Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

BLOGART(LA COMTESSE)

Derniers commentaires
Pages
15 mars 2013

Ella,elle l'a

     CHEVREFEUILLE_GOLDFLAME_A         

                     ...cet indéfinissable charme.L'une des ladies du jazz reprend ici un standard composé dans les années 30 par Fats Waller.Tout le monde,absolument tout le monde du jazz a enregistré une version de Honeysuckle rose.Voici donc Ella à Montreux, accompagnée du fabuleux orchestre de Count Basie.Nul doute qu'avec Ella Fitzgerald et le Count ce chèvrefeuille prospère vraiment du côté ensoleillé de la rue.C'était mon petit tour au jardin virtuel,sous la tonnelle,à boire le vin frais.On peut rêver.Et swinguer.Par contre je n'ai jamais compris comment "chèvrefeuille" se traduisait dans la langue de Shakespeare par "suc de miel".

fvb3mb    http://youtu.be/7FwWlyGHlwE   

Honeysuckle rose  Ella Fitzgerald

  

 

 

Publicité
12 mars 2013

Hitch's cameos

Image3

            Un tout petit clin d'oeil.Je pense que la plupart d'entre vous connait déjà ce petit montage.C'est un grand classique des quizz cinéma.Mais comme on se pose toujours  la question voilà de quoi satisfaire la curiosité de chacun.La plus étonnante de ces apparitions est sûrement celle de Lifeboat,huis clos sur un canot de sauvetage.

http://youtu.be/OW6Rdiqlg2E  Oscar du meilleur 83ème rôle

9 mars 2013

Sculpteur de maux

les-oliviers-du-negus

                               Quatre récits composent cette ballade aux trois quarts italienne (d'où le clin d'oeil au Viaggio de  http://chezmarketmarcel.blogspot.fr/ ) de Laurent Gaudé,un des auteurs français que j'apprécie. Cette phrase,je l'ai écrite après avoir lu trois de ces textes.Maintenant que j'ai lu le quatrième je n'hésite pas à ranger Gaudé au firmament des écrivains français actuels.La mort accompagne les héros des ces histoires,elle leur tient la main,au long des fleuves de ténèbres et de boue,omniprésente annonciatrice des charniers hors du temps.Le style de Gaudé est toujours si riche,en hommes et en dieux et en diables.Cet auteur là est lui-même de glaise et de sang,et comme ça se sent dans ses livres, particulièrement dans ce somptueux carré,que je n'ose qualifier de nouvelles,terme parfois un peu précieux et alambiqué,bien à tort d'ailleurs.

                     Les oliviers du Négus,c'est l'Italie sinistrée après l'Ethiopie,une Sicile mortifiée qui semble ignorer le Prince Salinas,ce guépard éclairé,bien que nous soyons maintenant dans l'Entre Deux Guerres.Le catafalque de la cathédrale de Palerme,le roi des Deux Siciles,Frédéric II,Zio Négus le vétéran d'Abyssinie et le narrateur nous plongent aux arcanes de cette terre,toute de pierre et de lumière, baignée de tant d'obscur.L'écriture,je n'y reviens pas,elle est magnifique.

                     Le bâtard du bout du monde nous ramène plus au Nord,quand Rome commençait à se gangréner et dont ce centurion honnête et rude préfigure l'agonie.Lucius,retour d'une lointaine et froide Calédonie,l'Ecosse,le mur d'Hadrien, presque à lui seul, endosse les malheurs de l'empire romain.Au contact des Barbares,l'homme s'est endurci sur les chemins boueux de Germanie et de Gaule.Lucius a tué,beaucoup, et ce fils de personne,né dans la poussière des quartiers populaires parmi les chiens faméliques et les esclaves,de retour sur l'Aventin,clame son amour pour sa ville,Rome,lascive et putassière.Ses larmes scelleront le sac de Rome. Quarante pages,un Tibre de passion,de terre et de douleur.

Il viaggio

                  Je finirai à terre nous transporte dans la France de 1914,qui s'y connaissait en boue et en douleur,dans l'Artois voisin de ma Picardie. La violence ne le cède en rien à Rome et Laurent Gaudé revisite en quelque sorte le mythe du Golem, né, je pense, en Mitteleuropa.Gaston Brache,soldat,comprend que la terre de France,meurtrie et mutilée,a créé un sur-être de glaise et de feuilles, destiné à punir les hommes,ces matricides.

            J'ai écrit ici-même à propos de la Mafia qu'aucun roman ne lui rendait,si j'ose dire,justice.Car le sujet est fort.C'est fait. Vingt-quatre pages de Tombeau pour Palerme,et c'est le plus beau texte que j'aie lu sur l'hydre assassine.Nous accompagnons pendant quelque temps un juge anti-mafia qui tient en personne le sinistre compte à rebours le séparant de sa propre exécution.On comprend que c'est Paolo Borselino qui narre la chronique de sa mort annoncée.Carlo Alberto Dalla Chiesa,Giovanni Falcone y sont nommément cités.D'autres aussi...Dédié par l'auteur "Aux seuls véritables hommes et femmes d'honneur de Sicile", ce récit est splendide de retenue et d'une ampleur inouie.

7 mars 2013

Harry dans tous ses états

la-verite-sur-l-affaire-harry-quebert22

                        Grand succès actuel ce livre n'est pas un très grand livre.Mais il a une qualité non négligeable, il se lit avec un vrai plaisir simple,celui de se confronter à une embrouille policière efficace.Habilement construit,ce pavé de 650 pages nous emmène en Nouvelle-Angleterre et veut mêler adroitement et à sabots pas toujours d'une exemplaire finesse,le vertige de l'écriture,le roman dans le roman,la sociologie d'une petite ville du New Hampshire,les rebondissements abracadabrants. Marcus Goldman,écrivain est amené à enquêter sur son mentor Harry Quebert,écrivain lui aussi mais sec depuis 33 ans,depuis la disparition de Nola, quinze ans.Nola dont on vient de retrouver le corps dans le jardin d'Harry.Joël Dicker joue sur différents tableaux avec plusieurs coupables possibles,base de tout polar,mais aussi avec une variation sur l'acte d'écrire,pas mal fichue d'ailleurs.Ce qui fait qu'à la fin on ne sait plus très bien qui a écrit quoi.Mais c'est bien troussé,d'un abord très aisé malgré les drames.Il me semble toutefois que l'Académie Française a été un peu généreuse en couronnant La vérité sur l'affaire Harry Quebert.Pour le Goncourt des Lycéens on comprend mieux.N'ont-ils pas l'âge de la victime?C'est donc à double titre que ce roman rejoint le sympathique challenge de Laure(Ma danse du monde)

a-tous-prix

         Pourquoi ce roman a-t-il rencontré une telle audience?Et pourquoi les détracteurs sont-ils montés au créneau?A mon avis ce livre remplit son rôle presque à l'excès,la roublardise de l'auteur,ou son savoir-faire,c'est selon,permettant à tous les lecteurs de traverser ce récit au galop.Pourtant il ne manque pas d'une certaine complexité,avec de nombreux retours et une constante oscillation entre Quebert et Goldman,le suspect et l'enquêteur,tous deux aptes à bâtir des histoires puisqu'écrivains. "Un bon livre, Marcus, est un livre que l'on regrette d'avoir terminé".On peut voir les choses comme ça.De toute façon il n'y a pas de mal à se faire du bien et les lecteurs plutôt satisfaits,j'en suis,oublieront vite cet ouvrage agréable et sans séquelles.

      Polémique puisque polémique il y a eu.Certains critiques,non des moindres,Nouvel Obs. par exemple,et d'autres,ont cru voir dans La vérité...  l'ombre de Philip Roth.C'est faire beaucoup de place médiatique à Joël Dicker,bon faiseur.Comme souvent je pense qu'il n'y a ni excès d'honneur ni indignité dans ce livre.Pourquoi Roth,le maître absolu de l'écriture nord-américaine,version Est?Parce que,dixit Obs.,l'affaire se passe dans une petite ville universitaire de la côte atlantique.Parce que Quebert est un intello,prof de fac,soupçonné,comme tout le monde ou presque,d'obsessions sexuelles.Parce que comme Philip Roth,il fait partie de la longue lignée de l'écriture juive de Nouvelle-Angleterre.Parce que la transmission des générations y tient une grande place,le relais Harry-Marcus. Tout ceci est à mon avis sans intérêt.Plus sévère,mais plus juste,l'accusation d'easy reading,péjorative mais qui m'a semblé évidente, un peu comme l'easy listening,courant musical un peu simpliste,mais pas forcément bouillie musicale dans l'ascenseur.En conclusion,lisez "quand même" La vérité...On a tous ses faiblesses.Et surtout,qui de nous est toujours un aigle?

Deux autres avis parmi les très nombreux sur les blogs:

http://touteseule.over-blog.com/article-dicker-joel-la-verite-sur-l-affaire-harry-quebert-115940850.html

http://meslectures.wordpress.com/2013/01/06/la-verite-sur-laffaire-harry-quebert-joel-dicker/

4 mars 2013

Rome n'est plus dans Rome

51mWvEXYg6L__SL500_ 

                  Toujours très attiré par l'Italie je me suis régalé avec Prison avec piscine,premier roman traduit en France de Luigi Carletti.J'ai titré Rome n'est plus dans Rome pour deux raisons.Un,pour frimer et faire croire que j'ai lu la pièce de théâtre de Gabriel Marcel intitulée ainsi.Deux,plus sérieusement,parce que ce roman se déroule en fait en vase clos,dans une luxueuse résidence bunkerisée où un petit monde de privilégiés vit à l'aise,et rythmé à la belle saison par la piscine,principale distraction,très sécurisée comme il se doit.Bien qu'il y ait dans ce roman un hommage manifeste à la comédie italienne de ce cher cinéma on ne verra pas du tout les Gente di Roma,pour citer le beau document d'Ettore Scola.Aucune trattoria,pas de scooter,ni de soutane,mais une délicieuse intrigue,vaguement policière qui redistribue les cartes classiques,mafia,intellos,services secrets,gens de maison.Tout cela version 2012,Internet et tutti quanti.

brodetto

                      Filippo,universitaire en fauteuil roulant,et son factotum Isidro,Péruvien stylé,voient arriver dans la Villa Magnolia,un nouveau résident,le dos couturé de trois cicatrices horribles.Qui est cet homme?Et comment en si peu de temps prend-il une telle importance dans le quotidien bien huilé des habitants? Ange exterminateur? Théorème pasolinien? Deus ex machina? Toujours est-il que l'avocat sicilien,le maître-nageur, les vieilles dames très dignes,chacun tombe sous le charme de l'Ingeniore.Enjôleur,son passé apparait vite trouble,trouble mais délicieusement dangereux pour pimenter l'existence morne et chlorée de cet espace aseptisé comme le bassin.Non,on ne trouvera pas de cadavre dans la piscine.Mais rassurez-vous,cadavres il y aura.Et plaisir aussi,de lire 250 pages très rapidement, entre la farce romaine et le dossier secret défense.Et puis côté cuisine,vous vous régalerez de brodetto de l'Adriatique car l'homme,s'il a ses mystères,est ouvertement cordon bleu.Buon appetito!E grazie Nathalie per Il Viaggio!

Il viaggio

Publicité
2 mars 2013

Les plumes...by Asphodèle: L'appel du New Hampshire

            Chez Asphodèle,maîtresse de céans que je remercie encore pour son sens de l'organisation,nous planchons cette semaine sur les mots suivants: liberté-fusée-nature-étoile-respiration-steppe-vital-étendue-océan-voiture-majestueux-claustrophobie-galaxie-infini-atmosphère-cosmos-euphorie-évidemment-éclipser.

logo-plumes2-lylouanne-tumblr-com

                Je pars.C'est décidé,c'est probablement folie,mais un jour l'homme doit se conformer à ses voeux de jeunesse.Perdue,la jeunesse.Le temps nous est chichement imparti et la Nouvelle-Angleterre me manque.Trop de romans encombrent mes cellules,je dois impérativement,sous peine d'auto-dégoût,en finir avec celui de mon existence,et là bas,cet Atlantique là,qui n'est plus le nôtre, amplifiera ma respiration,ce sentiment d'un Ouest qui s'enoriente en un autre continent et regarde vers la vieille Europe,mater dolorosa, cette marche à l'étoile longtemps remise aux calendes grecques,il faut enfin m'y confronter.Ne vous leurrez pas sur ma lucidité,elle est totale,mais ici le minimum vital ne m'est plus acquis.La Côte Est d'un pays de l'Ouest me semble tout indiquée pour m'éclipser et là-bas il y a Nantucket,les souvenirs des baleiniers et l'omniprésente Moby Dick,un rêve de départ.Des oiseaux apeurés, néanmoins effrayants,m'y attendent,lisière de l'océan,à tire d'aile ils sillonnent les étendues saumâtres,la liberté d'un Jonathan Livingstone les berçant et m'enivrant.

            L'euphorie m'est étrangère et m'a toujours ignoré.Aucun alcool,aucun regard de femme n'a jamais été de nature à briser mon scepticisme.Aucune naissance non plus.Evidemment j'ai navigué comme tout un chacun,méandres et chausse-trappes furent notre lot à tous.Nulle originalité dans ma démarche hésitante et ce n'est pas majestueux que j'avance,loin de là,tout au sentiment d'impéritie d'un voyageur égaré dans une steppe asiate.Pourtant c'est adoubé que je cingle sur des flots presque infinis,l'écuyer a cessé depuis lontemps d'être un jouvenceau,et je me sens prêt à chevaucher le cosmos,mêlant dans une princière galaxie imaginaire et quotidien.Aux rêves fous de l'âge tendre,aux violences adolescentes,succèdent les atmosphères de mélancolie de l'automne qui sera donc entre Montagnes Blanches et Cape Cod,à déclamer Thoreau,à chanter les rubans de voitures du New Jersey Turnpike de Paul Simon.A considérer sternes et albatros,fusées maritimes au vol meurtrier de toute claustrophobie.Si j'osais.

26 février 2013

Blues is here to stay

LIV717_BIG

           Vieux de 40 ans ce bouquin sort enfin en France.C'est,je pense,une référence pour les amoureux de cette musique si belle et si méconnue ici.Nous en sommes pas en présence d'une encyclopédie qui compilerait les innombrables musiciens qui ont participé de près ou de loin à la naissance et la croissance du blues,des blues,devrais-je écrire.Ce n'est pas non plus un traité de musique sur les gammes mineures,le shuffle I-IV-V,ou les paroles assez conventionnelles à base de road again et de feeling blue.Non,c'est plutôt un voyage sur les chemins du blues et du early rock qui s'attarde sur le destinées musicales de quelques musiciens,pas forcément les plus connus,à l'exception de Muddy Waters et Howlin' Wolf.

         Particulièrement intéressants sont les chapitres sur deux maisons de disques,mythiques s'il en est,Sun Records et Chess Records.Sun,sous l'influence de Sam Phillips,enregistra nombre de bluesmen régionaux à Memphis,puis un jour signa le disque 209,d'un jeune camionneur né à Tupelo.Ce disque devait changer le monde,et le label jaune nanti de onze rayons de soleil allait conquérir la planète. Sam Phillips venait de découvrir Elvis Presley,illustrant ainsi la grande cohérence beuglée dans bien des morceaux de blues "Blues had a son and his name is rock'n'roll".

thats-alright-record_thumb  

69673-004-032E4054

             Chess Records, Chicago, est le label des frères Leonard et Phil Chess. Exploitants de clubs jazz plus ou moins douteux où la musique n'était que l'activité la plus légale,ces businessmen créèrent Aristocrat qui devint Chess Records et signa,excusez, Muddy Waters, Howlin' Wolf, Sonny Boy Williamson, Buddy Guy,avec un son de plus en plus électrique.Puis les seuls rockers noirs, Bo Diddley et Chuck Berry.Avec l'omniprésent grand contrebassiste et compositeur de blues Willie Dixon,a qui l'on doit My babe, Hoochie coochie man, Spoonful, You can't judge  a book by the cover.Un certain Keith Richards,à la question "Vos influences?" répondait "Tout ce qui sortait de chez Chess". Avec cet astucieux logo jeux d'échecs.

           Alcool, errance, précarité, prison furent les principales cases du jeu de l'oie des bluesmen,parfaitement évoquée par Peter Guralnik.Pour quelques gloires,et encore furent-elles tardives comme Muddy, John Lee Hooker, B.B. King,combien de ces formidables musiciens sont-ils morts misérables et fauchés?Grâce à ce bouquin, quelques-uns parmi les plus ignorés auront-ils au moins un peu de reconnaissance. Par exemple les deux oubliés de tous,y compris de moi-même, Robert Pete Williams,un des maîtres du Delta Blues et Johnny Shines,un compagnon de route du diable en personne,Robert Johnson.La troisième vidéo,elle,est tout simplement considérée par la Faculté du Blues de Beale Street, Memphis, Tennessee, comme le panthéon du blues acoustique,catégorie artisanale.Qui a dit "très artisanale"?

        

 
 
 Picture 26  http://youtu.be/Jkz2jz2sxtE   Prison cell blues
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

23 février 2013

Les plumes... by Asphodèle: Faut que j'vous raconte

                    Asphodèle la passionnée nous a concocté pour ce samedi la combinaison suivante:obsession-fruit-calvaire-égarement-film-érotique-feu-intense-gouffre-fusionnel-folie-rouge-vertige-fulgurance-danser-délicieux-dément.

logo-plumes2-lylouanne-tumblr-com

                    Ben ouais(oui picard) faut que j'vous conte ça.J'avais promis un texte pour les plumes de notre chère Asphodèle et évidemment je n'avais pas la moindre idée.Faut vous dire que mon nègre est cette semaine à Morzine où vous le reconnaîtrez facilement.Sec comme un film de Bresson je m'appprêtais au forfait. Mais vraiment le hasard a bien fait les choses.Sûr,vous aurez du mal à me croire.J'ai été sollicité pour participer à un concours Cinéma et Littérature dont je vous livre les questions.

                  1/ Citez les Prix Goncourt 1916,1968,1996,2001.Une intense activité neuronale me permit de conclure au choix suivant.

le feu

imagesCA1ACYR4

 calvaire

imagesCACSN193

             2/ Citez les films que vous avez vus cette semaine.Ca tombait rudement bien,j'en avais vu un par jour.Et voilà lesquels. Vraiment j'ai eu de la chance.C'est dément une telle veine.*

obsession

egarement

comedie erotique

gouffre

kingeorge1

vertiges

dansé

               Et puis,là,d'un seul coup,le doute me vrille,une fulgurance.Si à force de jouer au plus fin ça me valait une suspension, voire une exclusion de cette belle confrérie que titille l'envie d'écrire? Profil bas,mon gars (ça,c'est moi).Tu ferais mieux de présenter tes excuses à l'Amphitryonne de ce défi hebdo pour ce billet plus cavalier que littéraire.Et ipso facto,de te remettre à la rédaction ton roman au si beau titre en forme d'oxymoron Le délicieux fusil de Lionel (?).**

Notes de la rédaction

        * Pour les films,je les ai réellement vus tous les sept (et aimé six d'entre eux) mais en trente ans plutôt qu'en sept jours (licence poétique d'une belle mais humble créativité).  

        ** L'histoire ne dit pas si j'ai été lauréat du Goncourt,pardon,du concours.Quant au Goncourt je fonde de grands  espoirs sur Le délicieux fusil de Lionel.

      

19 février 2013

Un petit pas pour mon italianophilie

le-pas-de-ladieu-185x300

            Giovanni Arpino,je ne le connaissais presque pas.Il y a assez peu de temps que j'ai appris que le narquois Dino Risi l'avait adapté deux fois avec le grand Vittorio Gassman pour Parfum de femme et Ames perdues.Ce sacré persifleur de Risi m'a souvent enchanté.J'ai donc logiquement découvert cet écrivain italien (1922-1987),avec ce court roman,Le pas de l'adieu,qui met en scène deux professeurs de mathématiques.Déjà,moi,les profs de maths,je les hais, viscéralement,génétiquement,je leur dois de mauvais souvenirs,moi qui adorais l'école.Mais voilà,ils péroraient,poètes de l'équation,contemporains de Pythagore. Mais là je m'égare de la bissectrice,ou bien est-ce la médiane?Bon,il y a le très vieux Professore Bertola et le jeune agrégé Meroni.Le premier se consume, pensionnaire chez les soeurs,jumelles et bien mûres,Mimi et Violetta.Nous sommes à Turin qui est une Italie toisant Milan qui toise Florence qui toise Rome qui toise Naples qui toise Palerme qui toise le tiers monde.Mais est-ce que je ne me fourvoie pas,avec ces formules alambiquées,peu adepte de la rigueur mathématique de mes professeurs turinois,jeune ou vieux?

Il viaggio

              Un pacte lie les deux hommes.En attendant lis jouent aux échecs en conversant des anneaux de Saturne,de l'architecture de Bramante ou de la métrique de Vivaldi. Prudent,je reste à distance.Ces deux-là sont plutôt des pas marrants. Mais le récit s'humanise avec l'arrivée du patron de la trattoria où Carlo Meroni a son rond de serviette.Ce Zaza possède une voiture,un revolver, quelques fréquentations douteuses.Je vais un peu mieux.Et puis il y a Ginetta,nièce des deux soeurs,pulpeuse comme Sofia Loren dans les années cinquante,qui vient loger près du vieux professeur.Incendiaire,la Ginetta?Pas réellement,mais l'esprit de  décision est plus fort chez elle,la solution viendra donc d'elle.Enfin,la solution,une solution.

               Il viaggio,challenge de Nathalie,amie de Twain et de Proust, c'est aussi la destination de  cet article,pas follement enthousiasmant, mais vous êtes en droit d'avoir un avis différent.Ciao! http://chezmarketmarcel.blogspot.fr/p/il-viaggio.html

16 février 2013

Chères viennoiseries

wondrak

           Pénible,avec les nouvelles,leur publication est souvent en vrac.Certaines ont vu le jour en France dans différents recueils. C'est encore le cas avec ces sept textes de Stefan Zweig,certains datant de ses vingt ans,d'autres bien plus tardifs.Wondrak,la première nouvelle,est posthume.On sait la finesse et l'élégance de Zweig et j'ai adoré baigner une fois de plus dans cette Europe d'avant, condamnée.La scarlatine est ainsi parfaitement symbolique d'une jeunesse meurtrie,l'étudiant en médecine timide et moqué, amoureux d'une belle écervelée,et qui se révèle à lui-même dans l'art de guérir..et de mourir.Cette mort viennoise n'est jamais loin chez des écrivains comme Zweig.Ne finira-t-il pas par l'apprivoiser en 1942 dans un lointain Brésil?

         Printemps au Prater ramène bien sûr aux calèches,à Liebelei et à Schnitzler, on pense à Max Ophuls qui adapta si bien et Schnitzler et Zweig.Chez les Viennois le désespoir finit toujours par montrer son visage,parfois plutôt avenant. "Et peu à peu,tout à fait insensiblement,le sourire se meurt sur ses lèvres rêveuses..." clot magnifiquement avec amertume et cafard assuré la jolie nouvelle Rêves oubliés.De cette simple sentence tout est dit,à la viennoise.La dette nous emmène,sous la forme d'une lettre de Margaret à Ellen,au coeur du souvenir d'un acteur de théâtre qui les avait tant émues,jeunes filles,et que Margaret,en cure à la montagne,vient de retrouver par hasard,au comptoir d'une auberge,pas loin de la décrépitude.Toutes ces variations sur l'inexorable danse des heures,ce sont un peu les miennes,les vôtres peut-être.Sur Stefan Zweig,on n'a pas attendu les blogs pour savoir sa grandeur et la belle pièce de Ronald Harwood,Collaboration,ne dit pas le contraire.

imagesCAJI6J7R

        

14 février 2013

Une maison évitable,un miracle annoncé

la-maison-fantome-michael-kruger-9782020603188

                            Moins intéressant que La comédie de Turin ce roman de Michael Krüger recèle quelque drôlerie mais ne figurera pas dans mon florilège germanophone. Le personnage principal,journaliste,se trouve par hasard l'hôte d'un foyer constitué d'une femme et et de son fils,dans un coquet quartier de Hambourg.Au début on ne sait pas trop où l'auteur veut en venir.A la fin on n'est arrivé nulle part.A mon avis,mais cela va de soi qu'on peut voir les choses différemment.Je dirais qu'on peut aussi aller voir ailleurs.

                     Le père de la jeune femme se révèle être un ancien nazi mais qui partage avec notre héros une passion pour l'histoire des Jésuites en Amérique du Sud.Le gamin,taciturne et tête à claque, semble jouer avec la bonne foi du visiteur. Ca dure environ 200 pages mais les moments d'humour qui auraient pu sauver le livre sont trop rares pour que je ne me demande pas si cette chronique a sa raison d'être.Si par hasard quelqu'un ayant lu le livre passait par ici...Probabilité infinitésimale.

miracle-san-gennaro

         Mais bien plus prometteur semble être Le miracle de San Gennaro que Valentyne et moi vous proposons en Lecture Commune pour fin mars.Sandor Marai est un de mes chouchous.Val s'y intéresse beaucoup.Nous serions heureux de le partager.

12 février 2013

Un peu de Lang-ueur,soyons Cole

Gardenia-2

              Rubrique botanique,un art que j'aurais aimé pratiquer.Alors je bricole,je brikingcole dans mon coin quelques articles sonores butinés ça et là pour rendre hommage à la magie des fleurs.Cependant n'étant pas,ou pas encore docteur honoris causa de l'université d'Utrecht,Pays-Bas,je suis incapable de vous dire s'il existe des gardénias bleus.Par contre j'apprends en toute dernière minute que le gardénia serait plutôt un arbuste.Je savais par contre que son nom vient d'un botaniste qui se nommait Garden.Avouez qu'il portait bien son nom.

http://youtu.be/oJSp3k4HLr8    Blue Gardenia  Nat King Cole

 

bluegardenia_WEB

 

              Le film de Fritz Lang est un noir des fifties,pas trop flatté par les exégètes mais que j'aime bien.Le Blue Gardenia est en fait une boîte de nuit où Nat King Cole joue et chante.Cette chanson,devenue un standard,a été reprise par pas mal de ladies "soul" dont Dinah Washington et Etta James.Cest avec plaisir que j'offre ces fleurs à pas mal de blogueuses dont je ne citerai aucun nom, craignant l'émeute.Ce sont elles les fleurs de mon jardin.Nul doute qu'elles en apprécient le charme,au moins celui de Nat King Cole.

9 février 2013

Films de jeunesse à Compostelle

600_330_695e83dbb53fef87c2049d8647ffe248-1352284080

                Ce roman, Rétrospective, est le tout dernier livre d'Avraham B. Yehoshua,l'un des plus grands écrivains israéliens dont j'ai chroniqué déjà Shiva, mais surtout Le responsable des ressources humaines et L'année des cinq saisons.Le sujet m'a plu immédiatement,que je n'ai jamais lu dans aucun ouvrage.Yaïr Mozes, réalisateur israélien,plus très jeune,est invité à Saint Jacques de Compostelle,pour un hommage à son oeuvre.Il est accompagné de son actrice fétiche et entre eux le fantôme de son scénariste des premières années,avec qui il est fâché depuis si longtemps.Plusieurs surprises l'attendent à Compostelle.D'abord un tableau dans sa chambre d'hôtel le trouble profondément,une Charité romaine où une femme allaite un vieillard.Bouleversé,Yaïr Mozes y voit un symbole qui colle avec le côté enterrement de première classe de ces trois jours d'hommage.C'est parfois le cas dans ces cérémonies un peu officielles,déjà un peu posthumes.Et d'autant plus que,autre surprise,les organisateurs n'ont programmé que des films très anciens,dont le metteur en scène lui-même peine à se souvenir.A l'évidence Avraham B. Yehoshua et Yaïr Mozes ont bien des traits en commun. 

a-tous-prix

            Ruth,cette actrice à peine moins âgée,partage sa chambre et son lit en toute fraternité mais leur complicité ancestrale est un peu mise à mal pendant ces trois jours dans la cité des pélerins.Malgré tout Yaïr s'inquiète pour la santé de Ruth,et l'on comprend la complexité de leur relation.La rétrospective en elle-même couvre une bonne moitié du livre.Pour en avoir un peu participé à ce genre de manifestations j'ai trouvé excellente cette description de ces séances où quelques cinéphiles chevronnés tentent de décrypter des films très anciens devant des jeunes passionnés et parfois devant des spectateurs rameutés pour faire un peu nombre.L'organisateur des débats est par ailleurs un prêtre,ce qui entraîne parfois les discussions sur un tout autre terrain.Et comme il peut parfois être ardu de répondre avce cohérence et clarté sur des oeuvres vieilles de quarante ans.Il y a les souvenirs,les pièges de la mémoire,les émotions qui resurgissent,les erreurs du passé qu'on reprend en pleine face.Et,en ce cas précis,il y a surtout l'ombre de Trigano,ce scénariste des premières années,rival amoureux auprès de Ruth,ça,on s'en serait douté.

               Plus tard,de retour en Israel,Mozes et Trigano,proscrits l'un à l'autre,se retrouvent en un moment fort peu chaleureux.Est-ce l'heure de la réconciliation ou sera-ce un ultime rendez-vous manqué?Rétrospective est un livre infiniment riche de ces confrontations d'un homme avec son passé, riche de ces amours d'une vie qui durent cinquante ans sous différentes appellations, riche de ces scénarios pour une plénitude,souvent avortés,scénario s'entendant ici au sens large et englobant nos propres existences, riche aussi d'une belle interrogation sur le temps et la maladie.J'ai peur de m'engluer dans un jargon malaisé mais le plus simple est encore de s'embarquer dans cette Rétrospective d'un écrivain maintenant célèbre,qui n'oublie jamais que son pays n'est pas tout à fait comme les autres,ni dans sa brutalité, ni dans sa douleur.Médicis Etranger 2012,ce formidable roman est ma première pierre au sympathique challenge A tous prix initié par Laure.Et s'il fallait une seconde raison,Avraham B. Yehoshua fut lauréat dès 1995 du Grand Prix de Littérature d'Israel pour l'ensemble de son oeuvre.

         Israel est à mon avis le pays le plus talentueusement littéraire au km2. Songez:Yehoshua, Appelfeld, Oz, Grossmann et quelques autres.Et s'il y avait à cela quelques raisons...que je vous engage à découvrir.

6 février 2013

Ce qu'il advint du lecteur

sauvage

                       Goncourt du premier roman que j'ignorais Ce qu'il advint du sauvage blanc m'a été judicieusement conseillé.Et j'en suis ravi car voilà un vrai plaisir de lecture,qui se dévore avec enthousiasme,intelligent et gentiment érudit,historique et exotique sans les colifichets souvent inhérents aux romans sur le passé.On pense à Robinson à la vue de ce matelot abandonné sur une côte australienne peu amène.Mais on est assez loin du classique de Daniel Defoe.Ce dernier était seul,longtemps,ce qui n'est jamais le cas de Narcisse Pelletier en cette moitié de XIXème Siècle.Très vite il se retrouve entouré d'autochtones,assez frustes,et surtout quasi indifférents.Il vivra cette situation originale dix-sept ans.Vraisemblablement à peu près adopté par la tribu à force,mais nous n'en saurons guère plus.Grand étonnement:dans ce genre de récits on s'attend à voir le naufragé soit massacré,soit emprisonné,soit honoré,soit déifié.Ici rien de tout cela et François Garde ne nous livre que les premières semaines,assez rudes cependant.

                  Un montage fait alterner les ennuis insulaires de Narcisse avec sa réinsertion prise en main par Octave de Vallombrun,un voyageur éclairé,qui le ramène en Europe et essaie avec beaucoup de bonne volonté,d'abord de reconstituer son état-civil,puis de doucement le réintégrer au siècle.Objet de curiosité,on pense toutes proportions gardées,à Elephant Man,puis de condescendance,et d'exploitation,notre ami Narcisse retrouve un tarvail en bor de mer,ce qui à tout prendre est l'univers qu'il connait le mieux.Vallombrun,lui,se heurte à la communauté scientifique pas plus accueillante que les sauvages d'Océanie.

             C'est l'occasion pour François Garde de réfléchir et faire réfléchir sur l'adaptation de l'Européen chez les primitifs,et sur ses capacités à faire la route à l'envers.S'inspirant d'une histoire,ou de plusieurs,semblables,l'écrivain nous dépayse dans le temps et l'espace,des antipodes aux côtes charentaises.Parmi les paradoxesde ce roman,c'est finalement l'Impératrice Eugénie qui,en son palais de Compiègne,saura le mieux touchet cet étrage voyaguer sans bagages.L'on se prend d'affection pour les deux héros,qui apprennent à se comprendre,mais plus encore à se respecter,à défaut de se comprendre vraiment.

http://enlisantenvoyageant.blogspot.fr/2013/01/ce-quil-advint-du-sauvage-blanc.html Keisha a aimé aussi

4 février 2013

Géographie: Biloxi, Mississippi

jefferson-davis-presidential-library-on-grounds-of-his-last-home-built-in-1853-in-biloxi-ms034

        Voici la Bibliothèque Jefferson Davis,Biloxi,Mississippi.Rappelons que Davis fut le seul et unique président de la Confédération des Etats du Sud.On l'aperçoit dans le Lincoln de Spielberg.Biloxi,50 000 habitants,fut quelques années la capitale de la Louisiane Française avant le transfert à la Nouvelle Orleans.La ville a énormément souffert de Katrina.Plusieurs romans de John Grisham ont pour cadre Biloxi ainsi que le film de Mike Nichols d'après la pièce de Neil Simon Biloxi Blues qui narre les tribulations des jeunes soldats en classe avant la Normandie.

31347399-31347402-large

      Jesse Winchester,né en 44 en Louisiane,a été interprété par Joan Baez, Emmylou Harris,Wilson Pickett, Elvis Costello (photo).Il a lui-même enregistré de nombreux albums et fait partie de ces songwriters vieillissants toujours très prisés en Amérique.Evidemment somptueusement ignorés ici,cela va sans dire.Mais pas lors de notre voyage autour d'une galette noire qui s'achèvera prochainement, non sans quelques ultimes destinations.

http://youtu.be/89a1xVjCT     Biloxi   Jesse Winchester

                        Abilene,Albuquerque,Asbury Park,Atlanta,Atlantic City, Austin, Bakersfield, Baltimore, Baton Rouge, Berkeley, Biloxi, Birmingham, Boise, Boston, Brooklyn,Cedar Rapids, Chattanooga, Cheyenne, Chicago, Cincinnati, Clarksdale, Cleveland, Dallas, Denver, Detroit, Dodge City, Flagstaff, Folsom, Fort Worth, Fresno, Galveston, Hopkinsville, Houston, Jackson, Jacksonville, Joliet, Kansas City, Knoxville,Lafayette, Lansing, Laredo, Las Vegas, Lodi, Long Beach,Los Angeles, Manhattan, Memphis, Mendocino, Miami, Milwaukee, Mobile, Muscle Shoals, Muskogee, Nantucket, Nashville, Natchez, New Orleans, Oakland, Omaha, Oxford, Palo Alto, Philadelphie, Phoenix, Pine Bluff, Pittsburgh, Portland, Postville, Rapid City,Reno,Saginaw, Saint Louis,San Antonio,San Bernardino,San Diego, San Jose, Santa Fe, Savannah, South Bend, Springfield, Statesboro, Tacoma, Tallahassee, Texarkana, Tucson,Tulsa, Tupelo, Tuscaloosa,  Washington, Wichita, Youngstown...

                        ...furent nos escales précédentes.

 

31 janvier 2013

Un K intéressant

k

                 Retrouver Dino,l'homme qui a changé ma vie,est toujours un plaisir,une douleur aussi car qu'est-ce qu'il m'a fait mal,celui-là.Parce que je n'en sors jamais indemne,bien que je pense avoir lu maintenant une bonne partie de ses nouvelles. Mais la lecture commune avec Valentyne et Asphodèle m'a ainsi replongé dans les inquiétudes buzzatiennes.Dans cet univers sont venus nous rejoindre..., Laure , Jean Charles, Morgouille, Chronique littéraire,Natiora , Noctembule

             Des nouvelles,des courts récits,des articles,Buzzati en a publié des centaines,lui qui ne quitta jamais le Corriere della Sera.C'est donc le recueil Le K qui fait l'objet de cette réaction à plusieurs,rédaction aussi,concernant la cinquantaine d'écrits du livre.J'aime toutes les histoires de ce grand conteur,je l'imagine assez bien les lire lui-même.Elle sont d'ailleurs souvent adaptées au théâtre,leur format bref autorisant un spectacle parfois adapté aux enfants,ce qui à mon avis n'est pas un non-sens tant l'univers de beaucoup de  ses nouvelles se joue des générations.Je ne m'attarderai ici que sur quelques-unes de ces nouvelles, parmi celles qui m'ont le plus convaincu.Je n'étais guère difficile à convaincre, et, buzzatien incurable, je ne constitue pas un juré très impartial.De plus j'avoue que je finis par confondre un peu certains textes parmi les nombreux recueils de courts de Dino.J'ai d'ailleurs l'intention de faire une petite recherche dans ma dinothèque pour en extraire quelques réflexions,un petit hit-parade de mes préférences.Je vous fais remarquer que je n'ai à aucun moment évoqué Le désert... qui me colle à la peau.Tiens,je l'ai évoqué.

        Il est toujours tenant de voir dans ces sortes de fables allusions et références à l'histoire de l'Italie.Je n'ai pas trop cette optique,les symboles pouvant parfois nous perdre.Pauvre petit garçon est en fait une histoire connue,parfois racontée sous la forme d'une courte blague,d'un goût douteux.Le prénom du héros peut donner une indication.Je n'aime pas particulièrement ce texte,assez éloigné de l'univers de Buzzati.J'aime beaucoup Général inconnu qui s'attarde sur le cas,rare,d'un officier supérieur dont on retrouve le squelette sur un chantier,et qui attire les moqueries,lui qui n'est pourtant pas mort sous les tentures du Ministère de la Guerre,et qui n'est pas honoré comme unn modeste première classe,lui qui avait manifestement un ventre rond constellé de médailles.

        Les personnages de Buzzati sont souvent fatigués,à bout de course, désabusés, des Lieutenant Drogo vieillissants.Ils m'en fascinent d'autant plus.Ainsi Stefano Merizzi,industriel,nul au golf et qui pour une fois brille sur les greens. Inquiétant,non? (Le dix-huitième trou).De toute façon c'est toujours très inquiétant avec cet écrivain,et moi je m'inquiète avec lui depuis 35 ans et ça ne s'arrange pas.Le pire n'est pas sûr,mais, il est certain que ça y ressemblera.

       "Ainsi les années étaient passées inutilement.Et aujourd'hui il était trop tard". Putain,comme tu y vas fort Dino, et voilà qu'on reprend du Désert...Car c'est bien ça,les toutes dernières lignes de Et si? Construite à l'aide d'anaphores,cette nouvelle est la plus impressionnante."C'était lui le Dictateur. C'était lui le grand Musicien. C'était lui le grand Chirurgien. C'était lui le grand savant. C'était lui le Généralissime... C'était lui le blogueur besogneux " (là c'est un rajout du blogueur besogneux en personne,mais ça colle quand même).Une jeune femme a traversé le Jardin de l'Amirauté,un rien,un foulard,un effluve,un mouvement de tête.Mais c'est fini.Dino quand consentiras-tu à me foutre la paix?

Il viaggio

      

 

30 janvier 2013

Lecture commune Shakespeare: l'échec flagrant de Coriolan

imagesCADOE6X5

            Quand je pense à Welles,à Branagh,aux grandes pièces du non moins grand Will jouées un peu partout dans le monde,je ne peux que constater une cinglante défaite, mon Azincourt à moi.J'ai donc lu Coriolan et le moins que l'on puisse dire c'est que lui et moi on ne partira pas en vacances ensemble.Ben non mon Coco(riolan),j'suis pas assez bon pour ça,j'suis pas vraiment capable de lire ce Shakespeare qui pourtant me fascine.Ca marche pas.Non,il me faut des hallebardiers sur le côté,et des gardes sur une estrade,des rideaux et des tentures, un trône ou une tribune,mais faut que je les voie.Les traîtres,il me faut les entendre et les monologues,et les sentences célèbres aussi,pour que j'ai envie de les claironner moi-même."Etre ou ne pas être", "L'hiver de notre déplaisir", "Mon royaume pour un cheval", "Nous en avons vu des choses,Sir John,quand sonnaient les carillons de minuit",ces phrases si belles le sont encore plus sur la scène d'un théâtre et dans les quelques films géniaux évoqués plus haut.

         C'est vrai que Coriolan n'a pas ces fulgurances,sauf à l'avoir mal lu,ce qui à tout prendre n'est nullement exclu.J'ai pourtant essayé de jouer le jeu,l'édition Bouquins,bilingue,mais ça n'a rien arrangé.Ca manquait totalement de souffle,un comble pour Shakespeare.Enfin,c'est surtout moi qui manquais de souffle, vraisemblablement.Dodelinant de la page de droite à celle de gauche pour tenter d'aspirer un brin,une once de la substantifique moelle de la version vieil anglais, j'espérais au moins m'immiscer un peu dans la grandeur épique du barde de Stratford,mais rien n'y a fait.J'avais beau m'appliquer,il me manquait au moins un Sir,John Gielgud ou Ralph Richardson.Il me manquait des trompettes et le frisson d'un rideau cramoisi.Impuissant à chroniquer,moins encore à critiquer la valeur intrinsèque de Coriolan,je regrettai vite de m'être lancé dans cette lecture commune qui allait révéler mon inconséquence.

            Que dire du général Martius,alias Coriolan?Est-il un héros parmi les patriciens romains,incompris des siens?Ou un traître dont la subtilité m'a en grande partie échappé?J'ai cru y lire des délégations,des amitiés brisées,des conjurations.Il n'est pas impossible que m'aient frôlé des ambitions déçues et des querelles de pouvoir,thèmes hautement shakespeariens,ainsi que des coups bas,apanages de quelques séides,quelques reîtres.Il n'est pas impossible que Coriolan soit une pièce assez importante,très importante je ne crois pas car ça se saurait.Il est encore moins impossible que j'aie eu tort de me lancer dans cette aventure hors de ma juridiction. Shakespeare s'en remettra .Et moi je vais trinquer avec le Falstaff d'Orson Welles en la plus belle taverne. élisabéthaine au monde. Les carillons de minuit

    Ont participé à cette lecture commune,comédie ou tragédie, initiée par Claudialucia ,   http://miriampanigel.blog.lemonde.fr/ 

    

26 janvier 2013

Un Magyar,un Européen

les-confessions-d-un-bourgeois-alexandre-marai-9782226066077

                Immense auteur enfin honoré Sandor Marai le Hongrois qui choisit la nuit aux Etats-Unis en 1989 n'en finit pas de m'envoûter.Sixième livre pour moi,Les confessions d'un bourgeois date de 1934,Marai a alors 34 ans.Les autres ouvrages que j'ai lus sont bien plus tardifs mais la maîtrise de l'auteur est déjà très affirmée.Dans une petite ville de Hongrie l'enfance de Marai est celle d'une grande famille bourgeoise,pas chaleureuse pour deux forints et pas mal engoncée dans cette fabuleuse Mitteleuropa qui ne sait pas encore son explosion prochaine. Souvenirs des précepteurs,des voisins,d'un antisémitisme dans une version assez sinueuse.Le jeune Sandor connaît l'internat,proche de L'élève Toerless,on comprend bien là le tronc commun des Musil, Zweig, Schnitzler, Perutz, etc...ces auteurs qui me passionnent au sujet de ce monde qui va rompre,de cette dynastie Habsbourg qui les abrite plus ou moins,qui les étouffe serait un terme plus approprié.Entre église et bordel se fait ainsi l'éducation de l'enfant puis de l'adolescent,mal à l'aise et qui fuguera dès quatorze ans avnt d'être rattrapé par la grande démocrate de 14-18,celle qui a en quelque sorte remis en place ce vieux continent.

              La deuxième partie de ces longues confessions,bien qu'il ne faille pas prendre ce terme au sens moral,est consacrée aux quinze années suivant le conflit.Elle est tout aussi fascinante.Marié,enfin un peu,Sandor Marai vivra partout,à Leipzig,à Berlin au moment de la gigantesque inflation,un peu à Weimar aussi. L'hôtel Adlon et toute la mythologie du Berlin avant que la ville ne s'enténèbre. Marai,observateur, s'engage rarement,farouche individualiste.Plusieurs mois à Florence,assez impressionné par le fascisme,ce qui s'explique plutôt bien lors de la marche sur Rome même si l'homme n'est pas dupe longtemps.Il débarque à Paris pour quelques semaines et y vivra six ans,témoin parfois étonné,toujours d'une grande lucidité.Montparnasse,le Dôme,la Coupole, cette époque bénie où Marai,qui commence à vivre de sa plume,boit un verre aussi bien au Ritz qu'aux terrasses des grands boulevards.Ses descriptions de Parisiens valent leur pesant d'or que ce soit les chauffeurs de taxi ou les concierges.

         Sandor Marai est souvent à Londres,les Britanniques sont si exotiques et l'auteur est si habile à décrire ainsi toutes ces sociétés occidentales,si loin de sa Hongrie qu'il finira par regagner.Non sans avoir également visité les "provinces" françaises qui l'étonnent, tellement "sonné " par les vitraux de Chartres si chers à Péguy que Marai vénère.Il commence ainsi à comprendre cette France si étrange à lui,le voyageur,partout curieux de rencontres et contemplatif.Quelques verres dans un bistrot de Dijon,un matin avec les poissonnières de Calais,le sabir partagé avec quelques "métèques" à Marseille,Sandor Marai apprend tout de la vie,même l'ondulante politique de la Troisième République.

marai

           C'est curieux comme on a ignoré si longtemps Marai.La belle pièce Les braises me semble avoir enfin réveillé les lecteurs,un peu.J'ai déjà écrit sur plusieurs livres de celui qui a pris une place d'honneur dans mon panthéon littéraire,tardivement certes,mais fortement.Je vous invite à plonger tête baissée dans ses livres et à traverser ainsi trois quarts de siècle,avant que Sandor Marai ne décide que la vie a cessé de valoir le coup.C'était en février 89 à San Diego, Californie,si loin de la République Populaire de Hongrie qui ne devait guère lui survivre.Bien fait pour elle qui ne l'avait jamais beaucoup aimé.La photo avec Thomas Mann date de 1935.

23 janvier 2013

L'oubli du souvenir

Westlake-memoire

                                   Parfois on comprend mal.Donald Westlake a publié des dizaines de romans de son vivant,sous de très nombreux pseudos. Et fourni la matière de bien des films,parfois français d'ailleurs.Pléthorique,son oeuvre compte au moins une centaine de titres.Et pourtant je ne l'avais jamais lu.Mais ce roman,Memory,est sorti cinquante après son écriture,Westlake le souhaitait-il posthume?C'est le cas car l'auteur est mort en 2008.Les livres habituels de Donald Westlake ont plutôt un registre assez humoristique d'après ce que j'ai vu,étant néophyte de cet écrivain.Mémoire morte est absolument passionnant,parcours douloureux de Paul Cole,acteur de profession, amnésique suite à bagarre avec un mari jaloux.Hospitalisé dans une petite ville de l'Amérique dite profonde,il sort,physiquement rétabli mais sans repère aucun de  sa vie antérieure ni moyen financier de faire plus de 100 km pour regagner New York.

                      Dans cette Amérique de 1960 le seul point positif pour Cole est qu'il trouve facilement un job dans une tannerie et en quelques semaines parvient à rejoindre la grande ville.Mais la déception sera de taille pour cet homme qui n'est plus personne et qui ne parvient pas à se reconstruire suffisamment pour en devenir un autre.C'est tout à fait pertinent par l'écriture précise et qui ne s'égare pas,de Donald Westlake.Il essaie pourtant,à,l'aide des classiques pense-bête,d'honorer ses rendez-vous médicaux ou professionnels,mais rien ne s'ébauchera vraiment. Le quotidien de Paul Cole tourne au cauchemar,amis inconnus,incapacité à renouer avec son métier d'acteur,quoi de pire que l'amnésie pour un comédien?Tout est terriblement compliqué,hors du moindre élément sûr pour ce qui est du passé récent.

                      Et puis Westlake sait très bien décrire cette vie simple au détour d'une petite gare,une vieille dame qui travaille encore au guichet,ou ce gardien d'immeuble plus très jeune lui non plus,à croire que cette Amérique ne draine pas que des destins clinquants. Mais ça,on le savait déjà.Quoiqu'il en soit je ne peux qu'engager les nombreux amateurs de la littérature américaine à lire ce roman.Rien d'un thriller,rien d'un nature writing,tout d'un grand livre.Le grand Edward Hopper,qu'on semble découvrir en France presque jusqu'à l'overdose,illustrerait parfaitement ce voyage étrange d'un étranger en son propre monde.

20 janvier 2013

Train de vie,tranches de vie

_Denis_Johnson_Reves_de_train_m

                    Ce court roman de Denis Johnson devrait plaire au moins géographiquement au Bison,aficionado des grands espaces de l'Ouest.Je serais pour ma part un peu plus réservé.Bob est poseur de rails,bûcheron,dans le Nord-Ouest américain du côté du Washington. Au retour d'un de ses emplois saisonniers, il apprend que son village a été l'objet d'un violent incendie, que sa maison a été détruite par les flammes,et que sa femme et sa fille sont portées disparues.. Sans nouvelles, il va tenter de redonner un sens à sa vie, et de reprendre possession de ce lieu dans lequel les ombres du passé sont omniprésentes.L'histoire de sa vie court sur 70 ans environ et le livre n'excède pas 130 pages.Ce fut assez pour moi,ce personnage ne m'ayant pas tellement intéressé.

                 A noter qu'on n'est pas avec Rêves de train dans les années vraiment pionnières de la conquête de l'Ouest,mais un peu plus tard et que le seul indien que l'on rencontre élève des chiens.Robert Grainier,notre personnage est plutôt un solitaire qui cherche à reconstruire sa vie mais qui m'a rarement touché.Je ne sais trop comment le définir,un peu comme étranger à sa propre vie,logé dans une histoire légèrement nimbée de surnaturel,ce qui est par contre assez réussi.Au final ce livre sera passé dans ma "lecturitude" comme un rapide assez vite expédié. Probablement aurais-je préféré un omnibus qui me laisse le loisir de musarder et de coller de plus près aux personnages.N'oubliez pas de composter votre réponse avant l'arrêt du train.

Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 689
Publicité