vivront dans les grottes et mangeront parfois crû.Le pays est si extraordinaire mais si brutal.En cela l'Afrique du Sud s'est perpétuée. Bien sûr,combattant historique de l'apartheid, catégorie intellectuel blanc,André Brink a un peu tendance à prêcher, parfois dans le désert au sens propre. La faute est vénielle et la cause est juste.Parfois les causes justes me fatiguent un peu.Et puis je le confesse, si André Brink et J.M.Coetzee sont de grands écrivains, Karel Schoeman me touche plus. La rédemption par l'amour du couple Elizabeth et Adam qu'on aimerait saluer demeure pour moi comme théorique.

         Au rayon des certitudes celle que l'Afrique du Sud,tourmentée et plurielle, déchirée mais prometteuse peut-être, dispose d'une richesse littéraire qui a l'étendue de la savane et le goût brûlant du bush."Tu enfanteras dans la douleur" semble être sa devise. 

30 septembre 2012

Militer,limiter

DOS

          Pour le challenge d'Asphodèle j'ai choisi de lire John Dos Passos si souvent cité jadis avec Hemingway, Steinbeck et Faulkner parmi les phares littéraires du siècle américain.Mais avec Aventures d'un jeune homme si l'on est bien dans les années 20-40 on est à mille lieues de la jet-set,du Paris de la Coupole que fréquenta pourtant Dos Passos,et de la demeure  de Gatsby.Il faut dire un mot sur le parcours idéologique de Dos Passos. .Pour faire court on dira qu'il est parti d'une gauche assez radicale pour finir nettement à droite.Ceci n'est pas un problème mais aide à situer un peu l'écrivain,actuellement en un sérieux purgatoire.Je n'avais lu que l'extraordinaire Manhattan Transfer, hallucinant collage de destins dans la ville,lu quand j'avais 25 ans.Mon souvenir en est ébloui mais il arrive que le souvenir soit plus fort que l'éblouissement.

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           Ce roman raconte les aventures politiques et amoureuses de Glenn Spotswood, jeune Américain,fils d'un professeur pacifiste. Pas particulièrement nuancé, tout comme Dos Passos à cette époque,on a vite compris de quel côté penche Glenn.Attiré par le Parti Communiste, il s'enthousiame pour l'action des mineurs et des chicanos. Rien de bien surprenant. Il s'engage pour la guerre d'Espagne, bardé de certitudes,de celles qui courent encore partout et que j'appelle tragiques hémiplégies.Mais les querelles de chapelles finiront par miner Glenn.Après les "pur et dur" et les progressistes à peu de frais, de nouvelles désillusions l'attendent, et le destin de Glenn prendra sa mesure. A travers la vie d'un homme, Dos Passos passe doucement sur le plan littéraire de l'inventivité de ses jeunes années à un néo-conformisme inévitable,celui qui nous étreint tous un jour ou l'autre.

        Ce n'est pas un personnage qui m'a réellement intéressé.Aventures d'un jeune homme est somme toute très convenu et des beaux quartiers de New York aux frontières mexicaines,de la soviétophilie aveugle aux maquis de Catalogne,je me suis bien ennuyé un petit peu.Un retour à Manhattan Transfer s'imposerait-il?Mais le temps?

23 septembre 2012

Agrafé (tag peut entre autres se traduire par agrafe)

                 Peu familiarisé avec le tag (ce doit être la seconde fois) je réponds volontiers à celui que me propose Asphodèle car il reste très centré sur la littérature.Le plus difficile dans ce genre d'exercice est de se limiter à une seule réponse.Je vais essayer de m'y conformer.Ca n'est pas si simple sauf pour la première question qui n'a souffert pour moi aucune hésitation.

Livre que j'ai particulièrement aimé

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         Je ne suis pas  sûr que le verbe aimer soit le bon.C'est un peu au delà.C'est un livre qui m'a bouleversé,transformé,révélé,un peu démoli aussi.J'aime les phrases et celle que j'ai coutume de citer pour ce livre c'est celle-ci.Le désert des Tartares m'aurait permis éventuellement de ne plus jamais rien lire d'autre,tant le Lieutenant Drogo...c'est moi.

Livre qui ne m'a pas plu

         Pas plu du tout,il y en a très peu car j'arrête avant la fin en général mais nous y reviendrons.Assez récemment j'ai lu et détesté Rouge dans la brume de Mordillat auquel je ne ferai pas le cadeau d'une illustration.

Livre qui est dans ma PAL

         Je n'ai pas vraiment de PAL.Ma PAL c'est la blogosphère des lecteurs qui me proposent tous les jours des dizaines de livres.L'un des prochains pourrait cependant être celui-ci.

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Livre qui figure parmi mes souhaits (je n'aime guère wish-list)

         Pourquoi pas celui-ci? Mais attention,l'original, Oiseaux d'Amérique de J.J.Audubon,que peut-être les blogueurs associés pourraient m'offrir pour la modique somme d'environ huit millions d'euros.

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Livre auquel je tiens

         Sans hésiter n'importe lequel des "Livre de poche" de mon père.Par exemple celui-ci,que pourtant je n'ai jamais lu.Juste un peu effiloché,mais je sens sa présence.Il avait quitté l'école à douze ans mais il lisait Steinbeck et Remarque.

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Livre que je voudrais vendre ou troquer

         Une fois j'ai vendu un petit lot de Balzac.Je n'ai pas coutume de faire ça.J'en ai donné à des bibliothèques.Puis j'ai compris que ça ne les intéressait pas tellement.

Livre que je n'ai pas réussi à terminer

         Alors là il y a une superstar et je me suis déjà exprimé là-dessus.Dois-je l'avouer?Je suis très sceptique quand quelqu'un me dit l'avoir lu.Mais ça n'arrive pas tous les jours.Depuis ce livre il y en a quelques-uns qui sont restés en rade.Mais pour ce phare j'ai abandonné page 45.Lisez Grand combat (et les commentaires).

Livre dont je n'ai pas encore parlé

        Un livre immense sur lequel je n'ose pas vraiment communiquer.Seuls quelques privilégiés l'on eu entre les mains.Ce livre a entre autres qualités innombrables celle de prendre très peu de place.

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Livre en lecture commune

     Je n'ai encore jamais pratiqué.Il y a tant de challenges,tant de choses intéressantes,tant de choses à faire.Et,accessoirement,il y a la vie ... 

19 septembre 2012

A Cork et à cris

  o'f

                 Sean O'Faolain est un auteur irlandais qui vécut tout le siècle dernier ou presque (1900-1991).Je ne le connaissais pas,je lis pourtant pas mal l'Irlande mais elle est si riche en littérature.Passions entravées est un recueil,une compilation de 14 nouvelles qui courent sur 40 années.Le titre générique fourre-tout donné à cet ensemble ne me plaît pas beaucoup mais on aurait tort de s'y arrêter. C'est une belle brochette de personnages qu'il nous propose,la plupart en mal de vivre et en troubles souvent réfrénés,Erin savait serrer l'étau.

                Les histoires sont assez variées et je ne vous en préciserai que quelques-unes qui m'ont plus particulièrement intéressé. Une cigogne valsait avec un rouge-gorge explore un couple très improbable, une vieille fille irlandaise et d'un faux aristo italien menteur et pudibond.Le petit Quinquin nous présente une version d'un classique du genre famille, le fils à sa maman, possessive ça va de soi.Le plus beau texte, Un monde brisé est un dialogue à trois dans un train d'une irlandaise lenteur entre le narrateur,un prêtre trop sûr de lui et un fermier peu loquace,sur la situation du pays.Vraiment très fort.Un génie est né est aussi une bien belle prose qui explore notamment le goût du chant,si profond en Irlande,et la complicité impossible entre un homme et une femme,deux belles voix,mais de condition différente.Insurmontable handicap en ce milieu de siècle.James Joyce,celui de Gens de Dublin,n'est pas si loin.

                Sean O'Faolain fut très engagé dans l'IRA,puis enseignant.Il a tenu une place de choix dans l'éclosion de bien des talents littéraires irlandais,en particulier à travers la revue The Bell. Eireann,maître es Erin,nous donne ci-dessous son point de vue.

O'FAOLAIN Sean / Passions entravées

8 septembre 2012

Mon père avait raison

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                                      John Burnside va rejoidre dès maintenant mon graal littéraire toujours visible ici même.Souffrant un peu d'autocomplaisance vers la fin Un mensonge sur mon père est dans la lignée,très autobiographique à mon avis, de Une vie nulle part Nowhere man. Burnside n'a pas vécu une jeunesse d'enfant de choeur,cela se respire à chaque page.Dans son Ecosse de minerai et de grisaille le personnage,au coeur des années soixante,est bien loin de la Swinging London.Joliment introduite par le mensonge du narrateur,John,maintenant un homme mûr,à un autostoppeur,cette ballade du temps d'enfance,d'adolescence et de jeunesse à travers l'absence au moins affective de la figure du père,se révéle terriblement clivante quant à notre propre divorce d'avec nos vertes années.Ce père est un enfant trouvé,donc un enfant perdu,à peine un enfant.

           Ces relations, plus inexistantes que difficiles entre le père,emmuré dans l'alcool et le boulot,et son fils,qui va très vite basculer dans la drogue,sont parfois à pleurer de désespoir.Ce n'est guère dans l'éveil des sens que le jeune homme trouvera une route semée d'étoiles,ses jeux érotiques plus sado-maso que baignant dans la tendresse.Un mensonge sur mon père s'avère parfois éprouvant.Même si une mère dépressive et anémique a protègé comme elle a pu John et sa sœur, même si le rock a pu accompagner l'apprentissage si douloureux (et ça c'est un élément auquel je suis particulièrement sensible,et j'aimerais un jour écrire davantage là-dessus qu'un article de trente lignes),même si une bibliothèque qui brûle peut finalement et curieusement s'avérer rédemptrice,on ne peut s'empêcher vis à vis de John d'une sentiment d'ambivalence quelque peu reptilienne,où la fascination finirait par triompher.

            Ce père,John,lui donne une allure de Robert Mitchum et je ne sais la part de réalité de cette idée,comme de celle qui ferait de ce même homme un ancien de la prestigieuse Royal Air Force,devenu ouvrier d'usine.Mais je trouve que c'est une bien belle licence littéraire.Parce que,et je me souviens de ma longue formation cinéphilique toujours en cours,Mitchum,c'est l'inquiétude même,dans tous ses films.Cette silhouette souvent hautaine et dédaigneuse,ce regard fatigué et décadent font de lui un archétype de l'ambiguité, le Love/Hate de La nuit du chasseur.Certains critiques évoquent une autre dualité quant au personnage du père de John:Jekyll/Hyde.Et la menace, présente du début à la fin,on ne sait laquelle d'ailleurs,mais une épée de Damoclès.Quant à la R.A.F on saisit bien le symbole,ce qui se fait de mieux dans l'establishment britannique (attention,pour moi rien de péjoratif),quelque chose qui aurait pu être,qui sait...

         Les sentiments du père et du fils l'un pour l'autre,au long d'un psychodrame des années durant,sont magistralement rendus par cet écrivain,aussi poète,qui évoque les terreurs de l'enfance à travers Edgar Allan Poe.Les pulsions ne seront pas meurtrières,enfin pas directement.Mais il s'en faut de peu.

 

12 août 2012

Il me semble en effet qu'en vieillissant...

untitled

                         Voilà un deuxième roman français qui m'enchante en quelques semaines.L'âge venant,me rapprocherais-je d'une littérature que j'ai somme toute assez peu fréquentée.Auvergne,début des années soixante.Albert est ouvrier chez Michelin,et la télé arrive chez lui,aujourd'hui même où Cinq colonnes à la une diffuse un reportage sur l'Algérie.On doit y voir son fils aîné Henri. Gilles,autre fils d'une douzaine d'années ne s'intéresse qu'à la lecture,Balzac surtout.Drôle d'idée, non? Suzanne son épouse semble ailleurs.Un couple ordinaire de ces années, l'ascenseur social fonctionne assez bien,mais les armes aussi.Albert est un homme bien.Mais son goût de la vie vacille alors que le monde bascule.De toute façon le monde,notre monde bascule un peu tous les jours,plus ou moins.Le roman de Jean-Luc Seigle est un très beau livre qui parvient à l'émotion sans débauche d'effets spéciaux,sans grandes scènes racoleuses.La tragédie intime d'un homme simple se cristallise un jour de juillet 61.Se pose à lui la question essentielle:a-t-il aimé la vie et les autres,ses proches,si loin finalement?

              En quelques heures Albert prendra conscience d'un présent pas très enchanteur,notamment à s'occuper de sa vieille mère atteinte d'Alzheimer,comme on ne le disait pas,et d'un avenir flou.Une scène très belle où il lave entièrement la vieille dame est d'une pudique beauté très émouvante.Travailleur obstiné,calme jardinier du dimanche,paisible mais volontaire,Albert remet en cause sa paternité, son mariage,s on existence.Parabole aussi que cette irruption de l'objet télé dans l'univers familial.C'est très discret, c'est néanmoins très prégnant.La Guerre d'Algérie est là,tapie au coeur de cette campagne auvergnate et il me semble m'en souvenir très bien,moi qui n'avais que onze ans à cette époque.En vieillissant les hommes pleurent,c'est un très beau titre pour un livre.Un livre qu'on achèterait rien que pour son titre...et qu'on aurait la très bonne idée de lire.Profond,profond et durable.

          

29 juillet 2012

Accusé de pâleur

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                         Je n'avais plus lu Michael Connelly depuis une dizaine d'années, déjà un peu lassé au bout de cinq enquêtes.Cet été je suis donc retourné à L.A. pour une déception assez marquée. Volte-face est un produit de confection qui n'a plus rien du thriller comme les concoctait le Michael Connelly de Créance de sang ou L'oiseau des ténèbres.Une précision:on est plus dans le prétoire que dans le polar.Ce qui veut dire pas mal de verbiage administratif et très peu,pas du tout,d'action,puisqu'il s'agit d'une possible erreur judiciaire que l'on réexamine après 24 ans,cause ADN.Mais le système pénal américain est assez récalcitrant au profane et s'est pointé rapidement un sentiment d'ennui.J'ai cependant accordé un sursis à Connelly et ai finalement assisté à toute l'affaire,qui pour moi ne restera pas dans les annales littéraires.

                 J'aimais bien Harry Bosch,un des enquêteurs récurrents de Michael Connelly.Mais dans Volte-face il ne tient guère qu'un rôle subalterne derrière le narrateur,avocat de la défense en général,passé exceptionnellement du côté de l'accusation contre le prévenu,que l'on rejuge pour le meurtre d'une enfant,voire de plusieurs.Et l'auteur de nous initier aux arcanes de la procédure,ce qui tient du pensum.C'est curieux comme j'ai trouvé tout assez laborieux dans ce roman,les palabres s'accomodant mal du thriller et l'enquête ne palpitant guère.De grâce messieurs les auteurs laissez un peu les serial killers en liberté.Ils ont bien le droit de s 'exprimer car dans le box des accusés ils sont souvent bien ternes et Volte-face aussi fait pâle figure.Ou simplement l'imagination manque à Michael Connelly,ce qui est pardonnable et peut arriver à beaucoup,notamment aux écrivains (trop)prolifiques.

5 juillet 2012

Le prompt Guy court

           La Fête des Pères m'a valu L'art français de la guerre,et du coup vous vaut en titre cette drôlissime contrepéterie.Je n'étais guère emballé,la littérature française actuelle n'encombre pas mon espace livre.De plus,le soupesant,je comptai 630 pages.Papa modèle(?), je remerciai avec effusions,craignant le pensum.Hors,le Goncourt 2011 est un roman extraordinaire,de loin ce que j'ai lu en France de mieux depuis des années.Alexis Jenni,prof de 48 ans,publie ainsi son premier roman.Le choc est de taille,de masse et d'estoc,pour rester dans la métaphore militaire.

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       Parcours en parallèle de deux personnages.Il n'ont pas le même âge mais leur rencontre s'avèrera essentielle.Un jeune homme mal dans sa peau et un ancien militaire se trouvent un point commun,la peinture,le dessin plus précisément.Ils ont beaucoup à s'apprendre,l'un écrira l'histoire de l'autre,l'autre qui le formera à l'art de peindre.Mais ce résumé est infiniment réducteur.L'art français de la guerre tient de l'épopée,de l'aventure,de la fresque qui jamais ne s'égare,rare pour une fresque,mais aussi du journalisme écrit.Le théâtre militaire tragique et grotesque,tant de l'Indochine que de l'Algérie,y est stupéfiant d'empathie et de complexité.Je pense n'avoir jamais lu ça.

          Dans ces chapitres guerriers les hommes sont passionnants,grandioses et velléitaires,les interrogatoires dans une villa mauresque d'Alger,comme les mines meurtrières du Tonkin y ont des accents universels.Mais tout ceci est un peu court pour signifier mon enthousiame envers ce roman magnifique,si bien construit où la langue française,un personnage à elle seule dans ce récit de la fin des colonies,est superbement mise en valeur.Plongez dans L'art français de la guerre,vous aimerez et le narrateur,et Victorien Salagnon.Et d'autres qui traversent la Haute-Région ou la casbah,des braves types conduits au pire.Le pire ce n'est pas toujours l'autre même si l'autre sait l'odieux tout aussi bien.Impossible dialogue," la mâchoire figée dans un spasme galvanique". Retrouvailles de la Résistance, douloureuses et personnages secondaires passionnants,le médecin juif grec ou l'ami Mariani,milicien dans l'âme et,le croiriez-vous,intéressant.Une belle critique cinématographique aussi quand le narrateur chronique le film La bataille d'Alger avec lequel il n'est pas tendre.

      L'autre art dans L'art... c'est le dessin et l'encre notamment avec des pages entières sur cette sorte de calligraphie du minimum, car Salagnon a beaucoup appris de vieux maîtres vietnamiens,accessoirement combattants du Vietminh.L'homme est ainsi fait.Les gens du Prix Goncourt,de fieffés lecteurs quoiqu'on en dise,ont bien fait d'éclairer ce roman,de loin le plus fort en France depuis longtemps.Certes j'en lis peu.Mais c'est mon avis.Et encore une fois quelle merveille que la langue française chantée par Alexis Jenni et ses personnages.

16 juin 2012

Le rougeoiement du soir dans l'Ouest

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            J'ai gardé comme titre le sous-titre du livre en question.Je fais rarement ça mais il est si beau qu'il pourrait être élégiaque, bucolique, poétique.Fausse Route, tiens, un autre livre pessimiste de Cormac McCarthy.Mais attention,c'est du brutal.J'ai mis assez longtemps relativement pour lire Méridien de sang car c'est épuisant.Une horde hétéroclite de types sans foi ni loi,d'une cruauté impensable et totalement fantasmagorique hante le Sud et le Mexique dans les années 1850.Peu importe l'époque,de toute façon on est complètement hors norme,la trace la plus marquante de ce bouquin très riche étant quand même le massacre.Mais alors le massacre élevé au rang d'un art majeur.En quatrième de couv. on cite La horde sauvage,le film de  de Sam Peckinpah et on n'a pas tort.La violence ,le baroque,l 'horreur éclatent à chaque chapitre comme les cerveaux et les viscères et ce vieux Sam,pas un enfant de choeur toutefois,est ainsi relégué au jardin d'enfants.

      Quelques individus dominants surnagent dans cette sinistre compagnie: Glanton,chef "militaire",le Juge,nommé Holden comme l'acteur principal de La horde sauvage,caution "morale",un colosse qui se pique de philosophie et de dons pour le dessin,mais c'est à l'abattage en série d'Indiens,Mexicains et tous êtres vivants, qu'il excelle vraiment,le Gamin,seul à posséder une éventuelle ébauche de début d'once d'humanité.Cormac McCarthy est un torrentiel aux longues phrases et aux rares virgules.Cruauté à chaque page,scalps et mutilations,colliers d'oreilles diverses,Méridien de  sang ou Le rougeoiement du soir dans l'Ouest est un opéra baroque, un peu à la sud-américaine,zébré d'éclairs de sang où la boue succède à la poussière,où les femmes sont putains,vieilles ou mortes ou les trois,où l'armurerie est poésie et où l'on danse beaucoup,une danse obscène de violence,où l'homme dégradé a manifestement perdu la confiance de l'immense romancier McCarthy. Immense et fatigant.Ce sillage de la mort dans le Sud et l'Ouest est somptueux, grotesque et fascinant,du Jérôme Bosch du Nouveau Monde.Mais,Dieu,ou Diable,que c'est éprouvant,tous ces crânes fracassés!

   Deux mots encore.McCarthy voue un culte à Melville et c'est vrai qu'il y a du Moby Dick dans la quête effrénée et sans limite des assassins de Blood meridian.Et il semble que Ridley Scott ait renoncé à l'adaptation du bouquin,envisagée il y a quelques années et absolument impossible de toute façon, malgré le sens du visionnaire du cinéaste de Blade Runner et Alien.

4 juin 2012

Incipits, pas insipides

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                       Catégorie non fiction,que je fréquente assez peu,j'ai trouvé très intéressant cet essai de l'Israélien Amos Oz sur la littérature,plus précisément sur les débuts de romans,ces amorces d'histoires qui posent les premières pierres de l'aventure-livre.L'histoire commence c'est une étude érudite mais accessible (assez) sur les incipits,premières lignes de quelques romans célèbres ou non.Ca m'a donné envie de regarder à deux fois les commencements des prochains romans car c'est très important,ça peut stimuler ou assoupir notre intérêt.Ca peut aussi nous fourvoyer.Ou nous épargner un bouquin qu'il faut avoir lu mais dans lequel on va traîner un ennui incommensurable.

                 Amos Oz revient sur une douzaine de livres dont deux livres en hébreu strictement inconnus de mes services (mes services c'est moi, Eeguab, Blogart, la Comtesse, dire si ça fait du monde).Par contre sa réflexion sur Le nez de Gogol,Le violon de Rotschild de Tchekhov ou Un médecin de campagne de Kafka. est très structurée et ouvre ainsi l'univers de ces grands maîtres.La plus active à mon sens de ces exégèses d'incipits,si c'est pas savant,ça,est cependant celle de L'automne du patriarche de Gabriel Garcia Marquez,un auteur que je ne goûte pas.Oz nous décrypte les premières pages de ce roman sud-américanissime très précisément. Après avoir lu Oz parlant de Marquez j'ai toujours très envie de lire le premier et toujours aussi peu le second.Pourtant Oz aime L'automne du patriarche. Comprenne qui pourra.

28 mai 2012

Canyon un peu boulet

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         La facture est très classique,le thème rebattu,la nature hostile mais rédemptrice,le mal bien identifié et l'Ouest sauvage barré de tractopelles. Compris,on est dans le nature writing,mais un peu de série.Trois générations, Justin,professeur,Paul,son père,bougon,une culasse de carabine à la paume et à l'esprit,Graham,son fils,préado sensible.Hommes des bois pour un week-end,ça va mal se passer.Couplet sur les rapports père et fils,pas mal sans plus,un peu pesant sur la gâchette.Brian,lui,couturé du dedans et du dehors,est de retour d'Irak comme on revenait du Vietnam dans les années Platoon-Deer hunter.

     Karen,la femme de Justin,en cinquième rôle maximum,et minimum quota féminin si j'ose dire.Promoteurs très pro-promoteurs,Tom Bear Claws,Indien de son état,pro-casino sous couvert de défendre la tradition.Guest star un grizzly qui n'existe pas dans l'Oregon,paraît-il.Ben voilà c'est à peu près tout ce que j'ai à vous en dire.Un roman aussi surprenant qu'une soirée télé sur M6.La couverture évoque Délivrance de James Dickey,ce qui est pour le moins très excessif.Je joins ici l'avis de Keisha,guère plus enthousiaste.

http://en-lisant-en-voyageant.over-blog.com/article-le-canyon-99140392.html

17 mai 2012

Géographie: Oxford, Mississippi

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                Oxford n'est qu'une petite ville de 20 000 habitants mais elle est assez célèbre.En histoire d'abord, Oxford,choisie comme siège de l'université du Mississippi,et nommée ainsi en référence à la grande école britannique,accueillit en 1962 pour la première fois un étudiant noir,James Meredith.Cela ne fit pas plaisir à tous.Mais cela donna naissance à plusieurs chansons sur le thème,floraison de textes engagés étant la norme dans les midsixties.Notamment celles de Bob Dylan et Phil Ochs.

             En littérature,Rowan Oak, grande demeure sudiste (photo), a abrité William Faulkner, son épouse, ses livres et ses alcools,tout cela n'étant pas forcément dans l'ordre préférentiel.Quant à James Meredith,les choses étant souvent plus complexes que la droite ou la gauche,par exemple,ou le blanc et le noir,il devint un soutien des Républicains.

http://youtu.be/1PLFKimdUOA  Phil Ochs  Ballad of Oxford

http://www.deezer.com/music/track/7365745   Bob Dylan  Oxford Town

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13 mai 2012

Ma cabane en Alaska

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        Impressionné comme beaucoup par Sukkwan Island j'ai attendu un peu pour aborder Caribou Island.Ca me rappelle une jolie chanson  qui s'appelle J'irai jamais sur ton island.Parce que les islands vues par David Vann c'est pas de la tarte.Le premier livre était assez désespéré.Le second,Désolations,pour une fois le titre français n'est pas trop mal vu,serait plutôt désespérant.C'est pire.D'abord David Vann a le chic pour nous présenter des personnages médiocres, inintéressants, souvent pas mal beaufs,vaniteux.Inintéressants? C'est pas  sûr finalement.Un homme n'a qu'une obsession,bâtir une cabane de rondins dans une île paumée en Alaska.On ne sait même pas vraiment pourquoi.Son couple est en train de sombrer,sa femme malade traîne un boulet freudien lourdissime.Et puis l'Alaska n'est pas la Floride,on finit par s'y geler les neurones.Tous deux manipulent billes de bois péniblement transportées sur un bateau besogneux.Douleurs articulaires et blessures aux mains assurées.

    Ils ont bien eu deux enfants,adultes.Enfin,adultes,ça se discute.Le fils n'est vraiment lui-même que camé ou bourré.Le type même du gars qu'on n'a pas envie d'avoir comme ami.Il y en a comme ça.Les cadences péremptoires de la pêche au saumon, industrielle,en haute saison ne tendent certes pas vers la poésie mais cet homme n'a manifestement pas grand -chose à foutre de ses parents.Sa soeur,physiothérapeute (mais ce n'est pas par confraternité que je la sauve),très mal attelée avec un dentiste menteur comme un arracheur de dents,a bien conscience du malaise grandissant puis culminant chez ses parents.Elle fera ce qu'elle pourra mais chez David Vann,jusqu'à présent car il n'y a que deux romans,toute grâce semble vouée à l'échec.

     Ainsi donc le mari et la femme,j'ai oublié leur prénom et rendu le livre, n'échangent plus que des efforts harassants pour bâtir cette odieuse cabane,entre insultes et mépris.D'évidence ce ne sera pas "Home,sweet home".Désolations est un bon livre, fort bien documenté sur la nature alaskane d'une clémence relative.Je veux bien go West mais pas à ce point-là.Pour vous remonter le moral ne comptez pas sur David Vann.Pour une lecture de qualité mais réfrigérante,si.Pour voir une ébauche de label Vann,eh,peut-être.

L'avis  de Claudia  http://claudialucia-malibrairie.blogspot.fr/2011/10/david-vann-desolations.html

6 mai 2012

Par le sang des innocents

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          Le challenge de Nathalie Chez Mark et Marcel  est plutôt à vocation littéraire.Pourtant j'ai pensé que cet article pouvait trouver une petite place dans la botte d'Il viaggio.Il était assez difficile de voir Le Christ interdit, seul film de l'écrivain italien Curzio Malaparte.Je l'avais vu adolescent mais ne me souvenais que de quelques rares images,peu festives.Car il n'est pas léger léger ce film et Malaparte traîne encore un parfum sulfureux. L'ayant déjà évoqué (Chasse aux alpins)  je rappellerai  brièvement le chemin sinueux parcouru par Malaparte, engagé pour la France dans la Grande Guerre,fasciste puis antifasciste.Il aurait même rejoint le PCI sur son lit de mort.

     Présenté à Cannes en 1951 Le Christ interdit suscita des polémiques et entretint le trouble,il dure toujours, sur la personnalité de l'ambigu Kurt Suckert,Toscan de père allemand.Sadoul,le peu nuancé critique français très encarté du côté d'Oncle Jo,intitula sa chronique Le Christ interdit,film néofasciste de Curzio Malaparte.L'excellent Jean Gili,passionnant spécialiste du cinéma italien,cite dans le livret du DVD Edoardo Bruno : "Le film donne,avec une extrême clarté,une confirmation de la confusion,de la pingrerie morale et de la niaiserie de l'auteur".C'est vrai que cinq ans seulement après la guerre le film prêtait aux controverses.A ma connaissance il n'est pas resté dans le coeur des Italiens pourtant très attachés à leur cinéma,très peu lié au Néoréalisme et si loin de la comédie.Tentative d'explication, c'est un peu lourd,mais pas sans intérêt soixante ans après.

     Bruno (Raf Vallone),prisonnier de guerre,rentre au pays.Des difficultés de l'après-guerre j'ai déjà souvent disserté (Rossellini et le Néoréalisme,une fois de plus).Il a l'obsession de venger son frère,trahi et exécuté.Mais le silence règne,tout noir sous le soleil toscan et dans les vignes qui reprennent lentement le goût de vivre.Très lentement comme les villageois,à commencer par sa propre mère.Elle sait,sa cousine sait,son amie Nella sait.Mais à quoi bon revenir sur ce que l'on ne peut plus empêcher.

Il viaggio

        Tout cela a fortement décontenancé la critique italienne,l'oeil rivé vers l'Est.Déjà que Malaparte était pour le moins discuté,hors du sérail.Pire encore on n'aime guère le titre ni cette représentation de la foi dont on ne sait si elle est sincère ou hérétique.L'hallucinant personnage du tonnelier,joué avec son austérité coutumière par l'homme sans sourire Alain Cuny,ne détend pas l'atmosphère, figure christique plus encore que dostoïevskienne. On n'est pas très loin du bouc émissaire,cette théorie actuellement tellement dévoyée et démago.Très mal à l'aise aussi la très catholique Italie devant cette représentation,un défilé des objets de la Passion et des porteurs masqués. Irrévérence ou profondeur,personne ne le sait vraiment.On cherche un volontaire pour figurer le Christ (scène de Gino Cervi en prophète illuminé).On ne trouve qu'un chien.Le Christ interdit,je l'ai dit en préambule,est un film très pesant,de ceux qui vous laissent un goût de cendre,tout presque athée que l'on soit.

       Et puis il faut remonter au, début des années cinquante et je considère que ce Christ a été le fossoyeur du Néoréalisme tout en en empruntant les derniers oripeaux,version rurale,alors que c'était plutôt la cité qui concentrait les meilleurs éléments néoréalistes.Trop de psychologie tue la vraisemblance.Mais revoir ce film 45 ans  après une première vision procure une sensation indéfinissable.On a le droit de ne pas aimer le film de Curzio Malaparte.L'histoire du cinéma italien,une fois n'est pas coutume,l'a un peu vite écarté.Au nom d'une certaine morale?Allez savoir."Il est plus facile de pardonner que d'oublier",nous propose de méditer l'auteur complet (y compris la musique). 

   http://youtu.be/LqRDFPOhslE  Quelques minutes de Il Cristo proibito

3 mai 2012

Double jeu

        Que vous inspirent les cinq premières photos? C'est un jeu cinéma mais j'ai rajouté deux indices en 6 et 7 qui devraient faciliter le travail si nécessaire.Suis-je bon et généreux...

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  5. jeu5
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  7. jeu7

 

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