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BLOGART(LA COMTESSE)
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3 août 2013

Méridionales ancestrales

   Il viaggio

                       "Vittorio De Seta est un anthropologue qui s'exprime avec la voix d'un poète". Ainsi parle Martin Scorsese,le si cinéphile cinéaste,chose pas si  fréquente.On sait Marty très impliqué dans la restauration des films et passionné de son cher cinéma italien.Si vous ne deviez voir qu'un document sur l'histoire du cinéma je vous rappelle ce Voyage à travers le cinéma italien,magique évocation des souvenirs de Scorsese où la filiation paraît évidente entre le Néoralisme et les premiers films de Scorsese.

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                     Le très bon boulot de la maison Carlotta permet de se pencher sur l'un des plus singuliers metteurs en scène italiens,le Sicilien Vittorio De Seta (1923-2011). Hommage aussi à la Cineteca Bologna qui oeuvre pour le patrimoine. L'homme ne s'est presque jamais intéressé à la fiction mais est l'auteur de documentaires sur l'Italie du Sud des années cinquante quelque part entre le Robert Flaherty de L'homme d'Aran,le Georges Rouquier de Farrebique, voire certains films de  Jean Rouch.Ces noms n'évoquent pas grand chose dans le monde du ciné-show-business dont l'authenticité n'est pas souvent la vertu cardinale.Tous ceux qui aiment vraiment l'Italie seront passionnés par le regard de De Seta sur le Mezzogiorno au milieu du siècle dernier,encore un peu moyenâgeux, tribal et solidaire.Dans ce Sud là on ne prise guère les hommes d'affaires milanais,ni les fonctionnaires romains. Hommage au labeur, Le monde perdu décrit les toutes dernières années de ces communautés rurales avant la mécanisation,le tourisme même si Calabre,Sicile et Sardaigne de 2013 ne sont pas que des clubs de vacances,loin de là.

                    Ce qui passionne De Seta,c'est le plus vieux sujet du monde,la vie des hommes.Dix films d'une dizaine de minutes,sans commentaires, rythmés par des chants la plupart du temps en dialectes régionaux.Rien de plus simple que ce cinéma,rien de plus épuré,épidermique aussi.Nul sociologue ou ethnologue,seule la caméra de cet étonnant cinéaste qui n'est pas des leurs bien que sicilien.Il dit lui-même qu'il fréquentait plus les clubs de voile de la jeunesse dorée palermitaine que les travaux et les jours de ses héros du quotidien.Parlons-en de ces héros.Mineurs dans les soufrières, pêcheurs de thons et d'espadons, bergers sardes aux troupeaux faméliques (le film Bandits à Orgosolo fut le premier long métrage de De Seta,en 61,souvent honoré dans les festivals et les frères Taviani clament haut et fort la filiation de Padre padrone avec cet univers néoréaliste), paysans calabrais éloignés de tout.

                  Les "immenses", Rossellini avec Stromboli, Visconti avec La terre tremble, avaient déjà juste après la guerre posé la question de ce cinéma direct loin de Cinecitta.Ils choisirent ensuite d'autres voies,souvent royales.Plus tard bien après Vittorio De Seta, en 1978, L'arbre aux sabots d'Ermanno Olmi sera Palme d'Or. Tout arrive. Même un DVD de belle tenue, couleurs magnifiques et intervention modeste et claire de Signore De Seta. Amoureux de l'Italie ce recueil est fait pour vous,qui savez que ce pays n'est pas que celui de la Renaissance ou du bel canto,de Florence ou de Venise.

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22 juillet 2013

Pasionaria romaine

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                         Beaucoup de sympathie pour Liberté,mon amour! de Mauro Bolognini, réalisé en 1973 et que je n'avais jamais vu.Je m'en veux de ne pas aimer davantage cette ode à la femme,en une période,l'Italie des années trente où son statut était celui d'une "mère à gosses", comme à peu près partout ailleurs.Alors bien sûr Bolognini l'esthète,le lui a-t-on souvent fait remarquer avec un zeste de condescendance,a tant d'empathie pour son héroîne modestement prénommée Libera Amore Anarchia qu'il a fini par en faire un personnage de légende balayant toute vraisemblance.Ce qui est gênant pour un film à connotation morale certes mais aussi historique.En ce sens le choix de Claudia Cardinale,flamboyante de rouge vêtue en un symbole pas léger léger,peut s'avérer erroné.Elle a tant d'élégance,un petit quelque chose d'aristocratique que j'ai peiné à l'identifier comme la fille d'un révolutionnaire de condition modeste.

                        Liberté,mon amour! jouit cependant de pas mal de qualités.D'abord le ton très comédie italienne avec sa dose de truculence et son verbe haut,la fantaisie qui règne encore dans le petit peuple romain malgré les exils forcés d'opposants dont le propre père de Libera. La musique de Morricone a quelque chose de primesautier. L'antifascisme est ainsi traité sur un mode léger du moins dans les deux premiers tiers du film.A ce propos j'aimerais que la cinéphilie italienne puisse s'enorgueillir de diffuser aussi les films un peu moins "du bon côté" mais c'est un autre débat.

                      En butte aux tracasseries de l'administration en tant qu'égérie locale de l'opposition Libera et son mari,qui tient un atelier de confection,vont quitter Rome pour Padoue, Modene, puis Livourne et cette mobilité géographique s'accompagne d'une inquiétude grandissante. Les nuages s'amoncellent sur Libera et sur l'Italie.Beau personnage que son mari,brave type un peu dépassé et hésitant mais qui l'aime profondément. Le père, lui, anarchiste banni, jouit d'un rôle finalement plus facile.Incrusté de quelques documents d'époque Liberté,mon amour!, à mesure que la chronologie de l'avant-guerre puis de la chute du Duce s'avance,va tourner au drame,au drame d'autant plus stupide que la réconciliation devra bien se faire.C'est un film que je découvre, intéressant,mais qui pour moi ne vaut ni Metello ni Le bel Antonio, mes oeuvres préférées de Mauro Bolognini.

Il viaggio

http://youtu.be/RxMnYdoFnSU    La robe rouge de Claudia/Libera

 

14 juillet 2013

Citation m'était contée

 La mélancolie

C'est revoir Garbo dans La Reine Christine

C'est revoir Charlot à l'âge de Chaplin

C'est Victor Hugo et Léopoldine                        

La mélancolie

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 Léo Ferré,La mélancolie

7 juillet 2013

Quatre vieux Italiens

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                                Non pas quatre vieux messieurs transalpins attablés à la Trattoria del Tevere.Ceux qui me suivent un peu savent ma passion pour l'Italie et entre autres,son cinéma.J'ai toujours grand plaisir à découvrir des films inconnus ou pour le moins délaissés.L'antédiluvien Cinéma de minuit de France 3 pourvoit souvent à mes besoins.Et puis parfois quelques trésors ressortent en DVD.Retour sur quelques raretés d'un intérêt variable,partant du postulat que la plupart du temps un film italien moyen est plus intéressant qu'un bon film français.Assertion parfaitement de mauvaise foi.

                               Le mariage de minuit,traduction littérale de Piccolo mondo antico,est un mélodrame de 1941 de l'écrivain Mario Soldati,qui réalisa quelques films.Situé dans une période qui inspira notamment Visconti,le Risorgimento qui devait secouer la tutelle autrichienne,Le mariage de minuit met en scènes querelles de familles et de fortunes et drame de l'enfance,son principal intérêt étant Alida Valli,qui semble préparer là le rôle de sa vie,celui de la Comtesse dans Senso.A voir essentiellement pour la partie historique,les films de Mario Soldati étant de toute façon à peu près invisibles.

  cent visag 

                              L'homme aux cent visages (1959)  est le premier film de Dino Risi  avec Vittorio Gassman.Ce n'est certes pas un chef d'oeuvre comme La marche sur Rome ou Le fanfaron,deux,trois ans plus tard.Bâti un peu comme un film à sketches mais utilisant jusqu'à plus soif l'acteur cabotinant déjà,pas encore génialement,mais tellement à l'italienne  qu'on lui pardonne ses excès,le film est une comédie  où Gassman se déguise,escroquant à qui mieux mieux dans une Italie  qui s'est à peu près remise du passé,et qui sait si bien se moquer d'elle-même.                           

 

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                           La Mafia,ici la Camorra,est un personnage récurrent du cinéma italien.En voici une version originelle,dans la Napoli du XIXème Siècle.Pasquale Squitieri dont je ne connais aucun autre film fait de Cardinale une  putain au coeur noble dans ce film de 1973 qui retrace un épisode mettant en scène les guapi,voyous napolitains,chatouilleux sur l'honneur.Pas mal démago sur les bords Lucia et les gouapes, avec ce portrait de mauvais garçons ,pétris malgré tout de valeurs morales,à leur sauce passablement rance,nous présente deux superbes moustachus des années soixante-dix,FabioTesti et Franco Nero,dont les carrières furent par la suite plutôt décevantes.Amis,presque frères,l'un parrain local,l'autre avocat sorti du ruisseau de Spaccanapoli,tout cela n'est pas bouleversant d'originalié.

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                      Datant de 1960 voici de très loin le meilleur film de ce quarteron de vieilles pellicules sans intérêt sauf pour fossiles attardés.Elio Petri est un peu connu pour ses films politiques Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon et La classe ouvrière va au paradis, Palme d'Or Cannes 72.Il faut dire que  l'acteur Gian Maria Volonte était alors très en vogue L'assassin date de dix ans plus tôt.Elio Petri, comme tout le monde ayant touché au cinéma en Italie à cette époque,a un peu participé à la fin du Néoréalisme,avec Giuseppe de Santis puis s'est tourné vers un cinéma plus proche d'un Francesco Rosi.Son premier film, L'assassin,est un remarquable simili polar où l'erreur judiciaire est abordée de biais à travers les déboires d'un antiquaire romain soupçonné du meurtre de son ancienne maîtresse.Un commissaire teigneux incarne une bureaucratie tatillonne,un peu héritière du régime précédant la relève de l'Italie.Cette relève  économique ne se fait pas sans dérapages dans une société pas mal serrée encore et qui trouve assez vite le coupable idéal.Marcello Mastroianni,nonchalant et désenchanté pour l'un de ses premiers grand rôles,y est génial,innocent sur qui le poids de la responsabilité s'abat rudement ,ce qui n'exclut pas l'humour.Et puis sommes-nous jamais vraiment innocents,après tout?Ce gars-là,à qui tout réussissait jusqu'ici,mérite bien une leçon.

Il viaggio

                     Composé assez Nouvelle Vague,L'assassin avec ses flashbacks  et son ambiance romaine jazzy est vraiment un film à découvrir.Dans ce DVD très bien fait Jean A.Gili,le très grand connaisseur du cinéma italien,éclaire notre lanterne et c'est bien agréable d'apprendre encore et toujours sur ce pays que j'aime tant. 

25 juin 2013

Reste le titre,peut-être

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             Il se passe entre Ernest Hemingway et moi comme un divorce,rare.Mais je n'ai pas réussi à relire récemment les nouvelles de Paradis perdu,et cette adaptation hollywoodienne de Le soleil se lève aussi,que je n'avais pas vue depuis 40 ans ne m'a guère fait frémir.Bon,je n'ai jamais lu ce bouquin sur lequel les avis sont tranchés.Jadis considéré comme un bon roman de Hem il est maintenant systématiquement dénigré comme Hem lui-même d'ailleurs.Voici le temps du purgatoire pour le légendaire auteur-chasseur-buveur. Qui sait dans quelques dizaines d'années ce qui se dira de l'auteur de tant de nouvelles et de romans hélas (mal)traités par le cinéma, Les neiges du Kilimandjaro ou la seconde version de L'adieu aux armes entre autres.

                 Papa Hem,je l'aime encore bien au moins dans mon souvenir.Henry King a fait de très bons westerns, Jesse James, Bravados. Tyrone Power,quel magnifique Zorro en 1940! Ava Gardner,son personnage de La Comtesse aux pieds nus a donné son nom à ce blog. Errol Flynn,bondissant Robin des Bois, sémillant Capitaine Blood, quelle prestance! Mel Ferrer est l'un des deux héros du plus beau duel à l'épée du cinéma,celui de Scaramouche. Et le Paris américain de la Coupole et de Montparnasse,celui-même de Paris est une fête où Ernest et Scott comparent leurs anatomies respectives,and the winner is...Tout cela m'avait séduit jadis,très jadis.Mais que reste-t-il de cette sage chromo sur la Génération Perdue, entre deux guerres,entre deux rives,entre deux alcools?

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         Le sable s'est écoulé entre mes doigts depuis ma vision adolescente.Les livres d'Hemingway ne seront décidément pas ceux qui auront le mieux traversé le fleuve temps.Récapitulons.Dans ce film tous sont beaucoup moins bien qu'ils n'ont été. Bien sur ce sont des choses qui arrivent. Mais quelque chose comme une vague tristesse m'a traversé à revoir Le soleil se lève aussi.Une jolie phrase,une belle ville,des acteurs du passé,un film,somme toute,parfaitement démoralisant.Une envie peut-être, loin de cette Espagne de sable et de sang qui, inexplicablement,a tant plu à des gens que j'ai aimés,celle de boire,un verre,un peu plus,à la mémoire de ces héros de celluloïde,qui me semblent partir comme une vieille copie argentique.Le cinéma se meurt parfois.Avant de rejoindre le challenge de ma chère Asphodèle qui,de retour de la vie de Zelda,nous en a récemment appris de belles sur Hem et Scott.

      

   

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15 avril 2013

Visages de cinéma

images  Le film allemand A l'envers

e59ace496d5928d736b8fd5f05b61f78861b48b2 Le film danois You and me forever

blame Le film allemand Shifting the blame

4_ELE_electrick-children  Notre coup de coeur Electrick children

 mud-de-jeff-nichols-10686849xdklx  Le "gros" film américain Mud.Gros mais bon.

32-le_sac_de_farine_3_actrices  Le film belge Le sac de farine

enfance-clandestine-infancia-clandestina-2012-2-g  Le film argentin Enfance clandestine

              Neuf films en compétition,neuf jurés,pour remettre le Grand Prix de la Ville.Le principe est simple comme à Cannes,mais moins couteux en chambres d'hôtel.Ces films ont été proposés chacun deux fois ce qui octroie une semi-liberté aux jurés.Ce n'est pas parce qu'on fait partie du jury qu'on doit se déplacer en petit troupeau cinq jours d'affilée,même si ça peut parfois ressembler à ça.On pourrait écrire un polar la-dessus et cela a sûrement déjà été fait.Le souvenir le plus marquant pour moi de cette expérience est le fait que l'on apprend un peu à se connaître et qu'au bout de quelques jours il y en a bien un ou deux qu'a envie de tuer.Les membres de cette microsociété s'irritent mutuellement,ne serait-ce qu'à table car les repas prennent une assez grande place.L'exercice physique est ce qui manque le plus au pauvre juré de festival.

                    Ce festival s'appelle Ciné-Jeune.Il y a donc plusieurs jurys dont un composé d'enfants de cinq-sept ans.Ce n'est pas le moins cocasse de voir une présidente de jury de six ans annoncer le vainqueur catégorie court métrage,un charmant film d'animation de huit minutes,Macropolis,dont je vous joins la bande-annonce.http://youtu.be/ceB_Vjd-i8A

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                    Le jury adulte a donc choisi parmi ces neuf films.Autant le dire,la cocasserie n'est pas le point fort de cette sélection et voici pourquoi.La règle de ce festival stipule bien que les oeuvres doivent mettre en scène essentiellement des enfants,ados,ou jeunes.Et les enfances sans problèmes,si tant est qu'elles existent,ne hantent guère les scénaristes.C'est ainsi que les films traitant de la jeunesse sont la plupart du temps situés dans un contexte social lourd,parfois plombant.Cette 31ème édition n'a pas dérogé.On a donc droit à la délinquance,la maladie,l'autisme,la dictature,les troubles de l'identité sexuelle très tendance,la violence.Souvent ces films sont très bons,évitant soigneusement la dérive démago (ma hantise).On est en droit aussi d'avoir envie de sourire.C'est un peu difficile.Nous y sommes cependant à peu près parvenus,mes chers collègues et moi.Une relative unanimité a couronné un film américain,indépendant ou presque,que vous aurez l'occasion de voir en juin prochain,je crois.Ayez l'oeil car Electrick children ne sortira pas dans 400 salles.

                Premier film de l'Américaine Rebecca Thomas,Electrick children nous donne à savourer un improbable télescopage entre la communauté des Mormons dans l'Utah et Vegas,la musique rock et un air de liberté plus à l'Ouest.Rachel,15 ans et demi,se retrouve curieusement enceinte et en attribue la paternité à... un morceau de rock,Hanging on the telephone.Il y a un poil de road movie.La pub,un peu courte quand même,évoque un croisement entre le Witness de Peter Weir et l'univers de Gus Van Sant.Bof.J'y ai surtout vu pas mal de liberté de ton,un choc de couleurs,le rock utilisé comme un vecteur,si j'ose dire,d'envol de l'oiseau Rachel.Et des images certes un peu clinquantes parfois mais bien en accord avec l'aventure à l'Ouest de la jeune Rachel.Une scène magnifique, émouvante aussi,où un rocker quinquagénaire reprend seul à la guitare son tube historique.Vous pensez qu'un tel moment ne pouvait que m'emballer.

          Nous avons voulu distinguer d'une mention le très beau film argentin de Benjamin Vila Enfance clandestine qui aborde d'une manière originale et à hauteur d'un enfant de douze ans les années plombées de Buenos Aires.Fortes tendances autobiographiques. Cependant le véritable jury de Ciné-Jeune n'était pas le nôtre mais celui des lycéens qui a octroyé le prix le plus prestigieux,et le mieux doté,au film finlandais de Petri Kotwica,Rat King.Et là,c'est peu dire qu'il y a eu un divorce total entre les deux instances car chez nous,les "vieux",personne n'avait aimé ce film.Du conflit des générations...Sur la photo Petri Kotwica est le grand monsieur solide bâti comme ses compatriotes Arto Paasilinna et Aki Kaurismaki,charmant et tenace.

RAT KING 

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Photo/Le Courrier Picard

             En conclusion je rassurerai chacun,les neuf membres du jury sont sortis indemnes de cette épreuve.Et personne n'est mort d'ennui malgré des moments un peu soporofiques auquel le juré,contrairement au spectateur lambda,ne peut échapper.

4 avril 2013

Promis...Juré

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http://www.cinejeune02.com/catalogue_st-quentin.pdf

             Nous sommes neuf qui avons cinq jours pour juger neuf longs métrages à voir dans le cadre de Ciné-Jeune 2013.Les films y sont allemand, japonais, argentin, belge, danois, américain,finlandais.Une occasion de s'aérer,enfin s'aérer au sens figuré.Le Jury Ville,adulte,décernera le Prix de la ville de Saint Quentin.Et puis plein de courts,très courts parfois,pour les petits, très petits parfois, et les plus grands.

24 mars 2013

Ragazzi di Roma

Les garçons

                     Mauro Bolognini et Pier Paolo Pasolini ont collaboré à plusieurs reprises.L'univers pasolinien m'est étranger mais j'avoue très mal le connaître. Bolognini m'est un peu plus proche.Cinéaste parfois précieux,voire chichiteux,il est toujours resté un peu à la marge de ce cinéma italien passionnant.Souvent grave ou cérémonieux,j'ai particulièrement aimé Metello et Le bel Antonio.Ici nous sommes en 1960,à l'époque de La dolce vita mais la Rome de Bolo et Paso (pardon pour ces apocopes) n'est pas celle des noctambules de Via Veneto. Ici,les oiseaux de nuit,Terzieff,Brialy,Interlenghi,jeunes et beaux, pasoliniens mais à l'époque on ne le savait pas,traînent dans les terrains vagues et Les garçons,titre français suggestif pour La notte brava,pourrait être un mix (?) des Vitelloni et des Tricheurs.Mais,bon sang,comme je préfère les "petits veaux" de Fellini,tellement touchants dans leur vacuité et leurs maladresses, à ces voyous un peu demeurés auxquels Pasolini avait peut-être le goût de s'acoquiner.On connait la fin de Pasolini,qu'on dirait tirée de son oeuvre.

Il viaggio

          Mauro Bolognini est architecte de formation,esthète pas si éloigné de Visconti,engagé politiquement à gauche,ce qui,je le rappelle toujours,ne coûte rien,particulièrement dans cette Italie qui se redresse,même si certains se redressent moins que d'autres. Bolognini aime les acteurs et les actrices,à la manière d'un sculpteur.Et les jeunes acteurs de l'époque,juste à l'instant où ils deviennent des stars,plutôt estampillées Nouvelle Vague,le fascinent.Brialy et Terzieff semblent chorégraphiés,icônes félines et assez gouapes pour errer dans cette Rome où l'ombre de Magnani,prostituée vieille école n'est plus,remplacée par des filles plus jeunes et ayant laissé la truculence au vestiaire.Cependant on sent un peu l'artifice de Cinécitta,présence des starlettes Elsa Martinellei,Antonella Lualdi,Rosanna Schiaffino,la Française Mylène Demongeot (B.B déjà trop chère?), qui,finalement ne feront pas beaucoup de bons films.Feu de paille romain.Je crois que Pasolini s'accomode mal de ce jeu,encore trop "studios" et décalé,les comédiens bien qu'excellents étant loin de leurs personnages.C'est la raison pour laquelle Pier Paolo Pasolini fera tout pour être le seul maître d'oeuvre d'Accatone, son premier film en tant que réalisateur,en 1961,déjà quelque peu jusqu'auboutiste, avec des acteurs non professionnels.Certains considéreront ce film comme un ultime avatar du Néoréalisme.Pas moi.

         

           

12 mars 2013

Hitch's cameos

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            Un tout petit clin d'oeil.Je pense que la plupart d'entre vous connait déjà ce petit montage.C'est un grand classique des quizz cinéma.Mais comme on se pose toujours  la question voilà de quoi satisfaire la curiosité de chacun.La plus étonnante de ces apparitions est sûrement celle de Lifeboat,huis clos sur un canot de sauvetage.

http://youtu.be/OW6Rdiqlg2E  Oscar du meilleur 83ème rôle

12 février 2013

Un peu de Lang-ueur,soyons Cole

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              Rubrique botanique,un art que j'aurais aimé pratiquer.Alors je bricole,je brikingcole dans mon coin quelques articles sonores butinés ça et là pour rendre hommage à la magie des fleurs.Cependant n'étant pas,ou pas encore docteur honoris causa de l'université d'Utrecht,Pays-Bas,je suis incapable de vous dire s'il existe des gardénias bleus.Par contre j'apprends en toute dernière minute que le gardénia serait plutôt un arbuste.Je savais par contre que son nom vient d'un botaniste qui se nommait Garden.Avouez qu'il portait bien son nom.

http://youtu.be/oJSp3k4HLr8    Blue Gardenia  Nat King Cole

 

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              Le film de Fritz Lang est un noir des fifties,pas trop flatté par les exégètes mais que j'aime bien.Le Blue Gardenia est en fait une boîte de nuit où Nat King Cole joue et chante.Cette chanson,devenue un standard,a été reprise par pas mal de ladies "soul" dont Dinah Washington et Etta James.Cest avec plaisir que j'offre ces fleurs à pas mal de blogueuses dont je ne citerai aucun nom, craignant l'émeute.Ce sont elles les fleurs de mon jardin.Nul doute qu'elles en apprécient le charme,au moins celui de Nat King Cole.

9 février 2013

Films de jeunesse à Compostelle

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                Ce roman, Rétrospective, est le tout dernier livre d'Avraham B. Yehoshua,l'un des plus grands écrivains israéliens dont j'ai chroniqué déjà Shiva, mais surtout Le responsable des ressources humaines et L'année des cinq saisons.Le sujet m'a plu immédiatement,que je n'ai jamais lu dans aucun ouvrage.Yaïr Mozes, réalisateur israélien,plus très jeune,est invité à Saint Jacques de Compostelle,pour un hommage à son oeuvre.Il est accompagné de son actrice fétiche et entre eux le fantôme de son scénariste des premières années,avec qui il est fâché depuis si longtemps.Plusieurs surprises l'attendent à Compostelle.D'abord un tableau dans sa chambre d'hôtel le trouble profondément,une Charité romaine où une femme allaite un vieillard.Bouleversé,Yaïr Mozes y voit un symbole qui colle avec le côté enterrement de première classe de ces trois jours d'hommage.C'est parfois le cas dans ces cérémonies un peu officielles,déjà un peu posthumes.Et d'autant plus que,autre surprise,les organisateurs n'ont programmé que des films très anciens,dont le metteur en scène lui-même peine à se souvenir.A l'évidence Avraham B. Yehoshua et Yaïr Mozes ont bien des traits en commun. 

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            Ruth,cette actrice à peine moins âgée,partage sa chambre et son lit en toute fraternité mais leur complicité ancestrale est un peu mise à mal pendant ces trois jours dans la cité des pélerins.Malgré tout Yaïr s'inquiète pour la santé de Ruth,et l'on comprend la complexité de leur relation.La rétrospective en elle-même couvre une bonne moitié du livre.Pour en avoir un peu participé à ce genre de manifestations j'ai trouvé excellente cette description de ces séances où quelques cinéphiles chevronnés tentent de décrypter des films très anciens devant des jeunes passionnés et parfois devant des spectateurs rameutés pour faire un peu nombre.L'organisateur des débats est par ailleurs un prêtre,ce qui entraîne parfois les discussions sur un tout autre terrain.Et comme il peut parfois être ardu de répondre avce cohérence et clarté sur des oeuvres vieilles de quarante ans.Il y a les souvenirs,les pièges de la mémoire,les émotions qui resurgissent,les erreurs du passé qu'on reprend en pleine face.Et,en ce cas précis,il y a surtout l'ombre de Trigano,ce scénariste des premières années,rival amoureux auprès de Ruth,ça,on s'en serait douté.

               Plus tard,de retour en Israel,Mozes et Trigano,proscrits l'un à l'autre,se retrouvent en un moment fort peu chaleureux.Est-ce l'heure de la réconciliation ou sera-ce un ultime rendez-vous manqué?Rétrospective est un livre infiniment riche de ces confrontations d'un homme avec son passé, riche de ces amours d'une vie qui durent cinquante ans sous différentes appellations, riche de ces scénarios pour une plénitude,souvent avortés,scénario s'entendant ici au sens large et englobant nos propres existences, riche aussi d'une belle interrogation sur le temps et la maladie.J'ai peur de m'engluer dans un jargon malaisé mais le plus simple est encore de s'embarquer dans cette Rétrospective d'un écrivain maintenant célèbre,qui n'oublie jamais que son pays n'est pas tout à fait comme les autres,ni dans sa brutalité, ni dans sa douleur.Médicis Etranger 2012,ce formidable roman est ma première pierre au sympathique challenge A tous prix initié par Laure.Et s'il fallait une seconde raison,Avraham B. Yehoshua fut lauréat dès 1995 du Grand Prix de Littérature d'Israel pour l'ensemble de son oeuvre.

         Israel est à mon avis le pays le plus talentueusement littéraire au km2. Songez:Yehoshua, Appelfeld, Oz, Grossmann et quelques autres.Et s'il y avait à cela quelques raisons...que je vous engage à découvrir.

13 janvier 2013

Petit jeu sea-nema facile pour un dimanche pas compliqué

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  10. BATO11

           Un petit jeu que j'ai voulu très facile,et non pas pour cinéphiles obsessionnels.Il suffit d'avoir un peu le pied marin? Quels sont ces dix navires de cinéma dont la plupart  sont célébrissimes? Une précision inutile:ce sont des bateaux-titres qui donnent leur nom aux films.Bon vent.Ceux qui souhaitent jouer auront la gentillesse de laisser un commentaire vague (c'est normal pour un bateau) et de préciser la réponse par courriel.Merci.Pour finir voici trois autres vaisseaux du Septième Art qui,eux,ne figurent pas dans le titre du film mais qui figurent par contre parmi mes préférés voguant sur les Sept Mers.L'un d'entre n'étant pas précisément en plein océan d'ailleurs.

FITZ

TAMB

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31 décembre 2012

Pour tous...ce qu'il se fait de mieux

Meilleurs voeux à tous! 

Ce que je vous souhaite,c'est là,juste en dessous

http://youtu.be/BxNZoZKq_5M 

                           Et puis ,encore en dessous,probablement les trois objets,enfin les trois oeuvres qui me tiennent le plus à coeur,dans les catégories où j'officie le plus souvent,cinéma,musique folk-rock-blues,littérature.De grâce,ne pas en déduire que le reste ne m'intéresse pas.Et pour vous toutes (la majorité) et tous...The best of everything.

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http://youtu.be/-r0b_XeRkG4   Orson Welles

http://youtu.be/fHvf20Y6eoM   The Byrds

http://youtu.be/MBk-OQRI7LA  Dino Buzzati

 

13 décembre 2012

Des mots,une histoire: La sortie du mercredi

            Merci à Olivia pour sa cueillette Des mots,une histoire 85: rentrer-racornir-grosse-prélude-vertueux-hasard-dire-peur-tout-ferronnerie-téléphone-tilleul-abîme-fils (fille)-héros.

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                C'est peu dire que le nouveau film de Shang Yu-lee,le grand cinéaste ouest-coréen,va diviser la critique.Certains hebdos pèseront le pour et le contre,un bonhomme souriant,l'autre grimaçant.J'ai donc vu Unhappy alone on Main Street,titre pour la France (?) de ce polar urbain d'hémoglobine et de sexe peu fringant dans les bas fonds de la capitale Pyong-eoul.Shang Yu-lee rentre dans le vif du sujet très vite si l'on excepte le court prélude,tonitruant, où le héros Toni, truand, membre de la Pentade,célèbre mafia de cet exotique carrefour asiatique,fait jaillir d'un immeuble corps et cris sur fond de hard-rock à faire passer Metallica pour Leonard Cohen,ceci tout en couleurs hurlantes elles aussi.S'en suivront des péripéties souvent vues et revues,avec fatras pseudo new age sur fond de trafic d'enfants,avec des scènes destinées à faire peur et qui m'ont semblé ahurissantes de laideur et que je vous laisse découvrir au hasard des programmations hexagonales.

           A dire la vérité,ce qui m'a effrayé,moi,c'est que Unhappy alone on Main Street ait pu obtenir l'Ornithorynque d'Or au festival de Wallaby City.S'ennuient-ils à ce point au fin fond du bush pour avoir préféré ce pensum au somptueux film estonien présenté sur téléphone portable,Last exit to Tallinn,dont les 6h39 passent comme une lettre à la poste? Grosse déception donc pour ce film de Shang Yu-lee qui nous avait enchantés avec Pour une poignée de wons,vertigineuse mise en abyme sur le thème éminemment westernien du fils vengeur.Mais ce film date déjà de quatre mois et l'on sait que le metteur en scène tourne au rythme hallucinant d'un film toutes les huit semaines environ.Attendra-t-on avec impatience son nouvel opus au titre enjôleur Par delà les feuilles racornies du tilleul vert dont le cercle vertueux des rares personnes ayant vu quelques rushes dit le plus grand bien.On aimerait que Shang qui eut dans ses premiers films la finesse d'un artisan en ferronnerie d'art nous fasse oublier la pénible soudure aux (très) gros points de Unhappy...

           

           

12 décembre 2012

Back to Zab.

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                                 Oui, 40 ans après, me voilà de retour dans la Vallée de la Mort, aux confins de la Californie et de l'Arizona, cinématographiquement s'entend. Je termine ma petite série annuelle de communications à l'Université du Temps Libre qui d'ailleurs ne s'appelle plus ainsi,mais vous connaissez le principe.Le thème que j'avais retenu cette année était "Les grands d'Europe en Amérique". Michelangelo Antonioni,qui a connu un succès critique et même public, relatif, car il n'a jamais été bankable,avec Blow up, sillonne le pays en vue d'un film sur l'Amérique de 1970, avec agitation estudiantine sur fond de Vietnam, musique psychédélique et  charge contre la société d'hyperconsommation. Ce sera Zabriskie Point,Antonioni's Zabriskie Point (remarquez le cas possessif), échec total au box office,mal perçu par la plupart des critiques. Alors,back to Zab.,une bonne idée? 

                 Easy rider est sorti peu avant.C'est aussi le temps du Lauréat et des premiers livres de Philip Roth dont Goodbye Columbus.La contestation est de mise et de mode et je finis par penser ironiquement que les révolutionnaires seraient finalement plutôt les traders de Wall Street tant la Californie et le phénomène hippie drainent les foules.Antonioni dit avoir voulu recueillir le caractère profond et authentique de cette Amérique,la seule star du film.D'où des personnages plutôt prétextes et manquant de chair,l'amateurisme des deux jeunes acteurs n'améliorant pas forcément la crédibilité.Ceci dit c'est très intéressant de revoir Zabriskie Point, un peu cruel aussi car c'est un des films de mes vingt ans.

             Après un générique musicalement très identifiable pop seventies l'assemblée générale sur un campus de Los Angeles sonne juste.Logorrhée, vieilles lunes, Lénine, Castro, sur fonds de substances dont certains croient encore qu'elles ont fait avancer les choses, le mouvement étudiant est à son apogée.Antonioni,de la gauche italienne avec laquelle je n'arriverai pas à me fâcher,les dévisage avec sympathie.Sexe,drogues et rock'n'roll,coiffures afro et puis...les possibilités d'un dérapage.Mark, bien qu'innocent du meurtre d'un policier, ne trouve rien de mieux que d'emprunter un avion.Mais avant ça Antonioni nous offre un voyage jusqu'au commissariat haut en couleur locale, publicités, urbanisme, omniprésence de l'automobile et de la technologie.Nous ne sommes pourtant qu'en 1970.

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             Zabriskie Point fonctionne essentiellement par oppositions,parfois un peu schématiques,mais l'époque était un peu,un peu beaucoup, à la simplification bilatérale:jeunesse/establishment,ville/désert,rythme urbain effréné/temps dilaté du désert,pop art/land art (les lignes sur le sable).Antonioni tisse ainsi son américanité.Et le poème visuel sur l'Amérique vire au pamphlet avec l'hallucinante campagne de presse de Sunny Dunes,programme immobilier digne de la poupée Barbie,où ne manquent ni la musique de soap,ni la laideur des mannequins de cire,ni l'esthétique ghetto riche.Alors la liberté viendra-t-elle du ciel avec le vol de Lilly 7 et le ballet amoureux,rencontre de Mark planant et de Daria roulant vers Death Valley?

          La célèbre scène de nus,et le love-in rêvé de l'Open Theatre,troupe d'avant-garde inénarrable,ont fait beaucoup pour la (mauvaise) réputation du film.Quarante ans après on sourit bien sûr,nous étions si jeunes nous aussi.Au coeur de la vallée,c'est comme un retour aux origines,une démarche matricielle,biblique en même temps qu'orgiaque.Le grand cinéaste italien aurait eu peur de rater le dernier train branché qu'il n'aurait pas tourné autrement.Quand la contre-culture se piège seule et que l'anticonformisme se banalise,vaste débat dont j'ai cent fois devisé...Parfum de scandale vite éventé,ce qui n'évita pas le désastre critique et public de Zabriskie Point,sauf pour la bande originale qui devait beaucoup au Pink Floyd,beaucoup mais pas tout.

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          A le revoir,m'effleure la sensation que le mal être existentialiste de L'Avventura (1960) s'est un peu poursuivi jusqu'aux entrailles de Zabriskie Point,au sens géographique strict.Et aussi que,vieillissant doucement, le maître de Ferrare,qu'on a pu parfois croire hautain et arrogant,a crû possible cette ballade au coeur de l'Amérique de 1970,naïve et violente,puérile et blasée,explosive et désenchantée. En témoigne,après la mort de Mark, la mutiplicité des plans imaginés par Daria,la destruction de ces symboles de possession,montrés à l'infini par Antonioni.Back to Zab.?Pourquoi pas,puisque c'est aussi Back to my youth.

        Enfin,coïncidence,l'ami le Bison, qui a souvent le mauvais goût d'aimer la musique que j'aime,revient sur le film et sur le disque avec sa sensibilité habituelle.Il a découvert le film,je l'ai redécouvert,pourquoi ne pas vous laisser tenter vous aussi.Allez,Back to Zab! http://leranchsansnom.free.fr/?p=4196

 

2 décembre 2012

Deux films américains de Jean Renoir

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          Un ancien article évoquait L'étang tragique et L'homme du Sud,deux des six films américains de Jean Renoir.Je viens de voir Vivre libre (This land is mine) et La femme sur la plage.La période américaine de Renoir n'est évidemment pas du niveau de La règle du jeu,ce sommet du cinéma français.Ne soyons cependant pas trop sévères ,le metteur en scène français,si français,ayant dû subir certaines pressions des studios.On s'en serait d'ailleurs douté,Renoir ayant fait preuve d'une certaine naïveté."Sommé" de réaliser un film de propagande pour l'entrée en guerre des Américains,Jean Renoir réalise sur un scénario du grand Dudley Nichols, souvent complice de John Ford, Vivre libre avec l'immense Charles Laughton et Maureen O'Hara.Pas officiellement situé en France mais dans un "pays occupé" le film sera assez bien reçu en 43 aux Etats-Unis mais honni à sa sortie française en 46.On n'avait pas forcément apprécié le départ de Renoir de  ce côté de l'Atlantique, notamment ses amis du P.C. qu'il avait déjà pas mal indisposés avec sa sympathie pour Louis XVI dans La Marseillaise.

       Vivre libre souffre bien de quelques simplismes,c'est très souvent le cas des films dits de propagande qui ne font guère dans la nuance.Le générique avec la musique du Chant du départ annonce la couleur.Mais le personnage de collabo un peu malgré lui,George Sanders,se rachète partiellement pas son suicide.Renoir se garde bien d'écorner les chemineaux,sanctifiés comme chacun sait,dans tout film sur la Résistance.Mais le morceau de bravoure,quoiqu'un peu longuet,reste bien sûr la plaidoirie finale d'Albert Lory (Charles Laughton),sur la nécessité de résister et l'engagement.C'est limite très gros sabots mais la rondeur du grand comédien anglais,qui joue ici un petit instituteur plus tout jeune,rondouillard et nanti d'une mère castratrice comme on ne le disait pas à l'époque,la rondeur du comédien, disais-je,emporte l'adhésion.Somme toute réévaluons en partie la carrière américaine de Renoir même si,c'est vrai,La règle du jeu,ce marivaudage à l'accent grave,ironique et lucide,relève d'une autre planète cinéphile.

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               Très différent et particulièrement atypique dans l'oeuvre de Renoir,son tout dernier film américain,1946,La femme sur la plage,souffre d'un montage à la hache qui réduisit le film à 71 minutes.Un trio très introspectif,un peu lourdement. Robert Ryan, garde-côte sur l'Atlantique, traumatisé par la guerre.Joan Bennett,jolie femme de noir vêtue,mariée à Charles Bickford,plus âgé qu'elle,peintre devenu aveugle peut-être à cause d'elle.Il y a quelques scènes fortes dans The woman on the beach,dont le titre premier était The desirable woman,trop osé.J'en vois essentiellement deux.La première rencontre entre Ryan et Bennett qui ramasse du bois près del'épave,force souvenirs pour l'ancien marin.Et la balade de Ryan à cheval et Bickford,aveugle marchant en se tenant à la selle,aux bords de la falaise.Sur le thème du renoncement,l'intrigue psychanalytique tourne un peu au fatras.Pas vraiment de terroir social renoirien,plus proche du Lang du Secret derrière la porte par exemple,ou d'Hitchcock.J'ai quand même une certaine sympathie pour ce film qui n'eut strictement aucun succès,ni en France,ni aux Etats-Unis.Grand film malade,disent certains. Abatardi, certes,d'après moi mais pas inintéressant.

     

11 novembre 2012

Un combo de maestro

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GEHEIM

           Je n'avais jamais vu le très nerveux et très trouble polar de Joseph Lewis,sorti en 55.Du domaine public et visible à tous,pas si mal d'ailleurs.Soyons clairs pour quelques perles ce genre de diffusion nous offre pas mal de daubes. Pauvre daubes provencale ou camarguaise que l'on associe souvent maintenant aux pires calamités du cinéma.L'argot est parfois cruel. 

           Au fil des années et chez les noirophiles,vous savez que je m'autorise des divagations linguistiques parfois,The big combo est devenu une référence du film de genre, signé par Joseph H.Lewis auquel on doit aussi le très bon Démon des armes. A voir maintenant The big combo s'avère audacieux par ses sous-entendus sexuels,voire le contenu homosexuel que l'on guette partout en revoyant ces films anciens.Ici il paraît relativement flagrant,même interprété par Lee Van Cleef,jeune et future Brute chez Sergio Leone.Mais c'est devenu une telle tarte à la crème que je préfére insister sur l'éclairage remarquable du film et le jeu de Richard Conte,acteur assez connu à l'époque,gangster pervers et revanchard,face à Cornel Wilde,autre oublié qui eut un certain renom dans les fifties,souvent comme preux ou prince.Il y a une blonde fatale,surtout fatale à elle-même.Il y a un truand vieillissant (Brian Donlevy presque émouvant en has been).Il y a un Suédois ancien marin et futur cadavre,en sachant trop.Une fin superbe aussi, brumeuse à souhait.Et la musique,presque toujours géniale dans les thrillers de ce temps,oeuvre ici de David Raksin,compositeur par ailleurs du superbe thème de Laura,autre bijou sombre.

          Ce film plaira aux amateurs de cette époque bénie des cinémanes,quand dans un noir et blanc irremplaçable,des bandits impeccablement habillés,au chapeau soigné,le cigare élégant et le pourboire large,affrontaient des détectives qui laissaient les balles mortelles à leurs adjoints,posaient la main sur leur épaule et filaient descendre les premiers.Pour le plaisir The big combo s'est appelé Agent spécial en Amérique du Sud mais Gangsters en fuite en Argentine, Association criminelle en France et Le cercle secret 99 en Allemagne.Comprenne qui pourra.

http://youtu.be/QShabLiL1lA   The big combo (opening)

12 juillet 2012

Halte au monopole

      Ras le bol de ces cinéastes sans imagination et de leur unique compositeur.Les films sont pourtant très différents qu'on ait cru imposer ce sempiternel compositeur déjà suremployé,et surestimé.Il est temps de faire quelque chose,depuis des années que ce petit monsieur squatte auditivement nos écrans et,qui plus est,dans tous les types de films.On entend ses "oeuvres" aussi bien dans une aventure de James Bond que dans de célèbres blockbusters,plutôt bons d'ailleurs mais il n'y est pour rien.

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                         Non content de pérorer dans les films d'action ce saltimbanque de piètre formation donne aussi dans la comédie musicale et le romantisme,dans le suspense et dans par exemple le bien beau et bien oublié film de Bo Widerberg.Ce parasite a sévi en Afrique,en Amérique,en Suède. Ni Broadway ni la savane kenyane n'y ont échappé.Le grand Kubrick fit appel à lui au moins deux fois et les Coen Brothers trois.Et ce depuis des années comme vous le suggèrent ces quelques images,même s'il figure rarement au générique,ce faux cul.Noblesse oblige,Le plaisir ont subi sa loi.Marlene,L'ange Bleu également.

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FAME

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         Des films bien plus récents utilisent aussi la musique fabriquée par cet individu.Je vous le dis,il est inévitable.Même Batman, Alien, Hitchcock, Godard,de beaux films comme Le discours d'un roi,de somptueux navets comme Wasabi,de l'animation comme Les triplettes de Belleville

APO

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B

      A quoi bon?Ce personnage encombre les écrans depuis si longtemps qu'on n'en finirait pas de dénombrer ses présences au cinéma.Je n'ai pas l'intention de lui faire davantage de publicité.Ne vous foulez pas les neurones à retenir son nom.Il n'a de toute façon aucun avenir.Tout au plus vais-je joindre une petite image par acquis de conscience.Voilà "l'auteur" de ces ineffables musiques parfois abusivement nommées symphonies,opéras,concertos,requiem...N'importe quoi.Allez à la rigueur quelques notes, pour situer le niveau.Ca dure huit minutes tout de même,vous n'êtes pas obligés.En plus il se mêle vraiment de tous les instruments.J'envie les générations futures qui l'ignoreront...

http://youtu.be/fI6mNal8cjw

 

 

       

 

 

 

27 juin 2012

Un petit jeu sans conséquence,cinélogique

1

2

3

4

                Il y avait longtemps que je ne vous avais proposé un petit jeu ciné.Plusieurs films peuvent logiquement prendre place après ces quatre photos.Encore faut-il identifier ces quatre films dont au moins le deuxième ne me semble pas insurmontable.S'il vous plaît ne précisez pas trop en commentaires mais répondez par e-mail,merci.

19 juin 2012

A propos de Barbara

barbara

        Barbara est un film à voir,austère et laconique,qui creuse le sillon encore frais de la vie en RDA avant la chute du mur.Moins spectaculaire que le très bon La vie des autres,qui frôlait le thriller politique,ce film de Christian Petzold, récompensé à Berlin,je crois, mais peu importe,nous intéresse à une jeune femme médecin mutée dans un hôpital de province sans grands moyens au nord du pays.Très observée,on comprend vite qu'elle espère l'Ouest,par la Mer Baltique.Très sobre,Barbara gagne pourtant notre intérêt à son rythme un peu paresseux,sans dialogues lourdingues ni leçons de morale.Lassitude est le maître mot de cette vie,de cette ville où André le médecin chef de l'hôpital fait de son mieux.Sans romance ou presque le film vogue entre surveillance,inquiétude et espoir.

Barbara_-_film_de_Christian_Petzold

       Barbara se prend d'affection pour une jeune patiente fort perturbée,tout ceci sans grande démonstration.Curieux film où le médecin roule dans sa Trabant pétaradante et où Barbara n'a guère d'autre liberté que...son vélo,un semblant d'autonomie,et ainsi de belles séquences en lisière de forêt sous le vent.Misère aussi de l'hôpital,au matériel obsolète comme une sorte de Trabant de la santé.Rares sont les films aussi peu "glamour" ou aussi peu "action"que Barbara,pas de mélo médical à nous arracher des larmes,pas d'hommes en noir à cinq heures du matin pour arrestation au saut du lit,mais une ambiance de plomb qui donne envie de se foutre à l'eau,même en Baltique,avec le folle espérance danoise.Comme elles étaient terribles ces années,pas toujours avec des rafales près de Checkpoint Charlie,pas toujours,pas souvent sous les colères des intellectuels,mais en une grisaille quotidienne à se cogner la tête contre les murs,contre le Mur.

 

           

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