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BLOGART(LA COMTESSE)
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7 novembre 2014

Délation

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                                                                                      Voilà, je l'ai débusqué. Un lieu de perdition parmi d'autres. Sur les bords de la Liffey j'ai retrouvé et officiellement validé le port d'attache d'un blogueur de ma connaissance, que je ne citerai pas mais identifiable malgré tout. A noter qu'on ne m'y a pas servi la bière ni le whiskey "free" malgré tout. Allez, "slainte" et rendez-vous à l'adresse indiquée.

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9 février 2015

Géographie, Laramie,Wyoming

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                                   L'Amérique que je parcours musicalement, cinématographiquement et littérairement depuis si longtemps a ses laideurs profondes qui n'ont rien à voir avec la vieille Europe. Cette statue d'Abraham Lincoln perché sur granit en fait partie, ce qui ne nous empêche pas de boire un verre downtown à la santé du Wyoming dont nous connaissons déjà la capitale Cheyenne. Voici donc Laramie, petite ville de l'Ouest, dont le nom fleure bon mes chers westerns, essentiellement le superbe Man from Laramie, L'homme de la plaine, avec James Stewart. Le Wyoming, rectangle parfait, on reconnait bien là un rationnalisme américain, est le moins peuplé de tous les états de l'Union.

                                Richmond Fontaine est un groupe de folk alternatif qui existe depuis vingt ans. Voici, live à Edimbourg, la pièce à conviction de cette étape, justement appelée Laramie,Wyoming. Ce qui m'arrange bien. Si vous trouvez que cette rubrique fatigue vous avez raison. Si vous trouvez qu'elle est à bout de souffle vous avez encore plus raison. Terminus imminent... C'est vrai aussi que j'ai déjà dit ça plusieurs fois.

 

 

 

2 juillet 2015

La poésie du jeudi, Paul Verlaine

                                En cet été, pas toujours, il s'en faut, synonyme de détente, et comme actuellement je vis avec Shakespeare, particulièrement Hamlet, voici A Horatio, ou quand la jeunesse en fête commence à s'inquiéter devant l'avenir de sombre vêtu. Avec toute mon amitié pour Aspho qui m'a remis en selle dans le sillage de la poésie.Texte illustré par Hamlet et Horatio au cimetière de Delacroix.

Poésie du jeudi

A Horatio

Ami, le temps n'est plus des guitares, des plumes,

Des créanciers, des duels hilares à propos

De rien, des cabarets, des pipes aux chapeaux

Et de cette gaîté banale où nous nous plûmes.

 

Voici venir, ami très tendre qui t'allumes

Au moindre dé pipé, mon doux briseur de pots,

Horatio, terreur et gloire des tripots,

Cher diseur de jurons à remplir cent volumes,

025

 

Voici venir parmi les brumes d'Elseneur

Quelque chose de moins plaisant, sur mon honneur,

Qu'Ophélia, l'enfant aimable qui s'étonne,

 

C'est le spectre, le spectre impérieux ! Sa main

Montre un but et son oeil éclaire et son pied tonne,

Hélas ! et nul moyen de remettre à demain !

Paul Verlaine

27 août 2015

Mon été avec le grand Will/Scène 4

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                                         Quand le grand maître Kurosawa s'empare de Macbeth en 1957 on comprend très vite le fabuleux sens shakespearien du metteur en scène, parvenant à faire du grand cinéma sans jamais renier l'origine théâtrale du sujet. Pas si éloigné du Macbeth 1948 d'Orson Welles (voir Les titans),Le château de l'araignée, assez fidèle à la pièce d'origine, est devenu pour les cinéphiles l'un des films les plus célèbres de Kurosawa. Un Japon historiquement en proie à la guerre des clans se prête admirablement aux brumes, au forêts shakespeariennes. Au sabbat des sorcières aussi, et aux multiples trahisons et meurtres qui composent Macbeth, ce chaudron de violence et d'ivresse du pouvoir.

                                         Je l'ai déjà dit, les pièces de Will sont à géométrie variable. On peut dire ouf, car ça permet ainsi pas mal de variations. Kurosawa élague, ébranche, réduit les trois sorcières à une seule, évacue nombre de personnages pour 1h45 de cinéma. Mais surtout le metteur en scène réussit un fascinant amalgame entre le hiératisme des films d'arts martiaux et le théâtre traditionnel japonais, le Nô, parfois si hermétique à nos yeux occidentaux. Kurosawa dit avoir trouvé dans Shakespeare, tout en épurant le côté touffu, une ambiance très proche d'un Japon historique, de souffle et de cendres. Magistral et merveilleux film, que je n'avais jamais vu. Les seigneurs de guerre nippons me sont décidément bien proches , autant que les rois soudards du barde de Stratford.

                                        Avant que les arbres de la forêt de Birnam ne marchent vers la colline de Dunsinane (ou la même chose en japonais), si vous avez l'occasion, voyez Le château de l'araignée et rappelez-vous qu'Avignon n'a pas le monopole Shakespeare. Cette flèche (à propos de flèche très belle scène de Toshiro Mifune, Macbeth transpercé) étant parfaitement de mauvaise foi. Je m'autorise parfois un brin de mauvaise foi.

 

 

 

 

21 octobre 2015

Géographie, Winnemucca, Nevada

 

                                              Vous savez que j'aime alterner les choses sérieuses et d'autres moins. Sachez-le cette rubrique fait partie des choses... très sérieuses pour moi. Une bien petite ville que je vous propose aujourd'hui. Winnemucca, Nevada, 7500 habitants, tient son nom d'un chef indien de la tribu des Paiutes. On peut bien faire ça pour eux, les chefs indiens. Pour la (toute) petite histoire Butch Cassidy y braqua la banque en 1900. Et un Basque Festival y est organisé régulièrement, cette communauté y ayant été très présente au milieu du XIXème, en tant que bergers pardi.

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                                    Vous savez bien que c'est surtout l'occasion d'un bon moment musical et de faire connaissance avec le Little Wheels Band et leur copine Winnemucca girl.

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19 octobre 2015

Mon été avec le grand Will, scène 6

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                                Après une première intervention sur les différents Hamlet j'ai planché cette semaine sur Macbeth, beaucoup moins souvent adapté. Au moins deux fois cependant de façon géniale avec deux grands shakespeariens, Orson Welles, Macbeth, déjà traité sur ce blog, et Akira Kurosawa, Le château de l'araignée (1957). Ce film est un choc visuel dans lequel Kurosawa réussit l'impossible, une synthèse entre le grand délire plein de bruit et de fureur, de sauvagerie et de sang, de la pièce et deux éléments traditionnels de la culture japonaise, l'action du film de samouraï et l'apparente neutralité du Nô, théâtre japonais ancien dont l'austérité semble parfois assez hermétique aux Occidentaux.

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                                  Tourné dans l'endroit le plus brumeux du pays, près du Fuji, Le château de l'araignée abonde  en passages magnifiques. Citons-en quelques-uns. Le retour de Macbeth et Banquo, j'ai gardé les noms anglais, dans la forêt, est somptueux par le sentiment de perdition qui en émane, leur chevauchée, qui les égare à deux reprises, est superbement fimée. Mais Kurosawa est aussi génial dans l'intime que dans la fresque. Ainsi les scènes entre Macbeth et son épouse Lady Macbeth, qui est le véritable ange exterminateur shakespearien, très peu loquaces, à la différence des autres Macbeth de cinéma, sont admirables. L'opposition entre le jeu de l'épouse, qui, si elle ne porte pas de masque, est elle-même un véritable masque. Toshiro Mifune, le légendaire acteur favori de Kurosawa, lui, n'est pas avare de grands gestes et de grimaces, tirant le film vers la tradition estampes guerrières, vociférations et regards haineux. Cette opposition dans le couple félon fut par certains reprochée au metteur en scène. D'autres, dont je suis, y voient une belle habileté.

                                  Il me faut maintenant revoir Le Roi Lear, autrement dit Ran, l'un des derniers films de Kurosawa, pour conclure sur ces mois élisabéthains, après avoir parlé lors de ces interventions d'Othello, de Richard III et de Jules César, et plus brièvement de La mégère apprivoisée et du Marchand de Venise.

P.S. Suite à un "shakespearian cafouillage" cet article doublonne pas mal avec un article pourtant très récent, scène 4. Je laisse les deux, quelques éléments différant cependant. Il y a eu quelque chose de pourri au royaume du blog de la Comtesse.

                          

28 juin 2015

Mon été avec le grand Will/Scène 1

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                               Je devrais intervenir à la rentrée à l'IUTA (Institut Universitaire Tout Age) pour un séminaire sur Shakespeare au cinéma. Je laisserai de temps en temps pendant quelques mois mes impressions sur ce sujet. Par exemple celles, plutôt bonnes, à propos de ce faiseur australien très in pendant quelques années vers 2000, Baz Luhrmann (Moulin Rouge!, Gatsby). Il est pas léger léger M.Luhrmann, masi il n'a peur de rien. Surtout pas de catapulter Leonardo Romeo DiCaprio sur les plages californiennes, et de faire des pères Capulet et Montague de richissimes parrains. Je n'avais pas vu Romeo+Juliet à sa sortie 96 mais l'idée s'est avérée assez géniale. Le barde de Stratford a des textes si solides qu'il résiste à tout.

ROMEO

                               Ainsi Verone devient Verona Beach, banlieue de L.A. et les familles rivales voient leur nom briller au sommet des buildings. Montage speed, musique tonitruante, pubs agressives évoquant Shakespeare, Romeo+Juliet parvient souvent à dépasser le produit calibré et efficace pour atteindre une vraie grandeur tragique. Je le voyais presque par devoir mais j'y ai trouvé un esprit fidèle au génie shakespearien. Les scènes de rixes sur la plage sont très réussies, les grands bourgeois de Vénétie se coulent très bien dans les smokings des mafiosi rivaux, les interprètes ont l'âge du rôle, ce qui n'a pas toujours été le cas. Beaucoup de bruit et de fureur, les armes à feu ont remplacé les épées, le chevaux sont de métal et hurlent dans les rues. Très intéressant, et qui remet en question un a priori un peu buté (pléonasme). Quant aux dialogues rien à rajouter. Le titre officiel de ce film est d'ailleurs William Shakespeare's Romeo+Juliet. Vraiment un excellent scénariste ce M.William. Bon. Il me faut maintenant revoir West Side Story. Il y a pire comme devoir de vacances.

16 novembre 2015

Mon été avec le grand Will, scène 7

                   Antépénultième billet sur le cinéma de Shakespeare. Je ne reviendrai pas sur le film d'Orson Welles, cinéaste dont j'ai abondamment parlé déjà. Cet Othello de bric et de broc est le type même de film inoubliable malgré le tournage chaotique, le budget ridicule, les interruptions fréquentes. Une photo suffit à le comprendre.

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                 J'ai été très content de faire découvrir l'étonnant A double life, plutôt inattendu de la part d'un George Cukor somme toute assez hitchcockien pour cette variation sur la jalousie, cette horreur, cette horreur toujours illégitime. Homme de spectacle et de comédies Cukor brode autour de Broadway la troublante spirale qui saisit Anthony John, au patronyme si banal, grand acteur de théâtre moins lisse qu'il n'y paraît. Baroud d'honneur Anthony John accepte à contre-coeur d'endosser le rôle du Maure de Venise  devenu symbole de la jalousie. Le titre original prend tout son sens dans la vague des films de ces années souvent à forte empreinte psychanalytique.

Othello

                    Le syndrome d'Othello, cette hideuse jalousie, en un enchaînement troublant puis effrayant, va faire basculer l'esprit et la vie d'Anthony John, génialement interprété par Ronald Colman, oscarisé pour ce rôle. Ne sachant plus qui il est il  va vivre pleinement sa vie en donnant la mort. C'est un peu spoiler mais les probabilités de voir ce film sont si minimes. Surimpressions, musique du grand Miklos Rozsa, voix off, répliques de la pièce un peu sépulcrales, le film date de 1947. Je rappelle qu'un film comme toute oeuvre d'art, ne vieillit pas, il est de son année, comme un millésime, c'est tout. C'est pas comme nous.

19 janvier 2016

L'Ecrivraquier/2/Mon petit bal viennois

L'Ecrivraquier

                               Le Prater en juillet connaissait la chaleur épaisse de cette Europe Centrale qui le faisait rêver. Vienne certes ne dansait plus tout à fait comme avant mais sous le soleil qui fusillait la foule, des promeneurs de tous âges, souvent en culottes courtes, se pressaient tant aux attractions toutes récentes qu'aux baraques à l'ancienne, bien rénovées depuis longtemps déjà. Certains arboraient l'ultraditionnel chapeau à plume. Facile de se gausser. Peu lui importait. La veille la Hofburg l'avait épuisé mais son pélerinage viennois avait ses incontournables. Demain il cheminerait des heures durant dans le parc de Schönbrunn et boirait du frais Grinzing issu de ces vignes visibles du haut du Stefansdom.

                              Mais aujourd'hui Harry Lime l'attendait. Le grand escogriffe, l'un de ceux à l'origine de sa légendaire pathocinéphilie, il savait qu'il serait au rendez-vous. Il allait prendre son ticket pour la grande roue. Non, la Grande Roue, celle-là mérite des majuscules. Moquant allégrément et sur un air de cithare celles de Londres ou de Paris et alors qu'un orphéon n'avait pas cru le priver de la Marche de Radetzky il prit un billet et les portes de verre l'accueillirent. De là haut il verrait le Danube, loin et pas bleu. De là-haut L'empire d'Autriche-Hongrie revivrait un court instant. Même si ni sur le Ring, ni au Belvedere ne paraderait plus aucun Habsbourg.

14 janvier 2016

Tout sur ma mère...

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                       ... a été dit fort justement par quelques-uns dont je partage les avis. Alors comme ça m'arrive de temps en temps je n'ai pas cru bon d'en rajouter. Je vous invite seulement à les consulter et à voir le film admirable de Nanni Moretti. C'est l'un de mes cinéastes favoris, plus que ça probablement. Vif succès en ciné-débat avec une belle audience. Paradoxalement peu de discussion, il fallait s'y attendre tant le film suscite d'empathie et de retenue. Mia Madre, en l'occurrence Nostra Madre rend plutôt réservé. Certains silences sont éloquents.

Avant la fin 1001 bobines

Mia Madre : le chant d’amour de Moretti à une mère Strum

5 avril 2016

De la Costa Liguria à l'Ouest américain

Ruines

                                 Voilà un bon roman, peut-être un petit peu éparpillé tant Jess Walter mêle les époques et nous confronte à de forts personnages en des âges différents. En vrac un écrivain américain qui écrira bien peu, lors de la libération de l'Italie en 1944. Une jeune actrice sur la côte ligure, échappée du tournage de Cléopâtre en 62. Un très modeste hôtelier italien et sa mère dans le minuscule port de Porto Vergogna, tout un programme. Un producteur américain typique donc mesquin et grandiose. Gravitent tout autour Richard Burton en personne, et bien d'autres....

                               De si jolies ruines brasse beaucoup de thèmes. Des destins fracassés comme dans un feuilleton, l'exotisme que présentait encore dans les années 60 la Riviera, la satire un peu facile de Hollywood et de ses moeurs avec caprices de stars et infantilisation, une jolie histoire d'amitié qui survivra à cinquante années de séparation. Notre tendresse va davantage à Pasquale et Dee la jeune actrice emportée dans une sombre machination. Ce sont évidemment les coeurs purs. Mais les puissants sont bien campés, notamment le producteur Michael Deane, inspiré de... et le portrait de Burton, star des paparazzi des sixties est également saisissant. C'est un livre riche en péripéties, en aller retour, où le lien avec notre époque passe par les années cames, les années seringues dorénavants inhérentes à presque toute littérature. C'est Pat, fils de Dee, musicien rock, qui assure cette partition. Mais j'ai peur d'être un peu confus à la chronique de ce livre, presque trop riche. Car Jess Walter revient aussi sur un épisode de la conquête de l'Ouest, l'expédition Donner, tragédie dans les Montagnes Rocheuses en 1846.

                            Récapitulons calmement, toute l'Amérique est là, la guerre en Italie, le cinéma et les affaires, les parties fines et l'alcool, le rock et la Californie, la mythologie du western, tout de déraison. Notre ami Pasquale, Italien du nord, n'en est que plus sensible, et sensé. Un très bon moment de lecture, un peu trop encensé quand même à mon goût. Mais, rappel, comme toujours, ce n'est que mon avis.

                           Je crois que Beautiful ruins est un projet de cinéma. Je n'ai aucune autre information à ce sujet. Nous en resterons donc au projet avant d'aller au cinéma. Quant à l'hypothétique et microscopique Porto Vergogna, il borde les célèbres Cinque Terre, site classé mais envahi. La rançon de la gloire.

25 juin 2016

Dernières cinéphilies saison 2015-2016, Portugal, Pays-Bas, Palestine

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                              Premier film du Portugais Joao Salaviza, Montanha, habilement (?) sous-titré Un adolescent à Lisbonne est un film intéressant mais un peu trop sombre sur la difficile quinzième année de David, père absent depuis des lustres, mère exilée à Londres, grand-père mourant, grave échec scolaire. Les nuages s'accumulent sur l'avenir et la Lisbonne que nous donne à voir le metteur en scène n'arrange rien. Barres d'immeubles, terrains vagues, boîtes aux visages blafards sur fond techno no future, balcons suicidophiles. On est loin du Monument des Découvreurs et du pont Vasco de Gama offert à l'Atlantique. Depuis Antoine Doinel il est difficile d'avoir quinze ans au cinéma. Un gamin acteur prodigieux, sobre et sans caprices, plusieurs scènes magnifiques dont une ahurissante rencontre avec sa prof, constamment hors champ. Comment dit-on incompréhension en portugais? Je dirais, en cinéphile bourré de références encombrantes, Truffaut+Antonioni.

ROYAL+ORCHESTRA

                                La documentariste néerlandaise Heddy Honigmann a suivi le prestigieux Concertgebouw Orchestra d'Amsterdam sur une tournée mondiale. Royal Orchestra aurait peut-être plus sa place à la télé mais la recrudescence de documents sortant sur grand écran n'est pas pour me déplaire. Un violoncelliste et une violoniste dans une pâtisserie de Buenos-Aires. A Soweto les enfants tout sourire dans leur steel band accueille les musiciens. Un ténor bouleverse les canaux d'Amsterdam. Un taxi mélomane dans les rues argentines. Un vieux Russe solitaire rescapé des régimes horrifiques ému aux larmes. Tonique avec un zeste d'utopie, laissez vous bercer par la musique. C'est le jour.

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                                Huis clos brutal et fatigant pour le film des improbables jumeaux palestiniens Arab et Tarzan Nasser. Bande de Gaza, très compliquée, Israel, le Hamas, le Fatah, mais aussi les "bandes " de Gaza, des mafieux du coin qui ont eu la curieuse idée du rapt d'un lion du zoo. Une douzaine de femmes dans un modeste salon de coiffure, qui parlent, crient, et s'interpellent. La bande, sonore, celle-là, éructe de plus en plus de mitraillettes et d'explosions. Dégradé est intéressant, un peu dispersé avec trop de personnages. Mais ça n'est que mon avis.Kafka peut être convoqué, on ne risque pas de se tromper, tout étant possible là-bas, sauf peut-être la paix.

Ciné QuaiRideau sur la saison cinéphilique depuis septembre. A quelques-uns, en accord total avec la direction du CinéQuai, notre cinéma, oserai-je dire, nous avons essayé d'enrichir les programmes, avec des films venus aussi de Lituanie, Colombie, Italie, Suède, Roumanie, etc... Truffaut et Demy aussi furent de la fête. Merci à ceux qui nous ont soutenus. Une ville a le cinéma qu'elle mérite.

 

1 mai 2016

Géographie, Watertown, New York

                                  Watertown est une ville à l'est de l'état de New York, proche du Lac Ontario et du Canada, une toute petite ville, voisine de Watertown la City car les Etats-Unis ont une démographie très particulière entre états, comtés, cities, villes, municipalités, villages. J'ai renoncé à tout comprendre. Le seul intérêt de Watertown est que c'est aussi le titre d'un album de Sinatra, lui aussi très particulier. Sorti en 70 Watertown est un concept album où Frankie incarne un homme qui élève seul ses deux fils dans la ville de Watertown. Sa femme l'a quitté pour une carrière artistique et la fin du disque le trouve l'attendant vainement à la gare (The train).

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                                 C'est l'album le moins vendu de Frank Sinatra, différent de ses habituels registres, grave et assez austère. Ses admirateurs n'ont pas suivi. Watertown l'album est maintenant considéré comme culte et régulièrement cité comme un sommet de sa musique. Je dédie Watertown à Celestine qui rêve de s'envoler avec Frank. Et puis il y a des bancs sur cette petite place somme toute assez européenne. On s'assied un moment?

 

26 septembre 2016

Réunis

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                                  Le hasard fait que les deux phénomènes se sont retrouvés en huit jours en séances uniques au cinéma. Notre cinéma est un endroit où je me sens bien. Je ne suis pas sûr qu'il y en ait tant que ça. Là je dois dire que j'étais particulièrement bien. Je préviens que ce billet est celui d'un ancien combattant, billevesées d'un ancien combattant, telles que celles dont je me moquai jadis. Beatles et Stones, qui sont gens qui ont orienté ma vie, au programme, pour deux documents très différents mais pas loin d'être historiques et qui tournent autour d'une scène unique, la  Scène. Le film de Ron Howard revient sur les Beatles en tournée, ce qui est antédiluvien puisqu'inaudibles et ne maîtrisant plus les foules ils stoppèrent les prestations live dès 1966. Help traduit d'ailleurs très bien leur inquiétude, voire leur panique. Eight days a week (titre de l'un de leurs nombreux numéro un) est un très bon document sur les premières années  où tout bascula en quelques semaines. Ce n'est pas un film sur l'histoire des Beatles, encore moins sur leurs dissensions et leurs dérives. Pas mal d'images inédites nous replongent dans la Beatlemania, qui, rappelons-le traîna un peu avant d'envahir l'hexagone.

                              En revanche on saisit bien leur spontanéité, parfois pas très spontanée lors des interviews, leur surprise d'avoir été les élus parmi des centaines de groupes parfois aussi talentueux. On saisit aussi les approximations musicales et au même moment on comprend très vite, dès l'album A hard day's night, la finesse de certaines harmonies. Amusant, le côté boys band du quatuor, quand on voit les filles en transes hurler et s'évanouir dans les salles ou les stades, déjà. Bien avant Yoko Ono ce sont les filles qui ont fait et aussi détruit un peu les Beatles, les empêchant de continuer les concerts devant les risques encourus et la qualité sonore innommable de leurs dernières prestations. Ca les arrangeait bien, les renvoyant dans les studios d'où sortirait deux ans plus tard une galette ayant pour titre Sergeant Pepper's Lonely Heart Club Band. Ca valait le coup, les filles, vous avez bien fait.

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                            Fin du flasback. 2016, La Havane. L'entreprise The Rolling Stones nous débarrassera-t-elle enfin des posters du Che? Hors sujet, vous avez raison. Il n'aura fallu que 53 ans environ aux Stones pour conquérir Cuba. A croire que le blocus concernait aussi le rock. Donc les suppôts du capitalisme braillard et génial débarquent. Et...ils sont plutôt en forme, souriants, roublards, Mick est hispanophone et... diantre, qu'est-ce qu'ils sont bons. Et comme je mesure la chance des baby boomers (j'avais seize ans et Satisfaction tournait en boucle au golf miniature de Houlgate, je vous avais prévenu pour le côté anciens combattants), d'avoir vécu ça, si j'ose dire, en temps réel.

                             Sous la houlette du documentariste Paul Dugdale les quatre lascars sont bien mis en valeur, souriants et gambadeurs, sauf Charlie qui n'a jamis été un sautillant. Mais qu'est-ce qu'ils sont bons! Symbole historique d'un certain changement, ce concert est tout simplement un grand moment de rock'n'roll, donc un grand moment tout court. Mick arpente de long en large, Keith se fend d'un  des titres où il chante, le génial blues You got the silver. Hyperbien soutenus par leur bassiste depuis un bon moment, cuivres, chanteuse et deux claviers, les classiques y passent tous, Gimme shelter, Sympathy for the devil, Honkytonk woman, Jumpin' Jack flash... Et un public manifestement à la fête, sur fond d'immeubles lézardés, comme le sont les spectateurs à Copenhague, Francfort ou Melbourne, avec quelque chose en plus, sortis au moins musicalement de décennies d'isolement.

                            Je sais que le Stones business, et le Beatles business, différent mais bien réel lui aussi, peuvent apparaître comme des lauriers sur les fronts chenus de milliardaires. Si vous saviez comme je m'en fous. Il arrive que les milliardaires aient du talent. Il arrive que les "installés" donnent du plaisir. Ou disons qu'ils donnent Satisfaction. Vous pensez It's only rock'n'roll? Comme vous avez raison, justement.

 

 

 

3 janvier 2017

En passant, pourquoi pas?

Tarcy

                                 Ne boudons pas notre plaisir car notre plaisir n'est pas si fréquent. Une amie de rando m'a prêté deux livres. L'un, le dernier de Bernard Werber, sans intérêt malgré mon grand intérêt pour les chats. L'autre, hyperclassique dans sa forme, bien agréable. L'innocence (Burning bright en V.O.), de Tracy Chevalier (La jeune fille à la perle), conte l'arrivée à Londres d'une modeste famille de menuisiers du Dorset. 1792, des idées nouvelles arrivent de la France où ça bouge pas mal. Les deux adolescents Kellaway vont découvrir la plus grande ville du monde, ses vertiges et ses dangers. Leurs aventures sont assez attendues, les personnages les plus intéressants étant le poète graveur épris de liberté William Blake et Philip Astley, patron de cirque, une sorte de magnat du show-business de ces temps-là.

                                Grace à ces deux, en quelque sorte "précurseurs" tant des idées que du spectacle, L'innocence prend un certain relief et lorgne vraisemblablement vers une suite, peut-être déjà publiée, je ne sais. Et là, ce faisant, ou ce écrivant, je m'aperçois que je n'ai rien de plus  à dire. Ce fut donc une lecture plaisante, un roman sur fond historique, où l'on ne voit pas le temps passer, j'oserai dire "glissament" car j'adore inventer des adverbes. Et puis on se dit qu'on n'aurait pas perdu grand-chose à l'ignorer. Et lire plus viscéral. Mais bref, pas si mal, et surtout pas si nécessaire. Je sais, ce sont des réflexions du temps qui presse un peu.

7 février 2017

Chili con carnets

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                       Curiosité plutôt bien reçue par le public et discussion intéressante menée par un ami qui a présenté lundi dernier Poesia sin fin du metteur en scène protéiforme Alejandro Jodorowsky. Sorte de promenade dans l'imaginaire de l'auteur surréaliste et cosmopolite, le film se voit avec plaisir même si le snobisme lui convient bien et limite quelque peu les avis moins favorables. Mais ne pinaillons pas trop devant ce kaléidoscope du vieux saltimbanque effronté et en même temps presque institutionnalisé.

                       Très pêle-mêle décors de carton pâte, tératologie appliquée, scènes orchestrées, trop, à mon gré, pour faire semblant de choquer, ce qui ne choque plus grand monde. Il m'a semblé de bon ton dans le public d'apprécier outre-mesure, la mesure n'étant pas le point fort de Jodo. Reste un spectacle multicolore, multimachin, et finalement une soirée agréable. Evidemment à ce jeu Amarcord de Federico fut cité. Pour moi il n'y pas photo. Laissons Alejandro à ses tarots.

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                          Pablo Neruda est une des cibles de Jodorowsky dans Poesia sin fin. Mais laissons là les égos de ces messieurs. Pablo Larrain, chilien comme tout le monde aujourd'hui, nous embarque avec allégresse dans ce faux biopic sobrement appelé Neruda. Pas mal de monde hier pour le voir et en parler, et un réel enthousiasme chez les spectateurs. Larrain construit son film très intelligemment en centrant les deux personnages de Pablo Neruda et de l'inspecteur Oscar Peluchonneau dans une nasse virtuelle, liant ainsi le poète et son poursuivant dans une quête obsessionnelle, puis une traque quasi westernienne et enneigée. C'est passionnant d'un bout à l'autre, très troublant au début tant sont emmêlés la narration du policier et les mots de Neruda. mais ça confère à Neruda une étrangeté comme jouant sur les mots d'un film où les dialogues sont très importants sans nuire à la conduite de l'image. Et il y en a de belles, des images. Des scènes de bordels, très sud-américaines, j'ai pensé, bien  que peu connaisseur, aux grands baroques de la littérature du continent, Garcia Marquez, Vargas Llosa et consorts, souvent poétiques, parfois torrentiels, quelquefois usants. Les scènes intimes avec sa deuxième femme, peintre argentine, et leurs querelles d'amoureux artistes jouant à qui est le plus artiste. La totale immodestie de Pablo Neruda nous le rend d'ailleurs plus proche, éloignant l'icône de l'intelligentsia européenne (je goûte peu les icônes), et le "missionnaire" politique car Pablo Larrain nous épargne tout prêche, qui eût parasité le film. Et je ne vous dis rien du beau pays araucan.

                        C'est un film très riche. C'est un spectacle très riche, tenais-je à dire, ce qui est plus fort encore. Le public a vraiment apprécié et ce fut vraiment une belle soirée de ciné. Je crois qu'ils penseront longtemps à ces deux là, le maigrichon Gael Garcia Bernal, en policier obsédé de sa poursuite mais aussi d'une reconnaissance (quelqu'un m'a cité très à propos Javert-Jean Valjean), et le bedonnant, peu sexy mais très sexué Luis Gnecco en Don Pablo Neruda, poète, sénateur, capricieux, vantard et accessoirement d'immense talent.

14 janvier 2017

De sel et de flammes

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                              Reprise des ciné-débats avec une certaine déception, pas vraiment surprenante. Pas la foule des grands jours pour la fable écologique vaguement new age de Werner Herzog, adaptée d'une nouvelle déjà pas terrible de Tom Bissell, Aral, du recueil Dieu vit à Saint Petersbourg, recueil de six textes sur l'Asie Centrale ex-soviétique. Qu'est devenu le visionnaire halluciné d'Aguirre ou de Fitzcarraldo, le compagnon de route de La ballade de Bruno, et même l'excellent réarrangeur de Nosferatu? Comment Werner Herzog a-t-il pu m'ennuyer à ce point? De plus comme la plupart des fois où je présente un film je le vois deux fois en trois jours. Faut-il que j'ai le sens du devoir? Ca, c'est écrit après la première vision.

                             A la seconde vision je réajuste mon commentaire, à la lumière aussi des réactions du public finalement plus adhérent que je ne le craignais. Foin des critiques assassines et de la réflexion d'une spectatrice m'en voulant un peu d'avoir choisi ce film. Pas si mal. Les vingt premières minutes sont celles d'un bon thriller à peine futuriste avec un trio de scientifiques venus enquêter au coeur d'une Amérique du Sud soumise, justement, au sel et au feu. Car Herzog a un faible pour l'Amérique du Sud depuis toujours et y a transposé l'intrigue. Etonnamment l'humour n'est pas absent et ce serait presque la qualité première de Salt and fire. Sûr que la fin m'est apparue un galimatias écolo prêchi-prêcha sans intérêt. Mais surtout cela me confirme le relatif dédain dont je ferai preuve maintenant vis à vis des plumes expéditives.

 mANCHESTER

                            Un mot sur Manchester by the sea, Kenneth Lonergan. Un mot: magnifique. Pourquoi en dire plus alors que quelques autres l'ont déjà si bien dit, en plusieurs mots, les amis Strum et Le Bison, et des mots intéressants. Alors je vous y envoie. C 'est ici  et  là.

LA+VALLEE+DES+LOUPS

                             Plutôt joli ce docu animalier où le cinéaste Jean-Michel Bertrand en arrive à vivre des semaines, en véritable loup, tapi, camouflé, terré, pour observer cette vallée alpine restée secrète. J'aime beaucoup ces films dans la lignée de Perrin et Cluzaud. Et puis j'avoue que stars, starlettes, comédies franchouillardes, blockbusters, animations numériques, propagande télévisuelle, voire films d'auteur prétentieux et leçons de bien-pensance me pèsent quelquefois. Tout le cinéma, quoi. Y compris moi-même discutant cinéma. Etonnant, non?

6 mai 2017

A propos d'un balayeur des rues

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                                Cette fois ma chère  Val et moi nous sommes attelés aux 768 pages (en 10-18) de La mémoire est une chienne indocile, traduction littérale de The street sweeper, ahurissant n'est-il pas, de l'Australien Elliot Perlman. C'est une opération qui, en ce qui me concerne, a pris du temps. C'est un roman qui revient sur la Shoah, mais par des voies multiples qui égareraient presque le lecteur. Pourtant ce livre ne manque pas de grandeur pour peu que l'on s'attache avec soin aux différentes approches de l'horreur, de sa mémoire et de son enseignement. N'ayant pas lu Les bienveillantes de Jonathan Littell je ne peux comparer mais Elliot Perlman va très loin dans son analyse précise et quotidienne des camps. Parfois la sinistre comptabilité d'Auschwitz est insoutenable à la simple lecture et ce livre est vraiment très éprouvant. On mesure le travail de documentation qu'a dû effectuer l'auteur.

                              Mais la solution finale n'est qu'une des dimensions de cette oeuvre, fleuve et phare. Lamont Williams, balayeur des rues, est un modeste Afro-américain en probation post-prison qui recueille à l'hôpital les souvenirs d'un vieillard en phase terminale. Henryk Mandelbrot est un survivant d'Auschwitz. Par ailleurs, Adam Zignelik, professeur d'histoire, lui-même juif, exhume les premiers témoignages sonores de rescapés de l'Holocauste. Mais La mémoire... brasse bien d'autres thèmes et tisse une toile assez prodigieuse, laquelle enserre le lecteur et lui donne furieusement envie d'en savoir plus malgré la complexité parfois technique du texte. Notamment les pages sur la question, qu'Adam étudie aussi de très près, de la présence des noirs américains lors de la libération des camps. On connait la récurrence et le trouble de cette interrogation dans (une partie de) la société américaine.

                            Allant et venant sur les décennies, comme toute mémoire, The street sweeper photographie aussi l'Amérique de notre instant, difficulté de réinsertion de Lamont, racisme ordinaire, quelques beaux moments aussi sur le très grand âge quand Adam visite de très rares survivants dans une maison de retraite de Melbourne (les fameuses boîtes à mémoire, Hannah qui réclame de l'eau comme en douce, encore un peu à Auschwitz), rigidité de systèmes éducatifs, Adam mis en cause en tant qu'enseignant, tyrannie des publications. Et une foule d'autres choses sur le mal vivre de tous ces personnages, nombreux à traverser le siècle, certains très peu de temps, vivants, morts, conscients ou non. Ils sont juifs, ils sont noirs, d'ici ou d'ailleurs, leurs grands-parents, leurs ancêtres ont vécu l'horreur. Nul n'en est indemne. 

                         La mémoire est une chienne indocile. Elle ne se laisse ni convoquer ni révoquer,  mais ne peut survivre sans vous. Elle vous nourrit comme elle se repaît de vous. Elle s'invite quand elle a faim, pas lorsque c'est vous l'affamé. Elle obéit à un calendrier qui n'appartient qu'à elle, dont vous ne savez rien. Elle peut s'emparer de vous, vous acculer ou vous libérer. Vous laisser à vos hurlements ou vous tirer un sourire.

                        On ne résume pas un tel livre. C'est le livre qui vous prend dès les premières lignes, dans le bus de Lamont, et ne vous lâche plus beaucoup. Le voyage est long, parfois compliqué, emprunte des méandres et bute sur des impasses. Et puis un jour, un beau jour finalement, un historien juif, une jeune oncologue, nommée Washington, et un modeste balayeur décident de se parler. C'est une lecture indispensable. Et j'ai eu tort de persifler sur le titre français.

P.S. Je dédie cette chronique à Karel Schoeman dont j'apprends à l'instant la disparition (samedi 6 mai, 19h). Ce Sud-africain était un écrivain fabuleux. D'ailleurs sa photo est depuis longtemps ici présente, en bas à droite, en tête de mes écrivains majeurs. Et ses romans ne sont pas sans rapport avec la mémoire ou le racisme. Ils sont en tout cas d'une profondeur...

                           

 

 

 

                  

19 avril 2017

Géographie: codicille

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               Il y a de bonnes nouvelles parfois. Sunny afternoon today. Ray Davies, Sir Ray Davies (72 balais, maître à penser de The Kinks), sort un nouvel album. Called Americana. Des membres de Jayhawks l'accompagnent fort bien. On ne saurait mieux conclure pour garer le Greyhound. Et toi, Ray, es-tu enfin paisible?

               I wanna make my home

               Where the buffalos run

               In that green panorama

10 avril 2017

Littérature fictive, peinture véridique

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                            J'étais très heureux d'avoir aidé à programmer ce film argentin percutant et corrosif, un peu lesté par une caricature trop appuyée. Mais rien de grave et Citoyen d'honneur a été bien accueilli. Cette fable assez cruelle pourrait être illustrée par deux proverbes. La Roche Tarpéienne est proche du Capitole et Nul n'est prophète en son pays. Daniel Mantovani, Prix Nobel de littérature revient dans sa ville natale, Salas, au fin fond de la campagne argentine. Reçu d'abord comme un héros le ton change assez vite et chacun au pays a de bonnes raisons de lui en vouloir. N'aurait-il pas plus ou moins ridiculisé ses anciens concitoyens dans son oeuvre romanesque, écrite en Europe où il réside depuis trente ans? Ceci est arrivé à de vrais Prix Nobel, Faulkner ou Garcia Marquez par exemple.

                    On n'écrit jamais que sur soi, semble se dédouaner Daniel. Et comme c'est vrai, surtout quand on a du mal à écrire, croyez-moi. Alors il se peut que l'on n'intéresse personne. Exercice hautement narcissique. Ainsi les auteurs du film, le duo argentin Mariano Cohn, Gaston Duprat, parviennent à équilibrer à peu près leur propos. Le grotesque de la plupart des gens de Salas vu par les cinéastes dédoublant ainsi leur identification aux livre de Mantovani, il m'apparait que la barque est un peu trop chargée d'un cynisme que d'aucuns auront trouvé malsain (l'ami Strum ici étant de ceux-là). Il n'a pas tort mais moi, modeste passeur de programmes, j'ai apprécié les réactions du public qui a plutôt passé un bon moment, la fin style Comte Zaroff finissant presque par... cartoonner. Souvent comparé aux grandes heures de la comédie italienne, c'est vrai qu'on y verrait volontiers Sordi ou Manfredi, Citoyen d'honneur est tout de même loin des meilleurs Risi, Germi ou Monicelli. Pardon à Dino, Pietro, et Mario (nous étions très proches) mais vous-mêmes n'avez pas toujours été d'una grande finezza.

                    Là je viens de me relire et me trouve d'une prudence de jésuite qui confine à l'hypocrisie. J'aime bien un peu d'hypocrisie.

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                      Paula raconte quelques années de la vie de Paula Modersohn-Becker, peintre allemande (1876-1907). Découverte pour le public, moi y compris, cette artiste que l'on entrevoit seulement maintenant en France suite à l'expo 2016 au Musée d'Art Moderne de Paris est en fait une pionnière. Dans un monde régi par et pour les hommes, art compris, Paula aura l'énergie de quitter son mari lui-même peintre conventionnel dans le nord de l'Allemagne. Elle vivra quelques annnées à Paris sans vendre aucune toile. Comme souvent, et peu à peu, c'est plus tard que son aura grandira et le premier musée consacré à une femme peintre lui sera dédié à Brême.

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                   Ses tableaux, et je laisse cela aux exégètes, annoncent l'expressionnisme mais surtout reflètent peut-être pour la première fois le regard d'une femme. Ceci considérant, et c'est discutable, que d'autres femmes peintres, il y en avait quelques-unes, classiques, impressionnistes, peignaient  "comme les hommes". Ses portraits, autoportraits, assez torturés, peuvent bouleverser tant on y sent un un souffle et un siècle nouveau, qui sera douloureux ou ne sera pas. Paula, le film de Christian Schwochow, vaut à mon avis surtout par le tableau nordique de la communauté des peintres traditionnels, et paradoxalement je me suis plus intéressé à son mari Otto, certes maladroit  mais sincèrement amoureux de Paula. L'aventure parisienne, resserrée par le scénario, m'a semblé par contre assez banale malgré la présence de Rainer Maria Rilke, ami de Paula, et n'échappe guère aux clichés. Je conclurai ainsi: Paula est plus à voir en peinture qu'au cinéma. Ceci n'engage que moi.

23 septembre 2017

Une ville qui assume (1)

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                              Du vert, et un bâtiment historique que les panneaux indiquent toujours très soigneusement Reichstag/Bundestag. On comprend pourquoi. Emblématique à mon sens de la somme toute nouvelle capitale fédérale. C'est que Berlin ne sera jamais tout à fait une ville comme les autres. Je pense à Allemagne année zéro. Je pense aux Ailes du désir. Je pense à Cabaret. Je pense aux romans d'espionnage. C'est que l'on n'arrive pas à Berlin vierge de tout a priori. Cette ville, plus qu'aucune, a connu un destin qui aurait pu la vouer aux gémonies. Ce fut longtemps le cas. Berlin table rase en ce qui concerne les pierres, mais pas en ce qui concerne les âmes. La ville, à mon avis, réussit son pari d'appréhender tout son passé, des sévères monuments prussiens à la topographie de la terreur, des nombreux mémoriaux des victimes du Reich aux plus belles heures de la DDR, sans oublier le vertige urbanistique qui a saisi la ville et la laisse en travaux pour encore au moins dix ans.  

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                         Une balade sur la Spree, le calme fleuve berlinois et ses jolis méandres, qui sillonne le coeur citadin et permet de voir un bel aspect de tous les bâtiments récents, ministères, ambassades, quartier d'affaires, gares, tout ce qui fait la Symphonie d'une grande ville, titre du génial et pércurseur film de Walter Ruthmann (1927, je crois). Et puis il y a cette porte, ce quadrige sous ciel de pluie imminente qu'un caprice de Napoléon ramena à Paris pendant quelques années, multisymbole de tout et son contraire au fil du temps.

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                                Berlin en fait tant dans le modernisme qu'une visite du Filmuseum m'a presque rendu malade de vertiges tant les jeux de miroir et de passerelles étaient saisissants. L'Expressionnisme y prenait tout son sens. Pourtant Caligari, Mabuse et Nosferatu me sont de vieilles connaissances. Mais là ils y sont allés un peu fort. Les célébrissimes Trabant sont devenus tendance pour un sightseeing.  Des statues de héros d'un autre temps rappellent des déchirures. Berlin, si longtemps coupée en deux, voire en quatre, ne se divise plus. Deux géants de bronze font encore recette près des rives de la Spree. Et il m'a fallu longtemps avant de pouvoir photographier les chantres du marxisme sans amoureux frottant le genou de Karl, sans les dizaines de Taïwanais on tour, et sans les turbulents collégiens paneuropéens auxquels Berlin assène des leçons de démocratie, particulièrement nombreux.

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                                  Sûr que l'histoire y parait parfois lourde, des hommes de fer y cotoient des poètes, ci dessous Schiller sur le Gendarmenmarkt. Et l'argenterie du Kronprinz, dans les salons de Charlottenburg vaut à elle seule le déplacement. Capitale d'empire, ruinée et affamée, défigurée par la division, Berlin s'est relevée. Et cette semaine fut pour moi l'occasion d'un petit peu mieux connaître l'histoire de ce grand pays et de cette ville, indispensable pour comprendre. On en reparle un peu prochainement.

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15 novembre 2017

Le sable y est

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Masse critique

                                Thriller sur fond de piraterie contemporaine situé dans la si accueillante Corne de l'Afrique, signé d'un lieutenant-colonel de l'armée de l'air suédoise, ayant connu le bourbier afghan et chassé lui-même le pirate en Somalie, Du sang sur le sable se consomme sans intérêt particulier, comme un plat quotidien avalé par habitude et dont le goût ne risque pas de vous irriter le palais. Ceci posé on a le droit d'apprécier ces aventures à Djibouti, un peu comme on lisait, du temps où on lisait dans le train, pratique disparue, un polar quasi jetable. Mais c'était encore lire. Je confirme, lire Du sang sur les sable, c'est donc lire et pénétrer les arcanes d'un trafic de devises en relation avec le terrorisme, entre la Somalie en guerre civile, et la Suède dont les soldats en poste dans l'ancienne Côte Française des Somalis ne sont pas tous d'une probité au dessus de tout soupçon.

                               Une famille de Suédois aisés a eu la brillante idée de choisir le sud du Golfe d'Aden pour la croisière inaugurale de leur magnifique voilier. Pris en otages par des pirates somaliens ils vont être l'objet de sordides négociations. Robert Karjel tente de nous initier au fonctionnement des services secrets européens. Son personnage, Ernest Grip, va se  trouver confronté à la mort accidentelle ou non d'un officier suédois lors d'exercices. Les deux affaires, prise d'otages, meurtre lors de leçons de tir d'une   escouade djiboutienne, sont-elles liées? Multiples portables prépayés, messages codés, apparition d'une pianiste au jeu très trouble mais séduisante, séquences sur les otages sans vrai suspense. J'ai trouvé le temps bien long, 500 pages, même si certaines pages sont de dialogues vite survolés. Si le coeur vous en dit.

                                Merci à Babelio avec qui j'ai lu Du sang sur le sable. Ainsi qu' aux éditions Denoël. On ne peut pas gagner à tous les coups.

3 mars 2018

L'Ecrivraquier/18/A lyre, Le luth des glaces

L'Ecrivraquier

Le luth des glaces

A Gérard et son luth constellé

A Alfred au baiser de la muse 

Je veux apporter mon écot

Mon écho encordé

Je l'ai délié

Je l'ai dédié

A mes soeurs adjectives

A quelques frères aussi

De ceux qui dansent les mots

Qu'ils valsent avec ma lyre

Au printemps les poètes

Sur le carreau effacent

De nivose les traces

Qu'ils chantent avec moi

Jazzy, bluesy, breezy

 

 

 

 

 

2 juin 2018

Cousines nippones

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                               Avant tout je voudrais vous remercier, amis qui avez eu ces gentils mots d'encouragement sur mon billet précédent. Ils ont été les bienvenus. Plutôt en meilleure forme, je reviens à l'occasion d'un billet commun avec ma chère co-lectrice Valentyne. Mon rapport au  blog a cependant quelque peu changé. Les billets y seront certainement un peu moins fréquents mais cela n'altérera en rien mes visites chez les amis choisis depuis des années maintenant sur la toile.

                               Cinquième incursion dans l'univers de Yoko Ogawa, qui sait toujours me charmer. En compagnie de La jument verte de Val  cette fois, dont je subodore qu'elle sera du même avis. La petite musique de cette auteure japonaise a quelque chose d'enchanteur, d'ensorceleur, bien loin des bruits et des fureurs. Ogawa s'intéresse souvent à la cellule familiale, à la transmission, à l'enfance. Tomoko, douze ans, loge chez  sa  cousine Mina pour sa première année de collège. Mina, asthmatique, n'est pas toujours très solide et Tomoko s'applique à lui faciliter la vie dans la grande maison familiale où vit Mina avec son père, sa mère et sa grand-mère paternelle Rosa, allemande. Il y a aussi Pochiko, dans le jardin...hippopotame nain qui accessoirement sert de monture pour emmener Mina, qui s'épuise vite à marcher, à l'école. On le voit, une pointe de fantaisie surréaliste nimbe cette jolie histoire sur le côté un peu étouffant de ce pays. Personnellement je commence à apprécier les lettres japonaises tout en y respirant un peu difficilement. Mais que de beaux moments dans La marche de Mina.

                                Aucun  des personnages de la famille n'est sacrifié même si les passages les plus forts concernent les  deux cousines. Mina, fragile et rêveuse a une curieuse collection que je vous laisse découvrir. Tomoko, plus aventureuse, se pose  des qustions sur cette famille. Va-t-elle découvrir un secret? On ne quitte guère la maison ni le jardin dans La marche de Mina mais pourtant le monde  est bien présent quoi que discret. A commencer par le massacre olympique de Munich en 1972. Cette incursion dans la brutalité est particulièrement bien amenée par Yoko Ogawa. Contrastant avec la relative sérénité de la maison familiale. Les deux cousines sont assez fascinantes, évoluant entre poésie et enfance, avec le goût des livres pour l'une d'entre elles, les premières admirations préado. Et aussi chemin faisant, le volley-ball, le ciel et la comète, la boisson traditionnelle fabriquée par l'entreprise de l'oncle de Tomoko. Et bien sûr les gros yeux ronds de Pochiko.

                                 Quant à la salle de bains des lumières, c'est une idée lumineuse, et je vous y convie. Comme je convie ceux qui ne la connaissent pas à apprécier les livres de Yoko Ogawa. Ils ont la délicatesse et l'élégance de la silhouette d'un hippo-campe même si dans La marche de Mina il est plus souvent question d'un hippo-potame. Ils sont nombreux et bien distribués en France. Bien des blogueurs en parlent. Chez moi vous pouvez retrouver d'anciennes chroniques sur Les abeilles, La formule préférée du professeur, Les lectures des otages et Cristallisation secrète.

29 juillet 2018

In the name of rock/Lucrecia

 

                             J'ai connu assez peu de Lucrèce dans ma vie, même pas la Borgia. Mais j'ai appris à user de liberté pour les prénoms de cette rubrique. Passons aux choses sérieuses, Blood, Sweat and Tears,le plus fabuleux rock-jazz-fusion band de l'Histoire ne fut star que que quelques semestres, tout début seventies Al Kooper, Randy Brecker furent à l'origine du projet. Et David Clayton-Thomas, une voix formidable. Somptueuse machine de dix musiciens, Blood, Sweat and Tears dynamita le monde rock en impulsant un swing qu'avait entr'ouvert peu de temps avant Chicago Transit Authority. Il faut dire que les gars de BST étaient tous des pointures, influencés aussi bien par Duke Ellington que par Eric Satie ou James Brown. Dans leur second album, probablement le meilleur, se trouve une version de Trois gymnopédies.

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                             Quant à Lucrecia MacEvil, extraite de BST 3, je l'adore car elle porte bien son prénom de femme fatale et vénéneuse et son nom de diablesse. Tout compte fait, et à bien y réfléchir, je crois que j'ai connu des Lucrèce.

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