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BLOGART(LA COMTESSE)

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29 février 2016

An minima

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                           An est le titre original du film. Et minima qui sonne si bien japonais qu'on a presque envie de se faire seppuku signifie que l'on est là dans un cinéma de chambre. Plutôt beau d'ailleurs, mais de chambre. Enfin de cuisine devrais-je dire. Car l'an entre dans la composition des dorayaki, une institution au Soleil Levant, et c'est en fait une pâte de haricots rouges confits. Lesquels haricots sont presque les héros des Délices de Tokyo. Trois personnages pour trois générations se cotoient dans cette belle oeuvre intimiste dans une ville de Tokyo dont on ne connait guère que ce quartier, moins encore, que cette boutique où Sentaro, quadragénaire désargenté peine à gagner sa vie en vendant ces fameuses pâtisseries. Cet homme taciturne et peu bavard se voit proposer par une vieille dame, Tokue, de lui préparer ces fameux haricots pour fourrer ces dorayaki. Et c'est le succès tant la recette fait recette justement.

                         Mais elle aussi est une déclassée de l'existence et on le sait vite. Des séquelles de la lèpre ont fait d'elle une paria, ce qui a vraiment été le cas au Japon jusqu'à la fin du siècle. Enfin Wakana, jeune fille en conflit avec sa mère et qui n'a d'amitié qu'avec son canari complète ce trio pour une musique de chambre sans effets ni pathos. La rumeur, cette autre lèpre universelle, fera son hideux labeur. A voir pour la magie de ce Japon un peu hors du temps, où les arbres fleuris si cinégéniques n'apaisent pas ces trois douleurs. Les délices de Tokyo m'a cependant semblé durer 20 minutes de trop, s'apparentant pour moi plus à une nouvelle bien qu'adapté d'un roman de Durian Sukegawa qui paraît chez Albin Michel. Mais les gestes techniques de la cuisson de ces haricots dans la petite boutique sont d'une réelle beauté. Je ne vais pas vous faire le laius si couru sur l'exclusion mais je crois que je l'ai fait un peu quand même. Je n'ai vu aucun autre film de Naomi Kawase.

L'avis de Dasola Les délices de Tokyo - Noami Kawase

L'avis de Strum  Les Délices de Tokyo de Naomi Kawase : non-dits à l’ombre des cerisiers en fleurs

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26 février 2016

L'Ecrivraquier/5/Un attardé

 L'Ecrivraquier

                                  J'écrivais un roman policier, ou rêvais-je que j'écrivais un polar. Je ne me souviens pas de grand-chose, M. le Commissaire. De toute façon, réel ou pas, ça a salement avorté et j'ai pas envie d'en parler. Voilà, puisque vous insistez. O.K. J' avais un peu bu la veille,mais c'était au Rick's Cafe, c'est presque une excuse, non? Ah! Je vois que vous ne connaissez pas le Rick's Cafe, M. le Commissaire. Dommage. Bref, oui j'avais presque fini ce satané polar, c'était ma dernière nuit pour y mettre la dernière main. Je croyais qu'avec ce bouquin pas mal bâti je sortirais la tête de l'eau, que mon fils accepterait de me parler à nouveau, que mon chien guérirait, ou le contraire, je sais plus bien. Je croyais n'importe quoi. Mais putain, oh pardon! M.le Commissaire, mais pourquoi vous vous obstinez à ne pas me croire? Et qui vous dit que ce texte ne peut pas avoir été écrit tout récemment? Je ne me prends pas pour Simenon mais je vous jure, c'est moi qui l'ai tapé pas plus tard que le mois dernier. Elle s'était tirée quelques semaines avant. Et pourquoi cette histoire ne serait-elle pas de moi?

                               Je vais vous le dire, ce qui vous rend suspect, au moins d'un beau mensonge, ou pire encore. Si vous voulez qu'on ait foi en vos propos, en vos écrits, il faut vous mettre au goût du jour. Cest tout simple.Et je m'explique mal pourquoi vous vous êtes ainsi piégé. Vous, un type plutôt intelligent. Enfin dit-on. Personne, mais personne ne peut croire un seul instant que vous ayez écrit une énigme policière où le notaire est innocent. Ca ne se fait plus depuis des décennies. Incorrect. Où irions-nous, voyez-vous, dans une société où même dans la fiction littéraire, on aurait le droit de déclarer hors de cause un notable de Montluçon. Ou de Châteauroux, faites pas semblant de ne pas comprendre. Quoi? En plus vous vouliez que le bouc émissaire, indispensable dans tout polar, soit coupable? Mais vous relevez de la psy, mon ami. Et croyez-moi ou non, je pèse mes mots.

23 février 2016

Géographie: Jersey City, New Jersey

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                                          Face à Big Apple voici Jersey City. Je sais, ça vous fait rêver. Moi aussi, des vacances à Jersey City... Deuxième ville de l'état mitoyen de New York, le New Jersey, la ville est complètement une banlieue comme tant d'autres. R.A.S. Mais voilà, Jersey City a donné naissance en septembre 1949 à un certain Bruce Frederick Springsteen. Bénie soit la cité de J.C.

                                         L'illustration musicale n'est pas du Boss mais d'un de ces innombrables folksingers repérés au hasard de la toile, personne en Europe n'ayant jamais entendu parler de lui. Ce monsieur a pour nom David W.Jacobsen et aurait des origines scandinaves que ça ne m'étonnerait pas. La chanson est extraite de l'album Footprints, si vous voulez mettre vos pas dans les miens.Alors rendez-vous pour ce Christmas in Jersey City? Ca vous laisse un peu de temps.

Rappel de l'itinéraire

 Aberdeen, Abilene, Albuquerque,Asbury Park,Atlanta,Atlantic City, Austin, Bakersfield, Baltimore, Baton Rouge, Berkeley, Biloxi, Birmingham,  Bisbee, Boise, Boston, Brooklyn,Cedar Rapids, Cedartown, Chattanooga, Cheyenne, Chicago, Cincinnati, Clarksdale, Cleveland, Dallas, Decatur, Denver, Detroit, Dodge City, Eugene, Flagstaff, Folsom, Fort Worth, Fresno, Galveston, Hoboken, Hopkinsville, Hot Springs, Houston, Jackson, Jacksonville, Jersey City, Joliet, Kansas City, Knoxville, Lafayette, Lake Charles, Lansing, Laramie, Laredo, Las Vegas, Leavenworth, Lodi, Long Beach,Los Angeles, Manhattan, Memphis, Mendocino, Miami, Milwaukee, Minneapolis, Mobile, Montgomery, Muscle Shoals, Muskogee, Nantucket, Nashville, Natchez, New Orleans, Oakland, Omaha, Oxford, Palo Alto, Philadelphie, Phoenix, Pine Bluff, Pittsburgh, Poplar Bluff, Portland, Postville, Rapid City,Reno, Roanoke, Rockville, Saginaw, St Louis, St Paul, San Antonio, San Bernardino,San Diego, San Jose, Santa Fe, Sarasota, Savannah, Shreveport, South Bend, Springfield, Statesboro, Tacoma, Tallahassee, Tampa, Texarkana, Toledo, Tucson,Tulsa, Tupelo, Tuscaloosa, Ventura, Washington, Wichita, Winnemucca, Youngstown, Yuma...

                        ...furent nos escales précédentes

21 février 2016

Je revisite ma Cinémathèque/Seuls les anges ont des ailes (1939)

 Ma Cinémathèque

                                  C'est l'un des grands films de Hawks. Une poignée d'hommes, l'aviation des années trente et une petite compagnie en Amérique du Sud. Toujours saupoudré d'humour et de sous-entendus, le scénario de Jules Furthman est un régal. Jean Arthur y est délicieusement intrusive. Il y a même Rita Hayworth dans un rôle secondaire. C'est aussi un joli film sur la rédemption, celle d'un pilote accusé de lâcheté. Les effets spéciaux, des coucous dans le brouillard, sont d'époque et l'imagination y trouve son compte.

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                                Cary Grant, ce grand cynique, qu'on voit davantage dans le beau monde des affaires, est excellent en commandant de cette escouade du bout du monde, loin des cocktails mondains, et à l'énergie qui ne se dément pas. Seuls les anges ont des ailes est un de mes premiers souvenirs de films à la télé. J'aurais pu débuter plus mal. Car cette histoire d'hommes où les femmes portent pas mal la culotte est aussi une variation sur la responsabilité, la solidarité, et tout simplement l'amitié, tout cela dans l'efficacité, maître mot chez Howard Hawks. Dans cette rubrique je reviendrai en quelques lignes, pas une thèse cinéphilique binoclarde, plutôt des élans, sur ma Cinémathèque à moi, assez fournie, quelques 500 films environ.

 

 

 

18 février 2016

La poésie du jeudi, Allen Ginsberg

Poésie du jeudi

Hydrogen Jukebox

Opéra de chambre de Philip Glass

Livret d'Allen Ginsberg

Première partie/Chant 1

Eblouissement bleu de l'Eclair

Extrait de Le Cheval de Fer

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L’éblouissement bleu de l’éclair sature les plaines de l’Oklahoma,

le train roule vers l’Est

jette une ombre jaune sur l’herbe

Il y a vingt ans

m’approchant du Texas

je vis

une nappe d’éclairs

couvrir les quatre coins du Ciel

Hauts Silos à Fourrage dans brouillard gris-pluie,

damier de lumière au-dessus du ciel-toit

mêmes éclairs électriques au Sud

suivent ce train

Apocalypse prophétisée —

Chute de l’Amérique

signalée des Cieux —

Quatre-vingt-dix-neuf soldats en uniformes payés par le Gouvernement

pour Croire —

quatre-vingt-dix-neuf soldats fuyant la conscription pour un Job dans l‘Armée,

quatre-vingt-dix-neuf soldats rasés de près

et nulle part où aller sauf où on les envoie,

quatre-vingt-dix-neuf soldats qui voient l’éclair —

il y a mille ans

Dix mille Chinois marchant dans la plaine

tous soudain lèvent la tête vers le Ciel pour regarder la Lune.

Un vieil homme attrapant des lucioles sur son porche la nuit

regarde le Berger traverser la Voie Lactée

pour rencontrer la Tisserande…

Comment faire la guerre à cela ?

Comment faire la guerre à cela ?

Trop tard, trop tard

le cheval de fer fonce vers la guerre,

trop tard pour se lamenter

trop tard pour les avertissements —

me voici de nouveau étranger seul dans mon pays.

Allen Ginsberg (1926-1997)

                                     On ne dira jamais assez comme La poésie du jeudi nous ouvre les yeux et nous balade dans le temps et l'espace, parfois dans notre propre image, libres et disponibles, du plus classique au plus novateur, du plus serein au plus trouble. J'ai choisi cette semaine l'une des têtes d'affiche du mouvement beatnik, Allen Ginsberg. Guidé par le hasard comme fréquemment je suis tombé sur ces lignes extraites de l'opéra de chambre Hydrogen Jukebox (1990). Pour ce livret Philip Glass le grand compositeur et Ginsberg ont recyclé des Collected Poems  qu'il avait écrits dans les annnées cinquante et des textes contemporains de la création, fortement critiques (Première Guerre du Golfe).

Allen_Ginsberg_and_Bob_Dylan_by_Elsa_Dorfman

                                     Je ne suis pas un grand connaisseur de la Beat Generation, par ailleurs très souvent confondue en France avec le mouvement hippie et je n'en savoure pas tous les délires et les obsessions. Mais j'y trouve parfois des éclairs (titre du texte), des fulgurances, des zébrures qui me plaisent bien, me ramenant à une mythologie de l'Ouest, western, jazz, blues, rock, road, film noir, qui n'ont pas peu contribué à ma formation. Serez-vous, sur cet extrait un peu de mon avis?

                                     Je le fais souvent mais j'y tiens. Merci à Asphodèle sans qui ces jeudis seraient un peu plus sans surprise ni fantaisie.

 

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17 février 2016

La neige en deuil

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                                  Ce roman date d'une vingtaine d'années mais se passe en 1974. C'est la première fois que je lis Stewart O'Nan que je ne connaissais pas. Snow Angels, c'est une petite ville de Pennsylvanie, ordinaire, très ordinaire, très comme ailleurs.  Annie élève seule sa fillette et essaie tant bien que mal de se refaire une vie après une difficile séparation. Glenn, son ex-conjoint, n'a pas renoncé à sa famille et tente de vaincre ses démons en s'abandonnant à l'alcool et à la religion. En parallèle, Arthur, un adolescent timide dont Annie fut jadis la gardienne et qui aujourd'hui travaille dans le même restaurant qu'elle, découvre l'exaltation et les tourments d'un premier amour. Alors quand claque un coup de feu... Retour vers le passé, un passé assez récent dans la vie des protagonistes. Rien de bien exaltant, mais un roman attachant et qui pourrait être un peu nôtre.

                                Personne ici n'est bien dans sa peau, et ça ressemble terriblement à la vie parfois. Le jeune Arthur doit lui-même affronter la séparation de ses parents, des modestes eux aussi dont l'existence s'effiloche. Triste enfance au destin tragique. Triste lycée où la fanfare cache bien mal les désarrois et le début de ces putains d'addictions qu'il est de bon ton de ne jamais stigmatiser (j'en ai marre, de ne jamais stigmatiser personne). Jobs pas marrants pour les adultes au fast-food, en maisons de retraite, télé base-ball et canettes. Rassurez-vous c'est aux Etats-Unis et la belle, noble et vieille Europe, cultivée et tolérante, est bien sûr à l'abri de tout ça.

                               Des anges dans la neige est-il un roman désespérant? On n'en est pas très loin et la banalité même du décor et du quotidien donne à ce livre une grande force. Est-ce un bon roman? Oui, malgré un début un peu hasardeux qui peina à me harponner, il y a dans cette histoire tant de vie, de vie qui, encore une fois, s'effiloche, et tant d'humanité qu'il faudrait être anhumain pour ne pas s'y reconnaître, au moins un petit peu. La glace des étangs de Pennsylvanie reflète parfois nos propres doutes. Evidemment, on sort de cette lecture un peu...effiloché.

                                 Un film est sorti en 2007, adapté de Des anges dans la neige. Estampillé Sundance Festival, on n'a pourtant pas cru bon de le distribuer en France. J'aime mieux me taire.

 

 

 

 

 

16 février 2016

Chine ma douleur

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                                 Je connais peu le cinéma chinois. A l'évidence c'est un tort. Jia Zhang-Ke (Still life, seul film vu de cet auteur, m'avait déjà beaucoup plu). Certains blogueurs ont été remarquables sur ce film, Au-delà des MONTAGNES (Princecranoir) et Au-delà des montagnes (Mountains May Depart) : l’inquiétude de Jia Zhang-Ke (Newstrum) par exemple. Alors je serai plus bref et moins talentueux. Mais j'ai beaucoup aimé ce film sur une Chine moderne qui court sur une trentaine d'années. Fenyang, province du Shanxi, ville natale du metteur en scène, industrielle et surpolluée. Tao, jeune femme de la classe moyennechinoise est partagée entre deux amours, Liangzi, un modeste mineur silicosé et Jinsheng, un businessman pas trop scrupuleux. Ce petit côté Jules et Jim dure assez peu et n'est pas le plus intéressant, le lien entre les deux hommes étant loin de Truffaut-Roché. Tao choisira l'un d'entre eux et on la retrouve une douzaine d'années plus tard mais le pays a bien changé. Son fils unique parti en Australie avec son père qui ne trouve rien de mieux que de le prénommer Dollar, tout un programme, Tao décide de rester en Chine et c'est là le thème essentiel d'Au-delà des montagnes, la perte d'identité de toute une génération de Chinois qu'attirent les mirages occidentaux ou océaniens.

                                Troisième acte, à, peine une anticipation, vers 2025 à Melbourne.Dollar a bien grandi et les conflits avec son père ne manquent pas. Ce dernier ne semble plus vivre que par les armes.Dollar vivra-t-il lui aussi cette vie déracinée, celle de ces enfants doubles? Ou retrouvera-t-il le chemin du pays? Délicieusement  ouvert au son des Pet Shop Boys, l'une des meilleures musiques qui soient début nineties, symbole clinquant certes mais si enlevé, Mountains may depart est un film admirable au coeur d'une Chine multiple, de l'industrieuse Fenyang de Jia Zhang-Ke aux tentations du Go West des Pet Shop Boys. Si vous en avez l'occasion ne le ratez pas. Bien sûr le cinéma est riche de sa diversité et il faut de tout pour faire un monde. Mais vous m'avez compris depuis longtemps, j'ai mes préférences.

 

 

 

 

14 février 2016

Je vous écris ce soir de Vienne

VIENNE

                         Vienne m'a toujours fasciné. Quand Valentyne La jument verte de Val m'a proposé de lire Arthur Schnitzler ensemble j'ai été ravi. Elle m'a dit qu'elle aimait particulièrement le titre Vienne au crépuscule. J'étais encore plus ravi. Je l'ai lu dans le volume Romans et Nouvelles I de la Pochothèque, gros volume de 1200 pages où ce roman succède à une cinquantaine de nouvelles. Et une fois de plus l'écriture de Schnitzler a su m'installer dans ce climat de la capitale autrichienne à la fin du XIXème, dont on sait bien le déclin programmé. Pas mal de personnages se croisent dans Vienne au crépuscule au point que l'on peut avoir au début quelque mal à les situer. D'autant plus que tous sont des aristocrates artistes ou scientifiques, un milieu privilégié, peu suspect de modernité même si certains ont compris que Vienne et toute l'Europe commençaient de voir le jour baisser.

                        Le baron Georg von Wergenthin est un jeune compositeur, plutôt prometteur et l'on sait l'importance de la musique dans cette ville. Un peu dilettante il laisse sa vie couler depuis la mort de son père. Fréquentant les salons mondains emplis de filles à marier bien qu'il ne dédaigne pas les tavernes enfumées. Beaucoup d'amis dont certains juifs, écrivains, critiques, d'autres entrant en politique. L'empereur est déjà âgé, l'Autriche-Hongrie aussi. Et l'antisémitisme n'a attendu ni Sarajevo ni Auschwitz. Plusieurs lectures peuvent se faire sur Vienne au crépuscule et je les partage toutes. Amoureux de l'Europe Centrale si littéraire j'ai vraiment aimé l'ambiance que Schnitzler, médecin fils de médecin, lui aussi juif et se piquant d'écrire en opposition à son père, décrit au coeur de la ville et par les forêts viennoises voisines. C'est un peu une éducation sentimentale qui nous est racontée où les femmes sont encore bien souvent objets. Objets de désir et de plaisir, de dérision et d'insouciance. Quelques figures trahissent pourtant une fin de siècle et l'aube d'une époque plus favorable, Thèrèse notamment qui anticipe de grandes féministes.

                       Les Juifs sont depuis longtemps plus ou moins marginalisés. L'analyse est d'une grande finesse, les choses ne sont pas flagrantes mais pour peu que l'on s'intéresse à l'Histoire on saisit parfaitement toutes ces petites notes sur ce qui n'est pas vraiment une persécution mais un voile de mépris, un plafond de verre selon l'expression consacrée. Par ailleurs quand les héros sont des nantis, de façon très variable d'ailleurs, ils voyagent et nous aussi. Et comme j'aurais aimé ces tours de Suisse ou d'Italie, quand les malles arrivent au port, que des coursiers s'en chargent et qu'il ne manque rien. La Sicile, Naples, les lacs du Nord italien sont autant d'étapes raffinées qu'il me plait toujours de fréquenter littérairement. J'ai donc aimé ce Vienne au crépuscule qui me confirme, mais besoin n'était pas, l'importance de ces écrivains d'Europe Centrale dont Arthur Schnitzler est un des plus sensibles.

 

10 février 2016

Géographie, Roanoke, Virginie

                                             Tim Rose est célèbre pour quatre personnes en France pour sa version de Hey Joe, qui précéda de peu celle de Jimi Hendrix. Pour ce  dernier on connait la suite. J'ai un vinyle de Tim Rose. On doit se compter sur les doigts de la main. J'ai l'habitude. J'adorais en ces années 68 la voix rauque de Tim alors que Jimi me laissait de glace. Pourtant musicalement il n'y avait pas photo. Mort en 2002, il était né en 40 et l'on trouve de drôles d'infos sur la toile à propos de Tim Rose. Par exemple qu'il aurait été contacté par les Stones pour remplacer Brian Jones après le bain fatal de ce dernier.

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                                           Roanoke, Virginie, il me faut bien reconnaître que je n'ai rien à en dire. 100 000 habitants y vivent et c'est bien leur droit. Ah si! Sachez que la ligne de bus Metro Valley vous mène directement à Blackburg sans repasser downtown. Intéressant, non? 

 

8 février 2016

L'encombrant retour

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                               Adolph Hitler se réveille dans un terrain vague en 2011. Pris pour un comédien plis vrai que nature et habité par son personnage, le show business s'empare de lui. Programmé dans un show télé, il fait un malheur avec ses sketchs-discours et amuse ses spectateurs. Comment cela finira-t-il? Timur Vermes, père hongrois et mère allemande, nous entraîne dans un quiproquo tragi-comique, grand succès outre-Rhin et bientôt au cinéma. Et c'est très très drôle. Et assez troublant.

                              Recueilli par un kiosquier curieux A.H. est d'abord surpris par la ville. C'est une blanchisserie turque qui prend en charge son uniforme. Une femme est au pouvoir, pas tout à fait aux canons de la beauté aryenne. Aucune trace de ses amis Hermann, Josef, Heinrich. Et tous ces journaux en vente dans le kiosque. Un pluralisme de mauvais aloi. Benoitement A.H. se met au goût du jour et finit par devenir la coqueluche des médias, radio, interviews, puis émissions régulières. Vite il vole la vedette aux animateurs patentés. Lui au moins sort des stéréotypes. Souvent désopilant Il est de retour doit être pris comme un exercice humoristique qui n'exclut pas un rire un peu jaune. C'est que, allez, disons-le, A.H. apparait plutôt sympathique et c'est bien l'effet qu'il fait sur la plupart des Berlinois. Ses maladresses avec les nouvelles technologies amusent et il ne se décourage pas, plein d'idées pour l'avenir. Des idées sur lesquelles ni l'auteur ni moi ne nous attarderons.

                              C'est donc un très bon roman, tout en légèreté et fantaisie, ce qui est un exploit vu le thème. On y passe un très bon moment bien que certaines références soient un peu étrangères aux non-germaniques. Je viens de découvrir la bande-annonce car Il est de retour est sorti la semaine dernière en Allemagne. Et j'ai très peur qu'un excellent livre, intelligent et drôle, passe très mal de l'écrit à l'écran. De plus le film a été en partie réalisé comme un reportage en caméra cachée, ce qui met mal à l'aise...

                              

6 février 2016

Pearl

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                             Un grand plaisir vraiment de voir un large public pour le ciné-débat de ce lundi consacré au document d'Amy Berg Janis. La génération seventies prédominait certes dans la salle mais pas que... Ce film retrace la trajectoire fulgurante, tant en intensité qu'en brièveté, de la jeune Texane attirée par le rêve californien. Témoignages de ses anciens complices de Big Brother and the Holding Company, extraits de lettres à ses parents, images de concerts, Monterey Pop, Woodstock, extraits d'interviews, le tout très bien équilibré, tellement plus fascinant que les laborieux biopics, davantage travaux des maquilleurs que des cinéastes. J'ai insisté dans ma présentation sur le fait que, ayant vingt ans à sa mort, j'avais surtout été sidéré de l'intrusion des femmes dans le monde du rock, biberonné que j'étais aux riffs des groupes anglais. Le rock? Une histoire d'hommes...jusqu'à Janis, pour pas longtemps, pour toujours.

                            Beaucoup d'interventions lors du débat. Manifestement Janis a touché les spectateurs. Je pense que le film rend bien l'ambiance des ces années folles sur la West Coast et que les descentes aux enfers y étaient pour certains presque inévitables. Les intervenants ont évoqué, c'était prévisible, l'écorchée vive à la sensibilité exacerbée, qui ne pouvait que vivre fort et pas longtemps. Bien sûr. J'avoue que cet argument si souvent brandi pour des personnages comme Janis Joplin me fatigue un peu. Quoiqu'il en soit, pour tous ces morts du sinistre club des 27 ans (Jones, Hendrix, Morrison, Cobain, Winehouse), l'essentiel reste leur musique. Tout ce qui est devenu mythologie finit par contre par m'agacer un peu. Exemple le plus connu pour nous Français: si vous aimez Morrison réécoutez les deux meilleurs albums des Doors, le premier et le dernier, The Doors et L.A. Woman, plutôt que d'aller le caresser au Père Lachaise.

P.S. Vu la semaine dernière L'étreinte du serpent, film colombien de Cirro Guerra sur le chamanisme au coeur de l'Amazonie, auquel se confrontent deux scientifiques. Un beau noir et blanc, long de deux heures durant lesquelles, seul au monde, je me suis, moi, confronté à un ennui certes très élégant mais ennuyeux. Les critiques presse sont tous dithyrambiques... Seul au monde, vous disais-je.

4 février 2016

La poésie du jeudi, Edualc Eeguab, version brévissime

Poésie du jeudi 

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J'ai juste dix ans

Sur la blogosphère, oui j'erre

Et vous dites "Aie! Court!"

                             Oui, c'était il y a dix ans jour pour jour. C'était déjà un poème. Pas un haïku. Ca s'appelait Dixieland(Louisiana Story). Un grand merci à ceux et celles qui me font l'amitié de me visiter. Dix ans c'est "Aie! Long" pour un blog. Non?

 

 

 

 

 

 

1 février 2016

L'Ecrivraquier/4/Lac aux âmes

L'Ecrivraquier

Le cygne était seul et immense

Plus de reflets dans l'onde

Plus même les assassines saulaies

De la blonde Ophélie

Le grisâtre veillait au grain

Enfuis les lustres, les couleurs

C'est peu de choses un lac

Réceptacle inaudible

Regrets de soirs d'été

Zéphyr cinglant la houle

Le reste, inanimé, comme à vau-l'eau

Vie qui s'assèche

Galets exsangues

Mutique ressac.

 

                                                         

29 janvier 2016

Sur l'épaule, à lui caresser les cheveux

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                               Tampa, Floride, 1942. Joe Coughlin est officiellement retiré des affaires. Troisième volet de la saga Coughlin Ce monde disparu n'a pas l'ampleur du premier épisode Un pays à l'aube. (Le roux et le noir) C'est pourtant un très bon roman noir, centré sur un thème précis, la mort, ou, tout au moins, la grande difficulté pour un gangster de rester en vie. C'est pas simple, parfois, de rester en vie. Joe a laissé le pouvoir à Dion Bartolo, alliance irlando-italienne surprenante, dont on comprend assez vite qu'elle n'aura qu'un temps. L'ombre lointaine de Lucky Luciano, emprisonné mais puissant, plane sur cette histoire. Et l'on sait notamment depuis le film de Francesco Rosi, l'ambiguité des services secrets américains lors de la libération de l'Italie et le rôle du célèbre gangster.

                             Mais Dennis Lehane sait jouer aussi des scènes intimes et familiales. Comme d'autres bandits, Joe a un fils qu'il élève seul. Or, les mafiosi veulent le meilleur pour l'éducation de leurs enfants. Et ce n'est pas sans états d'âme que Joe Coughlin se résout au meurtre d'un père de famille de son âge. Mais certaines choses ne peuvent rester impunies et tant pis pour les dégâts collatéraux même s'il y parfois erreur dans la distribution (de pruneaux). De belles idées dans cette sombre histoire où Cuba constitue un enjeu, un repli, un Cuba sous Batista bien avant Guevara et Castro, mais avec la participation du "grand" mafieux Meyer Lansky. Par exemple l'un des patrons du crime qui malgré deux somptueuses suites dans les palaces de Floride, reçoit, entouré de sa garde prétorienne, sur un bateau au milieu du fleuve. Rude métier qu'exercent ces gens là, à se méfier de ses amis bien plus que de ses ennemis. Mais ça c'est valable aussi dans d'autres domaines.

                            Le tome précédent, Ils vivent la nuit, est en cours d'adaptation ciné. Ben Affleck y porte deux casquettes.Celui-ci devrait suivre. De toute façon chaque livre se dévore très bien à l'unité. Vous y retrouverez différentes façons de mourir, le calibre, les requins, les accidents malheureux. Un point commun:jeune. Car n'est-elle pas là, la camarde, "sur l'épaule, à lui caresser les cheveux".

27 janvier 2016

L'Ecrivraquier/3/Le tiroir

 L'Ecrivraquier

                                  Ils me croient tous né dans la Rome néoréaliste, me croient grandi par delà les grilles de Xanadu. Les plus effrontés pensent que les restes de mon acné juvénile datent de la Marquise des Anges. Plus sérieusement il arrive qu'ils me consultent sur les querelles, celle de Chaplin et Keaton, ou celle des des Cahiers et de Positif. Un soir à l'Edito quelqu'un m'a demandé mon avis sur Gilles Deleuze. Jeudi dernier j'ai craqué et confessé que je n'avais rien vu du cinéma underground des frères lituaniens Adolfas et Jonas Mekas. J'ai beau leur dire que ma vie n'est pas un travelling panoramique et que je n'ai vu que 3353 films. Même si j'en ai vu certains douze fois. Rien n'y fait.  Ils m'ont posé là, dans la case Septième Art, et c'est ainsi. Je leur ai pourtant juré que je savais lire.

25 janvier 2016

In the name of rock/Marianne

                                          Aujourd'hui un prénom très souvent invoqué. Leonard n'a pas chanté que Suzanne. Sur son premier album sobrement nommé The songs of Leonard Cohen figurait aussi So long Marianne, une chanson dédiée à Marianne, Norvégienne rencontrée en Grèce, où Cohen vécut souvent et longtemps. Son fils Adam a lui aussi repris ce titre. "Debout sur la corniche, ta belle toile d'araignée attache ma cheville à une pierre. A bientôt Marianne. Il est grand temps qu'on apprenne à en rire et à en pleurer".

23 janvier 2016

Deux mâles en pitres

sans-titre

                                Après avoir aimé La promo 49 Deux comédiens m'a déçu. Assez (mais jusqu'à quel point) inspirée du duo Jerry Lewis et Dean Martin, transposée dans les seventies,  cette histoire concoctée par Don Carpenter qui fut lui-même scénariste pour la télé américaine m'a considérablement ennuyé. Manifestement Don Carpenter règle ses comptes. Certains critiques ont aimé cette férocité, ces claques au système. A mon avis les moeurs d'Hollywood y sont pourtant brocardées sans véritable fantaisie, abondantes en sniffs et orgies, cuites et excès de vitesse, l'ordinaire... Personnages vains l'un comme l'autre, les deux comiques du roman ne m'ont pas intéressé, encore moins touché, et l'émotion vraie jouée sur la partition modeste de La promo 49, joli choral d'une génération, semble avoir été écrite par quelqu'un d'autre. Ici toutes des bimbos décervelés, tous des secoués de la poudre, tous des obsédés du compte en banque. Du temps perdu. Ca donne envie d'écouter le vrai Dean Martin chanter, ce qui est aussi du business mais au moins, de première classe.

                                On le sait Hollywood a souvent molesté les écrivains cachetonnnant côté ciné télé (Faulkner étant le plus célèbre mais pas le seul). Ceci explique donc cela. Cependant je crois que j'accorderai une troisième manche à Don Carpenter car son roman Sale temps pour les braves est, à ce que j'ai lu, ce qu'il a fait de meilleur. Don Carpenter s'est suicidé en 1995. Malade et dit-on, ne se remettant pas du départ volontaire, lui aussi, de son ami le grand mais allumé Richard Brautigan. Soyons clairs, nous ne sommes pas avec ces écrivains dans une association de tempérance.

21 janvier 2016

La poésie du jeudi, Guillaume Apollinaire

Poésie du jeudi

                                Les prostituées sont rarement loin des poètes. Enfin ça c'était peut-être avant. La poésie du jeudi a déjà présenté de très nombreux poèmes et il n'est pas exclu que Marizibill soit déjà passée par là. Mais Guillaume parle si bien d'elle. Et Léo chante si bien Guillaume.

Marizibill

Dans la Haute-Rue à Cologne
Elle allait et venait le soir
Offerte à tous en tout mignonne
Puis buvait lasse des trottoirs
Très tard dans les brasseries borgnes

Elle se mettait sur la paille
Pour un maquereau roux et rose
C'était un juif il sentait l'ail
Et l'avait venant de Formose
Tirée d'un bordel de Changaï

Je connais des gens de toutes sortes
Ils n'égalent pas leurs destins
Indécis comme feuilles mortes
Leurs yeux sont des feux mal éteints
Leurs coeurs bougent comme leurs portes

Guillaume Apollinaire (Alcools)

 

 

 

19 janvier 2016

L'Ecrivraquier/2/Mon petit bal viennois

L'Ecrivraquier

                               Le Prater en juillet connaissait la chaleur épaisse de cette Europe Centrale qui le faisait rêver. Vienne certes ne dansait plus tout à fait comme avant mais sous le soleil qui fusillait la foule, des promeneurs de tous âges, souvent en culottes courtes, se pressaient tant aux attractions toutes récentes qu'aux baraques à l'ancienne, bien rénovées depuis longtemps déjà. Certains arboraient l'ultraditionnel chapeau à plume. Facile de se gausser. Peu lui importait. La veille la Hofburg l'avait épuisé mais son pélerinage viennois avait ses incontournables. Demain il cheminerait des heures durant dans le parc de Schönbrunn et boirait du frais Grinzing issu de ces vignes visibles du haut du Stefansdom.

                              Mais aujourd'hui Harry Lime l'attendait. Le grand escogriffe, l'un de ceux à l'origine de sa légendaire pathocinéphilie, il savait qu'il serait au rendez-vous. Il allait prendre son ticket pour la grande roue. Non, la Grande Roue, celle-là mérite des majuscules. Moquant allégrément et sur un air de cithare celles de Londres ou de Paris et alors qu'un orphéon n'avait pas cru le priver de la Marche de Radetzky il prit un billet et les portes de verre l'accueillirent. De là haut il verrait le Danube, loin et pas bleu. De là-haut L'empire d'Autriche-Hongrie revivrait un court instant. Même si ni sur le Ring, ni au Belvedere ne paraderait plus aucun Habsbourg.

16 janvier 2016

Les plumes...by Asphodèle: Je suis venu vous dire...

Les plumes

                                Premier ramassage des copies par Dame Asphodèle avec les 24 mots qui suivent: jour-gentillesse-motivation-coupable-fer-almanach-visite-éparpillement-dilettante-farandole-insomnie-maison-passe-partout (un seul  mot)-plaisir-poésie-éclaircie-tempête-mélancolie-serpillière-agacement-chaleur-respirer-minuscule-syncopé.

                                Rituel ce rendez-vous avec son lot de ravissements et de déceptions, et son lot de non-dits aussi. Car astreints au silence nous nous sentirions coupables de ne pas aimer un texte et surtout de le dire, de peur de porter le fer et de gâcher le plaisir. Pourtant comment taire toujours et ne pas stigmatiser certains éparpillements nuisant à une certaine cohérence. La serpillière, fût-elle plutôt wassingue par chez moi, m'a un peu essoré l'esprit, provoquant plus d'agacement que de mélancolie, dont la visite au moins eût été une muse accomplie. La gentillesse sera donc à l'heure et au jour dits et ne donnera d'insomnies à personne.

                                Une tempête dans un verre d'eau, une révolution minuscule, une absence de motivation, voilà de modestes manifestations d'humeur de la part d'un plumitif, d'un folliculaire, inapte cette fois à jongler avec la farandole des mots autrement que dans l'aigreur. Aigreur relative, rassurez-vous, car le dilettante ès lettres que je suis, à l'inspiration pour le moins syncopée,  plumigère balzacien, dont les traits d'humour dignes d'un désuet almanach parsèment au hasard quelques écrits, peinant à respirer sur son clavier afin d'en sortir une moelle pas si substantifique, connait cependant quelques éclaircies de lucidité. Au point de songer à jeter l'éponge mais certes pas sur l'adorable initiatrice des Plumes, qui entre autres magies a su reconduire la poésie  jusqu'à ma maison, et fait preuve de beaucoup de chaleur à mon endroit. Qu'elle me pardonne ma désertion.

P.S. Passe-partout n'est passé nulle part. Quant à moi je serai ailleurs, ayant décidé de ne plus participer à cette belle épreuve d'écriture où je ne me sens plus très à l'aise. Ailleurs c'est à dire sur mon blog qui continue et où j'écrirai encore et toujours car, voyez-vous, j'adore ça. Et lecteur des Plumes je resterai car j'y rencontre aussi de bien belles choses.

 

                               

                               

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