Moi,c’que j’aimerais par-dessus tout
C’est une belle mort,une mort d’anthologie
Avec un dernier soupir à damner
Même la plus rancunière des maîtresses
Et un ultime dialogue servi par les meilleurs
Une vraie mort de cinéma,quoi.
Comme celle d’un chanteur de country
Vieillissant et rongé,les femmes et l’alcool,
Qu’est-ce que vous voulez que ce soit,pardi.
Un honky tonk man dans un bar pour routiers
A la nuque rouge,lost on the highway.
Au cinoche mille façons de mourir.
Et tant qu’à faire de crever
Autant trouver la mort à Venise,classe,non.
Ca,ça m’irait.Je change de ton:
L’élégance d’un costume blanc
Lla plage du Lido,couleur choléra,
Un adagio à briser l’âme et,
Omniprésent,grandiloquent mais tant pis,
Le crépuscule,ce putain de crépuscule
Qui me fascine et qui nous guette.
Très chic la lagune pour y laisser sa peau
Tomber le masque
Que dansent les ombres d’un carnaval blême.
Ou mourir à l’Ouest.
Qu’on m’apporte un chapeau.
Un mercenaire buriné,couturé,balafré
Qui enfin rencontre la camarde
Et rachète in extremis(belle expression),
In extremis,sa vie de chasseur de primes,
Règlements de compte hâtifs et peu regardants
Pour sauver le village de paysans.
Bien,bien,hollywoodien,bien.
Très “Chant du cygne”.
Diable on peut mourir en France,
Une agonie qui m’est très chère,
Certains sont déjà au courant.
On l’a racontée ici même,
Loin là-bas sur un quai des brumes.
Ce peintre un peu maudit,ce déserteur,
Quelques paumés,les chose derrière les choses
Et cette mort utile en léguant ses chaussures.
La mort philanthropique,à la marée du soir.
Y a du prestige aussi très au Nord
Sur le chemin de la Faucheuse.
Un grand Suédois,pas marrant marrant,
Austère.Et défier la Mort aux échecs
En un pays hanté par la peste,
L'angoisse et la culpabilité
Car je suis coupable,coupable de tricherie
Comme le Chevalier “Echec et mat”.
Mais lui,il a gagné.
Si j’avais le goût de perdre!Pénitence!
Plus astucieux,on peut rembobiner
Commencer par la fin.Xanadu.
Le magnat obèse,solitaire
S’écroule en son château
L’enfance,la jeunesse,l’ambition,
La puissance,les amis
Et incandescentes vénéneuses,toutes,
Les femmes,refaire le chemin à l’envers
Les aimer à nouveau
Et qu’elles paient,cette fois.
Bon Dieu qu’elles paient!
Ce sera toujours trop bon marché.
Pardon,je m’égare.
Rendez moi mes jouets d’enfant.
Traverser enfin le miroir
Comme Jeannot tendant la main
Mon beau Jeannot,pour voir ailleurs si j’y suis.
Orphée,le poète et ces miroirs,
Portes où la mort va et vient.
Ou errer dans Calcutta déserte,
Fantôme durassien de chair et de sang,
Mais désincarné et exsangue
Mourir,dit-elle.Forcément quitter
Et j’aurais continué d’attendre la fin.
Et j’aurais dit dans un cri
”Qu’elle vienne,qu’elle vienne vite”.
Après,après il restera toujours
Bogart en imperméable,
Pluie battante aux funérailles
De la Comtesse aux pieds nus.