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30 décembre 2014

Armageddon Rag (Full metal planet)

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                                         J'ai sacrifié au culte George R.R.Martin non pas avec Game of Thrones mais avec ce thriller rockapocalyptique que m'a très gentiment envoyé une blogueuse anonyme qui lit en commun avec moi régulièrement et qui très hippophile aime aussi beaucoup Marcel Aymé. Armageddon Rag, petit pavé de 583 pages, certains en parlent comme d'une bible. Mais Mr.Martin n'est ni Tolkien ni Stephen King, grandes figures tutélaires qui semblent planer au-dessus de  ce roman tels le faucon immense et maléfique des cauchemars, nombreux, de Sandy Blair, écrivain qui couvre la campagne de reformation des Nazgul, groupe de hard-rock dont le chanteur est mort abattu en plein concert au Nouveau-Mexique. C'était en 1971. Dix ans après c'est leur ancien manager qui est victime d'un meurtre satanique.

                                         Sandy Blair, romancier en panne, enquête et voit ressurgir les vieux démons d'un activisme politique ultradémago en fait et surtout ultrahalluciné. Came à tous les stades, donc banal à, pleurer, George R.R. Martin n'y va pas avec le dos de la petite cuiller. Loin de moi l'idée de faire du monde du rock une asso de premiers communiants, mais Armageddon Rag perd rapidement toute mesure et par là même toute raison d'être. Et de ce roman de mes vingt ans, que Martin a conduit à feu et à sang comme un véhicule de science-fiction totalement incontrôlable, je ne retiendrai que les titres des chapitres, tous empruntés aux meilleurs morceaux rock ou folk de la jonction fin sixties début seventies. Ce livre est un barnum qui mélange tout, ruine millénariste, vagues réminiscences des années-fleurs, pacifisme très peu pacifique, somme toute, j'ose le dire, des choses qui ne m'ont guère passionné. C'est ma pauvre blogueuse anonyme qui risque d'être verte de déception.

                                     Libre à vous de vous arracher les tripes sous les soixantièmes rugissants de décibels zébrés de rage et de tonnerre. Et l'impression que George R.R.Martin est plutôt un faiseur. J'ai beaucoup lu sur le rock, bien que ce rock lorgnant vers le métal (ça pour être métallique, le roman l'est, de fer et d'acier et d'airain) ne soit pas le mien. J'en ai surtout tant écouté, et je continue. Et je rêve à un grand roman sur cette musique, qui ne serait pas une suite obscure de descentes aux enfers sur fond binaire explosif, culminant en une bataille d'Armageddon hiroshimesque, à faire passer Altamont pour un goûter champêtre, mais une vraie saga sur cette révolution que furent ce style musical et ses innombrables dérivés. Y a quelqu'un qui m'a dit que, publié en 83, Armageddon Rag pouvait être considéré comme une oeuvre de jeunesse, et que partant de là il ne fallait pas trop vite dévisser Martin de son trône. Dont acte. 

                                    J'oubliais le principal, la dédicace de ce livre. Et là je m'incline et signe avec empressement. Vous pouvez taper là dedans au hasard, sorte de bande originale idéale, j'en réponds sur le souvenir de mon premier accord barré, tant j'ai aimé ces gens-là.

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17 décembre 2014

Barocco

Sorentino

                                      J'ai lu sur ce roman des critiques très favorables et je les trouve exagérées. Mais c'est un roman foisonnant qui recèle des moments vraiment excellents. Tony Pagoda, crooner napolitain plus de toute première fraîcheur, traîne son ennui chronique malgré le succès. Le succès, bon, c'est pas Sinatra non plus. Son couple en est à l'heure zéro, multicocaïné Tony ne rebondit plus guère, sex addict doucement en voie de garage, le latin lover sur le retour file un mauvais coton. Lire tout ça n'est pas le plus intéressant du livre. Mais Ils ont tous raison se sauve par une rage, une rage vacharde d'humour, une férocité qui apparaissait déjà chez le Sorrentino cinéaste de La grande bellezza, cette oeuvre protéiforme et comme enfantée par Fellini et Moretti.

                                      Tony Pagoda finit par jeter l'éponge et se retrouve au Brésil où il vivra dix-huit ans, en ce pays de démesure. Manaus, Amazonie, capitale mondiale du cafard mais alors du cafard XXL, du cafard de prestige, du cafard de très haute volée. Quand il raconte ses démêlés avec l'insecte géant, on le sent admiratif, le Tony. Et puis c'est un sacré conteur, le gars, une rencontre avec Sinatra qui tourne court entre deux plus qu'éméchés, une extraordinaire scène à l'opéra de la jungle, digne du Fitzcarraldo de Werner Herzog, une bagarre homérique dans un bouge d'une favela, le comble du snobisme pour un monstre sacré de l'art lyrique dont il fait la connaissance. Tout ça sur fond d'overdose tant sexe que drogue à tel point que j'ai un peu une overdose d'overdoses. Lassant.

                                      Sur le plan littéraire quelques trouvailles "Un jour, on n'est plus que le lumignon de soi-même". Quelle clairvoyance. Tony s'égare parfois dans les confidences qu'il nous fait, sur sa famille et ses amis musiciens. Hilarantes les relations entre un cousin avocat plus qu'obèse et bourré d'angoisses et son beau-frère magistrat proche du nabot et bourré, lui, de complexes. Paolo Sorrentino et sa créature Tony Pagoda ont de la famille à l'italienne une conception très particulière.  Alors, vieux cinéphiles que nous sommes, on pense aux Monstres, à Affreux, sales et méchants, à ces films délicieux et arbitraires, géniaux et dérisoires, si proches malgré les Alpes qui n'ont jamais empêché chez moi une italianité qui revendique le droit, aussi, au mauvais goût, et un soupçon de misanthropie, moins cependant que dans l'extrait suivant:

                                     "Tout ce que je ne supporte pas a un nom.(...) Je ne supporte pas les joueurs de billard, les indécis, les non-fumeurs, les imbéciles heureux qui te répondent "pas de souci", les snobinards qui pratiquent l'imparfait du subjonctif, ceux qui trouvent tout "craquant", "trop chou" ou "juste énorme", ceux qui répètent "c'est clair" pour mieux t'embrouiller (...), les fils à papa, les fils de famille, les enfants de la balle, les enfants des autres (...), les tragiques, les nonchalants, les insécures (...), les gagnants, les avares, les geignards et tous ceux qui lient facilement connaissance (...).Je ne supporte rien ni personne. Ni moi. Surtout pas moi. Je ne supporte qu'une chose.La nuance."

                                       Quant à Tony Pagoda, finira-t-il par se laisser convaincre d'un retour au pays natal,ça le mènerait vers une Italie où les monstres et les histrions sont bien plus dangereux que ceux des films de Dino Risi? E pericoloso..., et ça, le Napolitain Paolo Sorrentino le sait mieux que quiconque.

11 décembre 2014

La poésie du jeudi, Anatole France

Poésie du jeudi 

                                       Extrait du recueil Poèmes dorés,un sonnet de facture très classique. Triste sort de ce gallinacé. Dans ce même ouvrage plutôt bucolique, Les cerfs, Les sapins,Le chêne abandonné.

La perdrix

Hélas ! celle qui, jeune en la belle saison,

Causa dans les blés verts une ardente querelle

Et suivit le vainqueur ensanglanté pour elle,

La compagne au bon cœur qui bâtit la maison

 

Et nourrit les petits aux jours de la moisson,

Vois : les chiens ont forcé sa retraite infidèle.

C'est en vain qu'elle fuit dans l'air à tire-d'aile,

Le plomb fait dans sa chair passer le grand frisson.

LES

Son sang pur de couveuse à la chaleur divine

Sur son corps déchiré mouille sa plume fine.

Elle tournoie et tombe entre les joncs épais.

 

Dans les joncs, à l'abri de l'épagneul qui flaire,

Triste, s'enveloppant de silence et de paix,

Ayant fini d'aimer, elle meurt sans colère.

Anatole France (1844-1924, Poèmes dorés)

7 décembre 2014

Taylor et les haricots magiques

haricot

                                          Le plaisir est trimestriel avec Valentyne, celui de commenter une lecture commune. Nous avions choisi le premier livre de Brabara Kingsolver, L'arbre aux haricots, paru aux U.S.A. en 1988. L’arbre aux haricots – Barbara Kingsolver Trois états américains constituent notre périple avec Taylor Greer qui ne tient pas à finir ses jours dans ce coin paumé du Kentucky et qui décide de mettre cap à l'ouest si sa vieille guimbarde veut bien y mettre un peu du sien. Taylor n'est d'ailleurs pas son prénom mais quitte à changer de vie...

                                         Sur un parking d'un motel d'Oklahoma, et là on mesure la poésie des lieux, une femme dépose dans la voiture de Taylor une toute petite fille indienne et disparaît.Taylor ne condamne pas cette femme, acculée probablement à l'irrémédiable, car la petite est en piteux état, et il faudra du temps pour que cette enfant qu'elle a prénommée Turtle s'éveille. Et c'est en Arizona qu'elle rencontre Lou Ann, jeune maman elle aussi et dont le mari Angel vient de partir. Deux solitudes vont ainsi s'épauler et c'est le sens premier de ce chemin commun, deux volontés, deux mères, deux femmes pour un roman peu pourvu sur le plan masculin. A croire que Barbara Kingsolver l'a voulu ainsi.

                                         Mais j'exagère, à travers le symbole de L'arbre aux haricots de ce coin du Sud brûlant, l'auteur donne comme une belle leçon plutôt optimiste, un brin forcée quant à moi, mais bien sympathique. Lou Ann et Taylor savent se battre contre les conventions et les préjugés et avec l'aide d'un couple de réfugiés guatémaltèques, Estevan et Esperanza  et de la brave Mattie, garagiste de son état et qui rechape les pneus plus vite que son ombre. Nécessité dans ces bleds où les voitures sont souvent loin de satisfaire au contrôle technique. A ainsi empoigner la vie le sort des deux familles s'améliore et même l'administration semble coopérer quant à l'adoption de Turtle. Et à cette petite on découvre un don pour la botanique et le vocabulaire.En bref j'ai trouvé à cet Arbre aux haricots un vrai charme, une récréation un tout petit peu appliquée, mais à l'ombre duquel on passe un heureux moment de lecture.

P.S. Merci à Asphodèle pour la PAL en selle, nouvelle bannière.  

5 décembre 2014

Automne meurtrier dans l'archipel

Constellation d'Adrien Bosc

                                   En partenariat avec Price Minister que je remercie, une belle lecture que cette sorte de musique de chambre, discrète et concrète, sur le destin foudroyé de 48 personnes parmi lesquelles et seulement parmi lesquelles Marcel Cerdan et la pianiste célèbre Ginette Neveu. Adrien Bosc, récompensé par différents prix, je ne suis pas ça de trop près, alterne la dramatique trajectoire du tout récent Lockheed Constellation F-BAZN d'Orly aux Açores, en cette fin octobre 1949, et des éléments disparates qui ont amené les 37 passagers à prendre ce vol. C'était un temps où l'on ne volait pas encore si souvent, à moins d'être un pro ou une star, aussi l'auteur met-il presque au même niveau les modestes bergers basques et le sportif adulé, l'homme d'affaires fortuné et la jeune fille dépressive. Il n'est de vrai que la vie, la vie de chacun.

                                   Dans Constellation l'auteur a su très bien saisir cette époque et collecter les hasards de la vie, la vie au petit bonheur la chance, celle d'une petite bobineuse de Mulhouse brusquement héritière industrielle à Detroit. Celle aussi d'un important collaborateur de Walt Disney qui fut en quelque sorte l'inventeur du merchandising. La Roche Tarpéienne est décidément bien proche du Capitole. Adrien Bosc a tenu à se rendre sur le Mont Redondo, qui plus est  à la date anniversaire précise de la catastrophe. Cela donne un récit qu'on pourrait qualifier de choral si l'adjectif n'était parfois galvaudé.

                                   Et puis il y a les faits, techniques, précis dans toute leur sécheresse, climatologique, mathématique. Sans s'apesantir et en quelques 200 pages voilà un auteur qui a su m'investir dans cette histoire tragique, par ailleurs banale et que résument bien ces quelques lignes dès la deuxième ou troisième page: "Sur le carreau, les deux jeunes époux, Edith et Philip Newton, de retour de leur lune de miel, faisaient les frais de la priorité de la célébrité..." Décidément la vie ne vaut rien même si rien ne vaut la vie. Parfois tenant du dérisoire comme de l'essentiel, de l'anecdotique comme du fondamental, Constellation est un très bon roman où rien n'est grandiose mais où tout est vital.

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4 décembre 2014

Je tiens à ce que vous sachiez que je n'ai pas grand-chose à dire

                               Trois lignes sur quelques heures d'ennui. Jim Harrison, objet d'un culte ici en France que j'ai souvent trouvé exagéré, m'a deux fois pesé lors des deux novellas de Nageur de rivière. Ni le sexagénaire sur le retour près de sa soeur et de sa mère, ni ce jeune homme si bon nageur mais qui m'a semblé brasser du vent ne m'ont intéressé. Je laisse ce vieux Jim à ses lauriers.

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                              Ismet Prcic, Bosniaque émigré en Amérique, est loin de m'avoir fait rêver avec California dream. Le Point en écrivait ceci, tenez-vous bien, "Fougueux comme un film de Kusturica, inventif comme le Philip Roth de la grande époque et déchirant comme une complainte de Tom Waits". Grand emballement aussi outre-Atlantique. Quant à moi je l'ai lu cet été et je ne m'en souviens plus.

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                                 J'ai tenté L'expérience Oregon, autre état de l'Ouest, mais décidément ce voyage là non plus ne m'a pas régalé. Keith Scribner envoie un couple tout là-haut au Nord-Ouest, pour un séjour au sein d'un milieu antimondialiste et écologique. Tout cela sur un ton prêchi-prêcha, sans finesse et sans intérêt. Comme toujours ces mots n'expriment que mon opinion.

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24 novembre 2014

Ta guérison, ma déraison

VALLEJO    

                                          François Vallejo, dont j'ai jadis apprécié Ouest, a réussi avec Fleur et sang un excellent roman à double lecture, dont les héros sont deux médecins, l'un médecin apothicaire dans la France de Louis XIV, l'autre chirurgien cardio à notre époque. Un côté plutôt fleur, un côté plutôt sang. Vu ainsi ça ne nous éclaire pas beaucoup. Les deux  histoires sont indépendantes et cependant tout à fait en résonance. Dans une paroisse de Touraine, le jeune Urbain Delatour, élève de son père à son corps défendant, observe les relations complexes que son père, chirurgien et apothicaire, entretient avec le maître des lieux, seigneur de Montchevreuil. Suite à la disparition de ce dernier c'est sa fille unique qui règne, que maître Delatour est mystérieusement le seul à pouvoir raisonner. Le jeune Urbain, lui, est sous le coup d'une certaine attraction-répulsion envers elle, pourtant dotée d'un physique hors norme.

                                          Trois siècles plus tard, Etienne Delatour, interne à Tours, tombe amoureux d'une jeune fille affligée d'une légère claudication mais terriblement séduisante. Là aussi importance de la différence, y compris physique, traitée très joliment par l'auteur. Quel sera le poids exact d'Irène de Saint-Aubin dans la vie d'Etienne, devenu brillant cardiologue, parfois contesté? A travers ce portrait d'un homme très complexe et indéfinissable ce n'est que bien des années plus tard que la véritable nature de leur relation se précisera mais il faut convenir que très habilement François Vallejo laisse l'ambiguité régner. Beau roman sur la manipulation dans les deux cas, tant on hésitera à prendre parti. C'est un de  ces romans qui laisse le lecteur diriger sa barque, il y a bien des écueils, et l'on ne saisira jamais l'essence intégrale des deux médecins d'Ancien Régime, le père notamment échappant à trop de sanctification, pas plus que l'on ne se prononcera sur la sincérité/duplicité d'Etienne.

                                           Vallejo est un écrivain très fin, qui refuse les facilités, mais qui honore la littérature française, ce qui empêche probablement de plus grands tirages. J'encourage à découvrir, tant Ouest que Fleur et sang, et bien d'autres romans encore. Le titre de cet article est emprunté au livre,phrase plusieurs fois prononcée par Etienne Delatour s'adressant au patient. Très troublant.

22 novembre 2014

Les plumes...by Asphodèle: Le faussaire et le plagiaire

                          La nuit portant conseil Asphodèle nous propose ce qui suit; 26 mots dont deux peuvent être retranchés, suivant la règle du jeu: vol-chat-transfigurer-chauve-blanc-solitude-silence-matin-se ressourcer-ivresse-ténébreux-épuisement-insomnie-étoilé-fête-rêver-sommeil-voyage-chanson-fesse-recommencement-voluptueux-sarabande-passeur-prologue-papillon. Merci Aspho.

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                                           Vol de nuit s'était crashé de la bibliothèque et les pages en étaient explosées. Où était la boîte noire afin d'essayer de le reconstituer? Ce n'était pas tout, les Contes du Chat Perché ne l'étaient plus du tout, perché, noyé dans la gamelle de mon chien Croc-Blanc. Rayon polars, guère mieux, les deux Ray (La grand sommeil, La solitude est un cercueil de verre) s'étaient fait la belle. Foutredieu,plus de trace du fameux Voyage du Dr. Destouches, l'avais-je seulement consulté sérieusement? Et que dire de la poésie? Ni La bonne chanson, ni Les fêtes galantes du buveur d'absinthe ne donnaient signe de vie. Autodafé de ma pléiade à moi. Nuit de cristal de mes auteurs.

                                           Au moins les classiques m'étaient restés fidèles, me pris-je à rêver. Hélas, déshonoré, Balzac , Une ténébreuse affaire, porté disparu. Et d'autres, moins étoilés certes, un Papillon s'était lui aussi trissé, était-ce donc le bagne sur mes étagères? O, livres, Un turbulent silence m'étreint en ce matin, auquel embôite le pas bien vite la terreur d'un recommencement de type auditif . Mes galettes? Mes galettes?

                                           Enfer et damnation!  Pas plus de Nuit sur le Mont Chauve que de Nuit transfigurée, plus le moindre prélude d'un wagnerien prologue, la Sarabande luciférienne continuait, m'entraînant, voluptueuse à force d'être odieuse, vers des abymes-abysses d'insomnies et d'épuisement. La maudissais-je, cette nuit asphodélienne venant de chez quelqu'un chez qui j'avais tant aimé me ressourcer, en son accueil si souvent pourvoyeur de tendres ivresses, et passeur de bien belles émotions.

 

                                                                               Quelques mots, bien qu'un texte n'en ait normalement nul besoin. Le titre m'est venu très vite, conscient de la manière cavalière et contestable dont j'ai traité le sujet cette semaine. Abus de name-dropping (quelle hérésie d'écrire ça), emprunts innombrables frisant la forfaiture. Je tiens à remercier mes collaborateurs sans qui je ne serais pas ici ce soir. Par ordre d'entrée en scène, Antoine de Saint-Exupéry, Marcel Aymé,Jack London, Raymond Chandler, Ray Bradbury, Louis-Ferdinand Céline, Paul Verlaine, Honoré de Balzac, Henri Charrière, André Brink, Modeste Moussorgsky, Arnold Schönberg, Georg-Friedrich Haendel. Enfin j'ai considéré la fesse comme insignifiance et je vous demande de n'en rien déduire. Et surtout, surtout, je remercie encore une fois Asphodèle qui permet à mes délires de s'exprimer dans le beau cadre de nos si chères Plumes

20 novembre 2014

La jeune femme à Hopper

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                                     Expérimental, radical, avant-gardiste, susceptible d'un ennui mortel chez les rares spectateurs. C'est un point de vue,ce n'est pas le mien. Une seule fois avant ce film peinture et cinéma avaient véritablement fusionné. C'était le film polonais Breughel, le moulin et la croix. Edward Hopper d'ailleurs, c'était déjà des cadrages, du cinéma, une mise en scène. On sait que Hitchcock par exemple avait subi l'influence du peintre hyperréaliste. Plus près de nous Jim Jarmusch aussi. Motels glaciaux, décoration minime et à donner des envies de noyade, Hopper n'est pas précisément hilarant.

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                                        Reconstituant avec soin 13 tableaux de Hopper l'Autrichien Gustav Deutsch plonge le spectateur dans l’atmosphère des Etats-Unis du début des années 1930 jusqu'aux années 60, guidé par la voix pensive de Shirley et par les informations diffusées sur les radios de l’époque. Puis les tableaux s'enchaînent, évolution de l'oeuvre de Hopper en même temps que chronologie américaine. C'est un peu étrange mais personnellement, très attiré par l'Amérique de cette époque, j'ai senti sourdre une certaine émotion, une braise sous la glace.

                                        Shirley, actrice d'avant-garde, ouvreuse de cinéma, secrétaire, jouée par la danseuse Stephanie Cumming, apparaît bien comme une chorégraphie dans ce film très étonnant. Les lieux sont ordinaires, anodins, dérisoires, un bureau, une chambre, un salon, ou encore une salle de cinéma auxquels la lumière fait prendre une dimension énigmatique. La reconstitution est si méticuleuse qu'elle en devient bluffante d'expressivité, costumes, meubles, murs. Un film d'architecte, presque un film de mathématicien, une géométrie haletante malgré le risque de l"exercice de style" un peu vain. A voir, au moins pour voir "autre chose".

18 novembre 2014

L'insoutenable liberté des autres

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                                         Ce n'est que mon deuxième roman slovène. La Slovénie n'avait jusqu'à présent guère été fondamentale dans mon patrimoine littéraire. Petit pays coincé entre Autriche et Italie, le premier cependant à quItter l'ogre yougoslave,le plus prospère aussi, c'est relatif, la Slovénie est plus alpine que balkanique. Cette nuit je l'ai vue a obtenu le prix du Meilleur Livre Etranger délivré par je ne sais plus qui et il me semble qu'un bouche à oreille sympathique circule dans le Landerneau littéraire. A juste titre m'empressé-je de vous dire.

                                      Veronika Zarnik est une femme libre et troublante,  indéfinissable, de celles que l’on n’oublie pas.  Mariée à Leo, un homme d'affaires bourgeois lui aussi mais peu conventionnel, tous deux d'une totale indépendance d'esprit, ils vivent à leur manière, affranchis de la plupart des contraintes de la vieille Europe, jusqu'à ce que la guerre fasse d'eux, fasse d'eux quoi exactement d'ailleurs? En hiver 1944 le couple disparaît du manoir où il vivait. "Cette nuit je l'ai vue comme si elle était vivante" est l'incipit de ce très beau roman, c'est Stevo,officier pro-allemand qui parle le premier, qui fut l'un des amants de Veronika. Et tout se passe comme si le spectre de cette femme incernable hantait différentes voix qui s'élèvent alors pour l'évoquer. ls sont cinq à ce jeu-là, tous l'ont connue d'une manière ou d'une autre. Outre Stevo, Horst le médecin allemand, sa propre mère, Jerenek, un résistant et une servante dévouée se remémorent Veronika, probablement punie,de quoi? De collaboration, c'est parfois si facile, en ces temps de titisme, de liberté surtout. C'est qu'elle nous insupporte, parfois cette liberté en cheveux que rien n'émeut. Rien n'est plus dur que la liberté des autres.

                                      J'ai choisi de lire Cette nuit je l'ai vue avec 50%de hasard, 50% d'envie d'un autre pays. Après j'ai su pour le prix et vu les encarts photos du livre dans la presse. Il est bien agréable de découvrir la littérature de ces pays si longtemps ignorés. Je joins une excellente critique, que je partage tout à fait, celle de L'Humanité, non sans m'étonner comme toujours quand on trouve la traduction inspirée ou médiocre, sauf à lire parfaitement la langue vernaculaire. Bien peu,vraiment bien peu slovenophone, je ne me hasarderai pas à émettre une opinion.

                                       « Continûment servi par une traduction inspirée, le texte aux infinies nuances de Drago Jančar s’élève à ces hauteurs d’où rayonnent les chefs d’œuvre, qui éclairent les convulsions de l’Histoire. » Jean-Claude Lebrun. L’Humanité.

2 novembre 2014

Péril d'ennui en la demeure

Mmasse critique

                                          Le collectionneur des lagunes ne m'a pas intéressé beaucoup au début. Et puis plus du tout. Cela bien sûr n'engage que moi. J'ai eu toutes les peines du monde à aller au terme de ce que je considère comme un sinistre pensum prétentieux. L'histoire m'avait pourtant séduit, cette variation sur un séjour de Tchaïkovski à Venise peu avant sa mort en 1893. Vieillissant, jaloux, logé chez un mécène qui aiguise la curiosité, nanti de l'improbable nom de Barparoz. Le palazzo est vénitien lui aussi, mais l'ennui est universel et continu au long de ces 260 pages qui se voudraient vénéneuses et qui ne sont qu'ampoulées et, pour moi, incompréhensibles.

                                       Jean-Maurice de Montremy, très érudit et qui tient  à ce que  ça se sache, multiplie les intrigues de palais et de masques composées. Omniprésence du carnaval avec ses mannequins emperruqués, alors que se mêlent aux affres de Piotr Ilyitch les récits du narrateur contemporain Bauer qui lors d'un séjour chez son frère, propriétaire du dit palazzo,, découvre une malle au nom de Barparoz, jamais expédiée. Tchaïkovski, lui, tente d'en finir avec sa Sixième, la Pathétique, sous le coup d'une impossible et ultime passion pour son propre neveu.

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                                       Tout au long de cette fête costumée qui se voudrait étrange, traitant et maltraitant trahisons et complots, espionnage et scandales, c'est le pauvre lecteur qui tente d'en finir et qui maintes fois songe au suicide moral, très tenté par la seule idée séduisante, celle de mettre fin à son calvaire. Un tour du côté des contes de fées et de leur perversité, une incursion très laborieuse dans les manuscrits du maestro, une accumulation de noms impossibles pour les innombrables comparses de cette traversée, nobles baltes, domestiques indigènes, servantes maîtresses. J'ai rarement dénigré un roman à ce point mais c'est à l'aune de l'ennui incommensurable qui fut le mien, me donnant bien des regrets de m'être embarqué dans cette gondole invraisemblable. Homme de parole j'ai fini ce livre pour le chroniquer dans cette Masse Critique pour Babelio que je remercie, innocents qu'ils sont de ce Collectionneur des lagunes , mais noyé depuis très longtemps dans les marâtres eaux de la Sérénissime, je gagnerais à être plus circonspect sur certains choix.

 

27 octobre 2014

Les Forty-niners

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                                      Avec ce petit livre La Promo 49 (publié aux Etats-Unis en 1985, traduit maintenant), Don Carpenter (1931-1995), très méconnu, brosse en 24 instantanés de quelques pages les 18 ans d'une génération dont il fut. Portland, Oregon, fin du lycée et troubles divers, cuites, bals et jalousies, tout cela à l'américaine, pom pom girls et bagarres. Et en 49, attention, y avait pas encore Elvis pour se défouler Moi, j'étais bien jeune en 49, zéro ans, mais comme j'ai aimé ces délicieuses vignettes à propos d'une jeunesse pas si éloignée de la mienne vingt ans après. Everything was alright ou presque pour cette miiddleclass de l'Ouest. Même pas l'ébauche d'un Vietnam bien que la Corée, répétition générale, ne soit pas très loin. Est-ce pour autant un prequel du feuilleton sur les fifties Happy days?

                                    Justement non. Si La promo 49 peut faire penser à certaines teenage comedies dont le cinéma récent nous a abreuvé outrageusement j'ai pour ma part retrouvé l'ambiance des excellent films fin eighties Breakfast Club, Ferris Bueller, où l'on sentait fort bien poindre la gravité au delà de la gaudriole. C'est que, très habilement et très discrètement, tout est présent dans ce livre. Le sexe, les questions sur l'avenir de chacun, l'argent et l'american way of life, très important le dollar pour d'éventuelles universités, la place de la femme, souvent vue au mieux comme la Reine de la Fête, une jolie Peggy Sue en quelque sorte, gentiment écervelée. Une virée sur une plage du Pacifique, les sirènes d'Hollywood (Carpenter aurait été scénariste même si je ne trouve guère de films le citant), un examen raté, un accident de voiture, autant d'éléments précis et finement semés par l'auteur comme des pépites traçant la sortie envisagée des jeunes années. Voilà tout ce qui fait que l'on y croit, car nos adolescences et leur obsolescence programmée ressemblent à s'y méprendre à celles de Lew, Clyde, Sissy, Alice et les autres.

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                                    Portés par la plume désenchantée d’un écrivain de l'âge de ses personnages, ces portraits, ces esquisses sont comme les derniers jalons avant la bascule des années cinquante où ces jeunes vieux de vingt-cinq ans auraient rendez-vous, même s'ils ne le savaient pas, avec Presley, James Dean, voire Kerouac et la Beat Generation. Ceci est une autre histoire, un autre apprentissage. Très ami avec Richard Brautigan, lui aussi homme du Nord-Ouest,  Don Carpenter choisit la nuit tout comme lui. L'un en 84, l'autre en 95. The Class of '49 est une splendide découverte. Saluons 10/18 comme ils le méritent.

                                

                                     

                                    

16 octobre 2014

La poésie du jeudi, Max Jacob

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Le Phare d’Eckmühl

 

Si tu as perdu ta route sur la lande tu regardes à droite ou à gauche

et tu vois où est Saint-Guénolé.   

 

Depuis que je vous connais, Marie Guiziou,

j’ai cherché vos yeux sur toutes les mers de cette terre-ci.   

 

Mais vos yeux tournent de côté et d’autre

partout où il y a des amoureux.

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Marie Guiziou, Marie Guiziou !

La vie est comme la lande pour moi

et vous êtes pour moi comme le phare d’Eckmühl.                                                                      

 

Marie Guiziou !

Ma vie est comme l’océan autour de Penmarch !

et si je ne vois vos yeux, je suis un naufragé sur les rochers

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                                                                                   Non loin de son Quimper natal, le phare de l'enfance de Max Jacob,des mots simples, presque enfantins. Juif,Breton,poète, peintre, Max Jacob mourut en 1944 au camp de Drancy.

12 octobre 2014

Le cinéma, mon vélo et moi / 4 / Ferrare antebellum

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                                                                                   Années trente. Une famille juive dans Ferrare la belle,le magnifique roman de Giorgio Bassani, l'un des derniers films de De Sica, une Italie du Nord, certes assez éloignée du Néoréalisme historique, mais tout aussi vraie. Je m'imagine, en blanc, mince et sportif, chevalier servant de Dominique Sanda et  rejoignant de toute la vélocité de ma bicyclette Le jardin des Finzi-Contini. Trente ans  après Le voleur de bicyclette le vélo retrouve toute sa place dans le cinéma italien. Un homme dans la ville. Et merci encore à Asphodèle pour la belle illustration de cette chronique.

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9 octobre 2014

Le vallon rouge

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                                         The cove, titre original peut se traduire par la baie ou par le gars. Le gars en l'occurrence est un inconnu, hagard et muet, qui est retrouvé blessé après une chute dans un  vallon perdu de Caroline, au coeur des Appalaches. Nous sommes dans les derniers mois de la Grande Guerre. Hank Shelton, de retour du front français où il a laissé une main et a soeur Laurel,une jolie fille hélas disgraciée par une tache de vin, recueillent ce Walter qui ne s'exprime que par la flûte dont il joue avec baucoup de  sensibilté. On sait que dans ce contexte la germanophobie a été virulente aux Etats-Unis, surtout après l'entrée en guerre du pays, Steinbeck l'évoque dans A l'est d'Eden si j'ai bonne mémoire. Et les autochtones ne brillent pas par leur esprit éclairé.

                                         En peu de jours Walter est apprécié de Hank qu'il aide aux travaux de la ferme, difficiles sur cette terre noire et sèche, et du vieux voisin Slidell, un brave type qui refuse de hurler avec les loups. Il est juste de dire qu'il est encore plus apprécié de Laurel, quand deux handicaps se conjuguent... Ron Rash décrit très bien les travaux et les jours de poussière et de boue, la fatigue qui plante son glaive, l'espoir naissant de Laurel en un nouveau destin. Et si le vallon n'était pas si maudit... Plus rare, il sait aussi nous faire partager la peur de la fin de la guerre là-bas si loin à l'Est. Car la guerre a ceci d'unique que sa fin programmée n'arrange pas tout le monde, et surtout qu'on a vu des paix toutes neuves guère plus engageantes que les conflits qui les ont précédées. Car quel bel exutoire que la guerre pour défouler l'homme dans ce qu'il a de plus homme, c'est à dire sa haine et sa bile envers les responsables idéaux, si ce n'est toi c'est donc ton frère, ici l'Allemand, là le Juif et autres...

                                         En résumé Une terre d'ombre est un très bon roman d'un auteur que je n'avais encore jamais lu, souvent commenté sur les blogs, et qui incite à continuer sa découverte. Le mutique Walter est un personnage attachant et les défauts de l'Amérique ont ceci de pratique qu'ils permettent de ne pas  trop se pencher sur les nôtres. Comme un exutoire, en quelque sorte.

3 octobre 2014

Vérité australe, australe austérité

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                                         Cet écrivain est absolument majeur pour moi. Rarement un pays aura été analysé dans son histoire, ses soubresauts et ses rapports sociaux avec autant de coeur et de délicatesse. Des voix parmi les ombres est le cinquième roman de Karel Schoeman paru en France et je les ai tous lus, et tous chroniqués. L'Afrique du Sud est toute entière dans l'oeuvre de Schoeman, qui n'en finit pas de revisiter les vieux démons du siècle dernier. Schoemen fait partie de ces très grands, Paton, Gordimer,puis Brink, Coetzee qui ont contribué à changer le pays même si je crois que l'influence des intellectuels est à relativiser.

                                         Un brin d'histoire peut s'avérer intéressant quand on lit Karel Schoeman. Assez touffue l'histoire en Afrique du Sud, Transvaal, Etat libre d'Orange, Colonie du Cap, deux guerres dites des Boers dont la seconde en 1901, entre les descendants des Hollandais et les colons britanniques. Cest sur ce dernier conflit que revient Karel Schoeman quand un commando de Boers investit la petite ville de Fouriesfontein, près de cape Town. L'auteur a bâti un roman exigeant tout autant que passionnant, en se plaçant sur deux axes de lecture à un siècle d'intervalle.

                                          Dans la première partie un explorateur et son photographe mènent une enquête sur ces évènements de cent ans d'âge dont les traces curieusement sont assez peu visibles. Tout l'art de Schoeman est dans le quotidien de cette communauté, qui va vivre des évènements tragiques, que les deux enquêteurs peinent à reconstituer, allant presque jusqu'à se perdre, les plus belles pages peut-être de ce roman, quand ils ne sont plus sûrs du tout, au point de sentir leur raison vaciller. Pourtant ils sont bien sur les lieux de ces affrontements mais tout se passe comme si le pays était comme frappé d'amnésie. Des silhouettes, des ombres...

                                          Trois voix, Des voix parmi les ombres en l'occurrence, s'élèvent alors dans la seconde partie,Alice, fille du magistrat anglais local, Kallie, jeune clerc de ce même homme de loi, et qui ambitionne d'écrire, et Miss Goby, vieille fille soeur du médecin britannique lui aussi. Ces trois témoins ne sont pas des grandiloquents, chacun est comme à sa petite fenêtre, entre les microévènements du journalier et les rares et relatives intensités, un bal, une chorale,un pique-nique. Pas de scènes de guerre, une occupation étrangère parmi les étrangers, un pays non miscible entre les Africains, les Métis, les Afrikaners, les Anglais. Présence de l'église ou plutôt des églises, pas très miscibles non plus, avec en commun un sérieux réformé qui fait que la future nation arc-en-ciel ne semble pas dotée d'un humour exceptionnel en ces années 1900. C'est donc par des scènes ordinaires, un repas, un achat, un jardin, que Karel Schoeman parvient à nous plonger au coeur battant de cet étonnant pays, tout de douleur et de rancoeur. Cet écrivain, parfois un tout petit peu ardu, dont je crois qu'on chuchote le nom du côté de Stockholm, est à découvrir d'urgence. J'ai chroniqué les quatre autres romans parus en France. Mon préféré est En étrange pays. A noter que ses livres sont écrits en afrikaans, contarirement à Gordimer et Coetzee.

Mourir à la Fontaine aux Fleurs(Bloemfontein)

                                         Hasard de mes lectures, trois parmi les cinq ou six derniers livres ont une grande part d'ombre, Et toujours ces ombres sur le fleuve..., Des voix parmi les ombres, Une terre d'ombre (chroniqué prochainement). Un signe quelconque?

1 octobre 2014

New York ville ouverte

 OPZEN CITY

                                           Val  Open city – Teju Cole  et moi avons lu Open City de Teju Cole, jeune auteur américano-nigérian. Julius, mère allemande et père nigérian, vit à New York, psychiatre et chercheur, et passe de longs moments à marcher dans la ville. Julius parle assez peu de sa vie privée, c'est que l'homme est un solitaire. S'il arpente New York c'est tout en rêveries et en rencontres. Mêlant ses souvenirs d'Afrique et d'Europe, Bruxelles surtout où il vécut quelque temps et où il revient quelques mois, c'est cette partie qui m'a séduit le plus, une pérégrination cosmopolite dans cette ville, curieuse capitale transnationale, facilement  brocardée mais si fascinante. Réflexion aussi sur le racisme, un peu confuse à mon esprit, et très légèrement condescendante m'a-t-il semblé, avec pas mal de références aux philosophes avec lesquels mes relations ont toujours été froides. Ainsi je n'ai pas toujours emboîté le pas de Julius avec un égal bonheur.

                                          Quand il déambule dans New York City Julius croise des personnages très différents. Mais ne vous attendez pas à du "haut en couleurs", ce n'est pas le genre de la maison. Souvent marqués par une double culture ou une difficile acculturation, ces deux termes relevant parfois du pléonasme, le vieux professeur de lettres nippo-américain, le cireur haïtien, ont peiné à me passionner vraiment. C'est parfois ésotérique et pompeux, un dictionnaire peut s'avérer utile, ce qui ne me gêne pas, j'aime les dicos. Mais le holisme, j'en ignorais tout et après consultation je n'ai guère compris davantage. Les errances, mais le terme ne convient pas, de Julius, ne m'inciteront pas poursuivre avec Teju Cole dont c'est le premier roman.

                                          Cet homme là est protéiforme, photographe, musicologue, je crois, au vu des influences de Mahler ou du jazz dans ses promenades urbaines. Passionné d'architecture aussi à l'évidence vu la construction du récit et les digressions sur le développement de la ville.Open City m'a trouvé un peu fermé. Si hommes et surtout idées y circulent, le sang manque, comme lymphatique. Julius, double de Teju, est un type brillant, trop pour moi. On a évoqué Dos Passos . Lourde hérédité sur laquelle je ne m'étendrai pas, ma lecture de la somme  Manhattan Transfer étant  ancienne, malgré un souvenir très fort de chef d'oeuvre dont à la réflexion je ne suis plus très sûr.

29 septembre 2014

L'Anglaise et le continent

 GEMMA

                                          Gemma Bovery, le film d'Anne Fontaine, pour moi, est une entreprise très sympa, sur laquelle nous avons un peu discuté lors d'une séance au cinoche. Et puis j'ai ainsi appris ce qu'était réellement un roman graphique car c'est la première fois que j'en lis un. J'avais pris soin d'apporter le bouquin de Posy Simmonds et de le faire un peu circuler car notre multiplexe proposait comme souvent un verre de l'amitié après le débat. Les spectateurs ont ainsi eu une idée du style de l'auteur, de ses dessins noir et blanc, de la ressemblance de Luchini avec le Martin Joubert du livre. Plus qu'à Gustave Flaubert les spectateurs ont été sensibles à deux axes, le numéro d'acteur de Fabrice et la peinture des Anglais en France, de l'idée qu'ils se font de la France et plus encore de l'idée que les Français se font de l'idée qu'ont les Anglais de la France.

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                                            Les critiques ont été divisés sur Gemma Bovery, lui reprochant sa peinture bobo de la Normandie sous influence britannique, et un côté imagerie bien sage, moins féroce en tout cas que celle de Flaubert sur les notables, le pharmacien Homais en tête. Reprochant aussi la récurrente exagération de Fabrice Luchini. Outre qu'il soit ici relativement sobre, je trouve que cet acteur n'est jamais envahissant tant son amour des lettres et des textes transfigure le plus ordinaire de ses films. Et l'addiction de Martin Joubert à Madame Bovary, au point d'en perdre les pédales, au moins est une addiction peu banale. Et puis si un ou deux spectateurs se mettent à lire Flaubert, c'est tout bon,non. Lequel Gustave, sauf erreur, n'apparait qu'au générique de fin, dans les remerciements au Livre de Poche pour l'utilisation de sa couverture. Lequel livre est au coeur de ma bibliothèque, souvenir de mon père, qui fut lecteur patenté, de la génération qui quittait l'école à douze ans. Ca laisse un peu rêveur. Ci dessous deux avis amis.

Gemma Bovery - Anne Fontaine / Mademoiselle Julie - Liv Ullmann (Dasola)

Gemma Bovery (Aifelle)

21 septembre 2014

Le petit air de la calomnie

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                            Quel auteur splendide, encore un, que l'Irlandais octogénaire William Trevor. The children of Dynmouth est un roman déjà ancien, 1976, qui paraît seulement en France cet automne. Dynmouth est une petite ville côtière de la côte du Dorset dans les années 70. C'est un petit monde pas très folichon mais la vie passe avec ses petites petitesses chez tout un chacun. Personne n'est parfait. Timothy, un ado perturbé, passe son temps à épier les habitants, à les harceler, à taper l'incruste si j'ose, à seule fin de laisser ses délires miner la petite ville. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose (Beaumarchais avait vu juste). Un ancien officier serait attiré par les jeunes garçons, un autre ne serait pas étranger à la mort accidentelle de son épouse, etc... Les touches sont plutôt délicates et c'est par petits bonds que la perversion de Timothy contamine l'ambiance trop tranquille de cetet sation balnéaire sans histoire.

                           Timothy n'est pas l'ange de Théorème et n'apporte pas vraiment le glaive. Ce serait lui accorder une importance excessive et un honneur usurpé. Mais tout de même c'est un prurit ce graçon qui clame ainsi son venin du haut de ses quinze ans, du genre, je dis ça, moi, je dis rien... Là est la force de ce roman, des dialogues entre lui et les autres habitants,simples et lourds de conséquences. La vérité, la vraie, est-elle si éloignée de ses propos? La rumeur, ce cinquième cavalier de l'Apocalypse, le pire, puisque la nier est encore l'alimenter, la rumeur ira-t-elle jusqu'à devenir meurtrière? D'où vient chez Timothy ce goût du poison? Son enfance, comme souvent est-elle en cause? Les enfants de Dynmouth, roman très fin et très précis, chronique de l'ennui, ne m'a pas séduit autant que Ma maison en Ombrie ou Les splendeurs de l'Alexandra, mais presque. Voir Ballade ombrienne et  La splendeur du bref.

 

3 septembre 2014

La vie des livres

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                                                                                    Ces livres sont à qui ça intéresse. Ou à quelqu'un qui connaîtrait quelqu'un que ça intéresse.Il est des moments où l'on a trop de livres. Non qu'on ne les aime plus, mais l'espace manque et l'on souhaite en demeurer à l'essentiel. Et l'on aimerait qu'ils continuent de vivre ailleurs, par exemple chez des personnes qui les traiteraient bien. Pourquoi ces livres plutôt que d'autres? Multiples raisons, double emploi ( Voyage...), polars qui honnêtement ne figurent pas dans mes livresques réussites mais ce n'est, comme toujours sur ce blog, que mon avis, cadeau que j'ai détesté (Rouge...) mais que vous aimerez peut-être, livres cinéma qui débordent d'une bibliothèque Septième Art déjà encombrante, etc...

                                                                                   Je me propose d'envoyer ces livres à toute personne intéressée, gracieusement bien sûr. Je demande simplement aux destinataires d'en payer le port. Les bibliothèques municipales, en fait, n'en veulent guère.

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