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BLOGART(LA COMTESSE)
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23 mars 2012

Des mots,une histoire: Ainsi faillis-je être exclu

        La 59ème récolte de Des mots, une histoire donne ces mots : douleur – narcisse – irénisme – lilas – choix – fiançailles – mensonge(s) – forme – retour – diamant – photophore – tambourinage – branche – reflet – prisme – réitéré(e)(s) – espérance – papillon – souvent – purgatoire – désirable – série – folie – argentier – controverse – peine.Le mot argentier,trop onéreux,n'a pas été retenu.

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       Disons-le,disons le franchement.Ce mercredi j'optai pour la tricherie éhontée et décidai crânement d'encourir le purgatoire de ce bel atelier littéraire en biaisant sans tambourinage ni trompette (osé,osé,soit) et en plaidant coupable par avance.Allez tout y passerait,du Diamant du Nil,film d'aventures, au si désirable Shangri-La du Narcisse noir,de Brassens et de son seul rôle dans Porte des Lilas jusqu'aux Branches de l'arbre,catégorie ciné-club indien.Bien décidé à me contenter d'aligner une série de titres de films j'avais d'ailleurs le choix comme Sophie,et ça tombait bien,je venais à peine de revoir Un long dimanche de fiancailles.

   Ca prendrait forme ainsi.Prisme de l'humour aidant,certainement je passerais sans trop de douleur le cap de la 59ème récolte.Quand survint le doute...Ce mensonge,car c'en était un, se voulait-il vraiment le reflet de ma personnalité?De retour au pays de l'honnêteté,un peu tard sûrement,me restait cependant l'espérance d'un irénisme du jury qui m'absolverait après controverse,à condition que cette folie du name-dropping,fût-il cinéphile, ne me reprenne pas trop souvent.Aveuglé ainsi par les sunlights,papillon comme ébloui par un photophore,je souhaitai néanmoins que mes balbutiements réitérés m'évitent encore une fois la mise au ban.

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29 mars 2012

Des mots, une histoire: Tournant

         Les mots imposés pour la 60ème de Des mots, une histoire sont : myriade – vide – lundi – (saturnale)s – grenouille – bulle – icône – silencieuses – astuce – savoir-vivre – valise – étourderie – soif – plaine – kaléidoscope – (syndérèse) – fièvre – trottoir – renverser – paupière – surprise.

         Je n'ai pas retenu le mot syndérèse et ne reviendrai pas là-dessus.J'ai par contre gardé le mot saturnales qui  pour moi a une vraie charge poétique ou émotionnelle.Il me semble que les deux mots entre parenthèses ne sont pas du tout dans le même registre.

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          C'était étonnant.Aux abords de la mare silencieuses étaient les grenouilles.Aucune querelle ailée dans les buissons voisins.Rien à voir avec les saturnales vespérales des derniers temps.Rien d'endiablé. Ce lundi soir,coeur d'été,lui semblait propice à l'inquiétude et aux interrogations,à des myriades d'interrogations. Ces grandes vacances, probablement pour lui les dernières en cette fermette isolée de la plaine briarde qu'il avait tant arpentée,ces heures chaudes et ces émois,infimes fièvres,un peu douloureuses en pensant aux filles proches,celles du centre aéré,qu'il avait élevées au rang d'icônes,ces étourderies cyclistes,seul sur le chemin de la laiterie à lâcher le guidon,tout cela serait bien vite du domaine du passé.

            Il lui fallait s'y résoudre.La rentrée prochaine serait différente et le divorce allait l'envoyer dans une ville inconnue,inconnue de ses quinze ans.Plus de sitôt,la valise pour la campagne.Peut-être plus du tout, à lire ce vide dans les yeux de sa grand-mère.Ce qui l'attendait,il n'en avait pas vraiment peur.Plutôt mûr, il savait que la bulle rassurante se devait d'éclater et que les carrefours de la cité seraient ce nouvel eldorado,cet inédit où sa soif de vivre aurait tôt fait de renverser les montagnes.Ou,plus probablement,craignait-il ce kaléidoscope bruyant et trouble où l'astuce ferait sûrement table rase d'un éventuel savoir-vivre beaucoup moins utile qu'un savoir comment vivre.Et puis l'on verrait bien...Si quelque part dans la foule des trottoirs agités ne  l'attendait pas une surprise. Au crépuscule du modeste étang cet avenir incertain alourdit ses paupières.Il dormait...

30 janvier 2012

Billet paresseux,c'est la faute à Rousseux

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           Bref et paresseux car ce délicieux petit roman de 92 pages a déjà été fort bien présenté par Dominique d' A sauts et à gambades .De l'utilité des blogs car j'ignorais complètement ce petit bijou.Joli bouquin mutin, original,frondeur,une fable,un conte.Si vous voulez rencontrer deux imbéciles...ce qui est souvent réjouissant.

Jean-Jacques Un clic pour Dominique

 

 
 
 
13 avril 2012

Les plumes de l'année: Risque d'histamines

                  Voici les mots recueillis par Asphodèle pour ce défi hebdomadaire. Poussiéreux (se) – pluie – pré – persévérance – parcimonie – picorer -page – perdu(e) – pétillant(e) – procrastination* – pédalo – putréfaction – pollen – pardon – persan – pivoine – partage – poudrer.Le mot procrastination n'a pas été retenu.Je procrastine pourtant beaucoup mais à mon sens on ne peut chacun apporter chaque semaine un mot plus ou moins savant et manifestement implaçable autrement que très artificiellement.

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                 Salle de bains,intérieur jour.Elle n'en finit guère de se poudrer les ailes du nez,inquiète à l'idée des pollens prédateurs qui menacent chacune de ses sorties d'avril.C'est tous les ans la même obsession,ces heures printanières qui la poussent à rechercher la pluie,la pluie vengeresse de ces poussiéreuses attaches,ces odieuses particules qui la font ahaner,rougir comme une pivoine,et finalement choisir l'enfermement dans cet appartement certes plutôt coquet,où ronronne Hollywood,persan de trois ans,et où les belles pages d'Emily Dickinson l'attendent sur la petite bibliothèque de sa chambre.Désuètes?

                C'est avec une parcimonie très savamment pesée qu'elle accepte les invitations.Mais il lui plait de le retrouver et de marcher dans la ville,dans les allées du Parc Jacques Braconnier,n'étaient-ce ces fâcheux platanes qu'il lui faut contourner sous peine de lui demander pardon toutes les cent secondes de ses éternuements qu'il finirait par considérer comme des atermoiements.Elle se sent pourtant d'humeur pétillante,décidée à picorer ces instants inédits,prometteurs peut-être,au long de cette après-midi à la fois urbaine et aérée.Bien sûr Celsius est encore un peu pingre pour le pédalo sur le bel étang d'Isle,mais par pour le pré aux jonquilles.Bien sûr les putréfactions carbonifères,laideur syntaxique mais bonheur olfactif,d'une forêt automnale,lui conviendraient mieux.Mais elle ne manque pas de persévérance,et,décidée, ferme sa porte.Elle descendra à pied,le genou un peu douloureux,cette surcharge pondérale commence à lui coûter.Un tout petit peu perdue,pourvu que de plus ce ne soit pas la rhinite en partage.

20 avril 2012

Des mots,une histoire: Disque adéquat

        Les mots imposés pour l’édition 61 de Des mots, une histoire sont : hiberner – sentiment – tendresse – cachette – étagère – indécis – traîner – émanation – garnements – manque – spinalien – béant – désorienté – interdit – nocturne – caricature – caractère – banalisé – dosage – bleu – isoloir – enquêter – lointain – épaule – train – repartir – voyage.Le mot spinalien n'a pas été retenu.Pourquoi pas castelroussin ou mussipontain?

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                        Le compte à rebours touchait à sa fin.Pourtant il aurait aimé un ultime sentiment,quelque chose d'indécis qui aurait flotté un moment,des bribes qui seraient restées là,à traîner comme si la semaine prochaine les rendez-vous étaient appelés à continuer comme les quarante dernières années d'une vie professionnelle pléthorique consacrée aux épaules meurtries et aux vieillards désorientés.Les fatigues de tous ordres traçaient leurs bleus sur ses avant-bras,des avant-bras hexadécennaux,riches encores de bien des tendresses mais dont la lointaine arrogance,un peu séduisante parfois,lui semblait comme une borne,là-bas,au début du voyage.Autant dire aux origines du monde.

                  Un monde ou,garnement de vingt-deux ans,la blouse blanche lui allait à merveille,sans plisser sur quelques capitons.Un monde où,quelques années plus tard,de furtives visiteuses se faufilaient presque en cachette dans son cabinet mi isoloir mi chapelle.Il avait aimé ces complicités très souvent platoniques,en avait consigné quelques chapitres,en tout petits caractères,émanations amusées ou émues de cette jeunesse dont même les murs désormais s'éloigneraient.Maintenant l'attendait la dernière ligne droite,longueur inconnue mais rectitude à peu près acquise,parcours banalisé et probable manque d'imagination.En fait il était terrorisé à l'idée d'hiberner sans printemps rédempteur et pour tout dire affolé devant l'espace béant qui s'annonçait.Le temps allait venir,des peurs nocturnes et des trains aux heures creuses.Sûr que rien n'était formellement interdit sauf d'espérer repartir dans l'autre sens il espérait sans trop y croire trouver le si savant dosage nécessaire à une disponibilité nouvelle.

              Sur l'étagère,juste entre deux caricatures de kinés,célèbres dans leur petit monde professionnel,et sans enquêter,chose rare dans sa gargantuesque discothèque,il saisit le vieux vinyl de Phil Ochs qui n'avait jamais cessé de l'obséder,Rehearsals for retirement,de circonstance.

http://youtu.be/a9km20oSLb8

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27 avril 2012

Des mots,une histoire: Elle,lui,le soir et les autres

        Les mots imposés pourDes mots, une histoire 62 sont : immédiateté – assiette – création – café – peau – trille – absence – bergamote – confiance – peigne – hermétique – insouciance – facile – tristesse – sourire – diable – déception – labyrinthe – sang – coincidence – chavirer – connexion.

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          En avait-il fréquenté des cafés,des cafés littéraires,des cafés philo,des cafés ciné,etc...Dans les troquets du centre ville,une assiette anglaise fadasse sur un coin de table,avec parfois les cris de supporters dans la salle voisine,prêts à faire la peau des gars d'en face,et en toute absence de vraie connexion,lui aussi avait devisé, parfois des heures durant,et se cachant presque d'elle qui détestait ces sempiternelles et si faciles séances de nombrilisme,qu'elle traitait d'un sourire meurtrier.Cest vrai que ce genre de réunions s'était propagé,le moindre chef-lieu de canton dissertant maintenant de Kierkegaard ou Bret Easton Ellis.Elle,si secrète,n'y entendait que trilles de passereaux pépiant,ceci proche d'un degré de création insignifiant.Lui,curieusement,commençait à penser comme elle,à pencher vers elle.Il retenait de ces conversations essentiellement une tristesse,précise, vis à vis de ces solitudes mises en ligne,au bar comme sur la toile.Il se demandait s'il ne fallait pas laisser dormir Kant en un tiroir hermétique et relire plutôt Hammett que Tolstoï.

           C'est ainsi que peu à peu il cessa de passer au peigne fin les surmoi et les questions existentielles,dont l'immédiateté ne lui sautait plus aux yeux.Au diable ces jeudis à 18 heures et ces cheveux coupés en quatre.Il allait se décider,retrouver confiance,la reconquérir,qui sait.Il reprendrait son roman inachevé,et pour tout dire presque incommencé.Il surmonterait sa déception bien que son insouciance,celle qui lui avait inspiré ses textes les moins mauvais,ait chaviré depuis un bail.Dans le labyrinthe de feuilles volantes qui jonchaient son bureau il saurait bien retrouver quelque antique composition et de quoi trousser de nouvelles chansons.Il allait leur montrer.Il allait lui montrer.

                Coïncidence,insupportable,la radio passait "La chanson de Paul",ce personnage d'un vieux Sautet que Reggiani interprétait de toute son émotion.Il repensa à ces films,ces films de ses vingt ans et c'est bouleversé qu'il cherchait un goût pour sa bouche,une praline,une bergamote.Un certain avait beaucoup fait pour la madeleine. Reggiani,lui,égrenait "Cette nuit je vais écrire mon livre.Il est temps,depuis le temps". Lui, songea, simplement "Bon sang,il est tard".


La chanson de paul

Merci à Jean-Loup Dabadie,Serge Reggiani,Claude Sautet.Ils ont compté.

25 février 2012

Les plumes de l'année:Pas très en train,Mademoiselle

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        Asphodèle nous propose ces 21 mots: nouvelle – notoire – nigaud(e) – nature – nuance – nacelle – neutre – noix – naufragé(e) – nuage – nirvana – nana – nymphéa(s) – nouille – noble – noise – nitrate – nenni – noctambule – neuf-nougat .J'ai fait avec,c'est la deuxième fois que je m'y attache.L'exercice est stimulant.

                      La voix si neutre de la S.N.C.F martelait consciencieusement la nouvelle:vu la nature du retard,encore une soirée à la noix pour Mademoiselle,une naufragée parmi d'autres dans la docte et noble assemblée du compartiment de première classe du TGV ,ce grand serpent mi génial mi nigaud quand il se met en tête de musarder en pleine brousse.Son rendez-vous parisien s'effritait ainsi et ce n'est pas en cherchant noise au contrôleur qu'elle oublierait que le nirvana ne serait pas de rigueur ce soir.Ce qu'elle ignorait c'était que l'homme en question,ô que nenni ,ne ferait guère dans la nuance et que,noctambule notoire,il se consolerait bien vite dans les bras d'une nana,fut-elle la plus nouille de la ville.Rien de neuf sous le soleil,et Mademoiselle essaya de se persuader que ce serait peut-être l'ultime nuage avant que la capricieuse nacelle de la vie ne la hisse vers une prochaine extase.En attendant,grignotant un nougat après l'autre,elle reprit son occupation de fortune:un vertical,sept lettres,une tartine renversée.Sur la revue de sa voisine souriaient les nymphéas de Giverny.Toute à sa déconvenue,a-t-elle jamais trouvé le mot nitrate?

8 juin 2012

Des mots,une histoire: Question

            Olivia  a retenu pour Des mots,une histoire 68:mort-jouer-presqu'île-brin-frère-méditation-mélanique-normal-expert-orchestre-éloigné-acclamation-plausible-espérance-maladie-déménagement-incrustation.Merci à elle,encore une fois.L'un des intérêts de ce rendez-vous hebdomadaire est la grande variété de textes possibles.J'ai cette semaine fait dans la plus grande sécheresse,certains mots m'ayant guidé assez vite dans cette direction,avec un possible droit de déplaire.

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         Qu'est-ce qui fait que tout homme est une île? Sa faculté d'espérance alors que son propre frère s'est éloigné démesurément?Sa sempiternelle méditation à la lisière d'une lande au teint mélanique,prodrome d'une maladie universelle? Sa si plausible dysphonie quant à jouer en phase avec l'orchestre tellurique hors de portée? Son infinitésimale incrustation au coeur d'une roche géante et sa si normale petitesse,son oubli en un stellaire déménagement,comme un brin d'algue aux abysses insondés? Son ultime acclamation, pathétique supplique vers la mort,cette experte ès dénouements,ès dénuements? Et si je n'étais qu'une presqu'île?

29 juin 2012

Des mots,une histoire: Torpeur

                    Olivia nous propose pour Des mots,une histoire 71 les mots suivants:girouette-ennuyer-s'escamper-manoir-hiver-enluminure-canicule-pugilat-clochette-abeille-palmier-persévérant-zinc-champs-essoufflé-musicien-glace-grivoiserie-étang.A propos dans  mon Larousse 95 le verbe s'escamper a pris la poudre d'escampette.

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                     Et s'alourdissent dans les rues  les chaleurs citadines comme en une fable du Sud.Et cessent de vrombir les rares girouettes des maisons de la contre-allée, essoufflées,que ne trouble plus le bruit des clochettes aux portes,traditions inertes.Et les souvenirs du marchands de glaces de resurgir,quand le mot même de canicule n'encombrait pas les communiqués pessimistes dès la fin de l'hiver. Et,comme les palmiers des cartes postales ne laissent pas de m'ennuyer,c'est au fond de l'église du faubourg que j'aime à paresser, Dieu ne m'y dérange pas et nous nous ignorons poliment.L'édifice est modeste et si c'est auréolé que je m'y presse un peu,c'est d'un bouquin et d'un carnet.Peu doué mais persévérant,je crois que les anges musiciens ,du bugle au tambourin,veulent  bien m'aider un peu.

                   Alors je m'adonne au plaisir solitaire,celui d'ajouter des mots à d'autres,dans ce carnet adossé sur le livre.Ce livre, curieusement, je l'ai habillé d'une liseuse de simili cuir et ça le fait ressembler à un missel dont on s'attend à voir les enluminures s'escamper de leur prison numérotée.  Les quatre évangélistes aux parois de la chaire pourraient bien s'adonner au pire pugilat que je les ignorerais, occupé à calmer mes angoisses en l'ombre si peu prolixe de la cité,qui m'est une clef des champs, comme l'onde à fleur d'étang à peine marquée du rythme des abeilles et du vol des hérons.Dans le calme d'un manoir au coeur du pays de Bray je crois que ça me conviendrait aussi.Quant au talent,et par là j'entends le vrai de vrai,il fleurira aussi bien au zinc du Café des Sports,entre deux grivoiseries.

P.S. Félicitations à Olivia pour cette belle aventure hebdomadaire.Qu'elle en soit remerciée car cette tâche n'est pas si aisée.

    

1 juin 2012

Des mots,une histoire: Un de la légion

            Les mots recueillis par Olivia pour Des mots,une histoire 67 sont: versatile-hétaïre-uniforme-vêtement-cloque-jaunissant-démagogue-manne-goguenard-tablette-illusion-forteresse-confident-griser-occupation-orée-sonnette-manchette.

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            Les manoeuvres dans le bled tombaient bien,finalement.Au moins pour quelques jours j'oublierais ce capitaine guoguenard et ma versatile danseuse qui savait si bien jouer les fatales et qui,malgré l'illusion qu'elle suscitait,s'avérait tout bonnement une hétaïre qui visait plus haut que ses consoeurs de la casbah.Les opérations dans le Rif n'étaient pas sans danger,les rebelles lorgnant de leur forteresses de rocs nos uniformes maintenant jaunissant sous les dards d'un soleil de plomb qui ne laissait comme court répit que quelques minutes de l'orée matinale.Très vite un vêtement d'acier pesait alors de nos épaules à nos manchettes,rendant irréelle et désirable la pourtant si relative fraîcheur des cabarets quittés la veille.

          Souvent démagogues,les officiers n'avaient pourtant pas caché que les tablettes officielles des pertes au combat risquaient de s'allonger.Je m'en foutais bien,mon seul ami,mon confident était mort dix jours plus tôt.Je l'appelais a Sonnette à cause du bruit nocturne de ses dents.S'étant laissé griser par une rencontre exotique il avait fini dans la poussière d'une ruelle sans joie,lardé de coups de kriss par quelque sbire dont l'occupation favorite était de veiller à l'honneur.Probablement que des cloques sur mes avant-bras seraient la seule manne céleste des abords du désert.Peu m'importait.N'en étais-je pas arrivé là presque volontairement,soldat perdu de mon plein gré?

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        J'aurais mauvaise grâce à ne pas souligner l'influence sur ce texte de Morocco de Joseph von Sternberg,Marlene Dietrich et Gary Cooper.

4 août 2012

Les plumes de l'été: La boursouflure

              Asphodèle nous propose pour cette semaine en u les mots suivants: utopique-unique-us-ubiquité-ustensile-urgent-usufruit-universel-utile-usuel-usine-usurper-ultimatum-uppercut-utérus-urbain-usé-union-uchronie-utopie.Ayant utilisé utopique je n'ai pas retenu utopie.J'avoue que ce texte est celui qui m'a donné le plus de fil à retordre.C'est peu dire que je n'en suis guère satisfait.Merci à Asphodèle une fois de plus.

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             Souvent les lettres n'en font qu'à leur tête.Elles composent des mots comme en votre absence,et dirigent les opérations. Regrettant le manque d'unisson,ce joli mot improbable,le vingt-et-unième signe cabalistique m'a irrésistiblement entraîné vers l'espace,vers la matrice universelle, vers l'utérus grandissime si souvent redécouvert par les grand auteurs d'anticipation,que ce soit au coeur d'un désert aux runes uniques et mystérieuses,ou dans un maelström urbain d'une civilisation usée,sonnée par une série d'uppercuts totalitaires et oppressants.Vers un aller simple au mitan d'un monde utopique à mille lieues de notre usuelle médiocrité.Vers une extrême essence de l'imaginaire,où l'humanité essoufflée,incompétente au point d'avoir oublié qu'elle ne détenait qu'un usufruit planétaire,finirait par éradiquer l'horreur en sa totale ubiquité.Vers une saison parfaite,union d'hommes ayant enfin cessé d' usurper le divin.

            Fort à propos il arrive que je me relise.Effarement.N'avais-je pas en quelques lignes cédé à un ultimatum grandiloquent, poussé par une sorte d'hypertrophie urgente au point d'écrire comme si,en une banale uchronie,cette constante des us et coutumes science-fictionnels,j'avais décidé de refaire un cycle à la Asimov ou à la Frank Herbert,ces papes d'une littérature que je connais si mal en réalité.Dussé-je revenir sur mes pas,je décidai d'en rester là.L'usine à cauchemars, et les ustensiles télétransmetteurs, manifestement,je ne leur serais guère utile

18 août 2012

Les plumes de l'été: Retour à Boboli

                   Pour cette moisson auguste Asphodèle  a recueilli les mots suivants: vasque-vicissitudes-vacance (au singulier)-victoire-verveine-viaduc-vernaculaire-volubile-véto-vagabond-vice-vibration-valser-vampire-véloce-vinaigrette-vaste-voler (comme un oiseau)-victorieux (facultatif)-voluptueusement-verdure.

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            Trois ou quatre chats au moins s'allongeaient voluptueusement au coeur des massifs rose et rouge crénelés de vasques écaillées. Les jardins de Boboli s'animaient,mais doucement,au coeur de ma chère Toscane.Trop véloces en ce matin,les cloches que j'entendais,il me plaisait de les attribuer à San Miniato, pourtant éloignée,mais comme perchée sur mon épaule vagabonde à la façon d'un calme oiseau familier qui,par doux et contraires soubresauts,volerait là,pas plus loin,vers les si précieux cyprès florentins. Neuf années avaient passé, neuf hivers,neuf automnes dans la trop vaste maison du Nord,et la solitude qui avait jeté sur moi un bizarre ange de l'opprobre, aux vices très tolérables mais néanmoins messagers d'une noire victoire de l'ombre,à mille lieues de la ferveur florentine de nos émois d'hier.

 

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                         Qu'avais-je donc fait de plus de trois mille jours hors d'elle? Hors la vie, hors le goût car le meilleur scotch m'était verveine.Hors l'écoute,un volubile scherzo ne m'étant que lourdeur.Les si beaux théâtres de verdure aux estivaux effluves où valsaient muses et nixes,comme je les avais ignorés! Rien n'existait alors que ma vacance de roc et d'île.Ces gens,ce monde,ces orages ou ces soleils,cela ne me regardait pas.Ignorant toutes ces vicissitudes, seule ma douleur prenait corps, irriguant de ses vibrations toutes ces heures épuisées sans même un regard de ma part, comme si de ma  vie j'avais fait un viaduc hautain,au-dessus,ou ailleurs.

               Si longtemps après,voilà qu'à nouveau le Palais Pitti et la fontaine de l'Océan m'offraient leurs frondaisons,leurs babillages vernaculaires,leurs bruissements baroques.La Trattoria dei Medici présentait-elle toujours la vinaigrette charcutière dont nous nous grisions? Et le cabinet du véto où nous avions amené un des espiègles félins,à la patte chancelante? Curieusement je m'imaginai que la cape du vampire,ce plafond ténébreux qui m'oppressait depuis des lustres allait,enfin peut-être,s'étioler et hanter d'autres que moi.Ou rêvai-je?

 

7 novembre 2012

Pour seule richesse

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Pour  seule richesse dans ce livre...la littérature,de la plus belle eau qui soit.Troisième roman,pour moi,de Laurent Gaudé,Pour seul cortège est un roman d'anthologie dont la relative brièveté ne freine pas l'envol au coeur de la grande histoire,celle qui donne à réfléchir sur le pouvoir et sur le destin,à travers la mort d'Alexandre,phare de toute une époque et aussi encombrant mort que vivant.Le livre est admirable et je suis en désaccord avec ceux qui aiment le livre mais le trouvent somme toute d'une grande froideur.Pour moi il est possible d'être ému par le style et le tragique de cet ultime voyage d'Alexandre.

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Terrassé en Babylone lors d'un banquet Alexandre se meurt sous les fièvres.Que va devenir l'Empire avec ces prétendants à la succession et ces déchirures immédiates?Et quel est le rôle de cette princesse tirée d'un temple exilé que l'on ramène près du moribond?L'aventure,car c'en est une,des plus fidèles des compagnons de l'Empereur,se vit à travers les interventions de différents personnages tel un choeur antique,une polyphonie de l'épopée,justement évoquée par plusieurs critiques.
 
Certains parlent à propos de Pour seul cortège de clichés désuets et j'en suis surpris.J'ai un point de vue radicalement opposé.J'y trouve  le souffle romanesque allié à l'érudition qui fait de ce livre un "western" antique,une fresque mais pas croulant sous les hyperboles pédantes,un écho d'un empire qui avec la fin de son maître risque de se déliter,et des personnages de haut rang susceptibles comme tout un chacun de jalousies et de trahisons.Je suis sensible à la langue et à la sonorité  et ainsi je trouve que les noms propres des héros sont déjà pure poésie à mes oreilles de lecteur.J'ai pris plaisir à lire quelquefois à haute voix.Prononcer ainsi Tarkilias, Aristonos, Moxyartés est une jubilation,partie prenante de la lecture.Les lieux aussi exercent leur magie,l'Hyphase,l'Elymandros...Mais qu'on ne s'égare pas,Pour seul cortège n'est pas un exercice de style avec sa brillance mais aussi sa vanité.
 
Le long périple posthume d'Alexandre dont le corps est symbole,dont le corps est enjeu,devient sous la belle plume de Laurent Gaudé un extra-ordinaire récit où coule le sang des ambitieux et où frappent l'un contre l'autre les frères d'armes d'un passé récent.La cruauté n'est pas sans grandeur et la mort qui rôde a quelque chose d'exaltant.Certains blogueurs glissent une ou deux citations avec gourmandise.Ils ont bien raison mais je serais en peine d'en faire autant tellement ce livre s'élève au dessus de la mêlée littéraire.Une phrase toute simple m'a bouleversé par son universalité."Ce qu'ils on fait aujourd'hui,je l'ai fait hier" à propos des complots qui suivent forcément la mort d'un chef.Enfin,puisqu'il faut en finir,le personnage féminin est d'une richesse inouie,à lui seul justifierait les dithyrambes,le destin de Dryptéis étant âpre et barbare comme seuls savent l'être les dieux.
 
 
Ma note (je ne note jamais):17/20
Merci à Oliver de Price Minister qui a permis à bien des lecteurs ce beau voyage.
29 décembre 2012

Les plumes...by Asphodèle: Quand les mots viennent à manquer

                    Les plumes à thème by Asphodèle, pour la collecte de Noel, ça donne:roman-tunnel-secret-naissance-témoin-vie-niveau-lumière-automnal-purgatoire-bruissement-rite-tourbillonner-tranche-sous-bois-sagesse-extrait-aversion-basculer-baiser-baston.

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                          A l'évidence cette saloperie de crabe progressait là,quelque part aux entrailles,il continuait de creuser son tunnel, l'inexorable, dont on sait où il conduit,tout d'abord dans le secret des labos,alcôve de l'horreur,puis dans le bruissement des conversations  des hommes de l'art qui hésitent à en dire davantage.Puis enfin dans les désordres physiologiques et l'aversion de soi-même,à l'heure déjà tardive où les sous-bois de la vie,ceux qui furent si charmants parfois,ne reçoivent plus que la lumière voilée des sybillins messages d'une relative stabilité,celle qui ne fait qu'à peine entrouvrir la naissance de l'espérance,folle et inconstante.

                      Sur la rue d'Isle,comme un rite d'entre deux fêtes,tourbillonnaient les acheteurs retardataires,avant que ne glissent les calendriers.Il y avait donc comme un parfum d'immuable, témoin d'une pérennité, bastion solide qui tiendrait bon,pour presque tous. Pourtant son roman de l'intime,ce livre que l'on vit sans jamais l'écrire,mais qui cogne un homme au jour le jour,l'épuisant à le faire basculer, purgatoire déchirant, vers le grand néant,à peine une interrogation,était maintenant parvenu au stade que l'on voudrait empreint de la sagesse des décennies.Pour autant rien n'était moins sûr. A ce niveau l'itinéraire avait de quoi laisser perplexe.Et de cette gangue de sécheresse il lui semblait que ne surnageraient que quelques extraits vacillants, la tranche dorée de sa biographie disparaissant, poussière en devenir.

                     Il avait tant aimé les mots,à les faire valser,mais ces vieux amis capricieux le battaient un peu froid.Il les cherchait quand même et,ironie inquiète,il lui semblait qu'automnal ne convenait plus,s'éloignant comme le doux et cruel baiser de Lina-Maria,un soir d'été,en...

                 

5 janvier 2013

Les plumes... by Asphodèle: L'or nuit au logis

                                  Asphodèle ouvre le bal 2013 avec: choix-devoir-se battre-crime-pingouin-amarres-divorce-étendard-vent-nuage-écrire-aspirer-s'envoler-s'évader-fraternité-cascade-clameur-chuchotement.J'ai voulu ce texte différent du précédent de façon on ne peut plus radicale.Qu'en pensez-vous?

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                   Au très sérieux Comité pour la dignité des pingouins,ils n'étaient pas manchots.Depuis qu'ils se battaient pour faire disparaître du vocabulaire les horreurs telles qu' "avoir l'air d'un pingouin" ou "habillés en pingouins" ils touchaient finalement au but.Employer l'expression précédente serait à partir du 1er avril considéré comme un crime.Des années de lutte s'accomplissaient enfin et le Professeur MacAreux,non content d'être président du conseil d'administration de la Banque Ise au Terme,allait sûrement devenir citoyen de la Terre de Baffin, honneur auquel il aspirait depuis si longtemps.Il n'avait plus qu'à mettre la dernière main à l'ouvrage de sa vie,les mémoires apocryphes d'un palmipède arctique,qui devait être publié sous le titre Le journal d'un gorfou.Le choix du nom de l'ouvrage ne devait pas grand-chose à Gogol mais le professeur tenait pour certain qu'avec ce livre,écrit au long de quatre années d'hibernation en caisson hypobare dans des conditions extrêmes d'où il ne s'était évadé que pour de rares rafraîchissements,il atteindrait enfin la célébrité,brandissant l'étendard de la lutte contre le réchauffement.

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               Flamberge au vent tel un mousquetaire il avait tant mouliné,moderne Quichotte,contre le mépris dont on avait abreuvé ces oiseaux du froid.L'heure était-elle venue de la réhabilitation de ces volatiles qui jusque là n'avaient guère recueilli lors de leurs dandinements,hâtivement jugés grotesques,que chuchotements malveillants ou clameurs assassines?Le coeur apaisé,son douloureux divorce digéré(c'est vrai que son ex-épouse avait tout d'une bécasse,pire, d'une harpie),le grand savant allait faire son ultime devoir,sa communication à l'Académie des Belles Plumes,dont la secrétaire perpétuelle et néanmoins charmante était la vicomtesse Aspho d'Aile,pour laquelle le digne professeur cultivait un sentiment un peu au delà d'une fraternité d'armes.Jabot impeccable,queue-de-pie bien tombant,jolie cascade en noir et blanc,à l'estrade,un peu ému,il sentit sa mémoire s'envoler doucement,bégaya tel un oisillon chu,voire déchu.C'est ainsi que la raison du digne universitaire largua les amarres pour retrouver les nuages,les merveilleux nuages,ceux de Baudelaire probablement,et dans le sillage de L'albatros.

27 décembre 2012

Le lent adieu au roi

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           Déjà présentes dans Tout va bien,le remarquable roman qui contribua à faire connaître l'Autrichien Arno Geiger,la perte d'autonomie et la maladie d'Alzheimer sont au centre du récit,et non roman cette fois, Le vieux roi en son exil. Sous ce très beau titre crépusculaire et non sans majesté Geiger décrit le déclin de son père August Geiger,sans artifice et avec une précision calme et stricte,avec un recul salutaire et pas mal de drôlerie aussi.Sans aucun voyeurisme ni sinistrose l'auteur réussit une approche humaine, avec ce qu'il faut de déchirement mais aussi le sens du farfelu que ce drame contient parfois.

          Dans cette reconstruction du  monde recréé par la maladie Arno Geiger inclut des notations précises sur le père de son père,ce qui donne une cohérence bienvenue et un je ne sais quoi d'inéluctable qui nous concerne tous.Foi catholique, ardeur paysanne, souvenirs et la présence de quelques objets, tout cela donne à ce roman une solidité rassurante malgré le thème qu'on ne saurait élaguer maintenant de toute société contemporaine,thème auquel nous sommes presque tous confrontés tôt ou tard et sur lequel il faudra bien un jour ne plus se contenter de nos sempiternels clichés.

14 mai 2013

Des hommes et des guitares/Pour un joueur de guitare

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         http://youtu.be/zMKTUDrDIOI

            Le Gerardus Mansetus Solitarum est une espèce rarement observée,terrée depuis des années en studio ou essaimant à travers la planète en toute discrétion. Echappant à toute nomenclature,je dirais même à toute Nomenklatura, peu bavard à en friser l'autisme médiatique,ce qui nous change des verbiageux.Travaillant,je crois,dans un état proche de l'autarcie.J'ai extrait de cet album déjà trentenaire, cette chanson dédiée à mes chères six cordes.

           Auteur de plusieurs récits et méditations de voyages tant sur les dieux incas que sur Angkor ou Bruxelles,Manset a parfois vilipendé ses propres chansons, du moins les rares succès publics (Marine Bar).Je me suis posé la question,qu'en penser? Lucidité? Coquetterie assez insupportable?Sais pas.

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         "Pour elle il aurait pu jouer toute la nuit,maintenant il en a plus la moindre envie"

2 mars 2013

Les plumes...by Asphodèle: L'appel du New Hampshire

            Chez Asphodèle,maîtresse de céans que je remercie encore pour son sens de l'organisation,nous planchons cette semaine sur les mots suivants: liberté-fusée-nature-étoile-respiration-steppe-vital-étendue-océan-voiture-majestueux-claustrophobie-galaxie-infini-atmosphère-cosmos-euphorie-évidemment-éclipser.

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                Je pars.C'est décidé,c'est probablement folie,mais un jour l'homme doit se conformer à ses voeux de jeunesse.Perdue,la jeunesse.Le temps nous est chichement imparti et la Nouvelle-Angleterre me manque.Trop de romans encombrent mes cellules,je dois impérativement,sous peine d'auto-dégoût,en finir avec celui de mon existence,et là bas,cet Atlantique là,qui n'est plus le nôtre, amplifiera ma respiration,ce sentiment d'un Ouest qui s'enoriente en un autre continent et regarde vers la vieille Europe,mater dolorosa, cette marche à l'étoile longtemps remise aux calendes grecques,il faut enfin m'y confronter.Ne vous leurrez pas sur ma lucidité,elle est totale,mais ici le minimum vital ne m'est plus acquis.La Côte Est d'un pays de l'Ouest me semble tout indiquée pour m'éclipser et là-bas il y a Nantucket,les souvenirs des baleiniers et l'omniprésente Moby Dick,un rêve de départ.Des oiseaux apeurés, néanmoins effrayants,m'y attendent,lisière de l'océan,à tire d'aile ils sillonnent les étendues saumâtres,la liberté d'un Jonathan Livingstone les berçant et m'enivrant.

            L'euphorie m'est étrangère et m'a toujours ignoré.Aucun alcool,aucun regard de femme n'a jamais été de nature à briser mon scepticisme.Aucune naissance non plus.Evidemment j'ai navigué comme tout un chacun,méandres et chausse-trappes furent notre lot à tous.Nulle originalité dans ma démarche hésitante et ce n'est pas majestueux que j'avance,loin de là,tout au sentiment d'impéritie d'un voyageur égaré dans une steppe asiate.Pourtant c'est adoubé que je cingle sur des flots presque infinis,l'écuyer a cessé depuis lontemps d'être un jouvenceau,et je me sens prêt à chevaucher le cosmos,mêlant dans une princière galaxie imaginaire et quotidien.Aux rêves fous de l'âge tendre,aux violences adolescentes,succèdent les atmosphères de mélancolie de l'automne qui sera donc entre Montagnes Blanches et Cape Cod,à déclamer Thoreau,à chanter les rubans de voitures du New Jersey Turnpike de Paul Simon.A considérer sternes et albatros,fusées maritimes au vol meurtrier de toute claustrophobie.Si j'osais.

27 juin 2013

Des mots,une histoire: De passage

                     L'escarcelle 107 d'Olivia cette semaine: secret-mystère-dessert-gomme-mâcher-chewing-gum-s'étirer-libération-tondre-brebis-galeuse-puce-sale.Je n'ai pas réussi à échapper à la "brebis galeuse".Je pense qu'il faut, lors du choix, se méfier des associations trop évidentes.Ce n'est bien sûr que mon avis.Vous constaterez aussi que ce texte est "épucé",incapable que j'étais d'introduire ce sympathique parasite ni sur le marché,ni à l'oreille.

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                              Comme j'aimais la voir tondre ses quelques arpents de pelouse.La plupart du temps elle étaît vêtue d'un short kaki et d'un polo jaune qui scintillait lors que je l'observais à la dérobée dans le secret des thuyas protecteurs.Mal aimée du village,le qu'en dira-t-on allait bon train quant à cette femme récemment débarquée d'on ne sait où dans cette calme bourgade picarde qui n'appréciait guère les nouveaux visages.Sans être tout à fait traitée de brebis galeuse on ne goûtait pas trop le halo de mystère qu'elle semblait suggérer.Après les vétilles,chewing-gums dans sa boîte aux lettres,assez vite apparurent les sales insinuations devant la poste ou la boulangerie, puis un calicot ,à l'orthographe incertaine "A la Libération,vous savé ceux qu'on leurs faisait?" que le maire fit enlever,pas assez prestement.Je me souviens surtout du geste qu'elle faisait après avoir fini ses travaux verts,elle s'étirait longuement jambes et cuisses et j'avais la chance d'apercevoir ses reins qui m'affolaient quelque peu.J'appelais ça mon dessert de printemps.Elle n'est guère restée plus de deux saisons dans notre village.Je n'ai jamais su son prénom.Depuis,quand je pense aux femmes de ma vie,pourquoi est-ce son image qui me revient si vite? Rêveur,je mâche un crayon hors d'âge,j'écris sur elle,ni gomme ni rature,spontanément,elle me sourit.

2 novembre 2013

Les plumes... by Asphodèle: Obsidienne que pourra

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                               Une provision de mots en cette fin d'octobre,elle nous vient d'Asphodèle,merci pour ces 22 vocables: angoisse-silence-assourdissant-rue-paix- musique-exister-ténèbres-se ressourcer-naviguer- espace-bienfaisant-errance-vide- partager-austral-assis-ambivalence-manque-obsidienne-onde-orage.

                              J'aime bien les chansons sur la solitude et je les aimerais encore plus si même sur de la musique les auteurs pouvaient éviter de faire rimer cette solitude avec habitude.C'est vrai que sous toutes les longitudes l'attitude de ces mêmes auteurs est de donner toute latitude à une sorte de vide confinant à l'hébétude.Moi si j'osais,si j'osais...

                               Si j'osais écrire une chanson où il serait question de solitude j'évoquerais la mienne mais aussi la vôtre.A les partager seraient-elles moins lourdes et nos angoisses bénignes? J'imaginerais l'homme assis, un banc, un bar, car l'homme assis est plus seul que l'homme debout qui, lui, a pris la décision d'exister enfin un peu, verticalité oblige,qui permet malgré l'impasse tragique de réinvestir un soupçon d'espace et de naviguer jusqu'à un coin de rue,dont je me souviens. Parce qu'on se souvient tous d'une rue,d'un quartier, d'une ville, d'une jeunesse, et d'un manque cruel de pépites sur la route. Or, sans ces petits cailloux au bord du chemin, dont l'éclat pourtant souvent modeste éloigne pour un temps les ténèbres, sans quelques onces d'ondes légères et prometteuses, point d'alternative salutaire à notre irrémédiable déréliction.

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                              Si j'osais j'intitulerais cette chanson  "La solitude est un cercueil de verre" * mais quelqu'un d'autre l'a déjà dit. Le titre était si beau, j'aimais bien aussi "La solitude du coureur de fond" ** mais quelqu'un d'autre l'a déjà dit. Seul le silence est grand et la paix qui en découle. Mais quel abyssal ennui. Alors se taire et fuir pour les splendeurs australes où se ressourcent,nantis de candeur, des hommes aux traits trop bienveillants? Là où le ciel crache des obsidiennes en d' assourdissants orages se sent-on moins engoncé, en habits neufs d'empereur ou en guenilles, dans l'ambivalence annoncée d'une si longue nuit d'errance,celle qui se joue des hémisphères?

* Ray Bradbury, ** Alan Sillitoe

Toute image qui risquerait  de léser quelqu'un sera immédiatement retirée de  cet article.

Allez Valentyne                   

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9 juin 2017

Chantage peu enchanteur

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 Masse critique

                         Babelio et moi c'était polar cette foi, avec un roman français qui se déroule en Californie, et qui ne restera pas dans l'histoire. Un couple d'enquêteurs, un businessman véreux, de somptueuses villas fenêtre sur Pacifique, beaucoup, vraiment beaucoup de nouvelles technologies. Tom Riley et Tess Lorenzi, on brasse large, patronymes d'origines irlandaise et italienne. Trêve de persiflage ce Blackmail blues se lit bien et si l'on comprend tout de suite que la victime de cet homicide était une belle ordure on se désintéresse tout aussi vite de l'assassin. Maître chanteur multicarte, ce Pounds a bien mérité son sort. La quatrième de couv.: voitures de sport, bijoux, conquêtes féminines, voyages, n'a pas menti. Ajoutez grands vins et high whiskies. Bon, ça peut se lire, dans le train sauf que plus personne ne lit dans le train.

                        Je suis un peu acerbe, un peu injuste à la rigueur. Mais ces romans policiers finissent par se ressembler tellement. Ce genre littéraire est à bout de souffle et je crois, mais j'ai déjà dit ça sans vraiment tenir parole, que j'éviterai dorénavant la plupart des enquêtes que des éditions pléthoriques ne manqueront pas de proposer. C'est que tant d'autres ouvrages nous tendent leurs pages et, chemin faisant, j'aimerais bien que mes lectures à venir, forcément moins nombreuses que celles passées, me marquent un peu plus. Je m'aperçois que je n'ai même pas cité l'auteur(e) Chris Diehl. Voilà qui est fait, ne m'en demandez pas davantage.

9 avril 2018

L'Ecrivraquier/19/Désinvolture

 L'Ecrivraquier                            

                                  Elle aurait dû m'accompagner au moins par épisodes mais je ne lui ai jamais donné sa chance. Aux antipodes d'elle j'ai vécu, les épaules appauvries du faix de culpabilités inventées à partir des aléas qui nous jalonnent, mitrailles de nos enfances et nos adolescences. Elle a de mauvaises critiques, on la confond souvent avec la nonchalance. Je dis malentendu. Je crois qu'il faut y travailler lorsqu'on n'a pas la chance qu'elle nous soit presque innée. Pour elle, Dame Désinvolture, et moi, ce ne furent que rendez-vous manqués, y compris les plus précoces. Le manège ne tournera pas une seconde fois. Bien sûr je ne lui accorde pas un crédit total et je sais bien  qu'elle a fini par en désarçonner plus d'un. Pourtant maintenant, le maintenant de la vie, c'est l'automne, une saison propice à la réflexion, à l'autocritique, aux yeux humides. Il n'est que temps pour la belle Désinvolture, aux cheveux fous, amazone indomptable et rétive, papillon fugace, vif-argent, de me rejoindre. Essayons Dame, essayons de convoler enfin.

14 décembre 2013

Les plumes... by Asphodèle: A l'origine

                                           Asphodèle, notre chère hôtesse es poésie a recueilli cette semaine le panier suivant: miroir-nature-nocturne-lumière-vénéneux-délicatesse-piano-contemplation-temps-bouquet-éphémère-ensorceleur-intérieur-sulfureux-déesse-rouge-couleurs-ruissellement-ravir-rosée.

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                                          L'histoire était abracadabrante, une sorte de feuilleton exotico-fantastique,sur une ancestrale télé noir et blanc épaisse de soixante centimètres. Une déesse cachée dans la montagne au coeur d'une île nantie d'un volcan dont les sulfureux méandres,qu'on imaginait d'un rouge de sortilège malais, exigeaient régulièrement leur obole de vies humaines. Un truc toc digne des plus médiocres pulp fictions,couleurs criardes sur un papier bon marché.En ce temps-là les enfants avaient, je crois, la contemplation plus facile et ne rechignaient pas à rester sur des images un peu chiches plus de quinze secondes. Dans la maison grand-maternelle à l'intérieur d'odeurs mêlées de confiture et de sueur, c'était comme une initiation à l'aventure,  un miroir de mes goûts en devenir, la première invite à l'imaginaire, celle qui devait devenir ce ruIssellement pelliculaire qui ne fit que grandir. Une version King Kong au rabais,sans la poésie de l'ensorceleur chef d'oeuvre de la R.K.O.

                                         Le livre, amputé de ci de là de quelques pages, je l'avais récupéré au grenier parmi les noix à sécher. La nature gourmande des loirs s'était avérée bibliophile avant moi.Cependant les rongeurs n'étaient pas venus à bout du Connétable de Chester dont la couverture presque intacte, des hommes d'armes rudes d'apparence, s'inclinant devant une gente dame au hennin cramoisi et à la délicatesse altière, m'a ce jour-là mis le pied à l'étrier du vice impuni de la lecture. La tranche d'un livre,ce jour d'enfance,dessina la lumière qui me viendrait de ces noms chantants et quelquefois vénéneux, gentils amphitryons ou cerbères menaçants, passeurs d'émotions, précepteurs, révélateurs, tout sauf éphémères.

                                       Le Nocturne de Schubert, trio pour piano, violon et violoncelle en mi bémol,opus 148, D 897,par contre,je ne sais plus ni où il m'a meurtri pour la première fois, ni quand il m'a ravi définitivement, matutinale rosée ou crucifiant crépuscule au noir bouquet.

http://youtu.be/p9sd1N4Ssd4  Nocturne en mi bémol    Collard,Dumay,Lodéon

 

 

18 janvier 2014

Les plumes...by Asphodèle: Ce passage-là était bien*

                                           Pas moins de 23 mots cette semaine dans l'escarcelle d'Asphodèle dont il faut saluer l'énergie pour mettre en oeuvre toutes ces animations autour de l'écriture: visage-camouflage-armée-plume-vénitien-jaune-déguiser-bal-argile-mensonge-embaumer-comédie-celer-mystère-pailleté-crème-farandole-grimace-hypocrisie-dissimuler-unir-usure-unique.

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                                            Sur la Place de l'Hôtel de Ville où je l'ai croisé samedi  on ne s'est fait aucune grimace réciproque. Notre vieille rivalité doit être aujourd'hui prescrite et nulle comédie n'est plus à jouer entre nous. Il m'a confirmé qu'elle vivait toujours à Lyon avec ce type que j'ai vu une fois au concert de Jazz au Jardin en juillet dernier. Mon sourire était jaune en lui serrant la main alors qu'elle était partie acheter trois bières.Trois. Paraît que monsieur est musicien. Quel genre j'en sais fichtre rien. Ce que je sais c'est que ça m'étonnerait qu'il lui écrive les poèmes dont ma plume alors fertile l'inondait et qu'elle clamait à haute voix dans les rues de notre ville, du temps où ce n'était un mystère pour personne, du temps où je peaufinais ma pièce, qu'elle jouerait, c'est sûr, du temps où j'étais Branagh avec Thompson, Bergman avec Ulmann. Je n'avais pas pour habitude de celer mes modesties. Elle non plus, tous le savaient et le théâtre avait beau être amateur, la fièvre était rien moins qu'hollywoodienne et le virus vénitien. "C'était un temps déraisonnable*", aurait dit Louis, et, pas longtemps, j'ai près d'elle tutoyé le ciel, roi du monde et figure de proue. Mais le bal ne pouvait durer et aux corsages pailletés succèderaient vite les habits élimés du quotidien.

                                           Je n'avais guère envie de creuser le sujet. Pourtant il m'a entraîné au Bar de l'Imprimerie et devant un crème pour lui, je crois qu'il avait arrêté le reste, et un cognac pour moi, je sais pas pourquoi brusquement m'est venue l'envie de m'échauffer un peu, marre de dissimuler peut-être, ou à l'opposé l'idée de m'aider, fugace, à la retrouver huit ans plus tôt. C'était farandole assurée quand elle et moi étions dans la même salle, farandole de regards complices parmi les visages amis et banals, et coups d'oeil tout en méfiance aussi, vous-ai je parlé de sa jalousie, de ce sentiment qui fait que les femmes, en une occasion au moins, se ressemblent toutes, à ne pas déguiser leur haine sous un camouflage de compréhension bidon. Quelques mois, pas davantage, au moins ignorerions-nous l'usure, mais de cela voulait-il me parler? Et que me dire? Maintenant grand-pères, lui comme moi, deux silhouettes déjà voûtées et comme unies à la flammèche de son rire à elle, éclatant et communicatif, il nous semblait résonner, tout prêt à libérer la dérisoire armée de nos amours, d'argile cisaillée.

                                            Il ne m'a rien dit cet après-midi de janvier et moi non plus. Fervent adepte d'une hypocrisie salvatrice, je décidai de le laisser vieillir avec de moi une belle idée, une idée de loyauté. Je lui devais bien ça, à lui qui avait fermé les yeux sur nos mensonges de deux ou trois saisons. les plus belles de la vie de sa femme, que mi poète mi soudard j'avais annoblies. Voir dans mes yeux une lueur du bonheur enfoui et de la gaité d'antan lui suffisait pour embaumer le souvenir de notre bien commun dont curieusement je peine à me rappeler le prénom. Je la nommais, moi, je la nommais...Je crois que c'était unique. N'en parlons plus.

* Merci à Louis Aragon. Merci à Alain Souchon.

 

 

23 janvier 2014

La poésie du jeudi, Charles Cros

Dans la clairière

 

Pour plus d'agilité, pour le loyal duel,

Les témoins ont jugé, qu'elles se battraient nues.

Les causes du combat resteront inconnues.

Les deux ont dit : Motif tout individuel.

 

La blonde a le corps blanc, plantureux, sensuel ;

Le sang rougit ses seins et ses lèvres charnues.

La brune a le corps d'ambre et des formes ténues ;

Les cheveux noirs-bleus font ombre au regard cruel.

 

Cette haie où l'on a jeté chemise et robe,

Ce corps qui tour à tour s'avance ou se dérobe,

Ces seins dont la fureur fait se dresser les bouts,

 

Ces battements de fer, ces sifflantes caresses,

Tout paraît amuser ce jeune homme à l'oeil doux

Qui fume en regardant se tuer ses maîtresses.

 

Charles Cros (1842-1888)

 

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                               Ce que j'aime particulièrement dans cette belle rubrique bimensuelle initiée par Asphodèle c'est que bien souvent le hasard, en ce qui me concerne, préside à de jolies découvertes. J'ai rarement une idée précise mais quelques noms de poètes qui clignotent. Alors je musarde, la toile peut s'avérer si riche en surprises. Charles Cros, chanté par Trenet,un compatriote du Languedoc, et honoré d'un prix du disque qui porte son nom, nous prouve avec éclat qu'on peut être de formation scientifique, chimiste, l'un des pères du phonographe, et poète, voire chansonnier. Et puis je vous fais une confidence:qu'est ce que j'aurais aimé être le jeune homme de ce poème.Fantasme inavouable, tant pis, tout comme lui je vous fais les yeux doux. 

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